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mercredi 5 août 2020

Explosion du port de Beyrouth : Israël dit ne pas être impliqué




Déjà aux prises avec une crise économique et politique, le Liban n’avait pas besoin de ça. Il était en effet environ 18 heures [locales], le 4 août, quand une explosion a secoué le port de Beyrouth. Alors qu’une épaisse fumée se dégageait d’un entrepôt, elle a été suivie par une seconde, ayant produit un nuage en forme de champignon. La puissance de cette dernière a depuis été évaluée à 1,155 kilotonne de TNT et ses effets ont été ressentis jusqu’à Chypre, à 200 km de là.

Le souffle de cette seconde explosion a ravagé la capitale du pays du Cèdre. Selon un bilan donné au matin du 5 août, il est fait état d’au moins 100 tués et de plus de 4.000 blessés. En outre, au moins 100 personnes sont portées disparues.

Des navires qui étaient au port ont été endommagés, dont la corvette BNS Bijoy, un navire de 1.430 tonnes déployé par le Bangladesh au sein du Groupe d’intervention navale de la Force intérimaire des Nations unies au Liban [FINUL]. « Des Casques bleus sont blessés, certains gravement », a d’ailleurs indiqué cette dernière.

Selon les premiers éléments disponibles, la catastrophe aurait été causée par un stock de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium, une substance chimique utilisée pour produire des engrais et des explosifs, qui fut la cause de l’explosion qui endeuilla Toulouse, en septembre 2001, sur le site d’AZF.

Le directeur des douanes, Badri Daher, a indiqué qu’un dépôt de feux d’artifice se trouvait à côté de celui où était entreposé le nitrate d’ammonium. Et cela, d’après Hassane Diab, le Premier ministre libanais, « depuis six ans et sans mesures de précaution. »

Il y a un an, Danny Danon, l’ambassadeur israélien auprès de l’ONU, avait affirmé que le port de Beyrouth était sous le contrôle du Hezbollah, la milice chiite libanaise.

« Dans les années 2018-2019, Israël a découvert que des articles à double usage étaient introduits en contrebande au Liban afin de faire progresser les capacités de roquettes et de missiles du Hezbollah », avait-il affirmé. « L’Iran et la Force Al-Qods [unité des Gardiens de la révolution] ont commencé à faire progresser l’exploitation des canaux maritimes civils, et plus particulièrement du port de Beyrouth. Le port de Beyrouth est devenu celui du Hezbollah, » avait-il poursuivi.

Ce que les autorités libanaises démentirent, qualifiant les accusations de M. Danon de « menace directe contre la paix et les infrastructures libanaises. »

Quant à l’origine de ce nitrate d’ammonium, le directeur général de la Sûreté générale a indiqué qu’il avait été « probablement été confisqué depuis des années et stocké dans entrepôt du port. »

Cela étant, en 2015, un certain Bassam Hussein Abdallah, un libano-canadien, avait été arrêté à Chypre pour « soutien » au Hezbollah, avec 8,2 tonnes de nitrate d’ammonium en sa possession. Devant le tribunal pénal de Larnaca, il avait plaidé coupable de « participation et de soutien à une organisation terroriste » et de « possession illégale et transfert de matériaux explosifs ». Il fut alors condamné à 6 ans de prison.

Quoi qu’il en soit, le Hezbollah a, via un communiqué, présenté ses « plus profondes condoléances à l’honorable peuple libanais et aux familles des martyrs [les victimes; ndlr] pour cette grave tragédie nationale. »

Par ailleurs, plusieurs pays ont proposé leur aide au Liban, dont Israël [toujours techniquement en guerre avec son voisin libanais], les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada le Koweït, le Qatar et l’Iran.

Le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a appelé mercredi les autorités compétentes à identifier les responsables de la double explosion qui a ravagé Beyrouth mardi, alors qu'une enquête doit être ouverte sur les circonstances du drame.

"Il est nécessaire que soient déterminées les véritables raisons de la catastrophe et les responsabilités identifiées avec justice et audace", a déclaré M. Raad dans un communiqué publié dans la journée.

Un haut responsable israélien affirmé mardi qu'Israël n'avait "aucun lien" avec l'énorme explosion qui a eu lieu dans l'après-midi à Beyrouth, faisant plusieurs morts et des centaines de blessés. 

De son côté, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gaby Ashkenazi, a affirmé sur une chaîne de télévision locale que l'explosion "était probablement due à un incendie". 

TF121