En 2009, un drone ayant la forme d’une aile volante fit sa première apparition publique en Afghanistan. Surnommé, dans un premier temps, la « bête de Kandahar », il s’avéra par la suite qu’il s’agissait du RQ-170 « Sentinel », développé en toute confidentialité par Lockheed-Martin. Depuis, un exemplaire fut perdu au-dessus de l’Iran et une copie fut présentée plus tard à Téhéran.
Quatre ans plus tard, le magazine Aviation Week révéla que Northrop Grumman était en train de mettre au point le « RQ-180 », un nouveau drone furtif dédié aux missions ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance] dans les environnements contestés, dans le cadre d’un contrat d’une valeur de deux milliards de dollars octroyé en 2008 par le Pentagone.
Cependant, et a priori, les travaux relatif à ce drone avaient commencé quelques années plus tôt, quand l’US Navy et l’US Air Force envisageaient de se doter d’un drone furtif commun, via le projet J-UCAS. Ayant été officiellement abandonné par la suite, il servit de base au développement du démontrateur X-47B, premier drone à être en mesure d’opérer depuis le pont d’envol d’un porte-avions. Mais pas seulement puisque Aviation Week avait indiqué que le R-180 en était également issu.
Selon les informations glanées à l’époque, il fut avancé que ce RQ-180 se présenterait sous la forme d’une aile volante à double flèche, avec des dimensions et des performances au moins équivalentes à celle du drone HALE [Haute Altitude Longue Endurance] RQ-4 Global Hawk, un appareil également conçu par Northrop Grumman et capable de voler à 60.000 pieds d’altitude pendant plus de 30 heures et avec une autonomie d’environ 22.000 km.
Depuis 2013, les informations concernant le RQ-180 ont été quasiment inexistantes. Au point où l’on pouvait s’interroger sur son existence. Cela étant, l’an passé, ayant recencé plusieurs preuves allant dans le même sens, un nouvel article d’Aviation Week affirma que ce nouveau drone était opérationnel. Et d’aller jusqu’à préciser qu’il était mis en oeuvre par le 427th Reconnaissance Squadron, qui venait justement d’être réactivé sur la base aérienne de Beale [Californie], après une éclipse de quatre ans. Mais l’US Air Force se garda de faire le moindre commentaire à ce sujet.
Un autre indice suggérant la probable entrée en service du RQ-180 a été donné indirectement par le Pentagone, dans sa demande de budget adressée au Congrès au début de cette année. En effet, l’US Air Force avait demandé l’autorisation de retirer de son inventaire plusieurs aéronefs, dont 24 de ses 34 RQ-4 Global Hawk, seuls les exemplaires les plus récents [ceux du Block 40] devant être maintenus. Une telle coupe laissait alors entrendre que ces appareils étaient sur le point d’être remplacés – si cela n’était déjà fait.
On en était resté là jusqu’à la publication d’un cliché sur le compte Instagram du photographe aéronautique Rob Kolinsky. « Cette chose a survolé ma maison il y a plusieurs semaines et je ne l’ai toujours pas identifiée », a-t-il dit.
Sur la photographie en question, on voit un aéronef gris/blanc, ayant un air de famille avec le démonstrateur X-47B. Pour Steve Trimble et Guy Norris, d’Aviation Week, ses caractéristiques correspondraient à celles que doit avoir le RQ-180. En outre, les deux journalistes soulignent que le surnom donné à cet appareil sur la base d’Edwards est « Great White Bat » [ou « Shikaka », du nom du chauve-souris blanche dans le film Ace Ventura 2]. Ce qui collerait avec la couleur observée sur le cliché.
Mais il faudra encore patienter pour en savoir plus sur ce nouveau drone furtif, dont le rôle sera le même qu’avait le SR-71 Blackbird, un avion de reconnaissance conçu pour évoluer dans les environnements contestés et pouvant voler à la vitesse de Mach 3. Les trois derniers exemplaires furent définitivement retirés du service en 1999, quand le RQ-4 Global Hawk entama sa carrière opérationnelle.