La mise en garde est inhabituellement précise. Un haut responsable américain chargé du contre-terrorisme a accusé jeudi le Hezbollah libanais de stocker du nitrate d’ammonium pour l’utiliser en tant qu’explosif pour préparer des attentats. Parmi les pays cités, aux côtés de la France, de la Grèce, de l’Italie ou de l’Espagne figure aussi nommément la Suisse.
«Pour quelle raison le Hezbollah stockerait-il du nitrate d’ammonium sur le territoire européen?» s’est interrogé Nathan Sales, le responsable au Département d’Etat américain. «La réponse est claire: il peut ainsi mener des attaques terroristes majeures dès que ses maîtres à Téhéran considèrent que c’est nécessaire.»
«Depuis 2012, le Hezbollah a établi des caches de nitrate d’ammonium à travers l’Europe, en transportant des kits de premiers secours dont les poches de froid instantané contiennent cette substance», a dit le coordinateur américain pour le contre-terrorisme, Nathan Sales.
«Ce genre de cache a été trouvé dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, la Grèce, la France, l’Italie et plusieurs autres», a-t-il ajouté dans une conférence jeudi, dont la transcription a été transmise vendredi à l’AFP. Il a également évoqué des passages de ce produit par la Belgique, l’Espagne et la Suisse.
Interrogé par Keystone-ATS sur la présence de ces caches sur le territoire helvétique, le Ministère public de la Confédération (MPC) a indiqué samedi matin qu’il ne mène en l’état «aucune procédure pénale dans le contexte évoqué et il n’exécute aucune demande d’entraide étrangère dans ce contexte». Une procédure pénale ne s’ouvre que s’il y a des soupçons suffisants, précise le MPC.
La France, à qui les Etats-Unis reprochent de dialoguer avec la branche politique du Hezbollah pour tenter de sortir le Liban de la crise dans laquelle il est plongé, s’est montrée très dubitative quant à l’existence de tels agissements sur son territoire.
Pas d’élément tangible, dit Paris
«Aucun élément tangible ne permet de confirmer une telle allégation en France aujourd’hui à notre connaissance», a déclaré la porte-parole du ministère français des affaires étrangères. «Toute activité illégale commise par une organisation étrangère sur notre territoire serait sanctionnée par les autorités françaises avec la plus grande fermeté», a-t-elle ajouté.
Certains de ces stocks ont été «détruits», a précisé le responsable américain. «Nous avons des raisons de croire que cette activité est encore en cours», a prévenu ce diplomate, expliquant que Washington soupçonnait que de telles caches étaient encore présentes au moins jusqu’en 2018, «probablement en Grèce, en Italie et en Espagne». «Et comme nous l’avons tous vu lors de l’explosion du port de Beyrouth, le nitrate d’ammonium est une substance vraiment dangereuse», a-t-il encore relevé.
Le responsable américain n’a pas fait un lien entre l’explosion et le Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste par Washington, mais a laissé planer cette possibilité.