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dimanche 4 octobre 2020

Farid Benyettou, l’ex-mentor des Kouachi, reconnaît une « responsabilité morale »

 

"J’ai une part de responsabilité dans le parcours des frères Kouachi. Farid Benyettou, 39 ans, dit d’emblée que c’est important de le reconnaître . À la barre de la cour d’assises spéciale, l’ancien prédicateur, silhouette fine, lunettes et cheveux clairsemés, se présente comme repenti et demande « pardon aux familles des victimes des attentats de janvier 2015.

Son audition était attendue au procès de quatorze personnes accusées d’avoir apporté un soutien logistique aux terroristes. Entendu comme témoin, l’homme est considéré comme l’ex-mentor de Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de la tuerie à Charlie Hebdo et de Peter Cherif, possible commanditaire de l’attaque.

Les frères Kouachi ont commencé à fréquenter des islamistes radicaux vers 2003-2004. Farid Benyettou, émir autoproclamé, anime » alorsun petit groupe de jeunes du XIXe arrondissement de Paris, qui organise l’envoi de djihadistes en Irak », dans les rangs d’Al-Qaida.

Cette filière, dite des Buttes-Chaumont, est démantelée en 2005. Farid Benyettou est condamné à six ans de prison. Chérif Kouachi, arrêté juste avant son départ, à trois ans d’emprisonnement. Après leur libération, les deux hommes continuent à se voir jusqu’en 2014.

Juste après les attentats de janvier 2015, Farid Benyettou, devenu étudiant à l’école d’infirmier, se présente de lui-même aux services de renseignements en se disant prêt à aider l’enquête. Vous vous sentiez personnellement concerné ? , demande le président. J’ai encouragé Chérif dans son parcours radical, précise le témoin, même si je n’ai pas participé à ce qu’il a fait ensuite ».

Assumant ses convictions de l’époque » , il insiste : J’encourageais à partir en Irak, mais pas à faire le djihad en France. Sa vision de la religion aurait commencé à évoluer en prison. Chérif Kouachi, lui, s’est endurci quand il le revoit à partir de l’été 2009, avec d’anciennes connaissances des Buttes-Chaumont .

On n’était plus d’accord, poursuit Farid Benyettou, disant avoir pris ensuite ses distances avec l’islam radical et ses anciens adeptes, qu’il tentait d’éviter. Pourquoi garde-t-il néanmoins des contacts avec les Kouachi ? Chérif venait frapper à ma porte, et je n’ai pas eu le courage de couper complètement. C’est le seul avec qui j’ai gardé un lien.

Pas convaincus, des avocats de parties civiles expriment des doutes : Les deux frères vous ont-ils proposé de participer aux attentats ?, demande l’un. À aucun moment » , répond le témoin, interrogé ensuite sur sa sincérité. Vous pourriez être un faux repenti qui utilise la taqiya (dissimulation) ?, pointe Me Catherine Szwarc.  Moi, je me suis engagé personnellement dans un programme de déradicalisation », assure Farid Benyettou, qui a publié un livre sur son parcours en 2017 et travaille aujourd’hui comme chauffeur routier.







Attentas, les visages de la terreur
(document exclusif)

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Egger Ph.