Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 15 août 2020

Le Mossad fait une nouvelle fois la preuve de sa redoutable efficacité


Alors que l’Iran a exécuté le 13 juillet Mahmoud Moussavi Majd, un ancien interprète iranien condamné pour espionnage au profit du Mossad et de la CIA (mais l’un ne va pas sans l’autre quand il s’agit de combattre l’Iran), une autre affaire du même type impliquant le Hamas et la centrale de renseignement israélienne vient d’être confirmée - même si de nombreux mystères demeurent -. Dans le cas iranien, la taupe vivant en Syrie aurait transmis des renseignements sur les actions iraniennes dans ce pays. Mais l’opération homo qui a visé le 3 janvier 2020 à Bagdad le major-général Qassem Soleimani, le chef de la force Al-Qods des pasdarans, ne peut lui être imputée. Moussavi Majd était derrière les barreaux depuis deux ans ! Son exécution est peut-être un avertissement lancé à tous ceux qui seraient tentés de coopérer avec Israël surtout au moment où de nombreux incendies inexpliqués ont lieu un peu partout dans le pays.

La seconde affaire concernant le Mossad tient dans le fait qu’il aurait recruté plusieurs membres des forces de sécurité palestiniennes dont des membres des nageurs de combat des brigades Izz al-Din al-Qassam, le bras armé du Hamas. Mohamed Omar Abou Ajwa, 32  ans qui aurait été l’un des chefs de cette unité spéciale, aurait fui à bord d’une embarcation rapide israélienne qui aurait effectué une opération d’exfiltration. Mais parallèlement, seize membres du Hamas ont été arrêtés sous l’inculpation d’espionnage. Ajwa aurait été recruté par le Mossad en 2009, c’est-à-dire juste après la guerre "des tunnels" qui dura du 27 décembre 2018 au 18 janvier 2019 et fit 13 tués du côté israélien et 1.330 du côté palestinien !

Mousa Abou Marzouk, vice-président du bureau politique et numéro deux Hamas, a reconnu la véracité de cette affaire, au moins pour partie. En effet, la nouvelle avait filtré via l’agence de presse saoudienne al Arabiya avant d’être confirmée par des medias israéliens. Il est d’ailleurs légitime de s’interroger sur cette parution qui ne peut avoir eu lieu qu’avec l’approbation des autorités de Riyad… Elle est vraisemblablement à replacer dans le cadre de la lutte d’influence que l’Arabie saoudite livre à l’Iran sachant que Téhéran soutient le Hamas et que Riyad est actuellement dans les meilleurs termes avec Israël !

Selon ces informations : "le fugitif avait fourni des informations sur les déplacements des leaders du Hamas, les lieux de stockage de ses armes et les camps d’entraînement pour ses cadres (des brigade al Qassam)". Ces révélations ont toutefois été minimisées par Marzouk qui a affirmé qu’aucun responsable de haut niveau n’était impliqué dans ce cas et qu’Omar Abou Ajwa n’était pas le transfuge car il aurait été arrêté avec son frère. Il n’empêche que ces deux hommes étaient au courant de nombreuses informations sensibles concernant les télécommunications du Hamas. Le frère d’Abou Ajwa se serait fait arrêter au moment où il devait récupérer de l’argent déposé dans une "boîte aux lettres morte" (BLM) par un individu surnommé "le dealer", en fait un membre du Mossad chargé de rémunérer les sources clandestines dans la bande de Gaza.

Les nageurs de combat du Hamas se sont faits connaître lors d’un raid effectué par quatre de ses membres le 8 juillet 2014 sur la plage Zikim. Au moins quatre des activistes avaient alors été neutralisés par les Forces de Défense Israéliennes après s’être attaqués à un bulldozer et à un char Merkava. L’affaire qui avait mobilisé des forces terrestres, l’aviation et même un patrouilleur côtier, aurait été commanditée par Ahmed Andur, un responsable terroriste bien connu des services israéliens. Ce dernier a peut-être été tué lors d’importants bombardements déclenchés par les Israéliens sur le nord de la bande de Gaza deux jours après l’infiltration.

La communauté du renseignement israélienne a démontré une fois de plus son efficacité car recruter des activistes palestiniens - surtout dans la bande de Gaza - n’est pas une chose aisée. Réussir à traiter des sources en zone à hauts risques durant plus de dix ans relève de l’exploit. Cela est dû au fait que le pouvoir politique israélien, qui se considère comme étant en guerre depuis la création de l’État hébreu, ne craint pas d’employer ses services au maximum de leurs capacités dans l’objectif d’obtenir des résultats opérationnels significatifs.