Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 15 juillet 2019

Le CPA 10 et le DRA 10 ont participé en 2017 à un exercice conjoint de contre-terrorisme en Suisse


Tout juste rentrés de l’exercice «Emerald Warrior» aux États-Unis, les commandos parachutistes de l’air du CPA 10 ont participé à un échange en Suisse avec leurs homologues du détachement de reconnaissance de l’armée n°10 (DRA 10). C'était du 17 au 28 avril 2017, l’exercice «Mountain Swat» a permis aux deux unités de confronter leurs équipements, leurs savoir-faire, leurs procédures et leurs expériences respectives en matière de contre-terrorisme et libération d’otages (CTLO).



       




Une première phase de mécanisation

L’exercice a débuté par une phase technique, permettant à chacun d’appréhender les procédures de ses partenaires. Ponctuée de séances de tirs et de séquences de mécanisation, cette première semaine a servi de répétition aux exercices tactiques combinés programmés la semaine suivante. «Les opérateurs du DRA 10 nous ont fait bénéficier d’une infrastructure d’entraînement digne des forces spéciales», confie un commando du CPA 10. Le groupe action (GRA) a ainsi pu profiter des installations nichées à flanc de montagne autour de l’emprise d’Isone, pour alterner les tirs à longue, courte et très courte distance. Des exercices requérant un haut niveau de rigueur et de sécurité ont ensuite été organisés afin de mesurer l’interopérabilité des GRA dans des cas concrets. «Le très bon niveau de l’ensemble des opérateurs a grandement facilité ces premières séquences, souligne un participant. Pour réaliser ces exercices dans les conditions du réel et en toute sécurité, nous avons modifié nos armes de dotation afin de pouvoir utiliser des cartouches de simunition*.»



Suisses et Français alliés pour libérer des otages

Pour la deuxième partie de «Mountain Swat», les hommes du CPA 10 ont rejoint leurs homologues quelques dizaines de kilomètres plus au nord, dans la localité de Luterbach. Séjournant dans l’un des nombreux abris discrets recelés par la Suisse, les deux GRA ont mené des entraînements conjoints et de grande ampleur sur des sites civils désaffectés. Systématiquement associés, Suisses et Français ont dû déjouer les pièges semés dans les bâtiments par les organisateurs et faire face à de nombreux belligérants retenant un ou plusieurs otages. «Nous avons par exemple évolué dans une ancienne papeterie, permettant des élongations dans les déplacements des colonnes d’assaut et offrant une multitude de secteurs à surveiller, puis à conquérir dans un environnement industriel», relate un commando. Autre «terrain de jeu», une grande maison à deux étages située en rase campagne à l’orée d’une petite forêt. La configuration des lieux a contraint les GRA à conduire des assauts simultanés en vue de libérer des otages toujours mieux dissimulés ou mieux gardés par les geôliers. Enfin, un dernier site présentait la particularité d’être situé au cœur d’une petite ville, en bordure de rivière et à proximité de maisons d’habitation encore occupées. Le grand nombre des pièces à investir a nécessité l’emploi de procédures dites d’inondation de chaque salle, selon les principes d’appui mutuel.




Rendus complexes par la topographie des lieux, ces exercices d’investigation ont mis en exergue l’interopérabilité acquise par les deux GRA au cours de ces restitutions. «Cet échange a été enrichissant, tant sur le plan humain que professionnel, conclut le chef du détachement. Il s’inscrit pleinement dans le programme de préparation des GRA et complète le panel d’entraînement offert par des exercices comme «Athena», «Gorgones» ou «Eugénie».» En France ou en Suisse, cette rencontre bilatérale ne manquera donc pas d’être renouvelée.

* Simunition : système de simulation d’entraînement à courte portée non létal, composé de culasses et/ou de canons spécifiques et de cartouches marquantes, le tout compatible avec les armes de dotation.


Capitaine Christelle Hingant