Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 1 novembre 2020

Face à l’Azerbaïdjan, l’Arménie demande une assistance militaire à la Russie

 

Depuis que, avec le soutien politique et militaire de la Turquie, l’Azerbaïdjan a lancé, le 27 septembre, une offensive en direction du Haut-Karabakh, territoire à majorité arménienne ayant fait sécession mais dont l’indépendance n’est pas reconnue, toutes les négociations entre Bakou et Erevan en vue d’obtenir un cessez-le-feu ont échoué.

Militairement, les forces azerbaïdjanaises semblent avoir clairement pris le dessus sur celles de la République d’Artsakh [autre nom du Haut-Karabakh, ndlr], soutenues par l’Arménie.

En effet, grâce à leurs drones Bayraktar TB2 [de facture turque], Harop et Orbiter-1K, acquis auprès d’Israël, ces forces azerbaïdjanaises ont infligé de lourdes pertes à leurs adversaires, qui ont récemment perdu le contrôle de la ville stratégique de Goubadly, dans le sud du Haut-Karabakh. En outre, elles progressent vers le corridor de Latchin, voie stratégique s’il en est puisqu’elle relie l’Arménie et le Haut-Karabagh.

Par ailleurs, le territoire arménien a également visé par des frappes azerbaïdjanaises, comme cela a été le cas le 14 octobre dernier, quand Bakou a assuré avoir visé des « sites de lancement de missiles », en affirmant qu’ils menaçait les populations civiles en Azerbaïdjan.

Dans cette affaire, la Russie est le partenaire stratégique de l’Arménie, au point d’y avoir une présence militaire [avec la base 102, établie à Gyumri]. Mais, dans le même temps, l’Azerbaïdjan n’est pas son ennemi… d’autant plus qu’elle lui vend des armes.

Cependant, l’Arménie étant membre de l’Organisation du traité de sécurité collective [OTSC], qui prévoit une clause de défense collective, la Russie serait tenue de lui apporter assistance si elle en faisait la demande. Mais les combats au Haut-Karabakh ne sont pas couverts par cette clause, comme l’avait rappelé, déput octobre, Vladimir Poutine, le président russe.

« L’Arménie est membre de l’OTSC. Nous avons certaines obligations dans le cadre de ce traité. Mais les hostilités qui, à notre grand regret, se poursuivent à ce jour ne se déroulent pas sur le territoire arménien », avait en effet déclaré M. Poutine, le 7 octobre. Et d’ajouter : « En ce qui concerne le respect par la Russie de ses obligations conventionnelles, nous les avons toujours remplies, les remplissons et les remplirons. […] Les dirigeants arméniens n’ont aucun doute sur la qualité du respect par la Russie de ses obligations en matière de défense. »

Or, justement, ce 31 octobre, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a demandé au chef du Kremlin d’entamer des consultations « urgentes » sur l’aide que serait susceptible de fournir la Russie afin d’assurer la sécurité de l’Arménie.

Affirmant que les combats du Haut-Karabakh se rapprochent désormais des frontières de son pays, le Premier ministre arménien a demandé au président russe d’entamer des consultations urgentes dans le but de déterminer la nature et la quantité de l’aide que la Fédération russe peut apporter à l’Arménie pour assurer sa sécurité », a en effet indiqué le ministère arménien des Affaires étrangères, via un communiqué.

Évidemment, si Moscou répond favorablement à cette demande d’assistance, la situation dans la région pourrait connaître une escalade des tensions, ce que le Kremlin cherche à éviter. En outre, la Russie, au même titre que la France et les États-Unis, fait partie du groupe de Minsk, chargé d’assurer une médiation entre Bakou et Erevan au sujet du Haut-Karabakh. En clair, sa position n’est pas des plus confortables…

Aussi, la diplomatie russe a répondu à l’appel d’Erevan en répétant ce qu’elle avait déjà affirmé, à savoir que que la Russie se tient « prête à fournir l’assistance nécessaire » dans le cas où les combat s’étendraient au territoire arménien.

Cependant, des rumeurs indiquent que la Russie fournirait discrètement un soutien aux forces arméniennes, notamment dans le domaine de la lutte contre les drones, avec la mise en œuvre du système de guerre électronique Krasukha-4, entré en service au sein de l’armée russe en 2014. Neuf drones azerbaïdjanais auraient été ainsi abattus dans la région de Gyumri. Mais rien, pour le moment, ne permet de le confirmer avec certitude.

opex360.com