Imam, libraire, soutien de Dieudonné, prédicateur, pro-Hamas et militant antisioniste virulent, Abdelhakim Sefriouia a été interpellé avec sa compagne à Évry et placé en garde à vue, samedi 17 octobre. Les enquêteurs tentent de déterminer le rôle de ce Franco-Marocain dans l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine.
Reçu par la principale du collège
L’homme de 61 ans avait accompagné, début octobre, le père d’une élève à l’origine d’une mobilisation virulente contre le professeur d’histoire-géo, qui avait montré des caricatures de Mahomet dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. Les deux hommes avaient été reçus par la principale du collège Le Bois-d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, et avaient demandé le renvoi de Samuel Paty.
Dans une vidéo où il se présente comme « membre du Conseil des imams de France » et tournée par le père de l’élève, on l’entend déclarer qu'« Emmanuel Macron a attisé la haine contre les musulmans » et que le professeur « est un voyou ».
Intimidations devant les établissements scolaires
Le Point révèle par ailleurs que le lendemain de la rencontre entre le père mécontent du cours de Samuel Paty, Abdelhakim Sefrioui et la principale du collège, une note des agents locaux du service central du renseignement territorial avait été rédigée. Cependant, cette note ne serait parvenue aux responsables du renseignement qu’au milieu de la semaine…
En 2011 déjà, l’homme s’était fait remarquer pour ses intimidations devant les établissements scolaires. Il avait fait pression sur la proviseur du lycée de Saint-Ouen, qui avait tenté d’imposer dans son règlement intérieur la fin des jupes longues, selon Le Point.
Connu des renseignements
Abdelhakim Sefrioui est une figure bien connue des services de renseignement français. C’est un militant islamiste chevronné qui participe depuis le début des années 2000 à toutes les manifestations défendant de près ou de loin une vision radicale de l’islam.
Selon Marianne, Il se fait repérer par les renseignements au début des années 2000, en tant que président de l’association culturelle des musulmans des Ulis, où il devient le leader d’une contestation communautaire qui cherche la modification d’un projet de mosquée entrepris par la commune. Ses méthodes sont celles de « l’agit-prop » : il multiplie les appels à manifester et harcèle la municipalité.
Pro-hamas
En 2004, il fonde le collectif pro palestinien Cheikh Yassine, du nom du fondateur du Hamas, tué par l’armée israélienne en 2004. Cette organisation palestinienne est considérée comme terroriste en Europe.
Abdelhakim Sefrioui s’en prend alors violemment à l’imam de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, et aussi à Hassen Chalgoumi, l’imam de Drancy (Seine-Saint-Denis), qu’il a contraint à quitter sa mosquée, victime de tensions et menaces. « À cause des menaces, j’ai dû être placé sous protection de la police », raconte à Marianne Hassen Chalghoumi, qui affirme aussi que « deux personnes de Cheikh Yassine sont venus chez (lui) pour (l)'agresser ».
En juillet 2014, Sefrioui avait participé à Paris à des manifestations pro-Gaza, en scandant des slogans à la gloire du Hamas et du djihad islamique.
Membre du bureau de campagne de Dieudonné
Au milieu des années 2000, alors qu’il se fait appeler imam, tout en gérant une librairie-maison d’édition dans le onzième arrondissement de Paris, il s’initie à la politique.
Il rejoint en 2006 le comité de campagne de Dieudonné pour la présidentielle de 2007. La candidature du polémiste sera finalement abandonnée, faute d’obtention des 500 signatures, mais dans ce bureau se sont côtoyés des militants d’extrême droite, des négationnistes et des islamistes radicaux.
En 2010, on le retrouve également aux côtés du site conspirationniste d’extrême droite Alter-info, poursuivi devant le tribunal pour antisémitisme.