Déclaré vainqueur par la CEDEAO, au terme d’une élection présidentielle fortement contestée et toujours pas entérinée par la cour suprême de la Guinée-Bissau, Umaro Embalo était loin de penser que les fiches et bulletins des centrales de renseignements accumulés sur lui pouvaient resurgir au moment où il est parvenu à se “faire élire” président de la république.
En séjour privé dans la capitale française, le candidat déclaré vainqueur de la présidentielle bissau-guinéenne par la CEDEAO, Umaro Embalo, était dans les petits papiers de la Direction générale de la sécurité extérieure depuis plusieurs années. Le passé sulfureux du Bissau-guinéen intriguait depuis de longs mois les services de renseignements français au point de le faire suivre lors de chacun de ses séjours en France.
Cette fois, deux agents de la DGSE qui « filochaient » l’ancien chef du Renseignement Bissau guinéen ont été démasqués par des policiers français qui assuraient la protection du dirigeant africain, et qui n’avaient pas été mis au parfum de cette opération. C’est dans le compte-rendu d’incident des policiers du Service de la protection (SDLP) qu’a été révélé l’incident qui a ulcéré le président de la Guinée-Bissau : « Le 29 mai vers 8 h 15, au moment où le président Umaro Sissoco Embaló quittait son hôtel, les policiers du SDLP repèrent un deux-roues de couleur sombre, monté par deux individus casqués ; ce deux-roues met une attention particulière à rester le plus discret possible. Armes à la main, les gorilles du SDLP finissent par stopper la moto. Le conducteur, penaud, leur tend alors une carte professionnelle du ministère de la Défense. La hiérarchie policière découvre vite que les deux filocheurs à moto travaillent à la DGSE », indique le rapport.
Les éléments du Service de la Protection dirigé par le Commissaire Divisionnaire Frédéric Aureal informent Place Beauvau qui, â son tour, avertira le Président Umaro Embalo qui décide d’abréger son séjour parisien
Très vite, les médias proches de Umaro Embalo crient à une « tentative d’assassinat du dirigeant bissau-guinéen », orchestrée par la République française. « Faux », rétorque A. Bernard, un ancien agent de la DGSE, fin connaisseur de ce genre d’opération, avant de poursuivre : « Tous les dirigeants sont surveillés lorsqu’ils arrivent sur un territoire étranger. L’idée n’est pas de les assassiner ou d’épier leurs faits et gestes, mais l’objectif est d’assurer leur protection et d’anticiper tout incident malheureux ».
Hervé Smitch, expert en sécurité, qui a longtemps travaillé en Afrique de l’Ouest, a un autre avis sur la question : « Dans ce cas précis, je reconnais que les agents de la DGSE n’ont pas été discrets. Mais la réalité c’est que M. Embalo faisait l’objet de multiples signalements avant son entrée en fonction, de la part des services français et étrangers, compte-tenu de ses activités ou amitiés jugées douteuses avec des réseaux proches probablement de narco-trafiquants et groupes Djihâdistes du Nord Mali », a déclaré notre interlocuteur. « C’est un secret de polichinelles de faire passer M. Umaro Embalo pour un ange, car ce monsieur est sur les tablettes de plusieurs centrales de renseignements depuis bientôt vingt ans », renseigne Hervé Smith.
Selon l’AFP , Emmanuel Macron, qui n’a toujours pas reçu celui qui a été déclaré vainqueur de la Présidentielle par la CEDEAO lors d’une visioconférence, a été très agacé par l’incident mais, n’a pas daigné réparer l’incident en appelant le Général. Tel un boulet, le passé de Umaro Embalo, tout comme son élection entachée d’irrégularités et contestée par son adversaire Domingos Simoes Pereira, continue de lui coller, malgré lui, à la peau.
Cheikh Saadbou Diarra