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mercredi 23 mai 2018

Vol MH370 : pour les enquêteurs australiens, le mystère n'est toujours pas résolu


Le Bureau australien de sécurité dans les transports rejette l'idée d'un acte volontaire, récemment mis en avant. Et estime que l'avion était hors de contrôle lorsqu'il s'est abîmé en mer.

Les proches des 239 personnes à bord du vol MH370, disparu en 2014, risquent bien de ne jamais savoir ce qui est arrivé. Le gouvernement de Malaisie vient en effet d'indiquer que  les recherches privées menées par la société texane Ocean Infinity vont prendre fin le 29 mai prochain.

Une annonce qui intervient alors que la bataille des experts est loin d'être achevée. Et connaît même un nouveau rebondissement. Mis en cause il y a une semaine par un expert canadien et une émission de télévision, le Bureau australien de sécurité dans les transports (ATSB) est en effet sorti de son silence.

Questionnés mardi par un comité sénatorial australien, Peter Foley et Greg Hood, deux des enquêteurs de l'ATSB ont affirmé que les éléments recueillis contredisaient la thèse selon laquelle le pilote avait volontairement abîmé son avion dans l'océan.

Pas d'amerrissage en douceur

Même si les deux hommes ont reconnu que la thèse du suicide du pilote était « plausible » et faisait partie des pistes qui avaient été explorées, ils ont défendu l'idée que cette tragédie aérienne était avant tout un accident. Et non un acte volontaire qui aurait entraîné la mort de 239 personnes  comme l'affirme le Canadien Larry Vance, dans un livre et dans l'émission australienne « 60 minutes » .

Selon les deux experts de l'ATSB en effet les données satellitaires mais aussi l'analyse des quelques débris retrouvés démontrent que l'avion volait hors de contrôle quand il a frappé l'eau.

Et que de ce fait, l'idée avancée par Larry Vance, dans son livre (« MH370 : Mystery Solved ») n'était pas fondée.

Selon cet auteur en effet, le pilote Zaharie Ahmed Shah a volontairement dirigé son appareil vers un coin reculé de l'océan Indien, où il l'a posé en douceur sur l'eau pour qu'il coule essentiellement intact et disparaisse.

Or, réplique Peter Foley d'une part  l'analyse d'un des ailerons retrouvé montre qu'il n'avait « probablement pas été déployé » pour effectuer un atterrissage en douceur. D'autre part, des débris provenant de l'intérieur de l'avion ont aussi été retrouvés, « ce qui témoigne d'un impact violent ».

Le pilote n'a pas pu échapper aux effets de la dépressurisation

Le Bureau australien réfute aussi le fait que le pilote a mis un masque à oxygène avant de dépressuriser l'avion, ce qui a eu pour effet d'asphyxier les passagers et les membres de l'équipage.

Même avec un masque, le pilote aurait eu à lutter contre les symptômes de suffocation pendant plus d'une heure, ce qui paraît impossible « compte tenu de son âge (53 ans, NDLR) et de sa surcharge pondérale », a notamment expliqué Peter Foley en se référant à un autre cas, vieux de 25 ans.

A cette époque, un avion-cargo américain avait fait face à une absence de pressurisation. Et très rapidement, même s'il portait un masque à oxygène, le capitaine avait été incapable de tenir les commandes et c'est le second qui avait finalement posé l'appareil.

Autant d'éléments qui ne permettront sans doute pas de clore le débat. Bien au contraire, puisque l'épave de l'appareil reste introuvable.

Aucune trace de l'avion dans la zone de recherche...

Aucune trace de l'appareil n'a été trouvée dans la zone de recherches de 120'000 km2 explorée dans le sud de l'océan Indien au large de l'Australie, sur la base d'analyses satellite de la trajectoire possible de l'appareil après qu'il a dévié de sa route théorique.

Sous la pression des familles des disparus, l'ancien gouvernement malaisien avait alors conclu un accord avec Ocean Infinity, société privée spécialisée dans la recherche sous-marine. Celle-ci ne devait être rémunérée que si elle parvenait à retrouver l'avion ou ses boîtes noires.

Ocean Infinity se concentrait sur une nouvelle zone de recherches, vaste de 25'000 km2, située au nord de la précédente, dans le sud de l'Océan Indien.

Son bateau, le Seabed Constructor, qui bat pavillon norvégien, est équipé de huit drones munis de sonars et de caméras capables de plonger jusqu'à 6000 mètres de profondeur.

Le ministre malaisien des Transports Anthony Loke, qui appartient au nouveau gouvernement arrivé au pouvoir après les élections du 9 mai, a indiqué que les recherches d'Ocean Infinity auraient dû se terminer en avril mais avaient continué.

«Les recherches se poursuivront jusqu'au 29 mai», a déclaré aux journalistes Anthony Loke.

Près de 20 débris trouvés

Auparavant, le nouveau premier ministre Mahathir Mohamad avait indiqué que le contrat avec Ocean Infinity était en cours de révision.

Grace Nathan, une avocate malaisienne dont la mère Anne Daisy était à bord du MH370, a déclaré que l'annonce de mercredi n'était pas une surprise mais estimé que le gouvernement devrait laisser sur la table la possibilité pour une autre société de reprendre les recherches selon le même principe, qui est que la rémunération est subordonnée au résultat.

«Nous ne pouvons pas dire (au gouvernement) ce qu'il doit faire mais pour moi et les familles, trouver l'avion est important pour beaucoup de raisons», a-t-elle dit à l'AFP.

Une vingtaine de débris découverts sur le littoral de l'océan Indien au large de l'Afrique de l'Est -loin de la zone de recherches- ont été identifiés comme appartenant probablement ou certainement à l'appareil.

Claude Fouquet