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dimanche 9 août 2020

Explosions à Beyrouth : "la négligence ou une ‘intervention extérieure"


Lors d’une inédite “conversation à bâtons rompus” avec des journalistes vendredi, le président libanais s’est appliqué à souligner “le caractère amical des rapports entre Beyrouth et Paris”, mais s’est surtout “efforcé de détricoter les résultats de la visite” d’Emmanuel Macron la veille.

Michel Aoun a ainsi opposé une fin de non-recevoir à toutes les requêtes du président français, que ce soit sur les réformes structurelles, la constitution d’un gouvernement d’union nationale ou l’enquête sur les explosions de mardi, qui ont ravagé Beyrouth et fait au moins 154 morts, selon le dernier bilan officiel.

Il s’est “ouvertement opposé à ce que l’enquête dans cette affaire soit confiée à une commission internationale, comme le veulent M. Macron et les ténors de l’opposition au Liban”, relève le grand quotidien francophone libanais. “Demander une enquête internationale dans l’affaire du port vise à diluer la vérité”, a estimé M. Aoun.

L’agence Reuters souligne qu’aucune demande officielle d’enquête n’a pour l’instant été faite au niveau international, malgré les déclarations du président français. “Nous serions tout à fait disposés à étudier une telle demande, si elle nous était présentée. Mais nous n’avons rien reçu de tel”, a déclaré un porte-parole des Nations unies.

Le président libanais a également discuté avec les journalistes des causes présumées des explosions, évoquant deux hypothèses : “la négligence ou une ‘intervention extérieure’, avec une bombe ou un missile”, rapporte USA Today. C’est la première fois qu’un dirigeant libanais envisage la possibilité d’un attentat.

M. Aoun a précisé “avoir demandé à la France des images satellites, pour voir s’il y avait des avions de guerre ou des missiles dans le ciel au moment de l’explosion”, ajoute le quotidien américain.

Nouvelles arrestations

Il a également affirmé avoir découvert “il y a quelques semaines” seulement l’existence des 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium à l’origine de l’explosion, stockées dans le port de Beyrouth sans mesures de précaution, et avoir immédiatement ordonné aux militaires de s’en charger. “Je ne suis pas responsable”, a-t-il dit.

Le chef du mouvement Hezbollah, très influent à Beyrouth, a lui aussi “catégoriquement” nié toute responsabilité dans l’explosion, selon le Times of Israël. Le Hezbollah n’entrepose rien dans la zone portuaire, a martelé Hassan Nasrallah, “ni armes, ni missiles, ni bombes, ni fusils, ni même une balle, ni nitrate d’ammonium. Rien”.

La justice libanaise a procédé à de nouvelles arrestations vendredi, notamment celle du responsable des douanes, Badri Daher, qui avait assuré avoir averti les autorités à de nombreuses reprises sur les dangers du stockage du nitrate d’ammonium.

Dans les quartiers dévastés de Beyrouth, les recherches continuaient pour tenter de retrouver des survivants, alors que le nombre de blessés atteint désormais 5 000 personnes, “dont 120 dans un état critique”, selon Arab News.

“Le nombre de blessés pourrait même être beaucoup plus élevé, car des centaines de personnes sont allées dans des pharmacies, des dispensaires ou des cliniques privées pour se faire soigner, sans que leurs noms ne soient enregistrés”, précise le quotidien saoudien.

Aux États-Unis, Donald Trump a tweeté qu’il participerait dimanche à une visioconférence internationale avec Emmanuel Macron et des donateurs “du monde entier”, pour coordonner l’aide au Pays du Cèdre, écrit Politico. “Tout le monde veut aider !”, a assuré le président américain.