mercredi 16 janvier 2019
Révélations : Benalla aurait quitté l'Elysée avec un quatrième passeport et un téléphone crypté
Selon de nouvelles révélations de l'édition du Canard Enchaîné de ce 16 janvier, l'Elysée aurait omis de demander à l'ancien chargé de mission, Alexandre Benalla, de rendre un quatrième passeport de service et un téléphone classé secret-défense.
Le jour même où doivent reprendre les travaux de la commission d'enquête du Sénat dirigée par le sénateur Les Républicains Philippe Bas, l'hebdomadaire satirique annonce que, selon ses informations, le directeur de cabinet de la présidence, Patrick Strzoda qui doit répondre aux questions des sénateurs à nouveau, aurait oublié de réclamer à son ancien collaborateur un quatrième passeport de service «délivré le 28 juin 2018» (en plus des trois autres qu'il aurait finalement rendus)... Autre oubli fâcheux : Alexandre Benalla disposait également, selon le palmipède, d'un téléphone crypté Teorem qui aurait également eu du mal à retrouver le chemin de l'Elysée après le licenciement de l'ancien conseiller de la présidence.
Le journal précise que ce «laisser-passer à la couverture noire [...] facilite le passage des frontières et permet de voyager sans visa dans certains pays.» Alexandre Benalla aurait donc disposé de quatre passeports spéciaux : «deux diplo et deux de service.»
Concernant le téléphone ultra-sécurisé dont il aurait également bénéficié, le Canard explique que son avocate aurait proposé au Palais présidentiel de restituer l'objet d'une valeur de 2 500 euros fabriqué par l'entreprise Thales le 11 janvier.
L'Elysée accuse Benalla d'avoir obtenu un passeport de service grâce à un faux
Lors des auditions devant la commission d'enquête du Sénat le 16 janvier, le directeur de cabinet de la présidence de la République, Patrick Strzoda a accusé Alexandre Benalla concernant l'utilisation d'un passeport de service. «Pour obtenir ce passeport, Alexandre Benalla a adressé au ministère de l'Intérieur une note dactylographiée à en-tête du chef de cabinet, une note non signée de façon manuscrite», a fait savoir Patrick Strzoda en ajoutant qu'il «soupçonnait une falsification».
«Nous avons signalé ce fait au procureur de la République», a-t-il poursuivi. «A quelle date ?», l'a interrogé Philippe Bas, président de la commission des lois du Sénat constituée en commission d'enquête. «Ce matin», lui a répondu le directeur de cabinet de l'Elysée, alors qu'il a reconnu quelques minutes plus tard avoir eu connaissance de l'existence de ce passeport de service délivré par le ministère de l'Intérieur «en juillet», signalé par les services de Beauvau, puis de l'existence de «ce document», réputé faux, «dans le courant de l'automne».
«Mais, à ce moment là, j'ai considéré que le problème était réglé puisque les passeports, d'une part, étaient invalidés depuis le 30 juillet, et ensuite toutes les démarches avaient été faites pour obtenir leur restitution», s'est justifié Patrick Strzoda. «Et, récemment, au vu de l'enquête préliminaire ouverte par le procureur de la République [le 29 décembre], c'est sur la base d'abus de confiance et d'utilisation frauduleuse des titres que j'ai souhaité qu'on verse cet élément supplémentaire au dossier», a-t-il complété.
«Parce qu'on est confronté à un Monsieur qui visiblement utilise régulièrement des faux pour obtenir un certain nombre de titres officiels», a encore considéré Patrick Strzoda.