Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 19 octobre 2020

Opérations anti-islamistes en France

 

Le gouvernement français a annoncé lundi une série d'opérations visant la mouvance islamiste et la haine en ligne, après l'assassinat d'un enseignant qui avait montré en classe des caricatures de Mahomet.

L'exécutif promet de mener une "guerre contre des ennemis de l'intérieur". Depuis lundi matin, des opérations de police ont été lancées contre "des dizaines d'individus" évoluant dans la mouvance islamiste et se poursuivront dans les prochains jours, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Ces opérations concernent des individus qui n'ont pas un "lien forcément avec l'enquête mais à qui nous avons manifestement envie de faire passer un message: (...) pas une minute de répit pour les ennemis de la République", a dit le ministre sur Europe 1. Selon une source proche du dossier, il s agit de personnes connues des services de renseignement pour des prêches radicaux et des messages de haine sur les réseaux sociaux.

"La peur va changer de camp"

Lors d'un Conseil de défense dimanche soir, le président de la République l'avait martelé: "La peur va changer de camp" et "les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquilles dans notre pays", avait rapporté l'Elysée. A l'issue de 2h30 de réunion avec Jean Castex, cinq ministres et le procureur anti-terroriste Jean-François Richard, le président avait annoncé un "plan d'action" contre "les structures, associations ou personnes proches des milieux radicalisés" et qui propagent des appels à la haine.

Premières traductions concrètes, selon Gérald Darmanin: 51 structures associatives "verront toute la semaine un certain nombre de visites des services de l'Etat et plusieurs d'entre elles (...) se verront dissoudre en Conseil des ministres", a annoncé le ministre, ciblant particulièrement le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) et l'association humanitaire Baraka City.

15 personnes en garde à vue, 80 enquêtes ouvertes

Lundi après-midi, quinze personnes étaient en garde à vue. Parmi les nouveaux individus, quatre collégiens. Selon une source proche du dossier, l'enseignant d'histoire-géographie du collège de Conflans-Sainte-Honorine a été "désigné" à l'assaillant "par un ou plusieurs collégiens, a priori contre une rémunération". Les gardes à vue visent donc à déterminer les responsabilités éventuelles des collégiens en la matière, selon la même source.

"Plus de 80 enquêtes" ont par ailleurs été ouvertes contre "tous ceux qui de façon apologique ont expliqué d'une manière ou d'une autre que ce professeur l'avait bien cherché", a indiqué Gérald Darmanin.

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a de son côté convoqué en urgence les procureurs généraux lundi matin, afin notamment, selon son entourage, qu'ils s'assurent "une parfaite collaboration avec les préfets et les forces de sécurité intérieure dans la mise en oeuvre et le suivi des mesures nécessitées par la situation".

Plus précisément, ces opérations de police sont des « contrôles administratifs et judiciaires qui concernent des personnes déjà dans les radars des services de renseignement, présentant notamment ‘des signaux faibles' », comme des prêches et/ou des messages sur les réseaux sociaux, a expliqué le ministre de l’Intérieur.

En outre, et conformément à ce qui a été décidé lors du Conseil de défense, une « cinquantaine de structures associatives verront toute la semaine un certain nombre de visites des services de l’État. » Et M. Darmanan a l’intention de proposer la dissolution de plusieurs d’entre-elles, dont le Collectif contre l’islamophobie en France [CCIF] et l’ONG Barakacity.

« Je le souhaite parce que voilà une association manifestement impliquée puisque le père qui a lancé une ‘fatwa’ contre ce professeur fait référence clairement à cette association, c’est une association qui touche des subventions d’État, des déductions fiscales et qui dénonce l’islamophobie d’État. Je le souhaite car un certains nombres d’éléments nous permettent de penser que c’est un ennemi de la République. Je souhaite aussi que Barakacity soit proposée à la dissolution du Conseil des ministres », a détaillé M. Darmanin.

Pour le ministre, « on voit bien comment l’islam politique se joint à l’islam radical pour finalement mener au terrorisme […]. Il faut combattre l’islam politique avec la même force que le terrorisme. »

Enfin, une mesure qui était déjà dans l’air depuis plusieurs jours [et par ailleurs défendue depuis longtemps par certains partis politiques] devrait être rapidement mise en application. Ainsi, 231 ressortissants étrangers expulsables et figurant dans le Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste [FSPRT] seront expulsés dans les jours qui viennent. Dans le détail, 180 d’entre-eux sont actuellement en prison, les 51 autres devraient être arrêtés dans les « prochaines heures ».

« Il y a 22.000 personnes qui sont fichées pour islamisme radical, suivies par nos services. Toutes ne sont pas en France, il n’y a que 8.000 fiches actives sur ces 22.000. Beaucoup de gens ont déjà été expulsés. Sur ces 8.000 fiches actives, il y a 600 étrangers en situation irrégulière. Beaucoup sont déjà en prison et seront expulsés à la fin de leur peine. Et d’autres ne sont pas expulsables : il y a des Libyens, des Syriens. On ne peut pas expulser dans un pays en guerre des personnes sur notre sol », a expliqué M. Darmanin sur les ondes d’Europe1.

rts.ch