Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 13 février 2020

«Le destructeur»: qui est le nouveau calife de Daesh ?


L'un des fondateurs et principaux idéologues du groupe djihadiste État islamique (EI) a été identifié par plusieurs services de renseignements comme étant à la tête de l'organisation, a indiqué fin janvier le quotidien britannique «The Guardian». Il succède à Abou Bakr al-Baghdadi.

Peu après la mort de Baghdadi dans une opération américaine fin octobre en Syrie, l'EI avait désigné Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi comme nouveau «calife des musulmans». Mais ce dernier était inconnu des analystes, certains doutant même de son existence, et un haut responsable américain le qualifiant de «parfait inconnu». Selon «The Guardian», qui cite des responsables de deux services de renseignement non précisés, l'organisation est désormais dirigée par Amir Mohamad Abdel Rahmane al-Maoula al-Salbi, l'un des fondateurs du groupe. Il est «considéré comme l'un de ses idéologues».

Diplômé et brutal

L'homme dont l'âge est inconnu est originaire d'une famille de la minorité turkmène d'Irak, c'est l'un des rares non-Arabes dans la direction de l'EI. Diplômé de l'université de Mossoul, il aurait joué un rôle clé dans la persécution des Yézidis, communauté religieuse ancestrale prise pour cible en Irak par les djihadistes en 2014. Il a été affublé de surnoms comme «le professeur» ou «le destructeur» et est considéré comme particulièrement brutal dans ses décisions et sa manière d'agir.

En 2004, al-Salbi a été détenu par les forces américaines dans une prison au sud de l'Irak où il a rencontré Baghdadi. Il aurait au moins un fils. Pour traquer ce nouveau calife, les services de renseignement sont allés en Turquie où son frère, Adel Salbi, est un représentant d'un parti politique appelé le Front irakien turkmène. On pense que le nouveau chef de l'EI a maintenu des liens avec son fraternel jusqu'à ce qu'il soit nommé calife, explique le «Guardian».

Où se trouve-t-il ?

A partir de 2014, Al-Salbi aurait pris la tête des opérations militaires de l'EI en Irak et à l'international, Baghdadi étant passé à la clandestinité. Les services de renseignement estiment probable que l'homme se cache dans la région de Mossoul. La «capitale» du califat a été reprise à l'EI par les forces armées irakiennes en 2017. Elle est cependant toujours considérée comme un lieu de «retraite» pour les anciens partisans et idéologues de l'EI.

Il y a quelques semaines, les forces de sécurité irakiennes ont d'ailleurs arrêté Shifa al-Nima dans une banlieue de l'ancienne capitale du califat. Cet idéologue influent du groupe terroriste a dû être transporté à cause de son poids (254 kg) à l'arrière d'un pick-up.

Il a été tourné en dérision sur les réseaux sociaux en raison de son poids et a été surnommé «Jabba le Hutt» en référence au personnage de la saga Star Wars.

Tête mise à prix

Amir Mohamad Abdel Rahmane al-Maoula al-Salbi figure depuis août 2019 sur la liste des «terroristes les plus recherchés» par les États-Unis, qui offrent jusqu'à 5 millions de dollars pour des informations permettant de le capturer. Il est présenté sur le site ad hoc du Département d'État américain comme «un successeur potentiel du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi».