dimanche 9 août 2020
Pékin souhaiterait que Trump ne soit pas réélu
La Chine préfèrerait que Donald Trump ne soit pas réélu lors de la présidentielle américaine du 3 novembre, et a «accentué ses efforts d'influence» en amont du scrutin, ont estimé vendredi les services de renseignement américains. L'Iran essaie aussi «d'affaiblir le président Trump», tandis que la Russie utilise «plusieurs leviers surtout pour dénigrer» son rival démocrate Joe Biden, selon William Evanina, directeur du Centre national du contre-renseignement et de la Sécurité (NCSC).
Ce haut responsable, qui supervise la surveillance des ingérences étrangères dans la vie politique américaine, a publié un communiqué pour faire le point sur la menace à moins de trois mois du scrutin. «Il semble difficile pour nos adversaires de s'ingérer ou de manipuler les résultats à grande échelle», a-t-il d'abord estimé, tout en manifestant des «inquiétudes» sur les campagnes d'influence menées selon lui sous couvert par la Chine, la Russie et l'Iran.
Bras de fer
«Nous estimons que la Chine préfère que le président Trump - considéré comme imprévisible par Pékin - ne remporte pas un second mandat. La Chine a accentué ses efforts pour peser sur l'environnement politique» en amont du scrutin, a déclaré M. Evanina, alors que le bras de fer entre Pékin et Washington se crispe chaque jour un peu plus. «Nous estimons que l'Iran essaie d'affaiblir les institutions démocratiques américaines, le président Trump et de diviser le pays en amont des élections de 2020», surtout via «une campagne d'influence en ligne, qui répand des fausses nouvelles et du contenu anti-américain», a-t-il dit.
A l'inverse, a-t-il poursuivi, «nous estimons que la Russie utilise plusieurs leviers principalement pour dénigrer l'ancien vice-président Biden», qui avait défendu l'opposition russe lorsqu'il était membre de l'administration de Barack Obama. «Des acteurs liés au Kremlin cherchent à soutenir la candidature du président Trump sur les réseaux sociaux et à la télévision russe», a-t-il noté. Selon les services de renseignement américains, Moscou avait déjà mené campagne en faveur de Donald Trump en 2016.
Rejeté par Trump
Interrogé sur la question vendredi soir, Donald Trump s'est opposé à l'idée qu'un seul de ces pays souhaite effectivement sa réélection. «Personne de bon sens» ne penserait que le démocrate Joe Biden pourrait être encore plus dur en affaires que lui, a-t-il estimé lors d'une conférence de presse. «La Chine adorerait voir une élection lors de laquelle Donald Trump perdrait contre Joe l'endormi. (...) Notre pays leur appartiendrait», a-t-il ajouté, allant cette fois dans le sens du rapport.
Les chefs de la commission du Renseignement du Sénat ont estimé que rendre publiques les informations communiquées vendredi était «le meilleur moyen de combattre» les ingérences étrangères. Mais «nous encourageons les responsables politiques des deux partis à ne pas utiliser ces renseignements comme arme politique, car cela servirait les intérêts de nos adversaires», ont ajouté l'élu républicain Marco Rubio et son confrère démocrate Mark Warner.