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vendredi 21 décembre 2018

Les FDS demandent un soutien diplomatique et militaire à la France


Après l’annonce de Donald Trump relative au retrait des forces américaines de Syrie, les Forces démocratiques syriennes [FDS], une alliance arabo-kurde, ont dit vouloir poursuivre leurs opérations contre l’État islamique [EI ou Daesh], en particulier dans la poche de Hajine, sur la rive orientale de l’Euphrate.

« Les combats s’arrêteront toutefois en cas d’offensive turque contre les zones kurdes dans le nord syrien », a toutefois prévenu Moustapha Bali, un porte-parole des FDS.

Or, la Turquie ne fait pas mystère de son intention de lancer une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie, contre les milices kurdes syriennes, qu’elle considère comme terroristes. Jusqu’à présent, la présence militaire américaine à leur côté [ainsi que celle des forces spéciales françaises, ndlr] a mis un frein aux velléités d’Ankara.

Pour justifier le retrait des 2.000 soldats américains de Syrie, M. Trump a avancé que l’EI était vaincu… S’il est vrai qu’elle a perdu l’essentiel des territoires qu’elle contrôlait depuis 2014, l’organisation jihadiste n’a pas encore été éradiquée. Loin de là.

« Quand le président Trump dit que Daesh est mort, nous considérons aujourd’hui que si le califat territorial n’est plus ce qu’il était en 2014 […], s’il est réduit à peau de chagrin, il reste encore une poche dans laquelle les jihadistes de Daech sont repliés », a expliqué Florence Parly, la ministre des Armées, sur les ondes de RTL, ce 21 décembre. . « Nous considérons que ce travail là doit être terminé. Nous ne partageons pas du tout l’analyse selon laquelle le califat territorial serait anéanti. Nous avons le droit d’avoir des différences d’analyse entre partenaires », a-t-il continué.

Et Mme Parly d’insister : « Le risque, en ne finissant pas ce travail, c’est de laisser perdurer des groupes et que ces groupes reprennent leurs activités ».

A priori, pour M. Trump, la Turquie pourrait se charger d’éliminer ce qui reste de Daesh. En tout cas, c’est ce qu’affirme la presse turque, selon laquelle le président turc, Recep Tayyip Erdogan, aurait convaincu son homologue américain de lui laisser les mains libres dans le nord de la Syrie…

Quoi qu’il en soit, et pour le moment, ce sont les FDS, et notamment les milices kurdes syriennes, qui ont été à la pointe du combat contre Daesh depuis maintenant plus de quatre ans. Et si elles sont la cible d’une offensive turque, alors la question des jihadistes faits prisonniers va se poser.

« Combattre le terrorisme sera difficile parce que nos forces seront obligées de se retirer des lignes de front [dans la province} de Deir Ez-zor, pour prendre position sur la frontière avec la Turquie pour contrer toute éventuelle attaque », a prévenu Ilham Ahmad, qui copréside le Conseil démocratique syrien avec Riad Darar. Ces deux responsables sont à Paris pour être « entendus » [soit à l’Élysée, soit au Quai d’Orsay, ndlr]

« Nous craignons de ne plus maîtriser la situation et qu’il soit difficile pour nous de garder [les jihadistes prisonniers] dans une localité déterminée », a encore estimé Mme Ahmad.

Aussi, a-t-elle poursuivi, « nous demandons aux Français un soutien diplomatique », dans la mesure où les autorités françaises « peuvent faire pression sur la Turquie pour qu’elle arrête ses menaces ». Et « nous avons demandé aussi que les forces [françaises] assument leur tâche dans la région jusqu’à une solution politique soit trouvée », a-t-elle ajouté.

La France « partage l’inquiétude des forces kurdo-arabes », a fait savoir, plus tôt, l’Élysée. La décision « massue » de M. Trump « revient, si on la prend à la lettre, à livrer à elles-mêmes les troupes arabo-kurdes et les populations » mais elle « ne saurait être le prélude à une offensive turque », a continué la présidence française, qui a dit souhaiter obtenir des « clarifications » de la part de Washington sur les « modalités et le calendrier » du retrait des troupes américaines de Syrie. « On va travailler pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de conséquences trop dommageables », a-t-elle assuré.