Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 5 novembre 2020

“Il faut un vrai renseignement de proximité, que l’on n’a pas”

 

Les services de renseignement avaient alertés au sujet d’une attaque contre une église mais cela n’avait pas empêché l’attaque à Notre-Dame à Nice.

Manque d’effectifs, promesse dans le vent, système peu efficace… Y-aurait-il de véritables failles au sein des services français ? D’après le Canard enchaîné ce mercredi 4 novembre, ce serait le cas. Selon une source du journal, la France serait « mal équipée » dans les outils de lutte contre le terrorisme. « Avec la DGSI, on s’est dotés d’un super-antibiotique mais à spectre très restreint. » En d’autres termes, les services de renseignement auraient un système efficace pour surveiller un suspect, identifié comme potentiellement dangereux, mais pas assez pour anticiper des actes terroristes sur le sol français… « Pour cela, il faut un vrai renseignement de proximité, qu’on n’a pas », a prévenu un préfet dans Le Canard enchaîné. 

Depuis longtemps, la police subit des manques « d’effectifs » et de « moyens » financiers. « On a déserté les quartiers », a révélé le commandant d’un commissariat de banlieue. Il a ajouté : « On ne sait plus détecter les signaux faibles de radicalisation. » Les renseignements n’ont en effet pas su écarter les récents actes terroristes. Une attaque était survenue le 25 septembre dernier près des anciens locaux de Charlie Hebdo, rue Nicolas Appert à Paris. Le 16 octobre, le professeur Samuel Paty avait été décapité par un islamiste à Conflans-Sainte-Honorine, pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe. Le 29 octobre dernier, la basilique Notre-Dame à Nice avait été frappée par une attaque au couteau, faisant trois morts. 

Des assaillants qui agissent « dans une sorte de djihad de proximité » 

Le 25 octobre dernier, les services de renseignement avaient prévenu d’un risque terroriste. Le directeur général de la police avait livré un inquiétant message : « Toutes les dispositions devront être prises pour sécuriser les rassemblements de personnes, notamment à l’occasion des célébrations religieuses de la Toussaint, mais également vis-à-vis des lieux de culte musulmans », rappelant que les terroristes utilisent aussi bien « des armes blanches » que des armes « par destination (voitures béliers) ». Plus tôt, le 6 octobre, le directeur général de la Sécurité intérieure avait dressé le profil des « combattants » du djihad lors d’une visioconférence avec préfets et chefs départementaux de la police et de la gendarmerie. Un profil qui n’aurait plus rien à voir avec les terroristes venus de l’étranger, qui avaient frappé Charlie Hebdo et le Bataclan. « Les nouveaux terroristes de Conflans ou de Nice ont été endoctrinés dans la haine de la France laïque et de ses symboles. Ils agissent sans réseau, sans soutien logistique, dans une sorte de djihad de proximité », a expliqué un préfet dont Le Canard enchaîné se fait l’écho. 

Lors de sa nomination, Gérald Darmanin avait promis qu’« une brigade franco- italienne » serait mobilisée afin de « lutter contre le passage à la frontière de populations immigrées clandestines ». Pourtant, cette brigade est toujours inexistante selon Le Canard enchaîné. D’après une source de la place Beauvau, cette brigade verra le jour « dans cinq ou six mois ». La semaine dernière, la police a malgré tout renvoyé 1 300 personnes en Italie. Depuis le début de l’année, ils seraient 23 000 individus à être retourné de force en Italie. Il s’agirait majoritairement de Tunisiens, d’Afghans et de Pakistanais, relate l’hebdomadaire. 

Le terroriste de Nice arrivé deux jours avant les faits

L’auteur présumé de l’attaque à Nice - toujours hospitalisé après avoir été intercepté par les tirs de la police - a été identifié comme un clandestin tunisien nommé Brahim Issaoui. Il serait donc arrivé à Nice mardi 27 octobre, soit deux jours avant son attaque meurtrière. Pour preuve, Brahim Issaoui a même été repéré par des caméras de vidéosurveillance à proximité de la basilique la veille des faits. Il était arrivé sur l’île de Lampedusa le 20 septembre dernier avant de rejoindre le continent le 9 octobre dernier à Bari, dans le sud de l’Italie. « A ce stade de nos investigations, nous ne sommes pas certains qu’il soit venu en France avec l’intention de tuer », a commenté un membre du renseignement français. Pourtant, Gérald Darmanin a récemment assuré que Brahim Issaoui était « manifestement venu » en France « pour tuer ». En effet, le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il « n'était présent sur le territoire national que depuis quelques heures ». 

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