mardi 30 juillet 2019
Le portable "disparu" de Benalla livre ses secrets
Alexandre Benalla avait expliqué aux enquêteurs que son téléphone personnel avait été perdu et qu'il produirait les données à cet égard dès qu'il aurait retrouvé une clé USB, également perdue. Dessus figureraient des messages de soutiens étonnants.
Selon de nouvelles révélations du Monde publiées ce 29 juillet, lorsque les enquêteurs ont demandé à Alexandre Benalla de produire son téléphone personnel dans le cadre de sa première garde à vue le 21 juillet 2018, après les révélations du même journal concernant ses agissements du 1er mai, l'ancien collaborateur de l'Elysée n'a produit que son téléphone professionnel, expliquant avoir égaré l'autre : «Je l’ai perdu [...] Je ne l’ai plus [...] Je ne souhaite pas donner d’éléments sur ce téléphone», expliquait-il.
Alexandre Benalla affirmera par la suite, en octobre 2018, que les données du téléphone personnel étaient conservées «sur une clé USB», mais, précisera-t-il : «Il faut que je la trouve […] dans mes affaires qui sont en Normandie.» Puis, au cours d'un nouvel interrogatoire en février 2019, il explique que la fameuse clé s'est «perdue dans [ses] déménagements successifs.»
Malheureux concours de circonstances ? Pourtant, les enquêteurs ont pu retrouver des traces du téléphone en question, puisqu'il aurait notamment donné des signes de vie dès le soir de l'interrogatoire du 21 juillet 2018 pour entrer en communication à 22h01 avec le chef de cabinet de Brigitte Macron, Pierre-Olivier Costa. Ce qui a amené les enquêteurs à conclure : «L’assertion de M. Benalla, le 21 juillet 2018 : "Cet appareil, je l’ai perdu", est fausse.»
Visiblement bien renseigné, le journal Le Monde affirme que «l'examen détaillé de la ligne livre un début de réponse» quant au contenu des données relatives à ce téléphone : y figureraient notamment plusieurs messages de soutien de l'Elysée après le 1er mai 2018, ainsi que des messages supprimés du commandant militaire en second de la présidence de la République, Jean-Luc Minet et du Directeur général de la gendarmerie nationale, Richard Lizurey.
Au lendemain des incidents du 1er mai 2018, Jean-Luc Minet envoyait ainsi : «Tous des cons Alexandre sois zen et fort c’est le patron qui décide et à 30 000 kilomètres [Emmanuel Macron se trouve alors en voyage officiel en Australie] il ne décide rien te concernant.»
Ensuite, le 18 juillet 2018 dans l’après-midi, depuis cet appareil qu'il déclarera «perdu» trois jours plus tard aux enquêteurs, Alexandre Benalla prévient le patron des gendarmes : «Bonjour Richard, je tiens à t’informer qu’un article va sortir dans Le Monde sur le 1er-Mai. Amitiés. Alexandre.» Toujours selon cette même source, le général Lizurey lui répond alors : «Bjr Alexandre. Comme quoi les journalistes sont bien informés par nos amis… Amitié. Richard.»
Un peu plus tard au cours de cette même journée, Alexandre Benalla commence à s'inquiéter du développement potentiel de son affaire, qui n'en est pas encore tout à fait une et il écrit à nouveau à Richard Lizurey : «Le Monde, ça traduit un certain état d’esprit…» Et le général de gendarmerie d’acquiescer : « Oui exactement.» Tous ces messages sont ensuite effacés et le téléphone n'a toujours pas été retrouvé à ce jour.