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dimanche 16 juin 2019

Les États-Unis accusent l’Iran d’être derrière les attaques ayant visé deux navires civils en mer d’Oman



Un mois après le « sabotage » de quatre pétroliers au large des Émirats arabes unis, près du détroit d’Ormuz, deux autres navires ont été attaqués dans la même région, à savoir le tanker norvégien Front Altair et le méthanier japonais Kokuka Courageous. Ayant reçu les appels de détresse émis depuis ces bâtiments alors en difficulté, l’US Navy a envoyé sur place le destroyer USS Bainbridge.

Les circonstances de ces attaques paraissent peu claires au moment de leur annonce. Selon son propriétaire, le « Front Altair » aurait été victime de trois explosions. Son équipage [23 marins] a été recueilli par le cargo « Hyundai Dubai », avant d’être confié à une équipe iranienne de sauvetage.

S’agissant du Kokuka Courageous, son opérateur japonais a évoqué des « tirs ». Selon Kyodo News, un « trou » aurait été repéré sur sa coque. Quoi qu’il en soit, une incendie dans la salle des machines a contraint son équipage à quitter son bord. Et ses 21 marins auraient été pris en charge par « un navire se dirigeant vers les Émirats arabes unis. » Et le navire en question serait l’USS Bainbridge.

Cependant, l’agence officielle iranienne Irna a affirmé que les marins des deux navires avaient été secourus par une « unité de secours de la marine [iranienne] de la province d’Hormozgan » avant d’être transférés « au port de Bandar-é Jask. » Dans le même temps, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a trouvé curieux que des « attaques contre des pétroliers liés au Japon aient eu lieu » alors que le Premier ministre nippon, Shinzo Abe, était en visite officielle à Téhéran.

Lors des sabotages des quatre pétroliers [2 saoudiens, 1 norvégien et 1 émirati], en mai, l’Iran avait réclamé une « enquête », qualifiant de « regrettables » les « incidents » qui venaient alors de se produire en mer d’Oman.

Pour autant, les États-Unis [ainsi que l’assureur norvégien DNK] accusèrent Téhéran d’avoir été à la manoeuvre. Et le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a été prompt a mettre en cause l’Iran dans ces nouvelles attaques, qualifiées de « coordonnées et de planifiées » par l’association internationale des pétroliers indépendants, qui précise par ailleurs que les deux navires visés ont été atteints « au niveau de la ligne de flottaison, près de la salle des machines. »

« Le gouvernement des Etats-Unis estime que la République islamique d’Iran est responsable des attaques de ce jour en mer d’Oman », a en effet lancé M. Pompeo devant la presse, à Washington. Et d’évoquer, pour justifier cette accusation, des informations collectées par le renseignement, les « armes utilisées » [des mines limpet] et le « niveau de sophistication » de ces attaques.

Dans son bras de fer avec l’administration Trump, l’Iran avait menacé, l’an passé, de bloquer le détroit d’Ormuz, par où transite un bon tiers du trafic pétrolier mondial. Mais une telle action aurait immanquablement suscité une riposte militaire. Aussi, s’attaquer à des pétroliers en mer d’Oman via des sabotages permet d’arriver au même effet, l’insécurité dans la région faisant flamber les tarifs des assureurs et… les cours du pétrole.

À noter, d’ailleurs, que, le jour de l’attaque contre le Front Altair et le Kokuka Courageous, ces derniers était tombés « sur un plancher de près de cinq mois, à la suite de l’annonce d’une hausse surprise des réserves américaines de brut la semaine passée », selon Bourse Direct.

Évidemment, les autorités iraniennes ont rejeté en bloc les accusations américaines. « Que les Etats-Unis aient immédiatement sauté sur l’occasion pour lancer des allégations contre l’Iran [sans] le début d’une preuve fondée ou circonstancielle fait apparaître en pleine lumière le fait que [Washington et ses alliés arabes] sont passés au plan B: celui du sabotage diplomatique […] et du maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l’Iran », a réagi M. Zarif, via Twitter.

Or, justement, le Pentagone a diffusé une vidéo montrant une embarcation longer le méthanier Kokuka Courageous. Et, même si les images [en noir et blanc] sont de piètre qualité, ont devine que ses occupants retirent de la coque une mine patelle [ou limpet] "mine ventouse " qui n’avait pas explosé. Cette dernière avait d’ailleurs été photographiée par l’équipage de l’USS Brainbridge.




Selon les autorités américaines, cette embarcation appartiendrait au Corps des Gardiens de la révolution [IRCG], une organisation désormais considérée comme terroriste par Washington.

L’US Centcom, le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, a donné la chronologie des faits. Quand l’alerte a été donnée, il a été ordonné à l’USS Bainbridge, qui se trouvait à 40 milles des deux navires attaqués, de se rendre immédiatement sur les lieux.

À 8H09 [locales], un avion américain « a observé un patrouilleur de classe Hendijan et plusieurs vedettes rapides de l’IRCG à proximité du Front Altair », poursuit l’US Centcom. Le rapport confirme que les marins du pétrolier ont d’abord été recueillis par le cargo Hyundai Dubai, lequel « s’est conformé à la demande » des Iraniens en transférant cet équipage à ces derniers.

Puis, à 11h05, l’USS Bainbridge s’est rapproché du remorqueur néerlandais Coastal Ace, qui venait de recueillir à son bord les 21 marins qui venaient d’abandonner le Kokuka Courageous après avoir « découvert une mine non explosée à la suite d’une première explosion. »




« Alors que le patrouilleur Hendijan semblait tenter de rejoindre le remorqueur Coastal Ace avant l’USS Bainbridge », l’équipage du Kokuka Courageous a été pris en charge, à la demande de son capitaine, par le destroyer américain. « Les marins sauvés sont actuellement à bord du USS Bainbridge », insiste l’US Centcom.

Enfin, à 16H10, un bateau de la classe Gashti, appartenant à l’IRCG, a été « observé en train d’enlever la mine non détruite fixée sur la coque du Kokuka Courageous », conclut le commandement américain.

Ces images diffusées par le Pentagone appellent une observation : en l’état, et comme elles ne montrent pas la pose des mines, elles ne font que renforcer le soupçon qui pèse sur l’Iran. Mais elles n’apportent une preuve indiscutable, étant donné que les Iraniens pourront toujours prétendre avoir retiré la mine en question par mesure de sécurite. Reste que son examen dans le cadre des investigations aurait apporté des informations intéressantes sur son origine, et donc, sur les auteurs des attaques.