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mardi 18 décembre 2018

Mise en orbite du satellite de renseignement français CSO-1


« Nous serons un État spatial puissant, dans une Europe spatiale forte », a dit Florence Parly en septembre dernier lors d'un discours au CNES. Mercredi 19 décembre marquera le premier acte du vaste plan d'extension et de renouvellement de l'ensemble des capacités spaciales de défense françaises prévu par la nouvelle loi de programmation militaire. Dans le cadre du programme MUSIS (Multinational Space-based Imaging System for Surveillance, Reconnaissance and Observation), la France doit mettre en orbite, demain le CSO-1. Initialement prévue ce 18 décembre, l'opération a été reportée de 24 heures pour cause de météo défavorable.

Premier d’une constellation allant comprendre trois satellites, cet engin sera lancé depuis la base de Kourou, en Guyane, à partir d’une fusée russe Soyouz. Il sera placé en orbite à 800 km d’altitude. Les CSO-2 et CSO-3 seront quant à eux lancés mi-2020 et fin 2021, le troisième allant être embarqué par la nouvelle Ariane 6, a annoncé en septembre Arianespace. 

« Une capacité d’acquisition inégalées en Europe »

Appelée à succéder au système Helios II, la nouvelle Composante d’Observation Spatiale (CSO) va offrir aux armées françaises des capacités accrues en matière de renseignement, d’appui aux opérations et de soutien à la géographie militaire. Cette constellation « permettra par exemple aux forces armées et aux services de renseignement de disposer rapidement de l’information utile au moment où ils en ont besoin, grâce à des images de grande qualité. Ce système rend possible la conservation d’un accès souverain à l’imagerie spatiale optique et infrarouge, avec des performances capteurs et une capacité d’acquisition inégalées en Europe », affirme le ministère français des Armées.

Le CSO pourra prendre des images classiques ou 3D de très haute résolution, de jour comme de nuit. Selon le ministère, le système présente d’importantes innovations : « Il offrira une plus grande agilité pour enchaîner les prises de vues sur une zone de crise. Il permettra également d’accroître le nombre d’objectifs imagés, sur une zone définie en un seul passage. CSO garantira ainsi plus d’images, de meilleure qualité, disponibles plus rapidement. Enfin, sa capacité inédite de contrôle d’orbite autonome simplifiera le travail effectué par les opérateurs sol, et doublera la durée de vie du satellite ».

Capables de réaliser quelques 800 clichés quotidiennement, les trois satellites enverront leurs images non pas en France mais à une station suédoise, celle de Kiruna, située au-delà du cercle arctique. Ce choix est lié au fait que la position géographique de ce site polaire est idéale, permettant des transferts d’images extrêmement régulièrement.

Coopération européenne

Il en découle un accord avec la Suède, qui pourra bénéficier d’informations recueillies par les satellites français. Il en sera de même pour d’autres pays européens, comme l’Allemagne, en échange d’un accès à ses satellites radars, moyens dont la France ne dispose pas. Un accord a également été conclu en ce sens avec l’Italie. « MUSIS renforcera la coopération européenne dans le domaine spatial grâce à des accords d’ouverture du programme aux partenaires européens, afin que chacun puisse bénéficier de la complémentarité des capteurs et ainsi fédérer une Europe spatiale de la Défense ». 

Piloté par la DGA et le CNES, le programme implique industriellement Airbus Defence and Space pour la réalisation des satellites et Thales Alenia Space pour les instruments optiques.

Les autres programmes spatiaux à venir

MUSIS constitue l’un des piliers du renouvellement complet des capacités spatiales de défense française au cours de l’actuelle loi de programmation militaire. En dehors de l’observation avec CSO, la LPM comprend aussi de nouveaux moyens d’écoute (satellites CERES), de télécommunication (SYRACUSE 4), de surveillance de l’espace (GRAVES, SATAM et SIS) et de navigation par satellite avec le programme OMEGA. « En profonde mutation et investi par des acteurs étatiques et privés, l’espace fait désormais l’objet de compétitions stratégiques et militaires. Le domaine spatial est un fournisseur de services indispensables à notre sécurité ainsi qu’à notre activité économique. Les moyens spatiaux civils et militaires sont nécessaires à la conduite des opérations militaires, sur terre, en mer et dans le ciel. Afin de faire face aux nouvelles menaces et de consolider notre autonomie stratégique, le Président de la République a fait du spatial un enjeu de sécurité national. Il a demandé à la ministre des Armées de lui proposer une « stratégie spatiale de défense » dont les conclusions seront présentées prochainement. Cette volonté de développement dans le domaine spatial militaire est pleinement prise en compte par la Loi de programmation militaire 2019-2025 qui consacre 3.6 Md€ au renouvellement de toutes les capacités spatiales militaires », souligne le ministère des Armées.