Convoitée par la Turquie, qui ne veut plus y voir un seul milicien kurde des Unités de protection du peuple [YPG], la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, revêt une importance stratégique particulière. Actuellement, elle est sous le contrôle du « Conseil militaire de Manbij », une émanation des Forces démocratiques syriennes [FDS], et abrite des emprises de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis. Des militaires américains y sont présents, de même que des membres des forces spéciales françaises (voire britanniques).
Fin décembre, et alors que le président Trump venait d’annoncer le retrait des militaires américains de Syrie, les FDS, y voyant un feu vert implicite à une offensive turque, ont demandé de l’aide au régime syrien. Et ce dernier s’est empressé d’y répondre en envoyant des unités dans les faubourgs de la ville. En outre, la semaine passé, on a appris que la police militaire russe avait été déployée dans les environs.
C’est donc dans ce contexte que des militaires de la coalition internationale ont été visés par un attentat suicide, alors qu’ils patrouillaient dans les rues de Manbij. Via son agence de propagande Amaq, l’attaque a quasiment été immédiatement revendiquée par l’État islamique [EI ou Daesh], qui avait été chassé de cette ville par les FDS en août 2016.
« Une explosion s’est produite à proximité d’un restaurant, visant des Américains, et il y avait avec eux des miliciens du Conseil militaire de Manbij », a ainsi rapporté un témoin, selon l’agence Reuters.
Le bilan de cet attentat n’est pas encore définitivement arrêté. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH] a affirmé que deux soldats américains figuraient parmi les 16 personnes tuées [dont 9 civils et 5 combattants des FDS]. Mais une source militaire, citée par Reuters, a parlé de quatre soldats américains tués et de 3 autres blessés.
La coalition anti-jihadiste [Inherent Resolve] n’a pas avancé de bilan pour le moment. Toutefois, elle a confirmé que des militaires américains ont été tués lors cette attaque « alors qu’ils menaient une patrouille de routine. » Et d’ajouter : « Nous rassemblons toujours des informations et nous partagerons ultérieurement plus de détails. »
Ce n’est pas la première fois que la coalition anti-jihadiste est visée à Manbij. En mars 2018, un sous-officier du Parachute Regiment britannique et un commando américain de la « Delta Force » furent tués par l’explosion d’un engin explosif improvisé.
En outre, début janvier, deux membres des forces spéciales britanniques ont été gravement blessés lors d’une attaque au « missile » lancée par l’EI contre un base des FDS situé vers al-Chaafa, dans la province de Deir ez-Zor, où les combats contre Daesh continuent.
Justement, le 15 janvier, les FDS auraient pris le contrôle de la localité de Soussa, « après le retrait des membres de l’EI vers d’autres secteurs encore sous leur contrôle », a précisé l’OSDH. Désormais, l’organisation jihadiste ne tiendrait plus qu’une poignée de hameaux (soit 15 km2).