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mardi 13 octobre 2020

La France est « préoccupée » par le retour d’un navire de recherche turc dans les eaux revendiquées par Athènes

 

La relative accalmie entre la Grèce et la Turquie aura donc été brève. En effet, ce 12 octobre, les autorités turques ont émis une notice maritime [NavTex] pour prévenir que le navire de recherche sismique Oruç Reis allait de nouveau mener une nouvelle mission de prospection d’hydrocarbures dans les eaux revendiquées par Athènes, et plus précisément dans un secteur situé non loin de l’île grecque de Kastellorizo.

Cette annonce a été faite à peine quelques jours après que le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s’était mis d’accord avec son homologue grec, Nikos Dendias, sur le calendrier d’un nouveau cycle de « pourparlers exploratoires » pour tenter de trouver une solution aux différends territoriaux entre Ankara et Athènes.

Pour rappel, l’envoi, le 10 août dernier, de l’Oruç Reis dans une zone maritime revendiquée par la Grèce avait donné lieu à de vives tensions. Ces dernières se calmèrent après le départ de ce navire de recherche sismique, au point que, sous l’égide de l’Otan, Athènes et Ankara trouvèrent un accord sur un mécanisme visant à éviter tout incident militaire.

Évidemment, la nouvelle mission de l’Oruç Reis a été vivement critiquée par la diplomatie grecque, laquelle a parlé d’une « escalade majeure et une menace directe pour la paix et la sécurité dans la région. » Le ministère français des Affaires étrangères n’est pas loin de partager le même sentiment.

« Nous sommes préoccupés par l’annonce d’un nouveau déploiement par la Turquie du navire de recherche sismique Oruç Reis au large des îles grecques de Castellorizo et Rhodes », a en effet fait savoir le Quai d’Orsay, lors de son point presse quotidien, ce 12 octobre.

« Le Conseil européen du 1er octobre a appelé clairement la Turquie à s’abstenir d’actions unilatérales qui vont à l’encontre des intérêts de l’Union européenne et violent le droit international et les droits souverains des États membres de l’Union », a rappelé la diplomatie française. « Nous attendons de la Turquie qu’elle se conforme à ses engagements, s’abstienne de nouvelles provocations et donne des gages concrets de sa volonté de dialoguer de bonne foi », a-t-elle insisté.

Quoi qu’il en soit, Ankara a annoncé la couleur. Ainsi, le ministre turc de l’Énergie, Fatih Dönmez, a assuré que la Turquie « continuerait de chercher [du gaz naturel] et de défendre [ses] droits. » Et « s’il y a du gaz, nous le trouverons », a-t-il insisté. Même son de cloche du côté d’Ömer Celik, le porte-parole de l’AKP, le parti au pouvoir. « Des soi-disant menaces contre la Turquie n’ont aucune importance. La Turquie est décidée à protéger ses intérêts, à la fois sur le terrain et à la table des négociations », a-t-il assuré.

Quant au ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, il a affirmé que la Turquie a une « juridiction maritime en mer Égée et en Méditerranée notifiée à l’ONU » et que les activités turques sont « purement scientifiques et techniques. » Et de prévenir que les forces navales turques se tiennent prêtes à « assurer la protection » de l’Oruç Reis « en cas de besoin. »

Par ailleurs, l’annonce de la reprise de prospection de gaz dans des eaux revendiquées par la Grèce a coïncidé avec le premier tour de l’élection présidentielle en République turque de Chypre Nord [RTCN], pour laquelle Ankara soutient Ersin Tatar, actuellement Premier ministre. Au regard des résultats, ce dernier est en ballotage défavorable face Mustafa Akinci, le président sortant, en froid avec M. Erdogan.

La Turquie a pourtant tenté de s’immiscer dans le processus électoral, via l’annonce, faite par M. Tatar depuis Ankara, de la réouverture au public le littoral de Varosha, cité balnéaire abandonnée et décrétée zone interdite depuis la partition de Chypre, en 1974. Or, cette décision contrevient aux résolutions des Nations unies. Aussi, le Conseil de sécurité a-t-il demandé à la Turquie de « revenir sur sa décision d’ouvrir la côte de Varosha à Chypre et d’éviter tout acte unilatéral susceptible d’accroître les tensions. »

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