dimanche 20 mai 2018
Attentat avec une substance toxique déjoué en France
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a indiqué qu’un nouveau projet d’attentat avait été récemment déjoué.
« Il y avait deux jeunes gens d’origine égyptienne qui s’apprêtaient à commettre un attentat avec, soit de l’explosif, soit de la ricine, qui est un poison très fort. Ils avaient des tutoriels qui indiquaient comment fabriquer des poisons à partir de ricine », a ensuite précisé M. Collomb.
« On suit un certain nombre de personnes sur des réseaux, en l’occurrence c’était sur Telegram. Nous avons pu déceler ce projet d’attentat et nous avons pu les arrêter », a ajouté le ministre.
Une source proche de l’enquête, sollicitée par l’AFP, a donné plus de précisions. Ce complot terroriste a été déjoué grâce à la détection, par la Direction générale de sécurité intérieure (DGSI), d’un compte « particulièrement actif dans la sphère pro-jihadiste » sur les réseaux sociaux. Ce qui a permis « l’identification de ce ressortissant égyptien. »
Une perquisition administrative a ensuite été menée à son domicile, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, le 11 mai. Là, les enquêteurs ont découvert « un sac contenant de la poudre noire extraite d’un bloc de pétards et plusieurs supports numériques qui contenaient notamment des tutoriels de fabrication d’explosifs et une autre vidéo expliquant comment utiliser un poison puissant. »
Cela étant, et contrairement à ce qu’a dit M. Collomb, un seul individu, effectivement né en Égypte en 1998 et résident en France en situation régulière, a été mis en examen et placé en détention provisoire. Le second ressortissant égyptien arrêté à ses côtés, qui est l’un de ses proches, a été mis hors de cause et remis en liberté, d’après la source interrogée par l’AFP.
Ce n’est pas la première que des ressortissants égyptiens sont mêlés à une tentative d’attaque terroriste en France. Le 3 février 2017, des militaires de l’opération Sentinelle avait neutralisé un certain Abdallah El-Hamahmy, qui, originaire d’Égypte, avait tenté de les attaquer à la machette, au Carrousel du Louvre. Plus d’un an après les faits, on ignore toujours s’il appartenait à l’État islamique ou à al-Qaïda.
Pour le moment, on ne sait pas si le suspect arrêté le 11 mai fait partie d’un groupe plus large affilié à une organisation jihadiste, comme ce fut le cas pour Menad Benchellali.
Cela étant, en août 2011, le renseignement américain avait affirmé qu’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui passe pour être la branche la plus dangereuse de la nébuleuse fondée par Ben Laden, s’intéressait de près à la fabrication de bombes au ricin. Les jihadistes du Yémen « ont multiplié les efforts pour acquérir d’importantes quantité de graines de ricin, le composant de base du poison », avait alors révélé le New York Times.
En avril 2017, le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) avait mis en garde contre ce type de menace, dans un rapport intitulé « Chocs futurs« . « La volonté manifeste
de certains groupes terroristes d’acquérir tout type de substances nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NrBC) afin de réaliser des armes qui seront présentées comme des armes de destruction massive fait l’objet d’une acuité particulière. Elles trouveraient leur place dans une panoplie destinée à décliner un large éventail d’attaques rudimentaires, technologiques ou systémiques », y était-il affirmé.