jeudi 21 mai 2020
Bruxelles, nid d’espions
La forte concentration d’élites politiques, économiques et diplomatiques à Bruxelles en fait une cible facile pour les services de renseignements américains, russes et chinois. Plusieurs affaires récentes viennent rappeler que l’Union européenne est très exposée aux appétits des puissances étrangères.
La semaine dernière, d’après Le Monde, les services de contre-espionnage belges ont expulsé un espion chinois qui opérait sous couverture d’un institut culturel à Bruxelles.
En janvier, la justice allemande ouvrait une enquête sur un haut fonctionnaire de l’Union européenne nommé Gerhard Sabathil, soupçonné d’avoir trahi au profit des services secrets chinois.
L’an dernier, le directeur de l’institut Confucius (les centres culturels chinois) était expulsé par les services belges. Song Xinning semblait avoir organisé un réseau d’agents d’influence dans le monde universitaire et scientifique européen.
Ces affaires rappellent que la Belgique soupçonne, depuis plusieurs années, la Chine d’avoir installé un important centre d’espionnage ciblant le siège de la Commission européenne depuis le numéro 25 de la rue Archimède. Or, ce bâtiment est l’ambassade de Malte, pays membre de l’UE.
Comment se peut-il qu’un pays membre héberge un centre d’espionnage chinois ? La Chine avait généreusement offert à la République de Malte de rénover gratuitement son bâtiment en 2007…
Le service européen pour l’action extérieure (SEAE) a mis en garde ses fonctionnaires contre la présence de « deux cent cinquante espions chinois et deux cents espions russes ». Étonnamment, rien n’est dit sur la présence des espions américains. On sait pourtant depuis l’affaire Snowden qu’ils y sont très nombreux et ont accès aux communications secrètes des décideurs européens.
En raison de sa tradition historique de neutralité, puis de son intégration très étroite dans l’OTAN à domination américaine, la Belgique n’a pas de culture de contre-espionnage aussi vive que les pays comme la France, l’Allemagne ou le Royaume- Uni. Le pays se considère rarement comme une cible et constitue donc une proie facile.
De plus, comme de nombreux pays européens, la Belgique est un pays surendetté et compte de très nombreuses strates de décisions opaques ; il est difficile de résister aux sirènes américaines ou chinoises quand celles-ci prennent la forme d’un « centre culturel », d’un « siège social international » ou du rachat d’une entreprise locale en difficulté.
Ces puissances étrangères profitent donc du vivier que constituent les fonctionnaires européens, les décideurs des vingt-sept pays membres en visites fréquentes ainsi que les quelque vingt mille lobbyistes, professionnels de l’influence, pour étendre leur recrutement et tenter d’orienter les décisions de l’UE en leur faveur.