Si Pékin doit user de la force pour Taipeh revienne dans son giron, alors on suppose que l’Armée populaire de libération [APL] se prépare à mener une vaste opération amphibie… Or, Taïwan ne compte qu’une douzaine de plages où un débarquement serait possible. Et, évidemment, l’état-major taïwanais a pris toutes les dispositions défensives nécessaires pour tenter, le cas échéant, de refouler les forces chinoises.
D’où, sans doute, la mise au point du « Lézard marin », un véhicule armé autonome dédié aux opérations amphibie. Conçu par le Wuchang Shipbuilding Industry Group, filiale de China Shipbuilding Industry Corporation [CSIC], cet engin est sorti d’usine le 8 avril dernier et il aurait « passé avec succès les contrôles de livraison », affirme la presse chinoise.
Ayant l’apparence d’un bateau, ce drone de 12 mètres de long est propulsé par un hydrojet qui lui permet de naviguer à la vitesse maximale de 50 noeuds. À l’approche du littoral, il déploie quatre dispositifs de chenilles rétractables. Sur terre, il pourrait rouler à la vitesse de 20 km/h, grâce à un moteur diesel.
Ce concept n’est pas sans rappeler celui du Land-Wasser-Schlepper [LWS] imaginé en 1936 par Rheinmetall-Borsig pour les besoins de l’armée allemande… à la différence que ce véhicule était destiné à tracter des barges de débarquement et à assurer des missions de ravitaillement.
Cela étant, ce « Lézard marin » dipose de capteurs électro-optiques et d’un système radar. Côté armement, il peut être doté de deux mitrailleuses et surtout d’un système de lancement vertical lui permettant de tirer des missiles anti-navires et anti-aériens. Selon un responsable de l’entreprise qui l’a conçu, ce véhicule peut naviguer, éviter des obstacles et choisir des itinéraires de manière autonome.
En outre, selon le quotidien Hubei Daily, cet engin pourrait être laissé sur une île pendant 8 mois et engager le combat s’il en a reçu l’ordre. Mais ce point reste à prouver. Tout comme sa capacité à évoluer en essaim, car, évidemment, il ne servirait à rien d’engager un tel drone en petit nombre s’il s’agit de réduire des défenses adverses.
Aussi, les caractéristiques de ce « Lézard marin » interrogent. La première est que l’on ignore son comportement dans une mer agitée… Et puis on ne sait pas non plus quel est son degré de « survivabilité », c’est à dire sa capacité à résister aux assauts adverses. Une autre question porte sur son armement : pourquoi n’emporte-t-il pas de missiles anti-char? Et puisqu’il serait doté de capacités anti-navires et anti-aériennes, quels moyens a-t-il pour détecter ses cibles? Reçoit-il des données communiquées par d’autres plate-formes? Et, enfin, qui contrôle ses armes? L’homme est-il dans la boucle?
Si c’est le cas, alors cela suppose que les liaisons de données chinoises sont fiables et robustes. Dans le cas contraire, cela voudrait dire que ce Lézard Marin serait capable d’utiliser ses armes de façon autonome, grâce à de l’intelligence artificielle… Ce qui n’est guère rassurant.