Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 24 août 2020

Des jeux d’argent en ligne serviraient de paravent pour de l’espionnage au Maroc


Des agents du service de renseignement espagnol (CNI) épaulés par leurs homologues marocains soupçonnent des sociétés de jeux d’argent en ligne étrangères installées à Ceuta (Sebta) et Melilla depuis 2018, de servir à rémunérer des informateurs d’autres pays dans le cadre d’un réseau d’espionnage.

Un homme d’affaires marocain dans le BTP, originaire d’Oujda entré à Melilla avec un visa pour récolter un gain de 50 000 euros pour un pari a été l’indice qui a conduit à l’ouverture de cette enquête. Le comportement de cet homme a éveillé les soupçons des services secrets marocains, qui ont remarqués que le suspect n'était pas un habitué des jeux de hasard.

A l’issue des investigations, rapporte la même source, les services de renseignement marocains considèrent que l’argent retiré correspond à un paiement effectué en échange de la transmission d’informations à une société turque .

Les enquêtes indiquent la construction d’un complexe touristique et commercial de luxe dans la région de Nador dans lequel plusieurs entreprises turques ont manifesté leur intérêt. Mais les soupçons pèsent également sur les entreprises britanniques, qui ont déménagé de Gibraltar à Ceuta et Melilla après le Brexit, puisque les maisons de jeux en ligne bénéficient d’avantages fiscaux pour avoir leur nom d’entreprise sur le sol européen. En fait, 25 % de ces établissements à Ceuta sont britanniques.

Par ailleurs, après l’accord d’association signé en octobre 2019 entre Rabat et Londres pour tenter d’assurer au Royaume-Uni les conditions dont elles jouissaient au sein de l’UE, plusieurs entreprises britanniques ont annoncé leur intention de s’installer dans le nord du Maroc pour y déployer des services d’information économique.

Les deux villes autonomes espagnoles sont devenues une attraction pour ce type d’entreprise grâce à la loi conçue par l’ancien ministre des Finances Cristóbal Montoro qui leur offre des réductions d’impôts. La loi avait été approuvée il y a un mois par le gouvernement de Pedro Sánchez.

Alors qu’une maison de jeu paie 20 % d’impôts dans la péninsule, aux îles Canaries et aux Baléares, dans les deux villes autonomes, elle paie 10 %. Elles bénéficient également d’une réduction de la taxe sur la production, les services et les importations (IPSI) – l’équivalent de la TVA à Ceuta et Melilla -, qui passe de 4 % à 0,5 %.

Par conséquent, sur les 24 maisons de jeux en ligne avec domicile fiscal à Ceuta, il y a au moins six Britanniques, deux de Malte et même une Russe et une Israélienne. On soupçonne actuellement que certaines de ces officines sont utilisées pour blanchir de l’argent et fournir des informations sur l’Espagne et le Maroc à des pays tiers.

Ceuta est plus surveillée que Melilla, car elle accueille plus d’entreprises, enregistre une plus grande visite de bateaux de plaisance dans la marina, et en raison de sa proximité avec l’Espagne et Gibraltar, rapporte la même source.