Abou Bakr al-Baghdadi est mort, mais le monde n'est pas pour autant plus sûr. C'est, en résumé, le message qu'a voulu faire passer Mohammed Hasik, un ex-combattant du groupe Etat islamique. Depuis une prison du nord de l'Irak, l'ancien jihadiste s'est confié à un journaliste de la chaîne américaine ABC News. Il ne montre aucun remords quant à ses actes et prédit un avenir sombre à l'Europe. Pour lui, le décès de Baghdadi n'est que de la poudre aux yeux.
«Quand un meurt, un autre apparaît. C'est un jeu, ils jouent. Les Etats-Unis jouent, l'EI joue», explique cet homme de 25 ans né à Srebrenica (Bosnie). Hasik va plus loin, évoquant de possibles représailles. «Je pense peut-être que maintenant en Europe, quelque chose va se passer parce que beaucoup de gens sont en colère», indique-t-il. L'ex-jihadiste estime par ailleurs que même si Donald Trump et d'autres dirigeants ont annoncé la fin du califat, «cela n'a aucune importance»: «Les gens (ndlr: les sympathisants) existent. Les gens sont là. Peut-être que cela va empirer. Cette chose ne s'arrêtera pas», prévient le Bosnien.
Hasik dit avoir perdu 20 membres de sa famille la guerre de Yougoslavie. Emprisonné avec sa mère alors qu'il n'était qu'un enfant, le Bosnien s'est réfugié en Allemagne à l'âge de 6 ans. Après avoir passé plusieurs années aux Etats-Unis, il est rentré en Allemagne où il a sombré dans la drogue et la délinquance. C'est à l'âge de 21 ans qu'il a eu connaissance de l'existence de l'EI, qu'il a rejoint en 2014 avec des amis rencontrés en prison. «Le processus d'adhésion a été facile», raconte Hasik.
«Je faisais juste un travail. Cette guerre est sale»
Quelques semaines après l'arrivée du Bosnien dans les rangs du groupe, l'EI s'est emparé de la ville de Sinjar (nord-ouest de l'Irak) et a commencé à massacrer les Yézidis, exécutant les hommes et capturant les femmes et les jeunes filles pour en faire des esclaves sexuelles. Confronté à ces atrocités, Hasik botte en touche: «J'étais juste un policier. On a juste attrapé des gens qui se droguaient et d'autres choses comme ça. Je faisais juste un travail. Cette guerre est sale», justifie-t-il. Lorsque le journaliste Ian Pannell lui demande s'il a quelque chose à dire aux innombrables victimes de l'EI, Hasik le regarde droit dans les yeux: «Je n'ai pas écrit leur destinée. C'est leur destin.»
Le jeune homme s'est rendu aux forces américaines en 2017. Depuis, il est incarcéré dans une prison de haute sécurité située dans le nord de l'Irak. Des milliers de terroristes présumés y seraient également enfermés. Marié et père de deux enfants en Allemagne, le jeune homme affirme en avoir fini avec Daesh. J'en ai marre de la guerre. Je veux une vie normale avec ma famille et mes enfants, confie le Bosnien, qui croit dur comme fer en sa libération: «Oui, bien sûr. Parce qu'à mes yeux, je n'ai enfreint aucune loi», conclut-il.