Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 29 octobre 2019

Le Brexit vu par les services de renseignement


Etre membre de l'UE permet aujourd'hui au Royaume-Uni d'avoir accès et de contribuer tout à la fois à Europol, au Service d'Information Schengen, au mandat d'arrêt européen... Le renseignement sera-t-il aussi efficient après le très probable Brexit? Entretien avec le chercheur Pierre Berthelet.

Une fois sorti de l'UE, le Royaume-uni pourra-t-il garantir le même niveau de protection des données? 
Crédits : Getty


Le Royaume-Uni a formé « l’aristocratie de l’espionnage » comme le disaient Philippe Vasset et Pierre Gastineau cet été dans la série Conversations secrètes sur France Culture. Que ce soit pendant la Seconde guerre mondiale ou la guerre froide, l’excellence des Britanniques dans ce domaine leur a permis de conserver leur place dans la communauté internationale, quand leur puissance économique et militaire elle, ne cessait de décliner…

Aujourd’hui encore le MI5 - les services de renseignement intérieur, - est reconnu pour son expertise en matière de lutte contre le terrorisme.

Des services de renseignement européens ou Britanniques, lesquels ont le plus à perdre ou à gagner, de l'autonomie retrouvée des premiers ?

Le nouveau report de la date de sortie, accepté hier par l’Union européenne, au 31 janvier 2020, ne sera pas de trop pour fixer un nouveau cadre pour les relations entre services.

En Europe, le renseignement extérieur fonctionne plutôt sur un mode intergouvernemental, selon une logique bilatérale ou "de club", dans le cadre d'institutions internationales. Le Brexit ne devrait pas tant l'affecter. En revanche, il risque de bousculer le renseignement intérieur : les polices travaillent dans des systèmes beaucoup plus intégrés. Les Britanniques sont très actifs dans Europol, par exemple. Mais un Brexit avec accord devrait fixer une période transitoire jusqu’en 2021 et permettre des négociations entre l'UE et le Royaume-Uni, qui pourrait alors se voir maintenir l'accès aux bases de données comme d’autres pays tiers.   

Pierre Berthelet

Julie Gacon