Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 26 décembre 2017

L'assassinat de JFK : autopsie d'un coup d'Etat (5/7)


Partie 21

Les frères Kennedy et Sam Giancana se partage la même femme


Cal Neva Resort & Casino, précédemment connu sous le nom Calneva Resort , Cal-Neva Lodge , est une station balnéaire et un casino enjambant la frontière entre le Nevada et la Californie sur les rives du lac Tahoe . Le bâtiment original a été construit en 1926 et est devenu célèbre quand les médias nationaux ont raconté une histoire sur l'actrice Clara Bow annulant les chèques qu'elle devait au Cal Neva 13 000 $ en 1930. Après un incendie, le bâtiment a brûlé en 1937 et a été reconstruit au cours de 30 jours. En 1960, l'artiste Frank Sinatra a acheté le Resort aux côtés de Dean Martin et du gangster de Sam Giancana .

Sous Sinatra, la salle des célébrités a été ajoutée à côté d'un héliport et elle a ouvert toute l'année. Sa propriété a progressivement augmenté au cours des deux années suivantes jusqu'à ce qu'il en possède 50%. Mais la fréquentation de la propriété par Giancana a d'abord provoqué une rupture entre Sinatra et le détenteur d'actions Hank Sanicola, et plus tard, la licence de jeu de Sinatra a été suspendue par le Nevada Gaming Control Board. Il a d'abord loué la propriété à Jack L. Warner et plus tard en 1968 à un groupe d'investisseurs. Il est passé entre les mains d'une série de groupes d'investissement jusqu'en 1976 quand il a été acheté par Kirk Kerkorian . La propriété a fermé pour rénovation en 2013 et n'a pas rouvert depuis. Larry Ellison a fait une offre gagnante pour acheter la propriété hors de la faillite en 2017.

Le Cal Neva Lodge est composé de plusieurs bâtiments dont certains sont reliés par des tunnels secrets, afin que l'on ne puisse pas voir les aller et venues de certains résidents d'un bungalow à l'autre.

 Bungalow de Marylin Monroe


Bungalow de Frank Sinatra

Tunnel secret menant directement sous les bâtiments



Le week-end du 27 au 29 juillet 1962 de Marilyn Monroe à CalNeva Lodge

Marilyn est en pleine love story avec JFK. Le 19 novembre 1961, elle le rejoint chez Peter Lawford dans sa maison de Santa Monica, sur la plage, juste avant que le président ne rencontre le chancelier Adenauer. Un autre rendez-vous est fixé pour le 5 décembre, à New York. En ce qui concerne le film, en revanche, elle traîne les pieds. Elle ne se présente pas aux essayages. Ni aux tests de maquillage. Elle refuse le scénario tel quel. Elle bloque la campagne de publicité. Elle préfère filer à Palm Springs, où JFK l'attend au bord de la piscine de Bing Crosby.



De temps en temps, Marilyn menace de faire une conférence de presse pour révéler sa liaison avec « The Prez » - le président. Peter Lawford, dépêché par les Kennedy, décide de lui offrir un week-end pour qu'elle arête d'appeler la Maison Blanche.

Marilyn Monroe se serait rendue pour la dernière fois de sa vie à Cal-Neva Lodge (propriété de Frank Sinatra) une semaine avant sa mort, le week end du du 27 au 29 juillet 1962. L'histoire de ce week-end est très controversée, on raconte qu'elle aurait passé un week-end épouvantable, soumise à participer à une orgie sexuelle, droguée et ivre.

La version de Peter Lawford: "En juillet, Pat et moi, nous l'avons emmenée faire la bringue deux fois à Cal-Neva Lodge, sur les bords su Lac Tahoe. La première fois, nous avions tous beaucoup bu. Marilyn avait également pris des somnifères, mais nous nous en sommes aperçus presque trop tard. Elle tomba si violemment malade qu'il fallut la transporter à Reno (dans le Nevada) et puis à Los Angeles, à bord de l'avion privé de Franck Sinatra. Notre seconde virée se termina tout aussi abruptement, lorsque Joe DiMaggio fit soudain irruption. De tout évidence, quelqu'un lui avait dit que Marilyn avait été kidnappée et qu'elle était retenue au Cal-Neva Lodge contre sa volonté. Il y avait toujours des histoires de filles, de sexe et de drogue autour de l'hôtel. Mais Marilyn n'était certainement pas là contre sa volonté. DiMaggio voulait qu'elle rentre avec lui. Ils se disputèrent. Elle en fut toute retournée et une de plus, repartit précipitamment à bord de l'avion de Sinatra."

Buddy Greco, âgé aujourd'hui de 82 ans, se souvient que l'actrice arriva dans un "bon esprit" mais qu'à la fin du week end, elle "était mal fichue, pas dans son assiette". Le boss de la mafia Sam Giancana, son ex-mari le joueur de baseball Joe DiMaggio, et l'acteur Dean Martin, étaient tous présents lors de ce week end, affirme Greco. "Je me souviens que c'était un merveilleux weekend. Marilyn se changea pour porter une écharpe verte, des chaussures vertes, un pantalon vert et une blouse verte, et elle était ainsi simplement merveilleuse."

"Elle prit une limousine et mit ses bras autour de moi. J'était vraiment chanceux et mon manager était là pour prendre les photos." Il ajouta: "Je n'ai aucune idée si Marilyn était mise sous pression, je n'avais pas connaissance de ça. Nous étions de simples amis et parlions de notre amitié. J'ai entendu qu'elle et Joe DiMaggio parlèrent d'un remarriage ensemble mais je ne sais pas. C'était juste une joie de voir toutes ces personnes."

Buddy Greco, Marilyn et Frank Sinatra


Des photos furent prises au Lac Tahoe dans le Nevada, où Buddy Greco et Frank Sinatra se produisaient sur scène. Au total, il existait 36 photographies mais il n'y en a aujourd'hui plus que 6, les autres ayant été enfermées dans un coffre d'une des tour du World Trade Center et furent détruites lors des attentats du 11 septembre. Greco, qui détient les photos, décida de les mettre en vente, après les avoir gardé pendant plus de 40 ans.

Le 27 juillet, Lawford et sa femme Patricia emmenèrent Marilyn au Lodge de Nevada pour assister au show de Frank Sinatra, qui fut l'un des nombreux amants de Marilyn. Marilyn était à cette période déprimée et apparemment, elle confia à Patricia que c'était à cause de Bobby et JFK qui l'ont laissé tombée après avoir couché avec elle. On raconte qu'elle a pris beaucoup de médicaments et consomma beaucoup d'alcool dans la villa de l'hôtel au bord du Lake Tahoe. On la loge dans le bungalow 52, une bonbonnière rose. Marilyn s'allonge, prend des pilules, décroche le téléphone et papote. Sans doute s'endort-elle.

La ligne reste occupée pendant des heures. Un groom alerte le patron, Skinny D'Amato, un truand notoire, qui avertit son boss, Sam Giancana. Le parrain de Chicago est là, dans une autre aile, avec son porte-fingue, Jimmy « Blue Eyes » Alo (que Coppola nommera Jimmy Ola dans « le Parrain 2 »). Giancana, qui a financé secrètement la campagne de Kennedy, a la haine : Bobby Kennedy, le ministre de la Justice, a entrepris une guerre sans merci contre la Mafia.

Quand les deux hommes voient Marilyn inconsciente, ils réalisent qu'une mort soudaine serait une mauvaise publicité pour un établissement fréquenté par les voyous. Ils font boire du café à l'épave blonde.

Puis, considérant Marilyn comme un déchet humain, Giancana décide de la faire violer par ses gorilles. Et demande que la scène soit photographiée, pour se venger des Kennedy. Puis il s'en vante au téléphone, auprès de son vieux copain Johnny Rosselli, qui finira découpé en morceaux dans un fût à Miami. L'agent Bill Roemer enregistre la conversation pour le FBI. Rosselli : « Tu prends ton pied, hein, à te taper la nana des Kennedy ? » Giancana : « Ouais. » Les photos parviennent à Frank Sinatra. Celui-ci, incrédule, regarde : sur l'un des clichés, Marilyn, à quatre pattes, est violée par Giancana pendant qu'elle vomit sur la moquette rose. Dégoûté, Sinatra brûle les photos.

En trois mois, Marilyn a fait quoi ? Cinq, sept, dix overdoses ? A chaque fois, un lavage d'estomac l'a sauvée. A chaque fois, un homme l'a reprise en main : Joe DiMaggio, désespérément amoureux de son ex-femme. D'ailleurs, il décide, en cette fin juillet 1962, de demander sa main à nouveau.

La suite, vous la connaissez déjà, Marilyn Monroe était une sorte d'électron libre plein de naïveté et parfaitement capable de tout dévoiler aux médias, au risque de provoquer un scandale qui entacherait la réputation du président, détruirait son mariage et l'humilierait face à l'opinion.


Partie 21

La théorie du complot qui accompagne la mort de JFK veut qu’une bonne centaine de cadavres lui ont succédé, tous d’individus ayant pu avoir été mis au courant de ce qui se tramait.  Liquidés, par les auteurs du crime sur le président US pour qu’ils ne parlent.  Les faits sont là, en effet, tenaces, et un bon nombre de disparus ont suivi JFK peu de temps après sa mort dans la tombe (je vais y revenir bientôt).  Outre ceux déjà cités, en particulier les témoins les plus gênants de Dealey Plaza, il est une disparition sur laquelle j’aimerais aujourd’hui revenir.  Celle d’une des maîtresses de JFK, au profil fort singulier, en raison de son mariage avec un personnage fort discutable, puisque placé à la tête d’une gigantesque organisation de manipulation de la presse et des médias.  Lui aussi, pour sûr, détenait la clé du mystère.  Il n’a hélas jamais rien révélé.  Il est mort en 2001 ; après avoir simplement fait comprendre que ceux qui avaient assassiné son ex-femme étaient les mêmes qui avaient tué Kennedy à Dallas.



Un haut responsable de la CIA et le président Kennedy se partage la même femme




Le troisième cas de mort suspecte révèle un certain affolement sinon de panique chez les assassins complotistes dans l’année qui suit la mort du président US.  Le sort en particulier d’une dame montre qu’ils craignent n’importe laquelle des révélations à propos du président Kennedy et des liens qu’il aurait pu avoir avoir avec la CIA, lui, ou ses proches.


Le 12 octobre 1964, Mary Pinchot Meyer, femme plutôt jolie et plutôt bien née (son père est un avocat de renom à la tête d’un journal progressiste et sa mère, journaliste, travaille chez The Nation et chez The New Republic), âgée alors de 44 ans, est retrouvée abattue alors qu’elle marchait le long du chemin de halage entre la Chesapeake et l’Ohio à Georgetown, raconte la mine d’information Spartacus Educational, dont cette partie est fortement inspirée.


Jusqu’ici, tout le monde ignorait son nom dans le milieu politique.  Un témoin, un mécanicien de la station Esso toute proche, Henry Wiggins affirme l »avoir entendue crier « aidez-moi, aidez-moi » juste avant d’entendre deux coups de feu et de la retrouver juste après étendue morte.  Le témoin décrira avoir vu « un homme noir portant une veste légère, un pantalon foncé et un chapeau noir, penché sur le corps d’une femme blanche ».  Peu de temps après un noir nommé Raymond Crump Jr est arrêté près de la scène, on l’accuse aussitôt du crime alors qu’il cherchait sa canne à pêche perdue, selon ses dires.  La veste claire est retrouvé dans l’eau, et Crump n’en porte pas (tiens voici le cas d’une veste balance comme preuve de meurtre ?  On en reparlera plus loin).  On pense que son cas est fixé.  Lors du procès qui s’en suit, Wiggins, toujours seul témoin retrouvé, ne reconnaît pas en Raymond Crump l’homme qu’il a vu près de la victime.  En prime, la police n’a retrouvé aucune arme sur la scène du crime.  Un crime de professionnel pourtant :  deux balles ont été tirées, une à la base de la nuque et une en plein cœur.  Crump, faute de preuves, sort acquitté le 29 juillet 1965 ; aujourd’hui encore, certains viennent raconter qu’il aurait très bien pu être l’auteur du crime, étant un homme violent, etc…. sans trop convaincre.

Une décision écourtée

Toujours est-il que le tribunal a vite mis fin à son procès quand il a vu que son candidat à la perpétuité ou à la chaise lui échappait.  L’enquête lisible dans la presse, qui évoque désormais le crime d’un rôdeur, parle de plusieurs cas de harcèlement dans le voisinage, révèle fort peu qui est la victime.  On sait simplement que plus jeune, elle avait croisé un jour William Attwood (un des conseillers de Kennedy, ancien journaliste ayant interviewé Castro, et partisan du rapprochement avec lui) et qu’elle était devenue ensuite elle-même journaliste, plutôt positionnée à gauche version pacifiste, chez United Press, ce qui lui avait d’ailleurs valu d’être fichée par le FBI.


 Elle avait épousé en 1944 Cord Meyer, un lieutenant des US Marines qui a perdu l’usage d’un œil au combat et est devenu après un chaud partisan de la paix, opposé aux armes nucléaires, notamment.  Mais les journaux s’arrêtent là et l’affaire sombre très vite dans l’oubli des simples faits divers.  Une chape de plomb s’est en fait très vite abattue sur eux :  interdiction d’en dire davantage.  C’est le juge du tribunal qui menait le procès qui en a décidé ainsi :  or c’est le frère de Tommy Corcoran, un grand ami de Lyndon B. Johnson !  Que vaut à cette obscure journaliste un tel traitement ?  A l’époque, on n’en sait strictement rien.  Car en fait on ignore tout de ce que fait exactement… son mari !  Seule est sortie l’information comme quoi cette « artiste peintre » était aussi devenue « l’amie de Madame Kennedy »…

Drôle de personnage


Des journaux empêchés d’aller fouiner plus loin et de découvrir par exemple combien ce fameux mari Cord Meyer avait changé depuis la fin de la guerre, voilà en fait ce qui explique un procès vite refermé.  Meyer, un homme classé à gauche lui aussi et devenu au milieu de la guerre responsable des United World Federalists (il avait même eu à cette époque pour admirateur Albert Einstein !).  La guerre passée, Cord Meyer avait bien changé :  il était désormais passé à la CIA, et est même devenu très vite un haut responsable des opérations secrètes de l’agence, recruté par Allen Dulles en personne.  Recruté pour un invraisemblable projet somme toute orwellien, à bien y regarder.  Son intelligence et sa fabuleuse compréhension des médias en feront en effet l‘architecte d’un projet fou :  celui de « l’Operation Mockingbird » qui consistait à vouloir contrôler la presse et la télévision américaines, pour qu’elles deviennent les relais de la politique décidée à Washington.


Cela nécessitait aussi de s’occuper de Radio Free Europe et de Radio Liberty, deux stations anticommunistes US aux propos plutôt d’extrémistes de droite, chez qui Cord se rendra à plusieurs reprises.  Parmi les réalisations de Mockingbird, il y avait eu par exemple la National Student Association fondée par la CIA, par exemple, pour tenter de contrôler la jeunesse (sans trop de succès comme on le verra dans les années 1967-1968 et 1969, dates de grandes émeutes estudiantines US !). Philip Agee en dénoncera l’incroyable scandale en 1991.

Une tentative pour contrôler les étudiants


Les faits graves décrits par Agee l’avaient été dès 1967 dans le magazine Ramparts, et avaient perduré néanmoins depuis plus de 30 ans.  Or ils représentaient tout simplement l’application du plan de Meyer, effectué à la lettre.  Etaient concernées la CIA mais aussi la NSA, comme quoi la surveillance des gens n’a jamais cessé dans un pays devenu paranoïaque.  Les procédés utilisés étaient infects, comme le dit Agee : « les fonds donnés à la NSA ont été utilisés pour une variété de projets, préalablement approuvés par les agents de la CIA.  Selon Sam Brown, le président du conseil de surveillance national de l’Association en 1967, les étudiants représentant la NSA à l’étranger devaient compiler des données sur les personnalités des leaders étudiants étrangers et politiques et sur les objectifs des organisations d’étudiants étrangers.  Comme il l’a déclaré au New York Times, » certaines de ces informations étaient apparemment envoyées directement par les employés de la CIA et certaines d’entre elles , dans le cadre normal des affaires, allaient dans les fichiers de la NSA, » pour être accessibles plus tard par des agents clandestins au sein de l’Association.  Les étudiants ayant signé des serments de secret avec la CIA seraient alors tenus, sous peine de sanctions juridiques, de dissimuler leurs connaissances du bienfaiteur ultime au public et au reste de leur organisation.


D’autres projets incluaient des bourses pour les étudiants algériens prévues juste avant l’indépendance algérienne en 1960, et un séminaire sur les journaux étudiants qui s’est tenu en Afrique du Sud en 1965.  Allen Dulles, pour défense de l’organisme, a été cité comme ayant affirmé : « si nous avons réussi à contenir les communistes et les avons rendus plus doux et plus facile à vivre, c’est parce que nous les avons arrêtés dans certains domaines et le monde estudiantin était l’un d’entre eux « .  Le projet de Cord Meyer consistait donc à faire d’une partie des étudiants de véritables espions, soumis à un contrat de confidentialité le restant de leur vie.  On songe automatiquement aux faux étudiants envoyés en URSS pour ramener des informations.  Et aussi à Oswald, qui avait tâté de la chose avec le manque de réussite que l’on sait… et aussi aux moyens psychologiques mis en œuvre à la même époque pour contrôler les gens, du type Projet MK Ultra, dont les dérives et les abus ont provoqué un bon nombre de suicides, on le sait (voir ici et là, la France n’ayant pas été exclue des « expérimentations » de savants devenus complètement fous).

Orwell débarque sur les Campus US


La CIA allait aussi plus loin encore dans le domaine intérieur, en cherchant même à orienter le contenu des études (c’est bien la préfiguration de la civilisation décrite par Orwell dans 1984 !) : « un ancien président de la NSA, qui a refusé de s’identifier au New York Times, a déclaré que la CIA avait essayé d’influencer la sélection des membres du personnel pour exécuter certains programmes (plutôt que d’autres) et pour obtenir que l’organisation entreprenne également des activités dans certains domaines (et pas dans d’autres ») .  Des réunions régulières veillaient sur le bon fonctionnement des orientations.  « À une de ces réunions qui s’est tenue à Madison, dans le Wisconsin en 1965, les agents de la CIA ont tenté de convaincre l’Association de prendre position sur la guerre du Vietnam.  Alors que les autres associations estudiantines appelaient aux négociations et la cessation des bombardements l’appel gouvernemental est passé par les agents qui ont réussi selon Wood, en appuyant sur une stipulation appelant à la négociation de la part des Nord-Vietnamiens d »abord.  Les subventions de la CIA se traduisaient directement en influence sur les les activités politiques de l’Association ».  Affolant système et affolantes manipulations de la jeunesse !  Il est évident que Cord Meyer se cachait derrière ces pratiques !  Avait-on eu peur que son ex-femme en dévoile dès 1964 les prémisses, le programme se développant surtout dans les années 1965-1967 ?


Il est évident que la révélation de ces manigances torpillerait la carrière d’étudiants alors en poste à l’étranger :  bref, en 1991 on s’attendait à un désastre diplomatique, qui aura lieu, la chape de plomb du rideau de fer faisant son retour sous Reagan !!! Trente années d’erreurs continues !!  En prime, le programme devait faire des ravages dès 1967, les étudiants avaient montré leur détermination lors de la convention démocrate de 1969, phénomène immortalisé par le groupe Chicago dans un impressionnant début de face d’album « Prologue, 29 août 1969 » « The whole world’s watching » crieront les opposants à la guerre avant d’être violemment matraqués par les policiers et l’armée réunis.  L’armée US appelée en renfort faisant tirer à balles réelles sur les étudiants.  La fusillade du 4 mai 1970, sera l’apogée des violences avec les heurts sur le campus de l’université d’État de Kent, dans l’Ohio.  La Garde nationale y tirera 67 trois fois, tuant quatre, et en en blessant neuf.  La manifestation était contre l’extension de la guerre au Cambodge, décidée par Nixon, l’ancien adversaire malheureux de Kennedy.  Orwell, avais-je dit comme programme, voilà ce qui se tramait déjà en 1964 !

Une politique en opposition totale avec Mockingbird


En réalité, ce contrôle des étudiants s’opposait totalement (sur le papier) à une idée à laquelle tenait Kennedy.  Lors de la campagne présidentielle de 1960, John F. Kennedy avait en effet lancé un pari audacieux à la jeunesse lors de sa visite de l’Université du Michigan :  celui de servir la cause de la paix dans le monde en allant vivre dans les pays en développement et leur apporter leur aide et la force de leur jeunesse.


Il tint promesse : dès le 1er mars 1961, trois mois à peine après son investiture, Kennedy créait par un ordre exécutif une agence fédérale, appelée le Corps de la Paix (« Peace Corps ») placée sous la direction de son propre beau-frère, Sargent Shriver,  Les premiers volontaires partiront pour le Ghana et la Tanzanie dès le 28 août 1961.


Les 6 300 volontaires envoyés dans 44 pays en 1963, se retrouveront vite à plus de 10 000 en 1965, et à 7 750 dans 73 pays en 2006.  Depuis 183 000 jeunes américains, sont partis aider l’Afrique (60 000) et en Amérique latine (73 000).  Lyndon B. Johnson sera même obligé, face au succès de l’entreprise d’en créer une version américaine en 1965.  Nixon, qui détestait ce programme lui coupera les financements en 1971, et tentera de le contrôler, ce que Carter détricotera en 1978 en redonnant une totale autonomie au mouvement.

Meyer avait trahi les siens


Pour beaucoup, Meyer (ici à gauche en 1948) avait déjà trahi ses idées de gauche depuis longtemps en enquêtant dès les années 40 sur toute la gauche américaine qu’il côtoyait :  il aurait donc été membre de la CIA bien avant qu’on ne le reconnaisse comme tel.  Ce qui ne l’a pas empêché en 1953 d’être accusé de communisme par Mc Carthy, qui en voyait, il est vrai, partout !  Un paravent peut-être, aussi, pour préserver son appartenance secrète :  du grand art !  Phénomène qui aura une importance comme on va le voir, déménageant à Washington, le couple Meyer s’était lié d’amitié avec le couple James et Anne Truitt, dont le mari travaillait lui aussi à la CIA (alors qu’il était journaliste, le plan était déjà en marche, donc).  Tout le gratin du moment de la CIA déjeunait régulièrement chez eux.  Mary Pinchot Meyer étant obligatoirement au courant des affectations des uns et des autres, voire de leur travail.  Mais de cela, pas un journal n’avait parlé au lendemain du meurtre ou du procès.  Fallait-il qu’on craigne des révélations sur les activités secrètes de la CIA ou sur les personnes vues chez les Meyer pour à ce point imposer le silence, venu de très haut comme on l’a vu.  Parmi les attributions de son mari, il y avait eu la supervision des médias sur le coup d’Etat contre President Jacobo Arbenz Guzmán au Guatemala durant l’Operation « PBSUCCESS« , à laquelle avaient participé un bon nombre de ceux que l’on accuse aujourd’hui de faire partie du complot ayant éliminé Kennedy.  Jusqu’en 1962, le Deputy Director for Plans for Operation n’était autre en effet que Richard M. Bissell, démissionné par Kennedy après la Baie des Cochons.  Il s’était aussi occupé de l’Iran avec l’Operation Ajax… Bref, le mari de l’assassinée trempait depuis longtemps dans une fange douteuse ayant les mains tachées de sang.

Mockinbird avait démarré avec Dan Rather dès le 25 novembre 1963


Le nouveau pouvoir en place avait tout activé tout de suite pour ne faire d’Oswald que le seul responsable de la mort de Kennedy.  A l’évidence, Meyer était aux commandes pour ne présenter que cette version et seulement celle-là.  Le plus bel exemple fut sans conteste le morceau de bravoure journalistique qu’effectua le 25 novembre 1963, jour de l’enterrement de Kennedy, le journaliste de radio et de télévision Dan Rather.  Avec le recul, l’homme qui se se fera berner plus tard par des films censés montrer des combattants d’Al-Qaida alors qu’il s’agissait de faux jihadistes recrutés par Jack Idema, un complet affabulateur (lire ici et les deux épisodes précédents), a réalisé ce jour-là ce qui devrait être montré dans toutes les écoles de journalisme comme le sommet de la propagande à ne pas faire.  Alors qu’il n’est encore que le correspondant de CBS News à Dallas, il vient alors d’être autorisé à voir le film de Zapruder qui a été saisi par la CIA.  Ce qui annonce tout de suite la couleur : il parle donc au nom de cette même CIA, qui a un message à passer : il n’y a eu que trois tirs, et Oswald est le seul tireur.  Son compte rendu, lu à l’aide d’un prompteur qui lui dicte véritablement ce qu’il doit dire, défie l’entendement, quand on le compare aujourd’hui au film qu’il décrit.  Visiblement ; on lui a demandé de convaincre la populace.


De convaincre qu’il n’y a qu’un tireur.  Pour ce faire, il va fabuler, ou oublier des séquences, parlant par exemple d’un geste de la main droite de Kennedy à sa tête, » –pour remettre ses cheveux«  (et non du mouvement des bras levés avec les poings sur le haut du thorax, ce qu’il fait dans les images qui suivent dans le film de Zapruder), ou d’un affaissement vers l’avant seulement de ce dernier, alors que le dernier tir le renverse dans l’autre sens à l’impact, ou d’un mouvement de Connally absolument nécessaire pour que la théorie de la balle isolée puisse être crédible.  Rarther parle de « second tir » à ce moment là (alors qu’il a déjà comptabilisé celui dans le dos et celui de Connally) :  il semble qu’à cet instant la théorie de la balle magique n’ait pas encore été totalement bien élaborée !  Après, il évoque le fait que Jackie monte sur le coffre pour « obtenir de l’aide de son garde du corps » alors qu’elle cherche un morceau de crâne éjecté par la puissance du tir.  Il ne faut pas révéler au public US les incroyables dégâts qu’a subit la tête du président, que l’on embaumera en lui refaisant la moitié du visage (ce que Jackie refusera de présenter au public, selon plusieurs témoins).  Durant tout l’incroyable discours, Rather baisse les yeux constamment pour lire son prompteur et devenir « la Voix de son Maître » (celle de la CIA).


Il deviendra néanmoins le troisième présentateur le plus regardé de la TV US, et terminera sa carrière par une autre prouesse à l’automne 2004 sur les états de service militaires de G.W.Bush, affirmant à juste raison que ce dernier n’avait jamais mis les pieds ou presque dans la caserne « champagne » où son père l’avait casé, mais en utilisant pour le démontrer des documents grossièrement falsifiés.  Un rattrapage de dernière minute, même pas correctement effectué (il récidivera ici sur le cas de Kennedy) !  Le jour de l’enterrement de Kennedy sonnait le glas d’une télévision indépendante du pouvoir aux USA, et son nouveau Dieu s’appelait Dan Rather. Il s’agissait bien d’un coup d’Etat, façon « 4 days in May« , autre film remarquable (sorti AVANT le meurtre, il avait été visionné par Kennedy qui l’avait apprécié !).  Rather, mais aussi Walter Cronkite participeront au lavage de cerveau de l’opinion américaine :  en 1969, l’autre présentateur vedette (de CBS) interwievera Lyndon Johnson qui laissera entendre sournoisement qu’une « puissance étrangère » pouvait être derrière l’assassinat :  « je ne peux pas dire honnêtement que je n’ai jamais été complètement soulagé du fait qu’il pourrait y avoir eu des liaisons internationales « . L’interview ne sera diffusée qu’après sa mort.

Vous avez dit propagande ?


Question documents appréciés par Kennedy, ceux à sa gloire sentaient fort la fabrication éhontée.  Et Cord Meyer devait y être aussi pour quelque chose.  On s’extasiait en Europe sur un Kennedy présenté comme une icône sainte. Ses frasques sexuelles débridées mettront trente ans pour être connues.  Il ne fallait pas briser l’admiration patiemment créée…. de toutes pièces.  Le génial écrivain Kennedy avait même eu un Pulitzer, pas moins, pour un livre, « Profils in Courage ».  Personne n’était allé vérifier à la Bibliothèque du Congrès l’original, fait de bribes pas reliées entre elles : c’était le meilleur conseiller de JFK, Sorensen, qui l’avait entièrement écrit.  Même chose pour ses exploits militaires :  tout le monde connaissait son navire, le patrouilleur PT-109, dont une réplique (c’était le PT-796) avait défilé devant lui lors de sont intronisation.


Selon la légende, JFK avait à son bord attaqué et coulé un bâtiment japonais et avait même sauvé ses marins de la noyade.  On découvrira bien plus tard qu’il avait manœuvré comme un débutant sa vedette lance-torpilles et avait failli tuer tout le monde en se faisant aborder et couper en deux par le destroyer japonais Amagiri qui avait tué ainsi deux de ses hommes.  L’histoire (intitulée « Survival » été née dans le New-Yorker, magazine des branchés New-Yorkais, avec un article fort enjolivé rédigé par John Hersey, qui était un ami de John !!!  On la retrouvera dans le Reader’sDigest, magazine le plus lu aux USA.


On était loin de ce qu’en avait fait Hollywood, tout dédié à sa gloire avec Cliff Robertson en vaillant Kennedy. Personne pour faire remarquer que c’était le propre père de Kennedy, également producteur et directeur de la RKO, qui avait permis au film d’exister.  La Navy elle-même n’y avait pas crû en ne lui accordant que la Navy and Marines Corps Medal pour avoir sauvé des vies et non pour sa bravoure au combat !  L’histoire avait été réécrite à sa gloire.  Heureusement disaient les mauvaises langues.  Un dossier du FBI, épais de 628 pages et soigneusement dorloté par Edgar Hoover, dort quelque part dans les armoires de l’agence.  Il a été ouvert en 1941, et contient des écoutes et des filatures… sur Kennedy, en train de faire une cour assidue à une blonde.  Connaissant l’appétit sexuel de la bête, ce n’est pas une surprise.  A part qu’elle s’appelle Inga Arvad, qu’elle est danoise, et journaliste.  Six ans avant elle avait interviewé Hitler qui l’avait aussitôt invitée…aux Jeux Olympiques qui se tenaient l’année suivante.  Et comme il continuait à la voir à New-York alors qu’il était militaire, son père l’a fait expédier… dans le Pacifique !  A quoi tiennent les carrières militaires, parfois !!!

Une manipulatrice de plus : Priscilla Johnson McMillan


Un autre élément corrobore l’établissement d’une machination.  C’est la personne de Priscilla Livingston Johnson, qui, curieuse coïncidence, a elle aussi été inscrite au United World Federalists de Cord Meyer, qui l’aurait ensuite interdit d’intégrer la CIA en raison de cette appartenance (comme lui en fait !) :  or il en fera partie, visiblement (toujours cette notion de dualité entretenue !). Comme par hasard aussi, elle est devenue une assistante de JFK en 1953, l’année où elle avait obtenu son « Master’s Degree in Russian » et juste avant de devenir traductrice de la presse russe (elle parlait et lisait donc le russe couramment). L’année aussi où elle aurait été recrutée par la CIA !  En 1957, on la retrouve même comme traductrice à l’ambassade US de Moscou, la preuve qu’elle n’embarrasse en rien la CIA… tout au contraire.  En 1958, elle avait rencontré dit-on « quelqu’un de Radio Liberty » :  on songe à Cord Meyer. Repartie à Moscou elle rentre rapidement, au moment où Arline Mosby, du FBI, vient d’aller interroger Lee Harvey Oswald (le 13 novembre 1959), qui est donc déjà fiché.  Or auparavant, avant de rentrer, elle a séjourné à Moscou dans le même hôtel où s’était réfugié Oswald à son arrivée en URSS.  Et c’est elle qui l’interrogera à nouveau à son retour, à l’occasion de sa pseudo-défection d’URSS ;  c’est elle aussi qui sera choisie par le gouvernement des États-Unis pour accompagner la fille de Staline, Sevetlana, quand elle fera défection aux États-Unis (elle logera chez son beau-père !), et c’était elle encore qui sera choisie pour assister Marina Oswald à la suite de l’assassinat (en photo Marina Oswald, Jerre Hastings et and Priscilla Johnson).  Voilà qui fait beaucoup !  En prime, c’est elle aussi qui avait écrit The Ruin of J. Robert Oppenheimer, et avait eu pour le faire accès aux secrets de Los Alamos.  « Il convient de noter que l’intérêt de la CIA pour Priscilla Johnson a commencé à une date rapprochée, fondée sur le fait qu’un « fichier 201 » a été ouvert le plus probablement dans le milieu des années 1950.  Selon un quatrième document déclassifié en 1993 intitulé « Revue du fichier 201 sur un citoyen américain, » le dossier de Priscilla n’avait pas été refermé au 28 janvier 1975.  Elle y était répertoriée comme une « collaboratrice en écriture, » bien que la nature de sa collaboration exacte n’était pas décrite.  Or c’est elle aussi qui chargera le plus Oswald… en écrivant après l’assassinat pour le Boston Globe un article où elle décrira Lee Harvey Oswald comme étant « l’exemple classique d’une psychologie d’un aigri solitaire » , ajoutant : « j’ai vite pensé que ce garçon était de l’étoffe dont sont faits les fanatiques.«   Auparavant, elle l’avait trouvé pourtant « intelligent », alors que pour tous là dessus le débat reste plutôt ouvert (il s’est fait avoir à Dallas, tout simplement).  En somme, elle avait repéré chez lui un goût pour les actes extrêmes, avait travaillé pour Kennedy et s’était beaucoup occupé du couple Oswald sans jamais émettre de craintes :  drôle d’agent de la CIA, chargée logiquement de collecter les menaces…  On avait en fait accordé à Priscilla de vivre avec Marina Oswald durant tout le temps où la Commission Warren préparait son dossier !  Alors que l’on doutait du voyage à Mexico d’Oswald, c’est elle qui retrouvera miraculeusement un ticket de bus pour le Mexique « prouvant » qu’il avait bien eu lieu !!!  Lorsque paraîtra le livre sur Oswald et sa femme « Marina and Lee » cette dernière avouera que c’était Priscilla qui avait tout dirigé et tout écrit ! Son mari, George McMillan, est celui qui écrira un livre sur David Belin, juge de la commission, et un autre sur l’assassinat de Martin Luther King, dans lequel bien sûr il suivait la thèse officielle du tireur unique !!!  Décidément, l‘œuvre de Cord Meyer était… parfaite !  Plus tard, en 1993, un auteur de romans, Larry Beinhart. écrira une satire hilarante de cette manipulation possible des populations, avec American Hero, qui deviendra en 2004 un film très réussi « Wag the Dog«  (en france « Des hommes d’influence », décrivant comment on mène les gens par le bout du nez. Ce qu’avait commencé à faire, indubitablement Cord Meyer !!!


La peur de voir tout dévoiler les paralysait


Il faut attendre douze ans après le meurtre pour que la presse retrouve le fil de l’histoire.  En mars 1976, James Truitt, alors séparé de sa femme, Anne, une sculptrice, donne une interview au départ anodine au « National Enquirer », mais qui produit très vite l’effet d’une bombe médiatique :  il y déclare que Mary Pinchot Meyer a eu effectivement une liaison avec John F. Kennedy : jusque là, la presse commence à lever l’oreille, toujours avare de cancans sur les frasques sexuelles des Kennedy (qui ne seront étalées en détail qu’en 1998 par Seymour Hersh, qui brisera – enfin- le tabou sur la question).  En réalité, la nouvelle avait été éventée dès janvier 1963 par un journaliste, Philip Graham, qui l’avait évoquée devant d’autres journalistes à Phoenix, lors d’une convention.  Graham n’était autre que le fondateur et le co-propriétaire du Washingon Post !!!  Malade, il se suicidait six mois plus tard.  Ses confrères n’oseront jamais reprendre la dénonciation (de peur des représailles de la CIA, ou par le fait que l’ensemble des rédactions US était déjà tombée sous son contrôle !).  La liaison datait selon lui de plusieurs années déjà car les Meyers étaient devenus les voisins des Kennedy en 1954, et elle avait elle-même divorcé en 1958 (le décès d’un de leurs enfants ayant beaucoup affecté Cord, qui finira par quitter la CIA) :  c’est Robert Kennedy qui était tout d’abord venu s’installer dans l’ancienne maison de son frère.  Mary n’avait pas fait comme Marylin en partageant les deux frères Kennedy, semble-t-il.  Selon certains, ce n’est pas avant 1960 que JFK avait commencé à rencontrer Mary, qui a été vue à plusieurs reprises aux côtés de Jackie, qui ne se faisait aucune illusion sur les infidélités de son mari, et fermait les yeux (les gardes du corps de Jack passant leur temps à croiser ses maîtresses en ayant reçu l’ordre de ne pas croiser Jackie avec elles).  Mais elle la tend davantage, l’oreille, cette même presse à sensations, quand à la fin de l’interview Truitt lance une deuxième bombe :  selon lui, Meyer avait consigné toute sa relation, dans un petit carnet, sorte de journal intime, qu’elle aurait confié à sa sœur et dont elle avait souhaité qu’il devait être « sauvegardé si elle disparaissait » (sous entendu car il contenait des secrets importants).  C’est alors qu’une scène incroyable s’était passée.

L’étrange rencontre


Peu de temps après l’assassinat, la femme de Truitt, qui était lui-même journaliste à Life et Time magazine (il sera nommé en 1964 vice-président de Newseek), la grande amie de Mary, partie en reportage au Japon, avait demandé à son beau-frère Ben Bradlee, journaliste qui était à l’origine de la découverte du Watergate (il est ici à droite de Bob Woodward et Carl Bernstein) et avait même écrit « Conversations With Kennedy« , de se rendre au domicile de Mary Pinchot Meyer pour retrouver le document.  Au moment du décès, et douze ans avant, donc, Pierre Salinger, intime de Kennedy, avait lui aussi appelé de Paris, pour faire ses condoléances, révélant que Mary lui était connue, et qu’elle avait donc eu une aventure « présidentielle », avait confirmé Bradlee.  Dans l’excellent livre sur Edgar Hoover, de Marc Dugain, le même Salinger aurait eu vent de menaces assez précises à Dallas dont il avait tenté d’informer Bobby Kennedy, sans succès.  Dans cette affaire, Bradlee intervient alors qu’il a déjà aidé le clan Kennedy :  il avait jadis accepté de collaborer avec la Maison Blanche pour en finir avec les rumeurs de premier mariage « secret » de JFK avec Durie Malcolm, qui aurait tant mis en colère le père de John, paraît-il.  Si on était arrivé à le prouver, tout le falbala du mariage avec Jackie Bouvier, l’église, etc, aurait tombé à l’eau et la légende en aurait pris un coup (chez les catholiques surtout !).  Bradlee trouvera la maison close, mais avec dedans, à son grand étonnement, James Angleton, responsable à la CIA, qui lui annoncera sans sourciller que « lui aussi, cherchait là le journal de Marie » !  Le journal intime sera découvert plus tard dans une petite boîte de métal, et transmis à Angleton, qui dira l’avoir brûlé sans vraiment le faire en fait :  c’est lorsqu’il le rendra que Ben le brûlera lui-même !  Deux ans avant ces révélations, un autre scandale avait secoué (en 1974) le landerneau des services secrets :  l’infatigable Seymour Hersh venait alors de révéler avec forces détails les activités douteuses de la CIA sur le territoire américain contre les mouvements pacifiques et d’autres opposants déguisés en opérations de contre-espionnage, ce qui avait entraîné aussitôt la démission James Jesus Angleton, toujours chef du contre-espionnage de la CIA.  Un système venait de s’effondrer.  En 1998, Hersh récidivera en écrivant le meilleur livre sur les frasques de la Maison Blanche sous les Kennedy : « La face cachée du clan Kennedy » (« The Dark Side of Camelot » (au éditions l’Archipel, en Poche depuis).


Selon Bradlee, qui ne dévoilera que fort peu du contenu du journal, on y trouvait surtout le fait que Kennedy prenait aussi de la drogue (du hashish, puis du LSD, Mary étant en contact avec le grand gourou sur le sujet Timothy Leary !) quand il la rencontrait.  En fait, ce que craignait surtout Angleton, c’est que Mary Pinchot Meyer puisse évoquer les actions de la CIA de son ex-mari ou ses contacts avec la pègre, voire les craintes qu’avait Kennedy de la CIA, juste avant sa mort.  Cord lui-même ayant fait beaucoup d’efforts pour que ne paraisse pas en 1972 un livre dévastateur, « The Politics of Heroin in Southeast Asia » remarquable ouvrage d’ Alfred W. McCoy, qui donnait en détail les activités de la CIA dans le trafic de drogue en provenance du Laos, notamment, ou des contacts étroits de la CIA avec la filière française de la dite French Connection… et du recrutement de certains de ses tueurs, dont Sarti, le corse souvent cité comme ayant donné le coup fatal à Kennedy !

Le travail de l’arrière-cour


Truitt travaillait chez LIFE magazine, ai-je dit.  Un des organes de presse qui avait le plus fait pour mettre en place le mythe Kennedy, grâce à Cord Meyer (car la direction même de Life s’opposait à lui) comme le rappelle le précieux ouvrage « Shooting Kennedy : JFK and the Culture of Images » sur la manipulation de la représentation présidentielle, dont l’usage immodéré de son couple et de ses enfants (un certain Sarkozy fera de même en France des années après, à satiété).  Un magazine qui en février 1964, l’année de la mort de Mary, sortait une couverture controversée.  La photo d’Oswald tenant fièrement son fusil, avec bizarrement dans les mains un journal, pour en authentifier la date de la prise de vues.  Une pose assez surréaliste de clichés… retrouvés coincés dans deux revues russophiles (« The Militant et The Worker »), chez Oswald même, paraît-il.  Le hic, c’est que les deux étaient « incompatibles » idéologiquement :  l’une était pro-Staline et l’autre pro-Trostky.  Soit Oswald était un crétin fini, soit ceux qui ont planté ses revues chez lui ne connaissaient rien au communisme !!  Le problème étant que le cliché paraissait un montage éhonté avec un Oswald à la tête et au cou bien trop large et au déhanchement bizarre.  Si la Select Committee on Assassination of the House of Representatives de 1978 dira que non (malgré les lueurs du spécialiste Jack White) la suspiscion demeure.  Car si LIFE avait sorti en une le cliché, le magazine Detroit Free Press aussi.  Et le hic, c’est que les deux éditions ne se ressemblaient pas du tout.  Le retoucheurs du second avaient fait fort en effet, en affaiblissant le décor et en effaçant carrément la lunette de visée de l’arme…. Oswald, à qui on avait montré les photos, avait déjà parlé de « montage« .


Le moins que l’on puisse dire c’est que ça y ressemblait en effet, avec une tête disproportionnée, des angles d’ombres qui n’allaient pas… et des plantes qui ne correspondaient pas à l’époque à laquelle aurait été prise les clichés.  Son « Imperial Reflex » avait beau être un appareil à bas prix, quand même !  En février 1967, le sinistre George de Mohrenschildt « découvrira » un double, ou un original, avec une dédicace soi-disant signée de la main d’Oswald, alors qu’on pense que c’est sa veuve qui l’aurait écrite, plutôt.  En 1976, on retrouve une troisième version dans la maison de la veuve de Roscoe White, policier véreux de Dallas (dont le fils racontera en 1990 qu’il aurait même fait partie des tireurs !).  Que faisait-elle là, énième mystère !  Bref, aucun des clichés d’un Oswald armé ne respirait… la vérité.  Même si le cliché original était vrai, quel besoin avait-on eu d’autant le retoucher ?  Dans l’affaire du « backyard » d’Oswald et du retour trois ans après de sa photo, on pouvait entrevoir ce qu’était le projet Mockingbird, à l’évidence.  Celui d’asséner par tous les moyens une seule version des faits dans le public.  Un Oswald paradant avec l’arme de l’assassinat était l’outil rêvé pour convaincre les masses de sa culpabilité.  « En 1970, le journaliste de Dallas Jim Marrs était à la recherche dans les photos de l’arrière-cour quand il a interviewé Robert et Patricia Hester.  Les Hesters travaillaient au Laboratoire national de photographie de Dallas.  Ils ont dit qu’ils étaient très occupés à traiter un matériau photographique à la fois pour le FBI et les services secrets, la nuit de l’assassinat. En 1970, les Hesters ont à dit Marrs que le FBI avait des transparents couleur des photographies de l’arrière-cour la nuit de l’assassinat, et avait aussi une diapositive avec personne dans l’image.  Cela est très suspect, car c’était la nuit avant que les photos avaient été censées avoir été trouvées pour la première fois…,  Oswald portait par exemple une montre ou un bracelet.  Ce qu’il n’avait jamais eu sur lui.  Sur les trois clichés le montrant armé, Oswald porte deux fois son fusil de la main gauche.  Or il est droitier (un ceinturon portant un pistolet est à sa droite !).

D’où venaient ces photos de Life ?


A ce jour personne n’a été capable de répondre à cette question :  les photos d’Oswald avec son fusil et son pistolet avaient-elles été prises par sa femme ou non ?  Selon John Amstrong, ça s’était passé autrement ; f açon…. « Mockingbird » :  « C’était Roscoe qui aurait facilement pu ajouter une photo d’arrière-cour ou des négatifs de la preuve recueillie par la police de Dallas sur l’après-midi du 22 Novembre .  Et Roscoe peut-être aussi le policier inconnu qui a donné la photo pour Life Magazine.  Après la mort de Roscoe, sa femme a trouvé une autre photo d’arrière-cour parmi ses possessions.  Et en 1991, la police de Dallas a trouvé des photos additionnelles de l’arrière dans ses fichiers.  Ces photos sont un autre  » smoking gun  » et ont été créées dans le but de placer un fusil dans les mains d’Oswald .  Elles sont une preuve supplémentaire qu’Oswald avait été mis en place comme le  » pigeon  » avant l’assassinat.  Enfin, que dire de la caméra Imperial Reflex qui aurait été utilisée par Marina pour prendre des photos à l’arrière ?  Elle n’a pas été trouvée parmi les possessions d’Oswald à sa maison ni dans sa chambre, ni n’a été trouvé dans la maison de Ruth Paine, ni n’a été identifiée par Marina comme appartenant à Oswald quand on lui a présenté pour la première fois l’appareil photo.  En fait, Marina décrit un appareil photo très différent qu’elle a dit avoir utilisé pour prendre des photos à l’arrière de la maison.


 L’appareil photo Reflex Imperial est apparu 3 mois après l’assassinat, le 14 février 1964, lorsque Robert Oswald l’a donné au FBI.  Et d’où Robert avait obtenu l’appareil photo ?  De Ruth Paine, qui en quelque sorte a été en mesure de fournir de nombreux éléments de preuves utilisées pour encadrer ou incriminer Oswald dans les mois suivant l’assassinat, longtemps après que les policiers avaient soigneusement fouillé son domicile et son garage... »  Une Ruth Paine qui affirmera qu’Oswald ne parlait que le russe chez elle lors de la commission de 1976.  Histoire d’en faire un envoyé du KGB, sans aucun doute.  Autre point douteux lié à la prise de photo :  « la P.O. Box 2915, la boîte postale que A. Hidell aurait eu pour recevoir l’arme du meurtre de JFK, était donc aussi la boîte postale pour les communications des Oswald à l’ambassade soviétique à Washington du début de 1963, celle de la réception de la carte du 17 mai,  envoyée de la Nouvelle-Orléans.  Toutes les communications et abonnements aux organisations socialistes ont également été reçues dans cette boîte postale.  Comment une carabine envoyée par correspondance, adressée à un A. Hidell, pouvait arriver à une boîte postale qui accueillait également des activités de l’ambassade soviétique et des journaux communistes / socialistes, sans aucune alerte ou préavis, est inexplicable » note ici Jeff Carter.

Cinquante ans que ça dure

Il ne fallait qu’un seul tireur, quatre ans après encore…. et même plus :  en 2010, un enseignant de faculté, Hany Farid, spécialiste des retouches photos, sur ordinateur ou non, revenait déclarer que la photo était bien réelle.  Un de ses détracteurs, Jim Fetzer, affirmera qu’il n’avait étudié que l’ombre du nez, qui semblait la plus douteuse.  Il rappelait la phrase de Robert Blakey, chief Counsel pour le HSCA  : « si [les photos de la cour] sont invalides, la façon dont elles ont été produites pose des questions profondes dans le domaine de la conspiration, parce qu’elles manifestent un degré de sophistication technique qui ferait presque nécessairement évoquer la possibilité que [quelqu’un] a conspiré non seulement pour tuer le président , mais aussi pour faire d’Oswald un pigeon »...  Le Dartmouth College se désolidarisera vite de l’initiative personnelle de Farid.  Selon Fetzer, le spécialiste était trop lié au FBI (il avait travaillé pour lui sur des cas judiciaires comme il l’avouera ici en tant que « consultant ») pour être totalement honnête.  Il n’empêche :  47 ans après les faits, le FBI cherchait toujours à forcer la main sur la thèse du tireur unique… pour tenter encore une fois de faire oublier les liens qu’il avait eus avec l’accusé.  L’homme avait statué récemment encore sur la photo « Gaza Burial », de Paul Hansen prix 2013 de photo, qui avait subi non pas un traitement Photoshop, mais plutôt un vrai massacre chez des imprimeurs, qui en avaient trouvé les tons… trop froids.  La mort faisant moins vendre… qu’une photo d’assassin présumé tenant une arme dans son jardin.

Tuée par peur qu’elle ne parle


On craignait fort alors que Mary Pinchot Meyer, dont JFK semblait réellement tombé amoureux, et ne la considérait pas comme ses passades habituelles (son âge et son intelligence devait y faire) ait été tenue au courant de ce genre de choses, via l’usage qu’elle faisait elle-même de drogues diverses.  On découvrira que la maison de Robert Kennedy avait été mise sous écoute par Angleton, comme il y en avait eu des micros installés sous le lit de Mary dès le début de la liaison avec John Kennedy, en 1961.  Dans sa biographie, le pape du LSD affirmera que Mary lui avait téléphoné juste après l’assassinat en lui disant que « Ils ne pouvaient plus le contrôler davantage.  Il changeait trop vite.  Il apprenait trop … Ils maquillent tout là-haut.  Je dois venir vous voir.  J’ai peur.  J’ai peur. »  Qui étaient ces « ils » qui lui faisaient si peur ?  Mary avait déjà averti la police qu’elle avait vu des rôdeurs autour de sa maison à l’été 1964 et que celle-ci était visitée en son absence (une visite déjà d’Angleton ?).  Pourquoi avait-on tué Mary alors que d’autres maîtresses reconnues qui avaient elles aussi participé à des orgies auraient pu aussi subir le même sort (toutes les jeunes stagiaires de Kennedy –telle la ravissante Mimi Alford- y passaient, au point d’affoler les officiers du FBI chargés de la protection du président) ou les prostituées venues d’on ne sait où, certaines étant envoyées par la mafia, d’autres… par la CIA !  La seule raison qui se tenait était bien sûr ce qu’elle avait bien pu apprendre de son mari, dont le silence avait été assuré depuis longtemps comme membre effectif de la CIA.


Lui ne parlerait jamais, c’est sûr.  Elle était la seule maîtresse en effet à en avoir eu un à ce poste, et la seule à avoir fait des confidences à Timothy Leary indiquant que certains très haut placés voulaient en attenter à la vie du président des Etats-Unis (1).  Voilà ce qui pouvait expliquer sa fin tragique.  On n’en avait pas encore fini pour autant avec l’histoire de la pauvre Mary Pinchot :  le 18 novembre 1981, James Truitt se suicidait à San Miguel de Allende, au Mexique.  Sa nouvelle épouse, Evelyn, racontera juste après que tous ses papiers, y compris les copies du fameux journal intime de Mary, avaient été volés aussitôt après son décès par l’officier Herbert Burrows… de la CIA.  Certains cherchaient toujours à savoir ce qu’ils contenaient !  Comme il est dit ici en forum « Il ne serait pas la dernière personne à mourir.  Leo Damore, un journaliste qui a découvert l’affaire tout en faisant des recherches pour son livre, « Senatorial Privilège : The Chappaquiddick Cover-Up » (sur la mort de Mary Jo Kopechne, la secrétaire de Ted Kennedy dans des circonstances troubles), avait commencé à écrire un livre sur la mort de Meyer.  Selon Damore un type proche de la CIA lui avait dit que la mort de Marie avait été un « succès » professionnel.  Damore s’est suicidé en octobre 1995.  Son livre n’a jamais été publié. »

Epilogue, ou épitaphe


En février 2001, peu de temps avant sa mort, son ex-mari, Cord Meyer, interviewé, toujours soumis au secret, selon les règles de l’appartenance à la CIA (c’est un engagement à vie), répondra quand même à la question « qui l’a tuée ? » par un cinglant « les mêmes fils de pute qui ont tué Kennedy ».  Il devait en savoir quelque chose, y ayant fait partie lui-même de ces « fils ».  La presse relèvera qu’elle « aurait été une fervente – et influente – supportrice de la paix auprès du président » ce qui avait suffit sans doute pour signer son arrêt de mort, visiblement, son amant ayant subi le même sort pour les mêmes raisons !  Une année après l’assassinat, ses auteurs, visiblement les mêmes, avaient pris peur de ce qu’elle aurait pu révéler… sur eux-mêmes.




(1) L’écrivain Peter Janney en décrira une émouvante version en 2012 : « Après Dallas, au milieu de l’horreur absolue et du choc, Marie avait pris sur elle de découvrir et de comprendre la vérité de la conspiration qui a eu lieu – pour se rendre compte de l’ampleur de la seconde conspiration , une cover-up qu’elle avait étalée devant ses yeux.  C’était sa mosaïque de personnes, d’événements, de circonstances, et l’exploration qui a informé sa compréhension – non seulement du mal qui avait eu lieu à Dallas, mais de l’obscurité crapuleuse qui maintenant enveloppait toute l’Amérique.  Elle avait furieusement confronté son ex-mari, Cord Meyer, et éventuellement Jim Angleton avec ce qu’elle avait découvert, ne réalisant pas pleinement la mesure de leur propre cruauté diabolique.  Le rapport Warren n’était qu’un château de cartes, une fois allumé, il serait la proie des flammes.  Si Marie rendait public courageusement qui elle était et ce qu’elle savait, en précisant sa position dans les dernières années de la vie de Jack, les gens qui ont une influence en prendrait compte, et le feu de suspicion autour de Dallas dégénérerait en une conflagration.  Elle devait être éliminée ( p. 391) . Mary’s Mosaic – The CIA Conspiracy to Murder John F. Kennedy, Mary Pinchot Meyer, and Their Vision for World Peace de Peter Janney (2012).Les visés par l’opération Mockingbird sont décrits ici :  « L’un des premiers journalistes recrutés fut Philip Graham, du Washington Post puis, au fil des ans, des plumes notoires du New York Times, de Newsweek et de CBS.  Au milieu des années Cinquante, le réseau contrôlait l’information de 25 journaux et agences de presse des Etats-Unis.  Dans son article « c » paru en octobre 1977 dans le magazine Rolling Stone, Carl Bernstein cite les « têtes de ponts » de ce réseau.  Il s’agissait souvent de libéraux (la gauche américaine) américanistes : William S. Paley (CBS), Henry Luce (Time and Life Magazine), Arthur Hays Sulzberger (New York Times), Alfred Friendly (managing editor, The Washington Post), Jerry O’Leary (Washington Star), Hal Hendrix (Miami News), Barry Bingham, Sr. (Louisville Courier-Journal), James Copley (Copley News Services), Joseph Harrison (Christian Science Monitor).  Le réseau, salariés compris, est estimé à 3000 personnes par Alex Constantine.  La méthodologie propagandiste était fondée sur la « mise en abîme » de la désinformation par plusieurs journalistes, dont certains faisant partie du réseau.  Les autres journalistes étaient manipulés à leur insu, notamment par l’intermédiaire des agences de presse ».



Note :  ironie du sort, alors que j’achevais la saga et avait écrit il y a un bout de temps déjà ce texte sur Mary Meyer, est paru le livre de Jean Lesieur : « Un meurtre à Georgetown ».  J’avoue ne pas avoir eu le temps de le lire encore.  Son résumé présenté ici sur France-Info corrobore mon texte, avec cette note particulière de l’auteur qui affirme qu’il n’a rien inventé, et que l’ont peut trouver les infos sur ce meurtre, dont il accuse la CIA, facilement si on daigne s’y intéresser un peu, avis que je partage entièrement car cette longue saga n’est que l’expression de la même démarche.


Partie 23

Aurait-on pu éviter Dallas ?  On ne refait pas l’histoire, mais il n’empêche, on sait aujourd’hui qu’il y avait eu assez de signes avant-coureurs pour que JFK puisse aussi décider de ne pas se déplacer au Texas en ce funeste 22 novembre.  Les menaces sur sa visite avaient été nombreuses, venant du KKK ou des anti-castristes déçus, voire les magnats texans d’extrême droite.  Des tracts  vindicatifs seront distribués ce jour-là contre JFK.  Car certains savaient ce qui se tramait.  Quelqu’un savait, en tout cas.  Ou plutôt, quelqu’un savait, et il à bien essayé de le dire à d’autres.  Mais on a tout fait pour l’ignorer.  Un autre savait aussi d’autres choses.  On ne l’a pas davantage écouté :  mais celui-là, à l’époque, il ne pouvait pas parler, étant alors au service d’actions douteuses… de la CIA.  Dont, visiblement, les préparatifs mêmes de l’assassinat !


Un homme avait su à l’avance :  il s’appelle Eugene B. Dinkin, il était alors « Private First Class » (PFC) au département de cryptologie des quartiers généraux d’une caserne américaine installée d’abord en Allemagne, et son avertissement est le fruit d’une longue réflexion et d’une longue observation de faits épars et non de documents spécifiques annonciateurs.  Un observateur attentif de la presse circulant dans les  corps d’arme notamment. En somme un analyste, qui à force de lire la même chose, en avait tiré une conviction funeste.  A l’origine installé en Allemagne au  599th Ordinance Group, il avait été expédié à Metz dans un simple dépôt après ses premières surprenantes déclarations.  On le pensait fou 1), à vouloir penser ce qu’il avait conclu.  Selon certains, son statut de « cryptologue » n’est pas certain.  Le problème avec lui ce sont les conditions dans lesquelles il remet une note annonçant 15 jours à l’avance l’assassinat probable sinon sûr de Kennedy :  le 4 novembre il a en effet déjà fui son unité (c’est devenu un déserteur recherché) et il s’est réfugié en Suisse pour faire son annonce officielle.  En somme, il s’était lui-même effrayé de ses propres conclusions !  Il avait également contacté selon ses dires un journaliste de Newsweek qui n’aurait pas davantage crû son histoire que les responsables de sa caserne.  Persuadé, certes, mais manquant de conviction !  Les 6 et 7 novembre, il a tenu une conférence dans le local de passe de l’ONU à Genève pour expliquer ses conclusions, qui annoncent la crainte d’un assassinat imminent de Kennedy.  Difficile de définir chez lui les sources sur lesquelles il est arrivé à conclure à l’imminence de l’assassinat.



D’aucuns évoquent ces lectures, dont celle, assidue du magazine Stars and Stripes (ici le N° du 10 juillet 1959), et d’autres magazines du groupe Hearst, où écrivent un bon nombre d’opposants virulents aux Kennedy, ou bien s’il a vraiment réussi à intercepter des conversations entre comploteurs présumés.


Selon lui, dans le magazine Stars and Stripes, on n’hésitait pas à présenter Kennedy comme un sympathisant des communistes !!!  Selon lui encore, à force de le présenter ainsi, cela amenait à attiser l’envie de le supprimer.


Il pressentait aussi que le groupe qui s’en chargerait aurait lieu très certainement lors d’une cérémonie religieuse, pour attiser encore la haine contre les athées.  En fait, il recoupe bien toutes les informations sur le ressentiment d’extrême droite virulent qui existe bel et bien au Texas en 1962, certains allant même afficher des pancartes traitant LBJ de sympathisant communiste lors du défilé !

La guerre du Viet-Nam ne devait pas être perdue selon eux


Le cas du Viet-Nam en ce sens est primordial, ainsi que le discours de Kennedy qui avait littéralement « sonné » cette droite ultra.  On trouve l’expression de ce fort ressentiment partout, dans le livre « The Radical Right and the Murder of John F. Kennedy: Stunning Evidence in the Assassination of the President » de Harrison E. Livingstone.  C’est par exemple ainsi formulé, par quelqu’un « d’en haut » en prime :   » Ces gens étaient si violents que ce n’était jamais sûr qu’ils auraient  pu tuer quelqu’un ou non. Robert Kennedy n’était pas bien aimé, pour simplifier.  Il était en train de poursuivre le Mob (la mafia) pour en supprimer l’existence.  L’assistant de J. Edgar Hoover, Clyde Tolson (cf qui était aussi son amant, alors qu’Hoover se présentait comme homophobe !), a dit une fois de JFK:  « J’espère que quelqu’un tirera et tuera ce fils de pute. » La personne qui a signalé ceci était William Sullivan du FBI, qui a ensuite été abattu et tué juste avant qu’il soit sur le point de témoigner devant le comité du Congrès.


Il y a une longue liste de personnes qui sont mortes juste avant qu’elles aient été convoquées par un comité à Washington.  Ou  juste après avoir témoigné. Pendant tout ce temps où Hoover n’approuverait pas les opérations d’infiltration contre les criminels.   Si quelqu’un doute que Kennedy voulait nous retirer du Vietnam, comme l’ont tenté certains révisionnistes historiques, voici mon chapitre:  « Le Président Kennedy et la question de son intention de se retirer du Vietnam » dans « High Treason 2″, et la première page du magazine distribué aux militaires US dans le monde entier  » Stars and Stripes (du 4 octobre 1963), à la page 592 de ce livre.  Le titre se lit comme suit: «Rapport de la Maison Blanche: Troupes américaines bientôt éjectées du Vietnam avant 1965».  Kennedy avait annoncé le début de son retrait du Vietnam.


Le plan de se retirer du Vietnam est un des principaux déclencheurs de l’assassinat de Kennedy.  Les intérêts commerciaux du Texas seraient beaucoup plus riches dans la guerre.  Ils cherchaient toujours des guerres pour gagner de l’argent, et s’il n’y avait pas de guerre, ils en créerait une en attaquant quelqu’un ».  Le 11 octobre 1963, John F. Kennedy avait signé le « National Security Action Memorandum 263 » qui prévoyait un retrait d’un lot de troupes du Vietnam avant fin 63.  Au lendemain de l’enterrement de Kennedy, LBJ s’empresse de signer et promulguer le NSAM 276, texte qui annulait de fait le mémorandum 263 qui prévoyait le retrait de mille soldats US du Vietnam.  La première décision de LBJ, vite intronisé président dans l’avion ramenant le corps de Kennedy sera d’augmenter les bombardements au Nord Viet-Nam, en créant pour cela une excuse de toute pièce.  Celle de l’infâme incident du Golfe du Tonkin du 2 août 1964, une manipulation notoire de l’opinion américaine (droite McNamara tenant ici de l’expliquer à la télévision).  Un mensonge caractérisé, qui rappelle bien des choses actuelles, la presse étant accusée dès lors par LBJ de présenter des choses « trop négatives »…



Dinkin pas écouté

En tout cas, arrêté le 13 novembre, notre homme est aussitôt placé en hôpital psy où on ne va pas lésiner sur son sort, à coups d’électrochocs pour le calmer, comme c’est la règle aux USA pour les plus excités.  Le 29 novembre, soit 7 jours après la mort du Président, un fax numéroté 85770 décrit en détail son comportement et ce qu’il a tenté de faire savoir.  C’est encore une fois LIFE qui s’empare de l’affaire et de son cas, en la personne d’Alex Desfontaines, un des ses pigistes, qui est également correspondant de Radio-Canada, qui aurait tenu l’information d’une de ses confrères journalistes.  En somme, tout cela a des relents bien… français.  Et en effet…  Ce qu’à découvert Dinkin, installé en Allemagne mais en liaison avec les bases US en France, recoupe en effet énormément ce que d’autres remonteront plus tard par d’autres voies de recherche.


Il s’agît de la fameuse piste Corse, évoquée par Pierre Péan dans « Compromissions ». L’idée, pourtant, est venue d’un autre journaliste américain,  Stephen Rivele (3), qui dans le documentaire « The Men who killed Kennedy » affirme que l’assassinat provient d‘Antoine Guérini, le boss de la mafia de Marseille, un proche de Santo Trafficante Jr, qui aurait fourni les tireurs.  Guérini aurait recruté trois corses, Sauveur Pironti et Roger Bocognani (il reviendra plus tard sur ces noms) et surtout Lucien Sarti, qui appartient au réseau Ricord, parti se réfugier en Argentine après avoir collaboré pendant la guerre.  Rivele cite surtout Christian David comme source indirecte, le « Beau Serge » celui qui avait tué le commissaire Maurice Galibert, qui lui aurait avoué la participation des trois autres cités, lui-même ayant refusé « le contrat » (4) .  C’est à Michel Nicoli que David aurait fait ses confidences.  « Dans Bloody Treason-, Noel Twyman raconte qu’un « rapport du FBI daté du 9 avril 1964 déclarait que Dinkin avait prédit l’assassinat de JFK plusieurs semaines à l’avance ».


Presque en même temps, le 11 mai 1964, Richard Helms, alors directeur de la planification à la CIA, adresse un mémorandum à Lee Rankin, président de la commission Warren.  À son tour il y fait part des révélations de Dinkin, de la conférence de presse que celui-ci a donnée à Genève et de l’utilisation qu’en a faite Alex des Fontaines, pigiste à Time-Life, dans un télex n° 85770 daté du 29 novembre 1963. Le mémorandum est dispatché entre la Maison-Blanche, le département d’État, le FBI et le Secret Service.  Mais la commission Warren ne tient aucun compte de la note de Helms.  Les noms de Guérini et Sarti ont été effacés ou plutôt « deleted » dans ses différents rapports » explique Péan.

La piste Corse n’est pas à négliger


Or tour cela se tient, en fait comme provenance, puisqu’elle est purement française et que rien encore, l’année qui suit l’attentat n’a relié la France à cet attentat.  Ce qui confirme encore une fois la thèse de la machination et du complot, c’est qu’effectivement on a ignoré le contenu du fax… mais qu’on s’est particulièrement bien occupé de son auteur, pour le faire surtout passer pour un dérangé et un affabulateur.  Et totalement dénigrer ce qu’il avait pu révéler pour empêcher l’attentat de se produire.  En somme, les électrochocs subis sont la preuve du complot d’Etat, et non pas de seuls mafieux, qui n’auraient pas disposé de moyens de coercitions propres pour faire taire Dinkin (à moins de le descendre bien sûr, comme à leur habitude ce qui n’a pas été le cas).  Selon Péant, reprenant Rivele, le complot aurait impliqué « des militaires américains, des membres d’un groupe d’extrême droite et des gens d’origine française ».


Exactement le lot que l’on décrit ici depuis plusieurs épisodes; les anti-castristes figurant en ce cas dans le groupe d’extrême droite.  Le rapport secret envoyé pendant la Commission Warren, à J. Lee Rankin, le responsable de Commission, par le directeur en en personne de la CIA, Richard Helms, sera tout simplement ignoré par cette dernière !!!  Plus étonnant encore, le 16 octobre 1963, Dinkin avait envoyé un courrier personnel à… Robert F. Kennedy, le prévenant de l’extrême imminence de l’attentat, qu’il annonçait alors pour le 29 novembre !  A son retour à sa base en Allemagne, Dinkin avait constaté qu’une bonne partie des documents sur lesquels il avait établi sa conclusion avait disparue…  Encore un hasard sans doute !  On ne sait quel type d’arme Sarti préférait.  Mais on découvre avec surprise dans le numéro de juillet 1960 du magazine spécialisé Guns une Browning de calibre. 22 (5,6 mm mais chargée en balle « softhead » l’arme fait des ravages) qui se sépare désormais en deux morceaux en « 3 secondes » .  Elle ne pèse que 4,75 livres, (2,15 kilos)et ne fait plus que 2 éléments de 19 pouces (48 cm), nous dit la pub. Aurait-on là l’arme parfaite du « complot » du tertre avec le tireur qu’avait observé Ed Hoffman ?


Les révélations de Tosh

L’autre personnage au courant est un pilote d’avion.  Un pilote bien particulier; puisqu’il s’appelle Plumlee et qu’il nous a raconté des années après ses exploits de livreurs de cocaïne pour la CIA, via ses multiples atterrissages clandestins en Amérique centrale et du Sud, des récits tellement précis qu’il est difficile aujourd’hui d’en faire un affabulateur, même si l’homme à une tendance naturelle à broder (et beaucoup lire les événements, pour enrichir ses propres propos, ne soyons pas dupes). Autant cette période là est bien connue chez lui, autant il aura fallu attendre pour qu’il nous livre le récit précis, là encore, d’un de ses voyages fin novembre 1963… à Dallas.  Plumlee avait eu auparavant, on s’en doute, d’autres trajets à effectuer :  « En tant que pilote, aviez-vous déjà été associé ou travaillé avec la CIA?


R: Oui, je l’ai été.

Q: Quelle était la première fois?

R: La première fois, (c’était) en 1956, et la première fois que je me suis impliqué, le M-26-7 était connecté à la CIA, grâce à des renseignements militaires.  C’était un groupe qui fournissait des fusils et des munitions aux étudiants de l’Université De La Havane à Cuba.  C’était des jours pro-Castro. C’était avant que Castro n’arrive au pouvoir.  Et c’était le début ».  A droite Castro en meeting… aux USA, en 1955.


La CIA avait bel et bien armé Castro !


Première découverte en effet pour ceux qui l’ignoraient encore : au début, la CIA avait été… pro-castriste : dans son furieux désir de se débarrasser de l’ingérable Batista, elle avait en effet misé sur … Castro !  C’est ce qu’affirme aussi ici  Philip Zwerling dans « The CIA on Campus: Essays on Academic Freedom and the National Security State« .  « Le soutien militaire, diplomatique et économique des États-Unis à Batista a continué et a inclus l’apport de la CIA, récemment créée. « L’Officier à la grande valise blanche » Allen Dulles, qui avait pressé depuis 1953 que « la CIA devait atteindre tous les coins du monde » avec des stations dans chaque poste diplomatique américain, avait aidé Batista à mettre en place une nouvelle police secrète, le BRAC, le « Burô de Represiôn de las Actividades Comunis tas », dont le badge comprendrait le «nous ne dormons jamais» utilisé pour la première fois par les entrepreneurs privés de sécurité privée du XIXe siècle, les Pinkertons ».



Le Bureau renforcerait le travail de la police secrète militaire du SIM et du FBI.  Un filet d’agents de la CIA opérait sous une couverture fragile rappelle l’homme de Graham Greene à La Havane, faisant état des activités du mouvement rebelle « M-26-7 », du gouvernement de Batista et des forces armées et du parti communiste cubain. Certains agents, plongés dans la guerre de guérilla de 1956 à 1959 et pleinement conscients de la brutalité du régime de Batista et de sa réputation qui régnait parmi la population civile, sont devenus sympathisants de M-26- 7.  Il est prouvé que l’Agence a commencé à ouvrir ses paris et à offrir un soutien aux deux côtés pendant que la crise de Batista s’aggravait, et que le M-26-7 gagnait leur confiance.  En effet, l’ambassadeur des Etats-Unis E.T. Smith pensait que le chef de la station de la CIA William Caldwell soutenait secrètement Fidel Castro. »   La CIA, et c’est vrai, avait même fourni des armes tant aux troupes de Fidel qu’à la Brigade 2506 anti-Castro de Floride.  Et c’est bien cela qu’on a cherché ensuite à minimiser, quand Fidel s’est déclaré proche de Moscou (cela aussi j’y reviendrai un peu plus loin) !

Cummings, des deux côtés à la fois


Ça semble surprenant, en effet, mais ça s’est bien passé ainsi, historiquement et indéniablement.  « Entre décembre et novembre 1957 et la moitié de 1958, la CIA a livré pas moins de cinquante mille dollars à une demi-douzaine ou plus de Membres clés du Mouvement du 26 juillet à Santiago « .  Les fonds ont été » gérés par Robert D. Wiecha, un agent de la CIA … qui a servi à Santiago de septembre 1957 à juin 1959.  « À la mi-octobre 1958, Le Mouvement de Juillet a écrit à Castro en détaillant l’ampleur du soutien de la CIA à l’ambassade américaine à La Havane, et la qualité de l’information que le soutien a donné:  « j’ai été en contact avec des personnes proches de l’ambassade.


Ces contacts m’ont dit que les gens qui sont de notre côté – mais qui ne le montrent pas – ont eu des conversations avec l’ambassadeur lui-même.  Je pense que c’est le mieux possible, puisque nous sommes tenus au courant de tout ce qui se passe là-bas et de tous les plans possibles des États-Unis ... Le journaliste du New York Times, Tad Szulc, était au courant de ce soutien en 1959.  Au lendemain de la Baie des Cochons, la CIA a entrepris une halte limitée, concédant à quelques uns des porte-parole favorisés que, oui, il y avait eu une offre limitée d’armes dans cette période, mais d’un «ex» homme de la CIA, Sam Cummings, dont Interarmco était une entreprise privée.  Cummings aurait fourni les armes utilisées par les procureurs guatémaltèques de l’Agence pour renverser le gouvernement Arbenz en 1954.


«  Sam Cummings, d’Interarmco, toujours le même marchand d’armes, celui qui avait eu droit aux pages de Popular Mechanics pour dire que le Carcano était un mauvais fusil.  Les troupes de Castro, on l’a vu, ayant hérité de l’autre modèle... des Johnson M1941.  Fournis par Cummings, qui fournira en même temps et avec les mêmes armes la Brigade 2506 anti-castriste !



Mais un autre témoignage est susceptible de nous expliquer les liens dont on se doute maintenant entre pouvoir et mafia, ou plutôt entre CIA et mafia.  L’homme qui le dit est certes sujet à caution mais, sur d’autres dossiers, notamment le trafic de cocaïne et la CIA, il a donné des gages de sérieux, même si ce qu’il raconte a là aussi semblé extraordinaire parfois…. cet homme c’est Tosh Plumlee, un des pilotes de la CIA :

« Avez-vous jamais rencontré, dans votre vie, une personne nommée John Roselli?

R: Oui, je connaissais assez bien John Roselli.

Q: Quand l’avez-vous rencontré pour la première fois?

A: J’ai rencontré Roselli vers 1960, dans la dernière partie des années ’60, et la première de ’61. Et, c’était au parc Biscayne, nous venions juste d’un lieu de rencontre appelé Sloppy Joe’s sur la rue Flagler à Miami.  Et, Johnny, John Farentello était là, la personne qui m’a présenté à John Roselli.

Q: Avez-vous déjà eu l’occasion de voler avec John Roselli?

R: J’ai volé avec John Roselli, je dirais, à peut-être plus de 6 ou 7 occasions différentes.  C’était vers des îles, pas tout à fait des îles, mais à Key Marathon en Floride, à Bimini, une fois à La Havane, une autre fois de Houston à Galveston pour obtenir un navire raider pour l’opération O’Rourke et une autre fois depuis Salt Lake City à Thunderbird Inn à Las Vegas, puis de Las Vegas à Santa Barbara, en Californie.  Et, cette activité particulière des vols était en 1963″ .  Roselli, en 1961, descendait au Desert Inn de Hughes en effet, en compagnie de Julie Campbell, amie de Giancana… et énième conquête du sénateur John Kennedy.  Tout ceci à été confirmé et vérifié.  « Rosselli ferait de fréquents voyages à Miami, et était prêt et prêt à agir si nécessaire, pendant la débâcle de la baie de Cochons, et la crise des missiles de Cuba un an et demi plus tard.  Mais, alors que le FBI a reconnu l’association de Rosselli avec la CIA, y compris son lien paradoxal et légendaire avec l’agent de la CIA, William K. Harvey, la présence de Johnny en Floride est restée largement non rapportée » peut-on lire ici (y lire le détail de ses vols de la plume de  John A. Sanders).  On peut lire aussi au même endroit ceci : « William « Tosh » Plumlee prétend qu’il était un pilote de la CIA qui a embarqué Rosselli au Congrès Inn à Tampa le matin du 21 Novembre et est allé ensuite à Dallas pour une « mission de diversion » pour empêcher l’assassinat du président Kennedy.  Bien que je suppose qu’il ait été possible pour Rosselli d’avoir traversé le pays la nuit à temps, après être embarqué à l’hôtel où il était censé rester, ce n’est que l’un des nombreux détails dans l’histoire de Plumlee qui continuent à troubler les chercheurs ».

Les menaces du KKK, en embuscade


Cela trouble en effet, car il y a bien eu d’autres menaces, suivies et étudiées par les services secrets US.  Dallas était bien une ville extrémiste en 1963.  Une habitante de Dallas, Nelle Doyle, avait rédigé une lettre poignante et hélas prophétique au porte-parole de la Maison Blanche Pierre Salinger (2), avant la venue de Kennedy.  La menace de Joseph Milteer est assez représentative, et dénoncée ici par un ancien agent du FBI (Don Adams) :  « le 9 novembre, la police de Miami a convaincu Somersett d’enregistrer secrètement une conversation avec l’associé de droite Milteer à l’appartement de Somersett à Miami.  Sur bande, Milteer a affirmé qu’il y avait un complot pour assassiner JFK.  Il s’abstint de dire qu’il était lui-même impliqué.  Dans l’enregistrement, Milteer et Somersett ont parlé du  voyage de JFK prévu le 18 novembre en Floride.  À un moment donné, Somersett a demandé, « Comment diable imaginez-vous le meilleur moyen d’abattre [Kennedy]? »  Milteer a répondu: « D’un immeuble de bureaux avec un fusil de haute puissance. »

«Tu crois que [Kennedy] sait qu’il est un homme visé ?»  demanda Somersett.
– Bien sûr.
« Ils vont vraiment essayer de le tuer? »
« Oh oui.  C’est prévu », a déclaré Milteer.


Milteer a mentionné un homme du « Klan » – censé être le chef du KKK, Jack (William) Brown – « l’Impérial Wizard » de Chattanooga, Tennessee, en tant que quelqu’un qui était « aussi susceptible de tuer [JFK] que n’importe qui. »  Brown a été suspecté de bombarder les maisons des Afro-Américains dans la région de Chattanooga en 1960.  Il avait soi-disant traqué Martin Luther King «pour des miles et des miles, et n’avait pas pu s’approcher assez de lui», a déclaré Milteer (nota : Brown sera cité en 1974 dans le rapport sur l’assassinat de Martin Luther King).


La police de Miami a fourni une transcription de l’enregistrement aux agents du Service secret le 12 novembre.  Le Service secret et le FBI ont ouvert des dossiers sur la question et ont mené une enquête superficielle sur Milteer.  L’homme de droite a également mentionné Brown comme quelqu’un qui aurait pu être parmi ceux qui avaient bombardé une église de Birmingham, à Ala, le 15 septembre, dans laquelle quatre jeunes Afro-Américaines avaient été tuées  (à gauche photo du « Grand Dragon vert » Bob Jones, à une réunion du Ku Klux Klan en août 1964 au Texas, photo de Bruce Roberts).



Quatre autres hommes du KKK ont finalement été arrêtés pour ce crime horrible.  Les agences ont fermé les dossiers Milteer quelques jours après, bien avant l’assassinat de Kennedy.  Encore une fois, la menace citée par Milteer a été « ignorée » par les Services Secrets qui ont planifié le voyage de JFK à Dallas, selon le Comité d’assassinats de la Chambre.  Somersett est allé plus tard jusqu’à charger Robert Kennedy de ne pas remplir ses fonctions en tant que procureur général en envoyant plus d’agents du FBI à Dallas pour préserver son frère.  Des exemplaires de la bande ont été envoyés à RFK, au FBI et au Service secret bien avant le 22 novembre, a déclaré M. Somersett.  Mais il n’était pas clair si RFK a effectivement entendu cette bande. »  Kennedy a visité la Floride comme prévu le 18 novembre, mais les autorités ont pris plus de précautions après avoir appris de l’enregistrement de Milteer / Somersett.  Des centaines de policiers et d’agents se sont mêlés à la foule à Tampa et ont cherché des signes d’un fusil pointé d’une fenêtre ouverte le long de la route du défilé de JFK.  Santo Trafficante aurait participé à la planification de la tentative, et le patron, dans la foule a avorté le plan après avoir appris sur la sécurité accrue des autorités, selon les auteurs Lamar Waldron et Thom Hartman.


Des hommes armés avaient prévu de tirer sur le cortège de Kennedy alors qu’il tournait lentement devant l’hôtel Floridan. » Plus intéressant encore, dans l’exposé, le rôle qu’aurait joué un anti-castriste manipulé :  « l’exilé cubain Gilberto Lopez, qui avait défié la Russie, a visité la ville de Mexico à l’automne 1963 et, agissant comme un partisan de Castro, aurait été utilisé pour servir de « patsy », sur la copie d’un Oswald et de Vallee (on verra plus loin qui est ce Vallee).  « Lopez avait même reçu un nouvel emploi le long de cette voie de défilé à peu près au même moment qu’Oswald et Vallee avaient obtenu de nouveaux emplois à Dallas et Chicago, respectivement, le long de ces itinéraires proposés pour la parade ».  A Tampa, en avril,  note le même article, « la situation a été compliquée par d’autres menaces signalées.


Wayne Gainey, un psychiatre ambulatoire à Tampa, a affirmé que les membres du Klan l’avaient exhorté à tenter de tuer JFK.  Ses parents ont assuré à la police qu’ils le surveilleraient, et un agent a surveillé la maison pendant la visite de Kennedy. »  Sur la photo de la parade en voiture, beaucoup plus courte (photo ci-dessus) qu’à Dallas, les gardes du corps semblent en tout cas beaucoup plus vigilants :  il y en a plusieurs qui sont debout dans la voiture présidentielle, côté grands immeubles !  A noter que certains semblent avoir aperçu Milteer près de Dealey Plaza, le 22 novembre… et effectivement, ça semble bien être lui !!!


Milteer, impliqué dans un précédent complot, était présent !!!  Ci-dessous une effrayante photo datée du 7 novembre 1965, où l’on peut voir Royce McPhail, ici à gauche, le porte-parole du Ku Klux Klan au Texas, donner ses instructions lors de la marche en direction du Texas Capitol d’Austin, Texas :


Plumlee, agent de la CIA et son récit hallucinant

Plumlee, on y revient, travaillait selon ses dires, bel et bien pour la CIA :  « entre 1962 et 1963, j’ai été affecté à la section B de la Task Force W-C-7 au cours du projet cubain qui fonctionnait à l’époque de la station JM / WAVE rattachée à Miami, au bureau de Cuba de la Central Intelligence Agency (CIA).  J’ai opéré avec un contrat de «Undercover pilot» et aussi, parfois, j’ai été affecté à des opérations spécialisées cubaines de la CIA « Covert Action Group » (CAG).  J’ai été engagé dans de nombreuses opérations secrètes à travers le début des années soixante ».


Ce qu’il raconte après est… hallucinant : « à partir du 20 novembre 1963, on m’a assigné un copilote sur un vol haut secret, rattaché à une unité de renseignement militaire et appuyé par la CIA.  Notre mission, on nous a dit, était de faire une « mission de diversion » sur une tentative d’attaque sur la vie du président qui devait avoir lieu à Dallas.  Nous avons été recrutés comme «disjoncteurs» un système utilisé pour protéger une opération secrète de l’exposition publique.  Notre équipe était basée dans le sud de la Floride.  Mon pilote pour cette opération était Emanuel Rojas.  Nous avions déjà volé ensemble.  J’étais le copilote de cette opération.  La première étape du vol partait de Lantana, en Floride (environ cinq miles au sud de West Palm Beach) à Tampa en Floride.  L’avion utilisé pour la première phase de ce voyage était un avion D-18 Twin Beach » (en voici un photographié à Lantana, mais en 1981).



« Nous avons décollé avant la pause du jour le 21 novembre 1963 en attendant d’arriver à Tampa au lever du soleil.  Nous devions ramasser d’autres personnels à Tampa.  L’un de ces gens était John Roselli, que je connaissais (de son vrai nom Filippo Sacco, en photo ici).


J’avais connu John Roselli avant ce vol.  J’avais volé avec Roselli et d’autres à des endroits comme Cuba, Bimini, Galveston Texas, Las Vegas et la Californie.  Il était aussi connu pour moi comme «le colonel Rawlston» ou simplement «le colonel».  Nous (Rojas et moi) allions ramasser «le colonel» au Tampa’s Congress Inn ce matin-là.  Nous avons changé d’avion à Tampa pour un DC-3 en attente qui était enregistré à «Atlantic Richfield», et avons continué notre voyage à la Nouvelle-Orléans, où un couple de personnes, que je ne savais pas, est descendu, et quelques autres sont montées.  Le colonel resta à bord du DC-3. Nous avons continué notre voyage en quittant la Nouvelle-Orléans et continuant à l’aéroport international de Houston où nous avons passé la nuit au Shamrock Hilton, pas loin de l’aéroport.  Nous avons garé l’avion sur le côté de Trans Texas de l’aéroport non loin de la garde nationale de l’air de Texas et de leur avions AT-6″.

Le DC-3 de Ferrie ?


Le fameux DC-3 (5) sera ailleurs plus tard précisé  :  « en novembre 1963, Dave  (David Ferrie en fait) a travaillé à l’aéroport de Garland et m’a prêté sa voiture pendant quelques heures le jour où Kennedy a été tué.  Il avait gardé les journaux de vol de Garland pendant un certain nombre d’années après cela.  Les deux messieurs de RedBird se souviennent d’un DC-3 qui avait été amené à l’aéroport de White Rock pour un certain nombre d’années et il était alors à vendre (1971).  Ce DC-3 avait été à Garland autour de 1969-70 et Dave Ferrie en avait été le pilote.  Avant de se rendre au travail pour une compagnie aérienne à Houston Trans Texas, je pense.  Le DC-3 avait été «rétro-ajusté» à Garland et ses moteurs avaient été révisés à Southwest Airmotive Dallas Love Field.  L’oiseau avait volé vers White Rock de Garland où il a été mis en vente.  Les journaux du DC-3 ont montré qu’ils avaient déjà été inscrits à «Atlantic Richfield» (1963) et avant cela «Riddle Airlines» vers 1957 (la firme avait aussi des C-46).  Entre 1957 et 1969, il s’agissait d’un aéronef  pour trois compagnies de la CIA.  Il a fini quelque part dans la région de Dallas vers 1968.  Il avait été réparé à l’aéroport de Redbird par une compagnie qui a appartenu à Howard Hughes, vers 1963-4-5) (…).


Je trouve étrange que cet avion ait été basé à Miami, qu’il ait travaillé pour la CIA et qu’il soit revenu à Dallas pour mettre fin à sa carrière, assis sur une vieille piste de terre dans un vieux aéroport à l’extérieur de Dallas, au Texas »… Le DC-3 serait l’ancien NC1075M de l’armée acheté en 1953 par RichField comme N6OR, puis N596AR pour Atlantic Refining Company, devenu depuis le Spirit of Santa Monica, N242SM, élevé depuis sur pylones.



Avant d’appartenir à Atlantic, il aurait plutôt appartenu à « Virgin Island Scenic Air Service Inc« , puis à « Nationwide Air Transport Service Inc« , Miami, selon cette source.  Les deux ont tout l’air de compagnies fantômes de la CIA, au Delaware, la première a fermé dès 1951.  On retrouvera une image de DC-3 à Love Field, mais c’était  à l’évidence d’après sa déco l’un des 5 de Trans-Texas Airways . A Love Field, en revanche, sur une carte postale on trouve semble-t-il un Beech 18 (voir ci-dessous les photos), aux côtés du Lockheed C-130 chargé d’amener les deux voitures de Kennedy, dont la Cadillac suiveuse, surnommée la « Queen Mary ».


 Selon certains, ce C-130 12373 aussi aurait participé au « cover-up » en rapatriant très vite la Cadillac afin de ne pas montrer ses dégâts réels, notamment sur le pare-brise avant… on avait bien vite remis en route la circulation sur Dealey Plaza et bien vite aussi expédié hors de la vue publique la voiture ensanglantée qui sera intégralement nettoyée et refaite pour resservir plus tard !!! Deux agents de la sécurité présidentielle, Kinney et Hickey, étaient arrivés à bord de cet Air Force C-130 numéro 12373 du 76th Airlift, piloté par le Capt. Roland H. Thomason, de l’USAF, avec à bord les deux Limousines,  appelées 100-X et 679-X pour celle du « Secret Service ».  Plus étrange encore, on retrouvera partant pour la poubelle en 2013 les « flights-logbooks » de l’avion (cette histoire est sans fin en effet !) portant bizarrement comme destinataire « confidentiel » Curtis le May, l’un des plus grands opposants à Kennedy au sein de l’Air Force… dans le logbook retrouvé, aucune mention de l’arrivée du  N°12373 :  où était-il donc passé, avec la voiture comme scène de crime évident ???  Un posteur en forum commente avec à propos : « c’est vraiment un endroit incroyable.  La question qui fait que quelque chose d’important contient un élément de preuve, ou que c’était juste une histoire intéressante; et d’autre part, cela pourrait être un indice essentiel à ce qui est vraiment arrivé à l’intérieur de la morgue de Bethesda, et aux États-Unis d’Amérique, le 22 Novembre 1963″.  Même la limousine avait  été « hackée » en quelque sorte !!!  La voiture, d’une valeur actuelle de 1,5 millions de dollars (on avait beaucoup modifié chez Hess & Eisenhardt l’originale dont la capote se repliait dans le coffre à l’origine) servira encore 13 années après Dallas.  Elle est aujourd’hui au musée, mais arborant un beau pare-brise neuf (6).  On notera qu’après l’assassinat, non seulement les membres du service de sécurité avaient sorti du coffre les plexiglas pour recouvrir la limousine, mais avaient aussi ajouté dessus une protection noire, rendant la visibilité intérieure plus délicate.


Une drôle d’équipe amenée sur place


Retournons au témoignage de Plumlee :  « Le lendemain matin, le 22 novembre 1963, vers 16 h 30, notre plan météorologique n’était pas favorable à un vol VFR dans l’aéroport Red Bird de Dallas.  Nous avons choisi Garland comme alternative au cas où le temps ne se serait pas et sommes arrivés près de l’espace aérien de Dallas.  Nous n’avons pas déposé de plan de vol ni prévu de déposer IFR.  Cela aurait laissé une trace de notre vol avec le contrôle de la circulation aérienne.  Nous avons continué vers Garland, dans le nord-est de Dallas au lieu de Redbird Airport à Oak Cliff, une banlieue de Dallas.  Nous avons pris cette décision en raison du mauvais temps possible au sud-ouest de Dallas qui n’était pas encore disparu.  Nous sommes arrivés à Garland près du point du jour. Il y avait eu auparavant tant de menaces contre la vie du président que nous n’avons pas eu un grand sentiment d’urgence sur ce cas particulier.  En attendant le mauvais temps à Garland, et environ trente minutes après l’atterrissage trois des passagers ont été pris en voiture, y compris Roselli.  (Il y a trois corroborations documentées de ma présence à l’aéroport de Garland ce matin-là). Après que le temps ait été suffisamment dégagé pour que l’avion continue par les règles de vol de VFR à l’aéroport de Redbird à Dallas, nous avons laissé Garland pour le vol de dix minutes à Red Bird.


Nous avons atterri à Redbird vers 9 h 30 ou 10 h 30, peut-être vers 11 heures du matin, où tout le monde s’est mis en route.  Mon impression à cette époque est que j’amenais une équipe pour empêcher une tentative d’attentat à Dallas, composée de John Roselli, un couple de cubains et certaines personnes que j’ai supposé être liées avec le crime organisé à la Nouvelle-Orléans.  Les informations spécifiques de la CIA sur l’assassinat, que son personnel sur le terrain avait obtenu des informateurs du Texas et des sources internationales, étaient passées aux unités militaires d’Intel attachées au Pentagone.


Certaines de ces informations, m’avait-on dit, provenaient des interrogatoires de deux Cubains qui avaient planifié de tirer sur Air Force One avec un bazooka le 17 novembre à West Palm Beach, en Floride ».  Là aussi, on n’a pas retrouvé l’origine de l’assertion de Plumlee, mais une autre.  Ici l’arrivée de Kennedy à Love Field.  A un moment, la caméra s’arrête sur le C-130 ayant amené auparavant les deux limousines présidentielles (l’article de Wikipédia se trompe à ce sujet, indiquant un C-123 Provider.


C’est le 25 novembre 2016 seulement qu’on apprendra qu’une autre tentative extrémiste avait été déjouée au même endroit le 14 décembre 1960, alors qu’il n’était même pas encore élu président.  Un drôle d’attentat, dans lequel un homme Richard Paul Pavlick, retraité de la poste âgé de 73 ans s’était entouré de bâtons de dynamite pour se précipiter avec sa voiture contre la Cadillac de Kennedy.  L’homme avait été décrit comme « instable mentalement« , et s’attaquait, selon lui, au président potentiel parce qu’il était… catholique !  Enfermé en prison psy jusque 1966 il y est mort en 1975.

Direction Dealey Plaza !



« Bien que ma fonction spécifique assignée était seulement d’être pilote » continue Plumlee, « en arrivant à l’aéroport de Redbird, Sergio m’a demandé si je voulais venir voir le président passer.  Je pourrais aussi agir comme un observateur pour lui et son équipe, qui, a-t-il dit, ont été affectés au côté sud de la place.  On m’a dit que d’autres membres de l’équipe patrouillaient le côté nord et le viaduc.  J’ai compris que nous serions à la recherche d’un type d’embuscade en triangulation.  J’acceptai volontiers l’offre de Sergio.  C’était une aventure que je ne voulais pas manquer.  Nous avons été conduits de l’aéroport RedBird à un endroit pas loin de l’Oak Cliff Country Club, puis conduits sur Dealey Plaza, où nous (Sergio et moi) avons vérifié les divers secteurs et avons essayé de repérer les membres potentiels d’une équipe d’attaque de la position sur le tertre de gazon sud.  L’information originale que l’équipe avait reçue de sources du Texas et de la CIA était qu’une tentative a été faite en dehors de l’Hôtel Adolphus, mais pour des raisons inconnues à eux, on m’a dit, l’acheminement du cortège a été changé à la dernière minute vers Dealey Plaza ».

Aux premières loges et impuissants ?

« Pendant que nous étions sur la butte sud, Sergio et moi essayions d’évaluer les endroits les plus logiques où les tireurs pouvaient être localisés, mais tout était confus, le timing était court, les membres de l’équipe tardaient à se mettre en position.  Ils n’étaient pas là où ils étaient censés être et les contacts radio limités que nous avions avec eux ne fonctionnaient pas, ou crachotaient au mieux.  Ce fut bientôt après notre arrivée que le cortège arriva.  Lorsque les coups de feu ont retenti, j’ai eu l’impression de 4 ou 5 coups de feu, l’un tiré par derrière et à gauche sur le South Knoll, près du passage souterrain et du parking sud.  En sortant par le côté sud du passage souterrain près de la voie ferrée, Sergio et moi avons senti la poudre à canon.  Je n’ai pas vu Roselli à Dealey Plaza ce jour-là.  Nous avons été ramassés à l’arrière du passage souterrain, côté sud-ouest, par une personne qui était précédemment allée au Country Club.  Après avoir pris la route, et au retour vers Red Bird, nous nous sommes arrêtés dans le stationnement du Sportatorium d’Ed McLemore, où Sergio a changé de vêtements parce qu’il s’était enlisé quand il est tombé sur le côté ouest glissant des chemins de fer.  Nous nous sommes arrêtés à un endroit à Oak Cliff, puis sommes retournés à Redbird Airport.  Nous avons attendu après quelques-uns des opérateurs qui avaient fait partie de notre vol à Dallas pour y retourner.  Nous avons attendu aussi longtemps que nous pouvions avant de partir sans Roselli et certains des autres.  Vers 2 heures de l’après-midi, nous avons décollé de Red Bird sans avoir déposé de plan de vol.  Notre vol original de Dallas nous demandait de voler de Shepard Air Force Base à Wichita Falls, au Texas.  Mais à cause de l’assassinat la routage a été changé à la dernière minute par Rojas.  Nous allions à Houston et au retour au sud de la Floride.  Sur l’avion, outre Rojas, Sergio, il y avait une personne que je connaissais comme étant « Gator » du camp de Loxahatchee et deux autres personnes que je ne connaissais pas.  Gator avait les caractéristiques d’identification d’une pomme d’Adam exceptionnellement grande et un doigt manquant, car il aurait été mordu dans une ferme d’alligators.  Les gens sur le vol de Dallas étaient très calmes.  J’ai interprété leur silence comme une abattement à l’échec de la mission d’annuler l’assassinat du président.  Je crois que si ces hommes avaient été les tireurs ou les assassins eux-mêmes, ils auraient été très excités parce qu’ils l’avaient emporté.  C’est pourquoi, jusqu’à ce jour,  je m’oppose à l’idée, que l’on m’a demandé de spéculer à maintes reprises, que l’attaque contre le Président était au nom de la CIA, de la Mafia ou du Renseignement militaire qui, sans le savoir, auraient assassiné le Président ». « Quand j’ai appris plus tard qu’Oswald avait été arrêté comme le seul assassin, je me suis souvenu de l’avoir rencontré à plusieurs occasions précédentes qui étaient liées à des questions de formation de renseignement, d’abord à Illusionary Warfare Training à Nagshead, en Caroline du Nord, puis à Honolulu à l’installation radar à Oahu Wheeler Air Force Base, puis à Dallas et à Oak Cliff, une maison sur la rue Beckley Nord gérée par le groupe Alpha 66 d’Hernandez, qui avait travaillé à partir de Miami avant l’assassinat. »

On avait bien su AVANT que quelque chose se tramait

Si Plumlee semble disculper à la fois les cubains et la mafia (et se protéger lui surtout au passage !), et même si son récit est fantasmé, il n’empêche :  il indique clairement que la CIA avait été prévenue de l’imminence de l’attentat… et donc des textes envoyés par Eugene B. Dinkin !!!  Et qu’il y avait donc bien un complot en cours et que la CIA le savait !  Plumlee ajoutant ensuite que  « le rapport a été transmis au quartier général de Miami au quartier général de JM / WAVE et au bureau cubain de Miami de la CIA ».  Un autre avait prévenu à l’avance :  Edgar Hoover, via Hosty, son agent du FBI.  Hosty avait en effet rencontré Oswald à son retour d’URSS et l’avait interviewé, et avait à partir de là écrit un memo.  Auparavant une autre note sur Oswald et son voyage au Mexique lui avait été transmis.  « Cette note est reçue par l’agent James Hosty, qui suit le dossier d’Oswald.


Mais comme personne à l’antenne du FBI de Dallas n’est au courant de son voyage à Mexico ni des gens inquiétants qu’il y a rencontrés et encore moins des propos menaçants qu’il y a tenus, Oswald repart sans qu’aucune suite soit donnée à sa démarche.  Et surtout, sans que Hosty ou ses supérieurs réagissent et renforcent les mesures de contrôle sur l’ancien marine.  Alors que l’on sait déjà que le président Kennedy doit passer par Dallas le 22 novembre…  Il faudra d’ailleurs attendre 1973 pour connaître l’existence de cette note et de la démarche d’Oswald à l’antenne du FBI.  Car après l’assassinat de JFK, et sur les conseils de son chef Gordon Shanklin, l’agent James Hosty va faire disparaître dans les toilettes, après les avoir brûlés, tous les documents en possession du FBI de Dallas sur Oswald, dont la fameuse note remise par l’assassin quelques jours avant son geste. »  « La raison de cette destruction est simple : comme le raconte Philippe Shenon dans son livre « Anatomie d’un assassinat », les deux agents du FBI ont été effrayés à l’idée que la police fédérale avait eu l’assassin à portée de main et l’avait laissé filer.  Et, dira plus tard Kelley, ils ont surtout été paniqués à l’idée que, si Hoover l’apprenait, leur carrière au FBI était terminée.  En réalité, selon le successeur de Hoover, Hosty est une victime.  Si l’antenne de Dallas avait été informée de ce que Hoover savait sur Oswald, il ne fait pas de doute que le bureau aurait pris toutes les mesures nécessaires pour le neutraliser.  Le vrai complot est là : Hoover n’a rien fait pour éviter le drame de Dallas. »  Et ça, ça se tient davantage il semble que le récit de Plumlee!

Ceux qui avaient su ne sont plus là pour le dire

D’autres ont su des choses, mais c’est fou comme ils sont tombés comme des mouches après l’attentat comme on l’a dit (je reviendrai un peu plus loin sur leur sort).  Beaucoup étaient liés à Jack Ruby en fait.  La journaliste Dorothy Killgallen, celle qui avait interviewé Jack Ruby, mais aussi un autre journaliste, Jim Koethe, tué lors d’un cambriolage alors qu’il était un des rares à avoir visité l’appartement de Ruby la nuit qui avait suivi la mort d’Oswald, comme l’avocat de Ruby, Tom Howard, lui aussi visiteur du même soir au même endroit.  Un autre journaliste, Bill Hunter, du Long Beach Press Telegram, dans lequel il avait remarqué que « quelques minutes avant l’exécution d’Oswald par Ruby devant les yeux des millions à regarder la télévision, au moins deux avocats de Dallas semblaient parler avec lui. »  Il est mort dans des circonstances ahurissantes : alors qu’il était dans un commissariat appelé « the Public Safety Building« , deux policiers étaient entrés et l’un des deux l’avait froidement abattu, à moins d’un mètre de distance :  la police déclarant que c’était un accident, l’arme ayant « glissé » des mains du policier (le second affirmant qu’il n’avait rien vu, étant resté le dos tourné !!!) !!!.  Ou la strip-teaseuse Melba Marcades, retrouvée morte au milieu de nulle part alors qu’elle avait dit en interview qu’Oswald et Ruby se connaissaient très bien.  Ou encore la malheureuse jeune actrice 23 ans, Karyn Kupicinet, qui aurait averti un standard téléphonique que le Président John Kennedy allait être tué une vingtaine de minutes avant l’assassinat de Dallas, retrouvée morte dans son appartement de West Hollywood, en Californie, une semaine après Dallas.  Etranglée, avec une mise en scène à la Monroe (avec des médicaments bien voyants).  Son histoire d’appel lui avait été attribuée par l’auteur  Penn Jones, Jr. dans le libre « Forgive My Grief II », mais il s’agissait peut-être d’une autre personne ayant appelé : son père a toujours rejeté l’accusation.  A ce jour son meurtre n’est toujours pas résolu.  Ou encore Grant Stockdale, l’ancien ambassadeur des États-Unis en Irlande, proche de l’Irish mafia si chère au clan Kennedy, tombé de sa fenêtre au 13e étage de ses bureaux à Miami.  L’homme avait eu une réunion avec Bobby et Edward Kennedy quatre jours après la mort de JFK.  Il y a aussi le cas d’un employé de la CIA, Gary Underhill, ancien de l’OSS.  Celui-là avait analysé la situation et avait été très clair à son propos avec une proche :  « Oswald est un pigeon.  Ils l’ont mis en place.  Il est celui en « trop ».  Les salauds ont fait quelque chose de scandaleux.  Ils ont tué le Président !  J’ai écouté et entendu des choses.  Je ne pouvais pas croire qu’ils l’auraient fait, mais ils l’ont fait!  » Underhill croyait qu’il y avait un lien entre l’Executive Action, Fidel Castro et la mort de Kennedy: « Ils ont essayé à Cuba et ils n’ont pas réussi.  Juste après la baie des Cochons.  Mais Kennedy ne les aurait pas laissés faire .. . et alors qu’il avait eu vent de cela, et il allait vraiment leur donner un coup de sifflet final.  Et ils l’ont tué!  »  Le 8 mai 1964, Underhill était retrouvé raide mort.  D’une balle entrée sous l’oreille gauche alors qu’il était… droitier.

Une autre histoire à Love Field


Dans cette saga inextricable on peut parfois « connecter les points ensemble » comme disent les américains.  Relier différentes époques, ou différents trafics, ici.  Ce que raconte Daniel Hopsicker ici est en ce sens passionnant et semble jouer ce rôle. Enquêtant un jour sur Barry Seal, ce dealer devenu informateur de la CIA qui avait réussi à faire coincer le cartel de Medellin en y perdant la vie, le voici qu’il se retrouve auprès du Dr. Roger Morris et de Sally Denton, les premiers à avoir décrits les activités douteuses de la CIA à la Mena.  Et voici qu’il apprend que cela n’aurait pas été Tosh Plumlee mais un tout jeune Barry Seal qui aurait « ramassé » des tueurs de Dallas avec son avion (Plumlee ayant « pompé » l’histoire vraie de départ).  Selon un de ces anciens amis, John Odom, Seal aurait d’abord fait la navette de caisses d’armes vers Bâton Rouge à plusieurs reprises… pour David Ferrie.  Un emploi lucratif :  il empochait 400 dollars à chaque voyage (l’équivalent de 2500 dollars la semaine aujourd’hui, note Hopsicker.  Poursuivant sa quête, le voici à rencontrer Debbie, la veuve de Seal, qui lui dévoile une photo prise à Mexico.  Celle d’un groupe de personnes en smoking autour d’une table, appelés groupe de l’ « Operation Forty (1).  « C’est un des points clé de ce dossier : un groupuscule extrémiste dont certains émergent à la CIA, et non des moindres, puisqu’ils marqueront une longue présence en politique, notamment sous Nixon ou Bush (les deux Bush).  Selon Hopsicker, les assassins annoncés de Kennedy.



On y découvre à côté de Seal : Porter Goss (de 1962 à 1972 à la CIA; il reviendra sous G.W. Bush !), le responsable de la CIA, Felix Rodriguez, l’ancien policier sous Batista devenu mafieux et anti castriste (penché à gauche sur le cliché) qui détiendrait chez lui les mains coupées de Chez Guevara dans un vase, mais aussi Frank Sturgis, plombier du Watergate, cité dans l’assassinat de Kennedy, et également quelqu’un que l’on retrouve avec surprise, ou plutôt sans beaucoup de surprise, si on a lu le dossier qui précédait:  Une vieille connaissance, puisqu’il s’agit de William Seymour (à l’extrême droite sur la photo), souvenez-vous, l’homme de l’épisode 3 de notre saga, celui qui payait les veuves des pilotes morts de la Baie des Cochons en signant les chèques du nom de la société factice « Double-Chek Corporation » !!!   En voilà un beau de point de connecté avec le reste !!!  Selon Hopsicker, vers 14h le 22 novembre 1963, un petit avion Commanche qui faisait tourner son moteur depuis 1 heure, celle à laquelle Kennedy avait été annoncé mort, avait enfin décollé de l’aéroport de Redbird, près de Dallas voie 17, direction.. Love Field, à 8 miles au Nord seulement.  « A Redbird, il y avait les hangars des avions du General Harry Byrd, ce pétrolier texan amateur de safaris.’  Trois hommes étaient à bord au départ, mais deux seulement au retour de l’appareil.  Selon Hopsicker toujours  les « tueurs » venaient du camp Lacombe, en Louisiane.  Celui du camp d’antiscastristes sur-armés entraînés par la CIA.  Dans l’épisode 10 de cette saga, également, je vous ai déjà évoqué les dires de Fabian Escalante, le fondateur des services secrets castristes, celui qui a recensé plus de 600 tentatives d’assassinat contre Castro., qui recoupent cette histoire.

Posada, le tueur le plus protégé par les USA

L’homme clé du dispositif est Luis Posada Carriles, comme j’ai déjà pu l’écrire, car il continuera son action bien après Dallas en bénéféciant d’une indéfectible aide des USA.  Celui qui a le mieux traité de ces actions de subversion à Cuba ou en Amérique du Sud s’appelait Jean-Guy Allard (décédé en 2016), il était québécois d’origine et a beaucoup écrit sur le sujet.  Car selon lui, Posada a bien à voir aussi avec l’affaire de Dallas.  Mais il n’a pas été supprimé, lui, et pour une bonne raison :  « pour Wim Dankbaar, l’expert hollandais de l’assassinat de Kennedy, l’implication de Posada dans l’assassinat du président Kennedy à Dallas est ce qui préoccupe le plus l’administration nord-américaine ».  « Posada fait en ce moment ouvertement ce que j’avais déjà dit au début:  faire chanter l’administration Bush pour obtenir sa protection », a déclaré l’auteur d’un des sites web les plus documentés sur ce sujet (jfkmurdersolved.com).  « L’information la plus sensible » doit être le fait qu’il était présent sur la Place Dealey, qu’il sait tout sur l’assassinat de Kennedy et du rôle de Bush père dans l’affaire » (pour ce qui est de sa prétendue présence sur place, je ne suivrai pas cette piste, à laquelle il manque trop d’éléments).  « Cet homme aurait été éliminé comme Lee Harvey Oswald s’il n’avait pas en sa possession des preuves évidentes qui seraient publiées s’il venait à mourir », a-t-il affirmé.  L’article ajoute : « dans son autobiographie Los Caminos del Guerrero, Posada explique comment dans les années 60,  » nos amis nord-américains nous ont entraînés et exercés dans l’utilisation et le maniement des armes, des explosifs et des techniques d’incendie. (…).  L’Agence centrale des Renseignements (CIA), envoyait des explosifs (C3), des stylos piégés, des mèches, des cordons détonateurs, des détonateurs et tout le nécessaire pour des actes de sabotage ».  Dans un autre chapitre, Posada ajoute avec une franchise surprenante:  « Il y a des années, la neutralité affichée du pays n’était pas violée quand ils nous entraînaient pour envahir Cuba;  non plus quand l’Agence centrale de renseignements infiltrait des commandos et des saboteurs à Cuba, en leur fournissant des armes et des explosifs pour leurs actions ». Selon Escalante, dans une interview télévisée du 26 novembre 1993, les tueurs de Kennedy auraient été trois gangsters de  Chicago (Lenny Patrick, David Yaras (8), et Richard Cain), et deux cubains exilés (Herminio Diaz Garcia et Eladio del Valle, retrouvé mort dans sa voiture), mais la CIA aurait été au courant, aurait laissé faire et facilité l’événement.  Les deux cubains sont cités aussi dans l’ouvrage de Dick Russell,  « The Man Who Knew Too Much » (L’homme qui en savait trop, 1992) qui évoque le cas de  Richard Case Nagell, mais ce dernier est bien trop fantasque pour lui accorder crédit.

Les affaires de la CIA qui ont perduré bien après

C’est aussi l’amoncellement de victimes qui a suivi le décès de Kennedy qui n’a de cesse de surprendre : pourquoi donc assassiner autant de personnes après coup ?  Escalante a une explication, qui est certes Hollywoodienne, mais qui est pleine de bon sens en fait (mais dans le cas où c’est l’Etat qui est derrière et non la seule mafia) :  «à la fin, je pense qu’ils ont perdu le contrôle.  Le cas de Ben Laden est un exemple.  Il y a un livre intéressant écrit par le Nord-Américain David Wise, Le gouvernement invisible, qui explique cela.  Des organisations comme la CIA et le Mossad israélien, ou d’autres dans certaines régions du monde, acquièrent un pouvoir illimité parce qu’elles ont de l’information qu’elles peuvent manipuler ou cacher à leur propres présidents et qu’elles possèdent de plus la capacité d’agir sans contrôle pour obtenir des résultats secrets.  Il faut se rappeler le scandale appelé Iran-Contra où le Conseil de sécurité des États-Unis s’est impliqué dans une immense opération de contrebande de drogues, pour soutenir la guerre sale contre le Nicaragua sandiniste.»  «Imaginez, l’Agence centrale  de renseignement, dans les années 60, avec des bases disséminées dans le monde entier, gérant des opérations aussi délicates que les vols des avions espions U-2, avec des radars ultra-modernes, avec une grande base d’opération à Miami dotée d’un budget de 100 millions de dollars (équivalent à un milliard d’aujourd’hui), avec 55 entreprises fantômes qui produisent des revenus incontrôlés.

Où aura fini tout cet argent qu’a produit la guerre contre Cuba ?  «Il y a un film américain des années 70 qui est fabuleux et qui s’appelle précisément « Les jours du Condor », qu’interprète Robert Redford.  Il raconte comment une unité de la CIA qui se consacrait à étudier les romans policiers avait dévoilé, à cause d’une erreur ou d’une mauvaise interprétation, une opération ultra-secrète en marche.  La décision que prennent les chefs est de liquider tous les employés, qui ne sont rien d’autres que des lecteurs de romans, et plusieurs agents attaquent la maison où ils se trouvent et les liquident tous, sauf Redford, qui était sorti chercher le repas.  Et le film commence alors avec la fuite de Redford poursuivi par tous ses chefs.  L’anecdote reflète jusqu’où on peut arriver dans cet obscur et ténébreux monde souterrain ».  Il est vrai que le film est l’un des premiers à poser le problème de cette façon :  pourquoi donc amonceler autant de cadavres qui n’ont qu’un rapport succinct avec le problème de départ ?  Tout simplement car le problème d’origine est énorme; et que rien ne doit être laissé en route qui puisse faire remonter jusqu’au plus haut des décisionnaires.  Alors on tue, on supprime, on massacre de façon aveugle, bref, on « ventile », comme aurait dit Audiard !

La mise en place du plan à l’initiative de Robert Kennedy

Le double jeu des Kennedy a été constant, on l’a vu:  ces deux « hommes de paix » étaient restés aussi anticommunistes que leur père, aux amitiés nazies affichées avec Charles Lindbergh (lui aussi avait une solution en 1938 pour les juifs…).  Ca c’est bien sous les Kennedy que le concept de déstabilisation de l’Amérique du Sud s’est développé, selon Allard :  « Le concept d’organisation autonome a été conçu en 1963 et approuvé par le Procureur général Robert Kennedy, rappelle Escalante.  «Ce concept, en gros, établissait que la CIA créait des organisations contre-révolutionnaires cubaines qui devaient agir hors du territoire nord-américain.  La CIA leur assignait des officiers qui s’en occupaient, fixaient leurs objectifs pour l’action, les approvisionnaient en argent et en matériel de guerre et apprenaient les résultats de leurs actions dans le journal.»  «Et, précisément en 1974, nous avons su qu’on avait de nouveau activé ce concept d’opération qui constitue la genèse des organisations terroristes.»  Après Cuba, où ça a échoué, les USA se sont tournés vers le Chili, où ça a réussi comme le précise ici encore Escalante, interviewé :  « Comment avez-vous appris le séjour de Bosch au Chili?  «Nous ne savions pas qu’il était à Santiago du Chili.  Nous ne savions pas cela.  Mais nous savions, certes, que ces groupes où l’on trouvait Bosch, Alvin Ross, les frères Guillermo et Ignacio Novo Sampoll, avec Luis Posada Carriles et Ricardo ‘El Mono’ Morales Navarrete au Venezuela, Antonio Veciana Blanch en Bolivie, s’étaient préparés pour déclencher une opération contre Cuba.  Une opération que, Orlando Bosch nommera, en 1976, « La guerre sur les routes du monde ».»   «Nous avions de l’information et nous y travaillions.  Mais nous n’avions pas toute l’information et ses détails.  Malheureusement, nous n’avons pas pu découvrir l’ensemble des plans.  Il s’agissait de plans très secrets.  Mais même ainsi, on a commencé à préparer et à activer tous les agents infiltrés dans les réseaux de la CIA pour rechercher cette information.»

Des méthodes qui en rappellent étrangement d’autres


Dans les propos d’Escalante, il y a d’étranges découvertes, qui sonnent bizarre parfois, dont une davantage que les autres quand on se rappelle comment les américains se sont retirés l’épine du pied du commandant Massoud, qui commençait sérieusement à les embarrasser (ils préféraient ces opposants taliban, des chefs de guerre à qui il offriront des missiles Stinger pour leur racheter après).  Un attentat copié sur celui de la Penca au Nicaragua en 1984 (ici la confession de celui ayant aidé son auteur). (7).


«Je me rappelle qu’en 1971, des informations sont apparues relativement à un complot pour assassiner le Commandant (le président Fidel Castro) durant son voyage au Chili, dans lequel était impliqué Posada.  Après, des années plus tard, on a connu les détails.  Le complot était réellement diabolique.  Sa première phase consistait à utiliser une caméra de cinéma pour cacher un revolver avec lequel deux hommes de Posada, accrédités comme journalistes vénézuéliens, devaient agir contre le leader cubain durant sa première conférence de presse à son arrivée à Santiago du Chili.  Dans ce but, Antonio Veciana et son groupe Alpha 66 avaient introduit des armes et des explosifs pour disposer d’autres alternatives pour assassiner le commandant en chef, au cas où la première échouerait.»  «Un plan B a été soigneusement planifié par Posada Carriles, alors chef des opérations de la police politique vénézuélienne.  Un correspondant de l’agence soviétique TASS qui était aussi agent du KGB était à Caracas.  Posada s’est arrangé pour photographier ses deux agents tandis qu’ils conversaient avec le Russe dans le but, après l’assassinat, de déclencher une campagne médiatique accusant les Soviétiques du crime, à cause des «contradictions politiques existantes».  Posada et Veciana s’étaient mis d’accord avec le colonel des carabiniers chiliens Eduardo Sepulveda, responsable de la sécurité dans le local où Fidel donnerait la conférence de presse, pour qu’une fois arrêtés les assassins soient éliminés, ce qui éviterait toute indiscrétion.»
Trop bavard… sur Sinatra !

Difficile dans ses récits de faire la part du vrai.  Car tout est surprenant dans cette « après-attentat ».  L’un des cas les plus étranges étant celui de Jack Zangetty, gérant d’un petit motel à proximité du lac Lugert et proche du milieu local.


Celui-là dont le corps avait été retrouvé flottant sur le lac, criblé de balles, avait été trop bavard à l’évidence, en se ventant dès le 23 novembre, au lendemain du meurtre de Dallas, qu’il savait que trois hommes, parmi lesquels ne figurait pas Oswald, avaient abattu Kennedy.  Il était même allé plus loin en annonçant à l’avance qu’Oswald serait assassiné le lendemain;  mais aussi et c’est plus étrange encore qu’un membre de la famille de Frank Sinatra allait être enlevé afin de détourner l’attention des médias.  Le fils unique de Frank, grand ami des Kennedy rappelons-le sera effectivement kidnappé par Barry Keenan,  Clyde Amsler, et John Irwin, le 8 décembre 1963, dans l’hôtel Harrah’s  au bord du Lake Tahoe, et sera relâché contre 240 000 dollars de rançon.


S’il a eu raison pour Sinatra, difficile de ne pas croire à sa version précédente (Sinatra Junior est mort récemment, le 18 mars 2016) !  Pour le Washington Post, l’enlèvement de Junior reste « bizarre ».  Mieux encore : condamné à 12 ans de prison, Keenan n’en fera que 4 1/2 et fera fortune plus tard dans l’immobilier !!!  Mais il y a eu encore plus étonnant dans cette histoire :  la journaliste qui avait aussi écrit sur l’enlèvement s’appelait… Dorothy Kilgallen, et elle détestait depuis longtemps à l’évidence Sinatra et ses liens avec la mafia  !!!


« Depuis que le chanteur Dean Torrence (du duo Jan & Dean) a donné son témoignage sensationnel lors du procès de l’enlèvement Frank Sinatra Jr., les agents et les producteurs lui ont jeté « un froid ».  Car, évidemment, le mot est sorti.  Pas beaucoup de gens dans le showbusiness ne veulent encourir la colère de Frank Sinatra Sr. – ses tentacules atteignent trop de branches de l’industrie, des films aux dossiers « pour n’en nommer que quelques uns ».  Kilgallen était prémonitoire alors, sans le savoir… car les faits vont lui donner effectivement raison plus tard.  Le Chanteur Dean Torrence était en fait ami depuis longtemps avec Keenan.  Son témoignage avait consisté à laisser entendre que tout le kidnapping avait été une farce destinée à dorer le blason de Sinatra Junior alors qu’il l’avait… financé, en donnant de l’argent à Keenan, ce qu’il avait nié dans un premier temps.  Pour se défendre, fort maladroitement, il avait avoué qu’il ne chantait pas lui-même sur ses disques !!!


La pire prestation en cour de Justice, pour beaucoup !  Et de quoi surtout s’attirer à vie les foudres du clan Sinatra, avec qui on ne rigolait pas.  Le duo s’arrêtera effectivement le 12 avril 1966, après que Jan Berry, l’autre pendant de Dean, se soit accidenté avec sa Corvette Stingray, que de mauvaises langues estiment avoir été sabotée, voyant derrière l’œuvre des sbires de « Franky ».  « Kilgallen était bien connectée, et avait écrit « The Voice of Broadway » dès 1939.  Elle avait d’autres livres en vente, aussi bons.  Elle a été la première journaliste à signaler correctement en 1959 le fait que la CIA et la mafia complotaient pour assassiner le dictateur cubain Fidel Castro, et le directeur du FBI, J. Edgar Hoover a commencé à tenir un fichier sur elle.  Au début du mois d’oût 1962, elle avait été la première journaliste à attirer l’attention sur la relation du président John F. Kennedy avec Marilyn Monroe – et en quelques jours, c’est Monroe qui avait été retrouvée morte.  En 1965, Kilgallen elle-même est retrouvée morte, dans des circonstances mystérieuses, à l’âge de 52 ans.  On ne sait pas si sa mort est liée à une prise de drogue accidentelle, un suicide, ou un assassinat.  La cause du décès a officiellement été répertoriée comme « indéterminée ».  Mais elle avait récemment interviewé Jack Ruby, et avait été menacée de laisser « grand ouvert » le cas de l’assassinat de Kennedy »… 


Selon le Post, « Kilgallen est morte peu de semaines avant un deuxième voyage prévu à la Nouvelle Orléans pour une rencontre avec un informateur secret dont elle avait dit à un ami qu’il était plutôt un « clandestin. »  «Je vais révéler la vraie histoire et avoir le plus grand scoop de siècle», avait-elle dit à son avocat (Mort Farber).  Sa mort a arrêté tout ça .  « Les tueurs ont gagné, Parce que cela a éliminé et effacé tout document historique sur l’assassinat de JFK», dit Shaw.  Son livre sur JFK n’a jamais été publié' ».  Selon le Daily Mail, reprenant la thèse de l’auteur Mark Shaw, c’est le mafieux Carlos Marcello qu’elle s’apprêtait à rencontrer… Escalante n’était pas loin d’avoir vu clair, en rappelant les éliminations à la pelle du bureau secret des lecteurs-éplucheurs de la CIA  dans le Jour du Condor !!!





(1) en forum un intervenant précise le 20 mai 2010 en reprenant un texte de Lisa Pease en date du 8 janvier 1997 qui expliquait que « j’ai parcouru les enregistrements du FBI sorties en 1977 et j’ai trouvé des trucs intéressants sur Dinkin.  Il ne me surprendrait pas qu’il fût devenu «fou à lier» aujourd’hui, parce qu’il prétendait avoir été mentalement torturé par l’armée.  Ceux d’entre vous qui suivent notre dossier de Nagell verront que c’est exactement ce qui a été fait à Nagell, à la pelle.  Quoi qu’il en soit – c’est à partir d’une page 9 du document du FBI sur le gars, daté du 9/4/64.  C’est sous forme de rapport et on dirait que c’était ce qu’ils ont donné à la Commission Warren.  « Citation sur: EUGENE B. DINKIN » .  « En décembre 1963, Beth Cox, qui résidait en France avec un camarade de classe américain, avait un petit ami nommé Howard C. Cowen stationné à Metz, en France, avec l’armée américaine.  Betch Cox a été informée qu’une des connaissances de Howard C. Cowen avait «traduit ou décodé les titres du journal de G.I. pour y lire« que Kennedy sera assassiné à la Thanksgiving Day », et plus tard, il l’a changé pour y mettre le jour même de sa mort.  Le 4 mars 1964, le lieutenant-colonel WL Adams, Jr., adjoint au chef d’état-major, G-2, a fourni ce qui suit: « Le capitaine Howard C. Cowen, affecté au dépôt de l’armée américaine à Metz, le 18 février 1964, dans la soirée du 22 novembre 1963, a conversé avec une amie nommée Dennis De Witt, et, pendant la conversation, De Witt dit qu’un ami, Eugène Dinkin, avait prédit l’assassinat du président Kennedy pour le 22 novembre 1963, 1963.  Selon De Witt, Dinkin avait d’abord prédit que l’assassinat aurait lieu le 28 novembre 1963, mais plus tard aurait changé la date au 22 novembre 1963.  Selon le colonel Adams, le capitaine Cowen a rapporté la conversation ci-dessus aux fonctionnaires du 766e Détachement du Corps d’Intelligence de l’Armée à Metz.  Peu de temps après, le capitaine Cowen a également raconté sa conversation à une amie nommée Beth Cox. … Le colonel Adams a déclaré qu’Eugène B. Dinkin a fait l’objet d’une enquête close par le Bureau du chef d’état-major adjoint, G-2, de la Zone de communications de l’armée américaine, en Europe.  (Note de Lisa: j’ai également lu des allégations selon lesquelles il était de la NSA, en détachement auprès de l’Armée de terre en Europe.)  Il a également informé que selon les registres de l’armée locale à Metz, en France, le 18 février 1964, le PFC Eugene B. Dinkin, RA 16710292, a été réaffecté à l’hôpital Walter Reed, à Washington DC, en tant que patient le 3 décembre 1963, et qu’il a reçu l’ordre de se rendre à cette destination vers le 4 décembre 1963 (ignorant le diagnostic typique que le sujet était schizophrène, psychotique, avec antécédent de dépression, des délires de persécution – les choses typiques quand quelqu’un veut malheureusement discréditer tout ce que vous dites) ».

(2) «Cher Monsieur Salinger,
Je ne pense pas être une alarmiste, mais j’espère ardemment que l’on pourra dissuader le Président Kennedy d’apparaître en public à Dallas, tout autant que j’aurais apprécié de l’écouter et de le voir.
Cette « mafia » ici à Dallas est frénétique et furieuse parce que leur attaque contre l’ambassadeur Adlai Stevenson du 24 s’est retournée contre eux.  J’ai entendu dire que certains d’entre eux disaient que cela « ne faisait que commencer ».
Tous les policiers, les hommes en civil ou les militaires ne peuvent pas contrôler « l’air », Monsieur Salinger –c’est une pensée terrible, mais tout cela me rappelle le destin du président McKinley.
Ces gens sont fous, ou affolés, et je suis sûre que nous réaliserons combien leurs actions à l’avenir sont imprévisibles.»

(3) « C’était en mai ou juin 1963.  J’étais à Marseille.  Chaque soir, j’allais dans la boîte d’Antoine pour voir des gens qui me devaient de l’argent.  Un soir, Antoine m’a demandé de venir dans son bureau.  Il m’a dit qu’il avait un contrat important.  Il voulait savoir si ça m’intéressait. […]  J’ai demandé à Antoine qui était sur le contrat : un parlementaire, un sénateur ?  ‘‘Non, m’a-t-il dit, plus haut encore : la plus grosse légume.”  J’ai su immédiatement de qui il voulait parler.  Je lui ai demandé où ça devait se passer et quand.  Il a dit : « L’Amérique.” J’ai dit : “Non merci.”  C’était trop risqué !  Ailleurs, n’importe où, j’aurais pu l’envisager, mais, dans ces conditions, je n’étais pas assez fou… »

(4) Selon Spartacus, Rivele est revenu ensuite sur les deux autres noms, mais a maintenu celui de Sarti.  « Rivele a récemment commenté: «Je crois que Sarti a été impliqué, mais apparemment j’avais tort sur les deux autres.  Si je travaillais sur l’affaire aujourd’hui, je regarderais plutôt Paul Mondoloni de Montréal ...  Deux points que j’ajouterais: j’ai vu une émission télévisée documentaire l’année dernière sur l’enquête du KGB sur l’assassinat et j’ai été surpris d’apprendre qu’ils sont arrivés à la même conclusion que moi.  Deuxièmement, j’ai été contacté par un ancien agent de la CIA (qui a travaillé dans le mind control program entre autres), qui m’a dit que j’avais raison au sujet de l’assassinat.  Petite satisfaction mais mieux que rien« .  Le fameux « mind control program » étant celui dérivé de l’expérience de Milgram décrit dans I comme Icare !!!  Mondolini étant en effet un sérieux client…

(5) extrait de « A Farewell to Justice: Jim Garrison, JFK’s Assassination, and the Case That Should Have Change History » .. de Joan Mellen :  « Dans les années 1980, un Louisiana State Trooper retraité, nommé Norbert A. Gurtner a dit au FBI que, peu de temps avant l’assassinat, il avait été le copilote de David Ferrie sur un vol Beech D-18 de New Orleans Lakefront Airport à New Orleans Moisant et à Love Field, Dallas. Aucun des passagers ne transportait de bagages.  Ferrie n’a pas non plus introduit Gurtner à aucun d’entre eux.  Gurtner a identifié Lee Harvey Oswald et Clay Shaw, et un jeune homme nommé Perry Russo en tant que passagers, et alors que cette configuration nous fait nous arrêter, la révélation de Gurtner, apparemment sans arrière-pensée ultérieure, devrait être notée.  Gurtner se dit prêt à prendre un polygraphe si le FBI y avait intérêt.  Il n’y en avait pas. »

(6) Ici le récit de la découverte de l’origine, et celle d’une énième manipulation :  « George Whitaker, Sr., un cadre supérieur de l’usine Rouge de la Ford Motor Company à Detroit, Michigan, a déclaré à l’avocat (et professeur de justice pénale) Doug Weldon en août 1993 dans une conversation sur bande enregistrée, qu’après s’être rendu au travail le lundi 25 novembre, il avait découvert la limousine de JFK – un modèle unique, « one-of-a-kind article » qu’il a identifié sans équivoque – dans le bâtiment B de l’usine Rouge, avec l’intérieur dépouillé et dans le processus d’être remplacé, et le pare-brise enlevé.










Il avait alors été contacté par l’un des vice-présidents de la division pour lesquels il travaillait, pour faire immédiatement un rapport au laboratoire de l’usine de verre fabricante du pare-brise.   Après avoir frappé à une porte verrouillée (ce qu’il a trouvé de plus insolite), il est entré avec deux de ses subordonnés et découvert qu’ils étaient en possession du pare-brise qui avait été retiré de la limousine JFK (ici à gauche).  On leur avait dit de l’utiliser comme un modèle, et de faire un nouveau pare-brise identique à lui dans la forme – et ensuite d’obtenir le nouveau pare-brise pour le porter au bâtiment B pour l’installation dans la limousine présidentielle qui devrait être rapidement refaite.  Whitaker a dit Weldon (citant la bande audio de l’entrevue dde 1993):  « Et le pare-brise avait un trou de balle, en provenance de l’extérieur à travers … c’était un bon trou de balle, propre, droit tout droit, à l’avant.  Et vous pouvez vous doutez, que quand une balle frappe un pare-brise, comme quand vous frappez un rocher ou quelque chose, de ce qui se passe (…) celui-là avait un trou rond propre à l’avant et des traces de fragmentation à l’arrière.  « Whitaker a dit à Weldon qu’il était ensuite devenu responsable de la division et mis en charge de cinq divisions de planification.  Il a dit aussi a Weldon que le pare-brise d’origine, avec le trou de balle, avait été brisé et mis au rebut – comme il lui avait été ordonné – après que le nouveau pare-brise ait été fait. »  A l’occasion aussi, on avait aussi pu savoir ce qu’avait fait le fameux C-130 :  « le sixième témoin crédible du trou provoqué par la balle dans le pare-brise de la berline est l’ agent des services secrets Charles Taylor, Jr., qui a écrit un rapport le 27 novembre 1963 dans lequel  il a détaillé ses activités assurant la sécurité de la limousine immédiatement après le retour de la voiture à Washington à la suite de l’assassinat.  La limousine de JFK et la voiture suiveuse du Secret Service connue sous le nom « Queen Mary » sont arrivées à Andrews AFB à bord d’un avion cargo à hélice C-130 à environ 20h00 le 22 novembre, 1963.



L’agent Taylor est monté dans la limousine présidentielle alors qu’il s’est rendu d’Andrews AFB au garage de la Maison blanche à 22 et M Streets, NW ».  Dans son rapport à propos de ce qu’il a vu dans le garage de la Maison Blanche lors de l’inspection du véhicule, il a écrit: « en outre, une note particulière avec que le petit trou juste à gauche du centre du pare-brise, à partir duquel ce qui semblait être des fragments de balles ont été enlevés. »  Le docteur Evalea Glanges, alors étudiante, sur History Channel confirme entièrement ce trou dans le verre du pare-brise « from the front to the back« .  Les services secrets s’étaient bien vite emparés de la voiture, selon elle.

7) : « Hull, impliqué dans l‘attentat dit de la Penca du 30 mai 1984, dont l’histoire devrait davantage retenir le procédé imaginé, car il rappelle une autre élimination que l’on peut tout autant attribuer à la CIA et non à de simples islamistes téléguidés venus de…. Belgique :  « la bombe est supposée avoir été cachée dans une caisse d’appareil de caméra en d’aluminium et déposée par un individu portant un passeport danois volé.  Selon des témoins, le plastiqueur avait utilisé le nom d’Anker Hansen et avait prétendu qu’il était un photographe danois.  Ensuite, un des survivants a fait des remarques comme quoi ils avaient trouvé étrange qu’ « Hansen » avait gardé jalousement « l’équipement d’appareil de sa caméra », enveloppant la boîte peu maniable d’aluminium dans du plastique.  « Hansen » est supposé avoir déposé la caisse de caméra contenant la bombe au-dessous de la table.  La séquence du déroulement a montré plus tard que le plastiqueur soupçonné avait fait signe pour indiquer une défaillance d’équipement comme prétexte pour quitter la pièce.  Le plastiqueur est soupçonné pour avoir faire exploser la bombe d’avoir utilisé à distance un signal radio comme détonateur. »  Si on regarde de près la tentative d’assassinat, on découvre en effet un schéma très proche de celui de celui du commandant Massoud, 17 ans plus tard.  La CIA, invariablement, récite les mêmes recettes, parfois empruntées directement à l’histoire (en l’occurrence aussi ici l’attentat contre Hitler !).  Massoud, tué le 9 septembre 2001, deux jours avant l’attentat contre les tours du World Trade Center à New York et l’attaque contre le Pentagone »… En 2009 le journaliste Peter Torbiörnsson qui a survécu au drame a affirmé que c’étaient les sandisnistes qui étaient les auteurs de l’attentat et non la CIA.  Ce qui n’empêche en rien la CIA d’avoir imité le principe avec Massoud…



(8) très troublant, selon Spartacus, « la nuit avant l’assassinat du président John F. Kennedy, Yaras téléphona un autre homme connu, Robert Barney Baker.  Quelques jours plus tôt, Jack Ruby avait également reçu un appel téléphonique de 17 minutes de Baker.  Yaras a été interrogé par le FBI et j’avait admis qu’il avait connu Ruby il y a 15 ans à Chicago.  Cependant, comme Bernard Fensterwald a souligné:  « Le FBI n’a jamais questionné Yaras à propos de ses connexions personnelles à la Mafia, ne lui  a pas demandé s’il pensait que Ruby était connecté avec la Mafia.  Yaras, comme on peut le deviner, a dit qu’il doutait que Ruby ait pu avoir de telles connexions ». Spartacus ajoute :  « La soeur de Jack Ruby, Eva Grant Rubinstein, à la Commission Warren a dit que Yarras et Lenny Patrick, étaient deux de ses amis les plus proches à Chicago.  Cette preuve a été ignorée et l’un des membres de la Commission, l’avocat général J. Lee Rankin  a dit que Ruby avait des liens seulement avec «la pègre mineure».



Nota : « L’opération 40 est une opération clandestine montée par la Central Intelligence Agency créée au début des années 1960 par le président des États-Unis Dwight D. Eisenhower et dirigée par le vice-président Richard Nixon pour empêcher la prolifération des idées communistes dans les pays voisins des États-Unis, tels que le Mexique, l’Amérique centrale et les Caraïbes.  À Cuba notamment, l’équipe de l’opération 40, composée principalement de Frank Angelo Fiorini (Frank Sturgis) (cambrioleur du scandale du Watergate) et de Félix Rodríguez (soupçonné de la capture et de l’exécution de Che Guevara) débarque lors du célèbre débarquement de la baie des Cochons pour effectuer une tentative d’assassinat sur Fidel Castro.  L’opération 40 était constituée de 86 employés en 1961, parmi lesquels 37 ont été formés pour être officiers traitants.  Le 11 décembre 1959, le colonel J. C. King, chef de la Division de l’hémisphère occidental de la CIA, a envoyé un mémorandum confidentiel à Allen W. Dulles, directeur de la Central Intelligence Agency.  King a soutenu qu’à Cuba il existait une «dictature d’extrême gauche qui, si elle était autorisée à rester, encouragera des actions similaires contre des participations américaines dans d’autres pays d’Amérique latine».  À la suite de ce mémorandum, Dulles a créé l’opération 40.  Il a obtenu ce nom parce qu’il y avait à l’origine 40 agents impliqués dans l’opération.  Plus tard, cela a été élargi à 70 agents.  Le groupe était présidé par Richard Nixon.  Tracy Barnes est devenue chef de l’exploitation de ce qu’on appelait aussi le Groupe de travail cubain.  La première réunion, présidée par Barnes, a eu lieu dans son bureau le 18 janvier 1960, à laquelle assistaient David Atlee Phillips, E. Howard Hunt, Jack Esterline et Frank Bender.  Selon Fabian Escalante, haut fonctionnaire du Département cubain de la Sécurité de l’Etat (G-2), en 1960 Richard Nixon a recruté un «important groupe d’hommes d’affaires dirigé par George Bush (Snr.) et Jack Crichton, les fonds nécessaires à l’opération « .  Ceci suggère que les agents de l’opération 40 ont été impliqués dans le travail indépendant.  On sait qu’à cette époque, George Bush et Jack Crichton étaient impliqués dans des activités de droite dissimulées.  En 1990, le magazine The Common Cause a soutenu que:  «La CIA a mis le millionnaire et l’agent George Bush en charge du recrutement des Cubains exilés pour l’armée d’envahissement de la CIA;  Bush travaillait avec un autre magnat du pétrole texan, Jack Crichton, qui l’a aidé en termes d’invasion .   » Cette histoire était liée à la publication d’un mémorandum dans ce contexte adressé au chef du FBI J. Edward Hoover et signé en novembre 1963, qui se lit comme suit:  M. George Bush de la CIA. Reinaldo Taladrid et Lazaro Baredo affirment qu’en 1959, George Bush a été invité à « coopérer pour financer les groupes hétéroclites naissants que la CIA a décidé de créer« .  L’homme «assigné à sa nouvelle mission» était Féliz Rodríguez.  Daniel Hopsicker estime également que l’opération 40 impliquait un financement privé.  Dans le livre, Barry and the Boys:  The CIA, The Mob and America’s Secret History, il prétend que Richard Nixon avait créé l’opération 40 à la suite de la pression des corporations américaines qui avaient souffert de Fidel Castro ».


PS : Au sujet des 3 jours du Condor je ne résiste pas au plaisir de vous soumettre cette crétinerie profonde :

http://blogs.lexpress.fr/styles/cafe-mode/2011/08/22/les-trois-jours-du-condor-film-bien-sape-1975/


Faire plus imbécile va être très difficile, je pense. Et c’est « Responsable éditoriale Web« , celle qui a commis ça !!! La même a aussi écrit plus loin « Contrairement à la plupart des gens, j’ai toujours eu une approche assez confiante des réseaux sociaux. » La pauvre !


Partie 24


Je vous ai parlé de Cord Meyer et de l’Opération Mockingbird, celle qui souhaitait prendre le contrôle des journalistes et de leur journaux ou de leurs magazines.  Dans les années 60, l’un d’entre eux a fait figure de phare éclairant le peuple américain:  il s’appelait Ramparts, et on y trouvait de belles signatures (comme celle, française, de Jean Lacouture, par exemple).  Créé en juin 1962 par Edward M. Keating, disparu en 2003, et visant un « lectorat catholique », positionné résolument à gauche (il défendra les Black Panthers !), le magazine se montrera également sous la direction de son rédacteur en chef Warren Hinckle fervent opposant à la guerre du Viet-Nam, et révélera les manigances du pouvoir sous Johnson pour l’entretenir, telle la création du Michigan State University Group (ou Michigan State University Vietnam Advisory Group) en fait un des relais directs de la CIA au sein de l’Université US.  Bien entendu, la publication sera accusée d’avoir été financée par les communistes soviétiques, ce qui était faux bien sûr :  sa surprenante notoriété (400 000 exemplaires vendus au sommet de sa gloire) lui apportait les fonds nécessaires à son développement (c’est comparable au Canard Enchaîné comme fonctionnement !).  Elle fera aussi l’objet d’une enquête du FBI, violant ainsi le National Security Act of 1947.  Chez Ramparts, une enquête approfondie de 3 années, dont il reste une série de superbes articles dont un en particulier, intitulé « Dans l’ombre de Dallas« , plus celui de David Welsh, intitulé « The Legacy of Penn Jones » (1), font le décompte des personnes disparues autour de l’assassinat, prenant dix exemples en particulier.  En voici l’étonnant récit (2), dont France-Soir avait un peu vite expédié le contenu le 28 octobre 1966 en affirmant des faits « qu’ils n’apportent vraiment pas d’éléments nouveaux »…



« Le grand Bill meurt sans comprendre »



« La première victime fut Bill Hunter, un journaliste (ci-dessous).  Bill avait trente-cinq ans.  Carré comme un joueur de base ball, toujours vêtu d’une gabardine blanche et coiffé d’un petit feutre mou, il ressemblait un peu à l’acteur Alan Ladd.  Le jour de l’attentat contre le Président, il se trouvait à la rédaction de son journal, le Long Beach Press Telegram, son rédacteur en chef le fit appeler d’urgence: Ça se passe chez vous, dit-il.  Foncez, mon vieux !  Je veux la meilleure enquête...


En effet, si Bill Hunter n’était pas véritablement originaire de Dallas, il y avait longtemps travaillé, à la rédaction du quotidien local, le « Times Herald ».  Immédiatement, le reporter téléphona à son vieil ami Jim Koethe, rédacteur au « Times Herald », pour lui annoncer son arrivée.  Puis, il prit l’avion pour Dallas » (…).  Les deux journalistes, qui connaissaient parfaitement la ville, commencèrent aussitôt leur enquête (…) les voici à se rendre dans l’appartement de Jack Ruby : « d’un geste fatigué, une fille lui indiqua l’appartement que les deux associés partageaient.  C’est Georges Senator qui vint lui ouvrir. -Journalistes ?… Entrez. Jim Martin, l’avocat de Jack, est déjà arrivé. 



En effet, quelques instants après le crime, nullement étonné, l’avocat se trouvait déjà au domicile du tueur et commençait à parler de sa défense.  Jim et Bill échangèrent un coup d’œil.  Ils étaient sidérés -comment avez vous appris là nouvelle ? questionna Bill. -euh !… La radio, bougonna Senator.  Hunter inspecta l’appartement en désordre des deux célibataires.  Aucun récepteur de radio ne s’y trouvait. Il en fit la remarque » (à droite l’appartement de Ruby montré dans le Dallas Times Heral » du 24 novembre.  Selon Rose, la propriétaire, aucun officier de police présent lors de leur visite n’avait en effet pris de photo dans cette enquête bâclée).  Et ainsi de suite : « ils purent acquérir la certitude qu’aucune des filles du Carrousel n’avait vu Senator pour le mettre au courant du crime » (…).  Sa conviction était faite : Georges Senator et l’avocat Martin savaient tout des projets de Jack Ruby.


Cela malheureusement, il ne pouvait le publier avant les résultats officiels de l’enquête.  Il fallait donc attendre et provoquer un incident pour brusquer les choses.  Bill convint avec son ami Jim d’un artifice très simple :  il demanderait à témoigner devant la Cour… » Ceci pour la première partie des faits.

La seconde est tout aussi renversante sinon sidérante :  « cinq mois plus tard, Bill Hunter était assis dans la salle de presse du commissariat de police de Long Beach, en Californie.  Cet immeuble s’appelle « Maison de la sécurité publique ».  Bill venait témoigner devant un magistrat.  En attendant d’être appelé, il lisait un journal dans ce local, où il avait ses habitudes.  Soudain, deux policiers entrèrent dans la pièce.  Bill, renversé sur sa chaise, leur fit un petit bonjour de la main.  Mais l’un d’eux dégaina subitement son revolver et le braqua sur lui.  « Il veut jouer » pensa le journaliste.  Le grand Bill Hunter mourut sans comprendre.  La balle qui lui troua la tète, juste entre les deux yeux, traversa la cervelle et fit exploser la nuque. – C’était un accident, affirmèrent, sous serment, les deux policiers (à droite l’entrefilet du journal de LONG BEACH évoquant leur simple suspension). – Mon collègue, précisa le second, était en train de me montrer avec quelle rapidité il pouvait dégainer son arme… Le coup est parti. –Mon arme m’a échappé, dit le tireur, interrogé séparément.  C’est au moment où elle a heurté le sol qu’une balle s’est échappée.  La Cour estime ces explications suffisantes », affirmait en effet Ramparts.  Le second exemple est tout aussi sidérant…

« Le cadavre de Jim était roulé dans une couverture »


L’autre  journaliste qui travaillait au Dallas Times Herald a subi le même sort en effet.  La mort de son ami Hunter, tué le 23 avril 1964 par l’officier de police Creighton Wiggins, sous les yeux de son collègue Errol F. Greenleaf qui avait déclaré n’avoir rien vu, « ayant le dos tourné« , l’avait littéralement révolté.  « Jim Koethe (ici à droite) serre les poings en apprenant la mort de son ami.  Pour le venger, il jugea prudent d’attendre un moment propice de témoigner à son tour. Très discrètement, suivant son habitude, il entreprit d’utiliser ses loisirs pour enquêter, dans Dallas, sur toutes les étrangetés du meurtre de Kennedy.  Jim était un garçon solitaire.  Célibataire endurci, jamais personne ne lui rendait visite dans son petit appartement des faubourgs.  Lorsqu’on frappa à sa porte, le 15 septembre 1964, à 22 h -30, il était dans son bain.  D’abord, disent ses voisins, il ne répondit pas.  Puis, sans doute lassé d’entendre les six notes de la sonnerie musicale, il enfila un peignoir, et vint ouvrir (selon certains la date exacte de la visite est le 20 septembre).


Le corps de Jim Koethe ne fut découvert que le lendemain soir, par sa femme de ménage, dont le hurlement ameuta les voisins.  Il était roulé, sur le sol, dans une couverture.  Le studio était jonché de papiers en désordre.  Une grosse chemise cartonnée, vide, portait ce titre : « La vérité sur le meurtre » (ci-contre la photo de sa machine à écrire, au bas de son lit, lors de la perquisition de sa chambre, le papier ayant visiblement été enlevé, les touches encore enclenchées :  il était encore en train de rédiger !). « C’était le titre déjà déposé du livre que Jim voulait publier.  Son manuscrit, bien sûr, demeura introuvable ». Voilà déjà un deuxième témoin d’expédié, et d’une bien étrange manière avait découvert Welsh : « l’autopsie du corps du journaliste révéla qu’il était mort à la suite d’une manchette de « karaté » reçue à la gorge.  La prise avait été portée par un spécialiste de ce sport de combat. L’enquête de police restait sans résultats, quand, quinze jours plus tard, les collègues de Koethe, du journal – Times Herald, apprirent l’arrestation d’un petit voleur nommé Larry Reno.


Agé de vingt-deux ans.  Reno ressemblait à tous les bons-à-rien de Dallas : c’était un jeune voyou, ancien « marine » tatoué.  Il avait la réputation d’ être un excellent judoka.  Lorsque la police l’arrêta, il revendait chez un fripier des vêtements qui correspondaient mal à sa petite taille.  Cette vérification de routine serait probablement, passée inaperçue, si un reporter de faits divers du « Times Herald « , dépêché sur les lieux, n’avait remarqué dans le lot un complet appartenant à Jim Koethe.  Malgré la campagne déclenchée par le quotidien, la Justice du Texas ne jugea jamais Reno pour le meurtre de Jim.  C’est pour cambriolage qu’il fut condamné… à la prison à vie.  Si Larry Reno risquait de trahir un maillon de la chaîne.  Il n’existe pas de meilleur moyen pour le réduire au silence ».  Exits l’assassiné et l’assassin !  Certains remarqueront que Karyn Kupcinet était morte le 30 novembre 1964 elle aussi d’un coup violent porté sur le côté gauche du cou (sur l’os hyoïde).  Selon W. Penn Jones, son père, Irv avait connu Jack Ruby dans les années 40 et aurait laissé à sa fille des informations le concernant.  Dans son livre Forgive my Grief, Jones rapporte que « quelques jours avant l’assassinat, Karyn Kupcinet, 23 ans, a essayé d’obtenir un appel téléphonique longue distance à partir de la région de Los Angeles.  Selon les rapports, l’opérateur longue distance a entendu Mlle Kupcinet crier dans le téléphone que le président Kennedy allait se faire tuer « .

« Brusquement l’avocat trop bavard s’affaisse »


« Un autre homme, l’avocat Torn Howard (ici à gauche répondant aux journalistes), disait en savoir long sur l’affaire Kennedy.  L’avocat Jim Martin, défenseur de Jack Ruby, lui avait curieusement cédé sa place.  Torn Howard était un grand ténor du barreau de Dallas. C’est pourquoi, d’ailleurs, Georges Senator, l’ami de Ruby, fit appeler ce dernier immédiatement après le départ des journalistes, le soir même du meurtre d’Oswald, le 24 novembre 1963.  Howard, c’est le nom que prononcent tous les gangsters du Texas lorsqu’ils se trouvent en état d’arrestation.  L’homme est grassouillet, sous son large feutre blanc.  Mais son regard dur, derrière de fines lunettes, en dit long sur l’astuce qu’il sait déployer quand il prend une affaire en mains.  Sa première consigne au prévenu est toujours : « -Taisez-vous.  Je répondrai pour vous… » Appelé en consultation, chez Ruby et Senator, par Jim Martin, Howard commença par prier son confrère de lui expliquer l’affaire.  Il semble qu’ensuite, les choses se gâtèrent.  Jim Martin voulut-il imposer au grand avocat un système de défense pour Ruby ?  C’est probable.  Les deux hommes, en tout cas se heurtèrent.  Dès le lendemain, l’attorney Howard affichait une mine de dogue en colère, lorsqu’il se rendit au Palais de Justice afin de demander son permis de visite pour assister Ruby à son premier interrogatoire.  Son client lui imposa son propre système de défense.  Le thème, on s’en souvient, était : « J’ai tué Oswald pour venger Kennedy »…  C’est sans doute sur un refus d’Howard qui, peu après, ce dernier fut « remercié » par la famille de Jack Ruby, et dut se démettre de son dossier au profit de Melvin Belli, l’avocat le plus célèbre et le plus cher des Etats-Unis :  le défenseur traditionnel des membres de la Maffia…(ici à droite avec l’avocat Joe Tonahill – à gauche – et Ruby – au milieu).


Belli était surnommé « the King of Torts« , il était partisan de présenter Ruby comme fou et plaider carrément l’acquittement, Tonahill visant deux ans d’emprisonnement seulement).  « Bafoué dans son amour-propre professionnel, Torn Howard ressentit comme une injure intolérable d’être remplacé dans « l’affaire du siècle » par un avocat qu’il méprisait, et jalousait, secrètement.  Le 26 mars 1964, dans les couloirs du Palais de Justice de Dallas, il fit connaître qu’il savait beaucoup de choses, et qu’il n’était plus totalement lié par le secret professionnel ».  Le genre de choses qui le conduira à sa fin, en fait, dans cette affaire qui remonte dans les plus hautes sphères du pouvoir, pas décidées semble-t-il à laisser fuiter quoi que ce soit, notamment en ce cas, en ce qui concerne Ruby.  « Le 27, au poste de police du Palais, les policiers virent venir Torn Howard.  Il s’avançait d’un pas hésitant, en portant fréquemment les mains à son cou, comme s’il étouffait.


Il entra dans la pièce comme  un automate et tenta de dire quelque chose. Puis, brusquement, il s’affaissa.  Le médecin de service, appelé en hâte, ne put que constater, en reposant son stéthoscope -Mort de crise cardiaque, probablement… Si tout ce que Dallas compte de personnalités dans le monde judiciaire se fit un devoir de suivre le convoi du grand avocat, aucune autopsie ne devait être pratiquée pour tenter de savoir à quoi, exactement, il avait bien pu succomber.

Howard n’était pas malade, affirmèrent ses proches« .  A noter un autre fait étrange : c’est en effet grâce à l’avocat Joe Tonahill que Dorothy Kilgallen allait réaliser l’interview de Ruby qui allait provoquer plus tard la mort de la journaliste trop bavarde, elle aussi (encore une journaliste de décédée !)… En septembre 1965, dans une fort étrange interview arrangée dans sa prison, Ruby déclarera : «Je suis la seule personne dans le fond qui connaît la vérité concernant tout ce qui concerne ma situation …. Le monde ne connaîtra jamais les vrais faits qui sont survenus … sur mes motivations ……. des gens ont eu beaucoup à gagner, et avaient aussi pesé le motif inavoué de me mettre dans la position que je suis.  Les vrais faits ne seront jamais portés à la face du monde « … une interview qui renforçait fort la thèse de Belli d’un Ruby complètement dérangé !!!

« Mind control » ?


La déclaration surréaliste ce jour-là de Jack Ruby pose en effet de sérieuses questions sur son état mental.  Ces mots choisis semblent davantage récités que naturellement exprimés.  Sa gestuelle est aussi surprenante lors de ce discours. L’encadrement également par ses supposés avocats – je n’ai pas réussi à déterminé qui l’assistait ce jour-là-  laisse aussi entendre une présence en tout cas sous contrôle.  Cela sonne étrangement, en effet.  Moins étrangement quand on apprend que Ruby avait été « visité » auparavant dans sa cellule par le Dr. Louis Joyon « Jolly » West pour être interrogé … au nom de la CIA.

Ce sinistre inconnu de la psychiatrie n’en était pas vraiment un quand on découvre qu’il a fait partie d’un obscur « sous-projet 43 », dont les intitulés étaient «Études psychophysiologiques de l’hypnose et la suggestibilité » et « Etudes sur la dissociation, » des axes de recherche en réalité du projet MK Ultra (3), effectués à la Cornell University.  Selon des témoignages;  notre fameux inconnu avait alors déjà « consacré quatre décennies à l’étude, l’écriture et l’expérimentation sur la dissociation, l’hypnose, le contrôle de l’esprit communiste, les hallucinogènes, la privation sensorielle, et les méthodes d’influence sociale », et avait conclu que « les méthodes utilisées par les sectes destructrices donnent lieu à la création de nouvelles identités et des états de dissociation ». Selon l’agence Reuters du 7 janvier 1999 « après avoir examiné (Jack) Ruby, l’assassin de l’assassin du président John F. Kennedy, Lee Harvey Oswald, West a conclu que Ruby souffrait de« maladie mentale grave précipitée par le stress de (son) procès ». 


Joyon s’était fait connaître dans les années 50 en examinant 36 soldats sur les 59 capturés et relâchés en Corée qui étaient revenus avec des lavages de cerveau évidents selon les américains, puisque tous avaient signé un texte transmis à l’ONU comme quoi ils avaient commis des crimes contre l’humanité.  Il travaillait alors sur la base de Lackland, à San Antonio au Texas.


L’homme (ci-dessus) était un autoproclamé défenseur des droits de l’homme.  Pour ce qui est de son état mental propre, il faut aussi savoir qu’il s’était fait déjà remarquer l’année précédent l’assassinat, en août 1962 exactement, quand avec deux collègues il avait expérimenté l’injection massive de LSD sur… Tusko, un éléphant du zoo de Lincoln Park à Oklahoma City. La bête, qui avait reçu une dose 3000 fois supérieure à celle destinée à un être humain, en était morte très rapidement !  Selon certains, le médecin aurait plutôt du figurer dans « Orange Mécanique » que dans la prison de Ruby…  car le « score » de Joyon est assez sidérant :  on le retrouvera appelé pour examiner Siran Siran, l’assassin de Bobby Kennedy (un assassinat lui aussi plus que suspicieux, la thèse du second tireur ayant aussi fait son chemin depuis), mais aussi pour s’occuper de Patty Hearst…

La logeuse d’Oswald


Le texte qui suit dans le magazine cité, ensuite, se trompe de personne, à vrai dire, confondant la logeuse de Ruby avec celle d’Oswald.  Earlene Roberts, logeuse d’Oswald, avait pourtant apporté un témoignage fort important en fait.  Elle avait en effet témoigné devant la Commission Warren sur le fait qu’ Oswald était arrivé chez lui vers 13h00 le 22 novembre 1963, puis  était resté seulement quelques minutes, mais pendant qu’une voiture de service de la police de Dallas était restée garée devant la maison.  Dans la voiture, selon Roberts, il y avait deux policiers en uniforme.  Elle indiquera aussi que le conducteur avait actionné le klaxon de sa voiture deux fois avant de démarrer,  Oswald quittant juste après l’appartement pour prendre le bus, semblant avoir suivi le signal.  Selon elle, le numéro de plaque de la voiture était le 106. Selon certains, elle aurait pu décrire la voiture conduite par J. D. Tippit, qui portait le numéro 10).  Bien entendu, la police de Dallas avait nié avoir eu une voiture dans le secteur à cette heure-là.  En somme, la logeuse avait évoqué un lien entre Tipitt et Oswald.  Earlene est décédée d’une crise cardiaque le 9 janvier 1966 (au Parkland Hospital !).

« Le sosie de Reynolds est abattu à sa place »


Le récit de Ramparts est celui ensuite des circonstances très floues ayant entouré le meurtre du policier Tipitt, une étrange et obscure affaire, incluse dans une affaire qui ne l’est pas moins : « la version officielle de l’assassinat du Président Kennedy mentionne qu’après avoir tiré, et avant d’être  arrêté, dans un cinéma, Oswald a tué un agent patrouilleur, nommé Tipitt, d’un coup de pistolet.  Cette scène avait un témoin, du nom de Warren Reynolds.  Warren habitait le « bloc » qui se  trouve à l’angle d’Estside Avenue, sur les lieux mêmes où se déroula  le drame.  C’est un ouvrier, marié et père de famille.  Maigre, et souvent malade, il vivait sans histoires.  Ce 20 novembre, il sortait acheter des cigarettes.  Soudain, il vit un homme qui traversait en courant le carrefour, en dehors du passage réservé aux piétons.  Un policier (…) s’est alors rabattu vers l’inconnu.


Ce policier, c’était Tipitt.  Il s’est arrêté à la hauteur de l’homme pressé, et l’a interpellé.  Il avait une bonne raison d’agir ainsi.  Dès l’assassinat du Président, survenu une heure plus tôt un message-radio avait invité les patrouilleurs de la police à vérifier tous les individus suspects.  Tipitt, Texan à la forte carrure, attendait sur son véhicule que l’homme vint à lui.  Il en parut surpris de le voir s’éloigner, en ignorant son injonction.  Bondissant de son engin, il s’élança vers lui : – Eh, vous ?… Vous êtes sourd ?  II ne put en dire plus.  L’homme avait fait volte-face, un pistolet à la eu main, le coude calé au corps.  Il fit feu.  Tipitt trébucha, fit encore deux enjambées maladroites, et tomba, face contre terre, mort.  Warren Reynolds, de l’autre côté de la rue, n’en croyait pas ses yeux, et machinalement, il suivit parallèlement le tueur, qui continuait sa course en le fixant attentivement.  Puis, il le perdit de vue ».  Voilà pour les circonstances, mais la deuxième partie de l’histoire est encore plus folle :  « dans sa déposition à la police, le soir même, Reynolds affirma, après avoir vu Oswald, qui venait d’être arrêté « Non, ce n’était pas lui.


J’ai suivi l’assassin de Tipitt pendant toute la longueur d’un bloc, je suis formel ! »  Bref en résumé, voici un témoin qui ose contredire la thèse officielle du meurtre de Tipitt par Oswald, absolument nécessaire, rappelons-le, pour appuyer la thèse d’un Oswald capable de tuer de sang froid.  Et là encore, tout individu contredisant cette thèse se retrouve condamné… au silence.  Et effectivement : « c’est le 18 juillet 1964 qu’un accident lui arriva.  A 19 h 55, il montait l’escalier de son immeuble :  l’ascenseur était bloqué.  Des pas derrière lui l’inquiétèrent :  quelqu’un gravissait les marches à la même cadence que lui.  Warren avait peur.  Il n’osait pas se retourner, ni grimper plus vite.  Il faisait sombre.  Un éclair rouge lui brouilla subitement la vue.  La balle, qu’on venait de lui tirer dans le crâne n’était pas mortelle.  Elle avait ricoché sur la boite crânienne, en l’assommant.  C’est l’immobilité qui lui sauva la vie, puisque le tueur jugea inutile de lui donner le coup de grâce.  Cette fois, la police de Dallas fit diligence.  Parce que Reynolds, miraculeusement indemne, pouvait ameuter la presse, déjà « sensibilisée », il fallait faire vite.  Le surlendemain, Darrel Wayne Garder était arrêté.  Darrel, vingt-huit ans, avait un casier judiciaire.  C’était un homme de main turbulent, au front buté.  Il exerçait la profession de rabatteur pour les « boites de strip-tease « , pour le Carroussel de Jack Ruby, entre autres.  Il était en mauvais termes avec sa belle-sœur.  Celle-ci se vengea en apprenant à la police que Darrel se vantait d’avoir tiré sur Warren.  Interpellé, le rabatteur suivit les agents sans murmurer.  Mais il avait un mauvais sourire.  Interrogé, il déclara : -J’ai un alibi en acier : allez donc demander à Nancy Mooney (en fait « Betty », de son vrai nom Nancy Jane MacDonald Mooney), au Carrousel, où j’étais le 18 juillet, à 20 heures… Nancy est une « strip-teaseuse » de la boite de nuit de Jack Ruby (celle appelée « Tammy True »). 


C’est une de ces douze filles outrageusement maquillées que l’assassin d’Oswald appelait « ses femmes.  Lorsqu’on la questionna, elle confirma docilement, comme si elle récitait la leçon, qu’effectivement. à l’heure dite, elle se trouvait en « conversation tendre » avec Darrel Wayne Garder.  Sur ce témoignage, l’agresseur de Warren fut libéré.  En apprenant cela, Warren qui venait de quitter l’hôpital, un énorme bandage autour du front, se sentit encore moins courageux qu’à l’ordinaire : – Je viens modifier ma déposition, dit-il aux policiers ébahis.  J’affirme que c’est bien Lee Oswald qui a tiré sur l’agent Tipitt.  Notez-le bien… » visiblement, passé par une belle porte, Warren a compris que son intérêt était désormais d’aller dans le sens de l’enquête officielle, et pas dans une autre direction, mais si lui-même avait vu tout autre chose.  Mais il a failli pourtant mourir une deuxième fois, en réalité, raconte Ramparts : « mais cette rétractation n’arrêta pas l’obscure menace qui pesait sur lui:  trois mois plus tard, son demi-frère Edward Bennavides tombait sous Ies balles, devant le bloc N° 1 d’East Avenue ;  presque à l’endroit même où était mort Tipitt.  Le tueur avait dû confondre.  La ressemblance entre Edward et Warren était un sujet plaisanterie dans le quartier.  Lorsqu’ils étaient gamins, ils s’amusaient même, à inverser leurs rendez-vous d’amoureux.  Le malheureux témoin pleura son cadet, et confirma farouchement : — c’était Oswald.  Je le jure »…

« La jolie girl est trouvée pendue dans sa cellule »


Dans cette affaire, il vallait mieux rester muet, on l’a vu avec les exemples précédents.  Certaines morts, pourtant, surprennent, tant les victimes paraissent si peu renseignées ou au fait de l’ensemble de l’affaire.  Des serveuses ou des strip-teaseuses de Jack Ruby ont ainsi disparu de bien étrange façon parfois :  « Quant à Nancy Mooney,  » strip-teaseuse » du Carousel dont le faux témoignage avait si heureusement tiré Darell Gardner d’embarras, il semble bien qu’elle buvait trop. Longtemps après l’arrestation de Jack Ruby, le Carousel continua de rester ouvert au public, sous la direction de Georges Senator.  Jamais, d’ailleurs, les affaires n’avaient aussi bien marché.  Chaque soir, un public énorme venait visiter l’établissement de l’homme qui avait tué l’assassin du Président.  Les entraîneuses, telles des guides, exaltaient le culte du patron (ici à droite Juanita Dale Slusher alias « Candy Barr », pour un public… texan :  elle écopera à 23 ans de 15 ans de prison pour détention de marijuana, elle n’en effectuera que 3 !).


« Nancy Mooney faisait comme les autres.  Mais, si les clients lui offraient plusieurs verres, elle confiait volontiers : –Tu sais, mon chou, pour Darrel… j’ai menti.  Et lorsque Darrel Wayne Garder qui avait repris ses fonctions de rabatteur, pénétrait dans l’établissement, elle l’apostrophait : -Toi, paye à boire!  Tu me dois bien ça… Nancy Jane Mooney fut arrêtée, en septembre 1964, pour un délit mineur : une bruyante dispute avec un amant de passage, un soir qu’elle était ivre.  Pour ce tapage nocturne, Nancy fut embarquée sans ménagement, à demi-nue sous son vison.  On l’enferma dans une cellule de la prison municipale.  Un gardien la trouva pendue, au petit matin.  L’écharpe qui reliait son cou au montant du lit scellé n’était pas la sienne.  On classa, néanmoins, l’affaire, sous l’appellation de « suicide qualifié ». Des conclusions bien hâtives, comme il y en a eu des dizaines après le 22 novembre 1963.  Elle ne sera pas la seule danseuse tuée :  Marilyn « Delilah » Walle (alias « Miranda » ou Marylin Magyar ou April Walle), sera officiellement tuée par son mari.  Or elle aussi avait témoigné comme quoi Ruby et Oswald s’étaient rencontrés à de multiples occasions et qu’ils se connaissaient très bien.  L’affaire sera classée comme « meurtre domestique », sans aucun rapport avec l’attentat de Dallas, ce qui dans ce cas, est plutôt probable en fait.

« Le mari de la cigarettière se fait égorger dans la rue »


Le cas suivant est tout aussi surprenant, ou plus exactement les explications officielles le sont encore davantage.  « La femme d’Henri Thomas Killian était marchande de cigarettes au Carrousel.  Elle s’appelait Wanda.  Dans le ménage, c’est elle qui avait le dernier mot.  Elle gagnait, d’ailleurs, mieux sa vie que lui, petit homme au regard sournois dont le principal  » métier » était d’être chômeur.  Wanda ne ressemblait pas aux girls de la boite de Ruby, qui sont de grandes des filles blondes ou rousses, aux fortes cuisses, comme les aiment les éleveurs de l’Ouest et les pétroliers du Texas.  C’était une femme petite et boulotte, très brune, probablement d’origine mexicaine.  Témoin entendu par la police, elle déclara qu‘elle n’avait eu connaissance de rien, en ce qui concerne la mort d’Oswald ».  Pourtant, l’enquête de « Ramparts démontre, aujourd’hui, qu’elle connaissait très probablement… Oswald, avant l’attentat contre Kennedy.  « Wanda Joyce Killian connaissait, en effet, de longue date, un nommé John Carter, qui demeure à Dallas 1026 North Beckley Avenue, à l’adresse même de Lee Oswald !  C’est par ce Carter qu’elle avait rencontré Jack Ruby, lorsque ce dernier était arrivé à Dallas, en 1947.  Carter, de son côté, connaissait fort bien son voisin Oswald, et le fréquentait.  Tout incite donc à croire que Wanda connaissait Oswald… Mais Wanda Killian avait décidé de ne rien révéler ».  En somme elle avait compris qu’elle risquait sa peau si elle parlait.  Mais c’était compter sans son imbécile d’époux.


« Son mari, lui (les deux sont ici à droite), pensait qu’il pouvait monnayer certaines révélations que lui avait faites sa femme. Il proposait ce marché à qui voulait l’entendre.  Non seulement il ne trouva pas d’amateur, mais il s’aperçut bientôt qu’on le fuyait comme un pestiféré.  Par sa faute, Wanda était de plus en plus souvent convoquée par la commission Warren.  Dès le début du procès Ruby, en mars 1964, Killian quitta Dallas pour la Californie.  Le 16 mars, deux jours après la condamnation à mort de l’accusé, il téléphona à sa femme, depuis Pensacola, en Floride.  « J’ai trouvé du travail, disait-il.  Tout va bien… ».  Mais le lendemain, 17 mars, on le retrouvait mort, au petit matin, dans une rue de Los Angeles.  Il avait la gorge tranchée d’une oreille à l’autre.  La police devait donner une étrange conclusion à la mort de Killian.  Le rapport indique qu’il « aurait pu, en glissant, passer à travers la vitre cassée d’un magasin et, ainsi, s’égorger lui-même ».  C’est très certainement la conclusion la plus sidérante consécutive à ces « éliminations » systématiques !!!   L’homme qui s’était égorgé tout seul !!!

« Le chauffeur mort provoque un accident »


Et ce n’est pas terminé, avec un accident de taxi alors qu’il n’y en n’avait pas eu dans la ville où ça s’est passé depuis 1937…  « Mais la plus discrète disparition d’un témoin de l’affaire Kennedy fut, sans conteste, celle d’un obscur chauffeur de taxi de la compagnie Yellow-Red.  C’est assez tard que l’homme se fit connaître:  fin 1964, alors que la commission Warren était déjà très avancée dans ses travaux.  L’homme avait peur, manifestement, de représailles possibles.  Il vint donc témoigner sous le secret, en demandant que son nom ne soit pas divulgué dans la presse.  Ce qu’il avait à dire était d’importance ; peut-être la clef du mystère : – « Après la mort du Président, j’ai chargé Oswald. Il allait chez… Ruby » !


Le chauffeur de taxi « anonyme » est mort quelques jours plus tard, dans un accident de la circulation, aux portes de Dallas.  Sa disparition serait passée inaperçue si un médecin ne s’était trouvé là, incidemment.  En tentant de porter secours au moribond, le praticien remarqua d’abord que le chauffeur ne mourait pas des suites de son accident, mais que c’est parce qu’il était mourant qu’il venait de provoquer une collision !


« Cet homme a été empoisonné » dit-il…  Sur cette information, un journaliste nommé Penn Jones se rue chez le directeur de la compagnie de taxis Jaunes-Rouges. – « Si vous êtes intelligent », lui répondit ce dernier, « ne posez donc plus de questions« … encore un qui avait été bien trop bavard :  le taxi, de son vrai nom William Whaley, avait en effet été interviewé avant de mourir… un autre taxi témoignera plus tard :  Raymond Cummings, qui lui reliera trois personnages entre eux :  Lee Harvey Oswald et Jack Ruby mais aussi le sulfureux David Ferrie.  Selon son témoignage, relevé en mars 1967, il avait en effet conduit Oswald avec Ferrie, plus un autre homme encore au « Carousel Club » de Jack Ruby !  Encore un témoignage évoquant le fait qu’Oswald et Ruby se connaissaient très bien !

« Le médecin qui pratique l’autopsie meurt à son tour »

Autre disparition, celle du témoin visuel des tirs venus du fameux tertre : « Lee Bowers était un témoin occulaire de l’attentat contre Kennedy.  Il soutenait fermement que les coups de feu du 22 novembre ne venaient pas de la bibliothèque scolaire où se trouvait Oswald, mais qu’il avait vu dans une direction opposée, deux hommes à l’affût derrière un talus.  Homme obstiné, roux et de mauvais caractère, Bowers faisait publier régulièrement dans les journaux de Dallas le récit de son témoignage, assorti d’énergiques protestations contre l’enquête officielle.  Tous les journalistes avaient appris à connaître sa silhouette de bûcheron quand il faisait antichambre dans les salles de rédaction.  Un soir de décembre 1965, un camion fou vint l’écraser contre un mur.  L’enquête conclut qu’un frein mal serré était le coupable.  La veuve de Bowers exigea l’autopsie » (ci-dessous le rapport de décès pour « multiples atteintes à la tête et blessures internes »)


« Il en résulta que la victime était dans un état comateux au moment de l’accident.  Huit jours plus tard, le praticien qui effectua cette autopsie fut, lui aussi, victime d’un accident de la circulation. »  Sur ce dernier point, seul Ramparts semble avoir affirmé cela.  En tout cas, aucune autopsie n’a jamais été effectuée sur Bowers dont le corps a été incinéré juste après.  Selon certains, c’est une voiture qui s’était approchée de la sienne et non un camion.  Bowers, encore conscient dans sa voiture juste après l’accident avait clamé qu’on lui avait empoisonné son café à son arrêt précédent…

« La machination est évidente »


Déjà en 1966 le mot « conspiration » était partout à propos de Dallas.  Mais à l’époque on parlait encore de « machination« , plutôt : « ces dix cadavres prouvent qu’il ne peut s’agir d’une simple coïncidence. La machination devient évidente.  Mais qui a intérêt à faire preuve d’une telle détermination pour étouffer à jamais la vérité ?  Non, Oswald seul n’a pas tué Kennedy.  Il y avait un complot : Oswald n’était qu’un rouage, ou, peut-être moins : un outil n’était-il pas lui-même un témoin gênant ?  Le premier de la liste à éliminer?  Un seul homme vivant peut répondre : Jack Ruby, l’homme qui vient de sauver sa tête.  Qui l’assassin d’Oswald veut-il couvrir ?  Les gangs que Kennedy pourchassait ?  La Maffia, qu’il avait décidé de l’anéantir ? Ses ennemis politiques ?  Ou bien encore certains trusts dont il voulait restreindre la puissance ? Maintenant que l’opinion publique est alertée, nous avons une chance de le savoir, un jour ».  A droite, la surveillance du FBI du magazine Ramparts, qui évoque le fameux article sur les « 10 disparus » de l’après Dallas.

La principale disparition selon Ramparts


Chez Ramparts, il y avait également William Weyland Turner, l’éditorialiste de talent, qui rédigera aussi « JFK assassination : the inquest » dans le numéro de juin 1967.  C’est aussi un des meilleurs textes existants sur le sujet.  L’homme avait travaillé de 1951 à 1961 pour le FBI ce qui rend son témoignage encore plus crédible.  Au FBI, Turner était devenu opposé au programme de son patron Hoover appelé « COINTELPRO », qui visait à surveiller par écoutes notamment les Black Panthers, Malcolm X et le Dr. Martin Luther King (4).  Il revient surtout dans son article sur une des morts qui ont suivi qui lui semble la plus représentative :   celle de Gary Underhill.  Et pour cause : c’était un homme du sérail, lui aussi, mais de la CIA !!!  Underhill avait été dans le renseignement militaire pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de travailler pour la CIA et de servir en tant que conseiller à l’éditeur LIFE Magazine Henry Luce, celui qui a acheté le film de Zapruder sur l’assassinat de Kennedy pour mieux en contrôler le contenu, et en faire retirer surtout la vue 313 qui montrait très bien la balle qui avait fait exploser la tête du président et surtout d’où elle venait.  Plusieurs jours après l’assassinat de JFK, Underhill avait en effet dit à un ami « qu’il connaissait un groupe lié à la drogue, actif à la CIA qui envisageait d’assassiner Kennedy« , en ajoutant, sinistrement selon lui qu’« ils savaient-ce qu’il savait. »  Underhill sera plus tard retrouvé tué par balle, lui aussi, avec un pistolet sous son bras gauche.  Sa mort étant classée elle aussi ou elle encore en « suicide », en dépit du fait qu’Underhill était droitier !!!


Selon Turner, Underhill, « chercheur et écrivain sur les affaires militaires, possédait une base de données avec un grand nombre de hauts gradés du Pentagone.  Il connaissait parfaitement un certain nombre de fonctionnaires de haut rang de la CIA qui effectuaient des missions spéciales.  À un moment donné, il avait été ami avec Samuel Cummings de Interarmco, le courtier en armes qui comptait parmi ses clients la CIA et, ironiquement, les « Articles de sport » de Klein de Chicago, d’où la commande de Carcano avait prétendument était faite par Oswald.  Après avoir passé tant de temps à aider Garrison sur l’enquête vouée à l’échec de ce dernier de l’assassinat du Président Kennedy – Shaw avait été finalement acquitté de la participation – Turner se trouverait à enquêter sur l’assassinat d’un autre Kennedy, le frère de John, Robert  abattu en juin 1968″.  Le livre que devait sortir Turner sur Bobby Kennedy sera détruit avant sa mise en vente par Random House :  20 000 exemplaires seront broyés, à la suite d’une plainte déposée… par le FBI.

Plus haut placé et même sentence


Tout ceci concerne la « piétaille », à savoir des personnes sans beaucoup d’influence politique.  C’est pourquoi j’y ajouterai un politicien, nommé Thomas Hale Boggs Sr.  Celui-là, on ne l’a tout simplement jamais retrouvé !!!  « Boggs était peut-être le profil de personne le plus élevé reliée à l’assassinat dans des circonstances mystérieuses. Depuis longtemps congressiste de Louisiane il dirigeait son parti lorsque Kennedy a été tué et il en est ensuite devenu chef de la majorité en 1971.  En 1963, il avait été nommé à la Commission présidentielle sur l’assassinat, surnommée la Commission Warren d’après son président, le juge en chef Earl Warren.


La Commission a finalement conclu qu’Oswald avait agi seul, mais trois de ses membres étaient en désaccord -Boggs, le sénateur Richard Russell et Sherman Cooper.  Russell, qui est mort de causes naturelles en 1971, avait déclaré publiquement son «insatisfaction persistante» à propos de l’enquête, tandis que Boggs avait accusé le directeur du FBI J. Edgar Hoover « d’avoir montré des yeux mensongers » pendant les audiences.  Boggs était alors fort critique de la théorie de la seule balle (dite balle « magique »…).  Boggs s’était fortement opposé à la théorie selon laquelle Oswald aurait agi seul, comme pour Ruby pour tuer Oswald.



Comme député « whip » de la majorité (surveillant des votes) ensuite devenu chef du groupe, ses paroles avaient un énorme poids. Le 16 octobre 1972, Boggs effectuait un vol d’Anchorage à Juneau en Alaska avec le congressiste Nick Begich et deux autres personnes « (à bord d’un Cessna 310 comme celui ci-dessus, immatriculé N1812H).  « Ils ne sont jamais arrivés.


La cause de l’accident n’a jamais été découverte, pas plus que l’épave non plus, ni leurs corps.  De nombreux aéronefs civils à cette époque n’avaient pas d’émetteurs d’urgence pour avertir de difficultés.  Ils ont été rendus obligatoires depuis, en conséquence directe de l’incident. Les quatre hommes n’ont été déclarés officiellement morts qu’au début de l’année suivante ».  Des éléments plus récents, découverts par le jeune journaliste Jonathan Walczak, ajoutent à la suspicion :  deux ans avant le crash, le 23 juillet 1970, alors qu’il conduisait, une voiture de type Lincoln Continental avait déjà tenté de le sortir de la route.


Un attentat, véritable, à coup sûr !  Boggs l’avait poursuivie et avait noté sa plaque.  Sans suite, semble-t-il.  Et il avait déposé plainte (ci-contre à gauche).  Un peu plus tard il se plaindra que le FBI avait piraté sa ligne de téléphone.  Choqué, par l’écoute comme par la tentative de l’éliminer, il avait fait cette surprenante déclaration solennelle au Congrès le 22 avril 1971 :  « je l’avais entendu avant, comme chacun d’entre vous l’ont entendu, à propos de divers épisodes relatifs aux membres de la Chambre et du Sénat.  Les épisodes sont trop nombreux, survenant trop souvent, pour être ignorés ou négligés.  Aujourd’hui, comme nous nous engageons au Congrès à récupérer et restaurer la liberté du peuple, nous découvrons que c’est nous-mêmes qui sommes sous surveillance, nous qui sommes prisonniers de la puissance que notre silence a mis en place.  Monsieur le Président, 1984 est plus proche que nous le pensons.  »  Un 1984 bien plus proche qu’il ne le pensait, en effet :  juste après l’accident, un étonnant appel anonyme avait affirmé au FBI que son auteur savait où se trouvait l’avion.  En pistant l’appel, le FBI avait trouvé qu’il appartenait à un mouvement réac anti-avortement, « Right to Life« , fondé en 1969, dont l’adresse était à Palos Verdes Estates, en Californie.  Un des douze fondateurs étant James Francis McIntyre, l’archevêque catholique de Los Angeles, fort ami avec Richard Nixon !


Le FBI interrogera l’homme ayant fait l’appel, qui affirmera avoir entendu sur son équipement radio « sophistiqué » (d’où venait donc cet équipement ?) les appels des personnes disparues, qui évoquaient des survivants, tombés à « 40 minutes de distance de Juneau ».  Etrange témoignage ! Selon Walczack, le lien avec Nick Begich est une des possibilités d’explication plus prosaïque de la disparition :  Pegge Begich, la femme de Nick Begich, avait été la première à appeler pour dire de ne pas s’inquiéter (la femme de Boggs, Lindy, reprenant le flambeau politique à la place de son mari, Begich gagnant de façon posthume son élection !).  Or 18 mois plus tard, la même épousait Jerry Max Pasley, un vétéran de la Navy, mais surtout selon Walczack un individu « ayant des liens avec la mafia et les poseurs de bombes. »  Dans sa jeunesse en Arizona il avait été l’auteur d’un trafic d’armes, et il était lié à la famille mafieuse new-yorkaise des Bonannos… et il était également informateur pour le FBI, auprès du Special Agent David Hale !!!  La veuve Pegge Belgich divorcera en 1976, Pawley étant ensuite envoyé en prison à vie pour meurtre et « assaut aggravé ».  En 1984 et 1986 elle tentera sans succès l’élection au Congrès, étant battue à deux reprises.  A ce jour, pas la moindre trace du Cessna 310 et de ses occupants.  Ils n’ont jamais été retrouvés.  L’un des rares politiciens a avoir rejeté la théorie officielle de la mort de Kennedy, pourtant membre de la commission Warren, qui l’avait scellée de manière grotesque, a lui disparu de l’histoire à tout jamais !




(1) le directeur et rédacteur en chef du minuscule journal Midlothian Mirror, le premier à avoir tenté de recenser tous les morts autour de l’assassinat de Kennedy.  Il en avait recensé à lui seul environ 150… preuve d’un complot nécessairement lié à un pouvoir politique et non à une seule mafia.

(2) c’est en fait déjà un résumé de Ramparts, traduit en français et retrouvé dans un étonnant numéro de « Détective » (le N°1083) du 10 novembre 1966, un des rares en France à s’être penché sur le document original du magazine (Remparts à ma connaissance n’ayant pas été traduit France).  Le site JFK.com, curieux de tout l’a aussi référencé comme source.  Comme quoi, on trouve des documents dans des endroits inattendus parfois !

(3) voir ici :



(4) « À bien des égards, Turner avait de l’avance sur son temps.  Un exemple est un article qu’il a écrit dans le N° de janvier 1967 de Ramparts à propos de la milice d’extrême droite appelé les Minutemen. Dans des mots qui pourraient guère être plus pertinents aujourd’hui, il engueule carrément le FBI pour passer tout son temps à chasser les fantômes du communisme, alors qu’une réelle menace américaine se développait dans notre propre société – des hommes blancs affranchis violemment opposés au changement racial ».

documents à consulter :




l’article de Penn Jones  Jr sur les disparitions (paru dans The Rebel magazine, en janvier 1984)



nota : le livre  « Hit List: An In-Depth Investigation into the Mysterious Deaths of Witnesses to the JFK Assassination » de Richard Belzer et David Wayne est le répertoire le plus poussé sur les décès liés ou non à l’assassinat de Dallas.  Il est extrêmement troublant, en effet.  Son chapitre 16 fait de la disparition de Gary Underhill un élément-clé de l’événement  » definitevely linked to JFK assassination ».  Le livre « Anatomie d’un assassinat » de Shenon », un journaliste au « New-York Times », parle lui aussi de ses dissimulations trop nombreuses.  Et ce dernier ose un lien avec le 11 Septembre, autre événement où les dissimulations ont été patentes.



Partie 25

Pour fabriquer cet assassin, tout a été bon.  On a vu déjà ses pérégrinations en URSS, pour lui assurer un passif de supporter présentable des idées communistes.  Il y avait été envoyé, on l’a vu, pour espionner en matériel électronique (du moins le lui avait-on fait miroiter).  Reste à le positionner à un endroit particulier, lui faire croire à une mission quelconque nécessitant sa présence et le piéger une fois l’attentat réussi.  Manque de chance pour ce beau scénario, on montre assez facilement que Lee Harvey Oswald était dans l’incapacité de réaliser ce dont on l’avait accusé.  Sur plusieurs points l’accusation pèche en effet.  L’arme tout d’abord, pour y revenir, mais aussi le lieu et surtout le timing dans le lieu :  à moins d’avoir des dons d’ubiquité, Oswald n’a pas pu faire ce qu’on lui a reproché dans le temps qu’on a déterminé (après coup) de sa présence dans la Bibliothèque, comme ce qui est du meurtre de Tipitt, sur lequel bien des doutes subsistent.  Oswald est arrêté dans un cinéma dans des circonstances rocambolesques, preuve que le complot avait été mûri bien avant, et depuis longtemps, pour n’obtenir que lui comme auteur du crime :  on a disséminé de fausses preuves l’accusant, comme on va le voir aujourd’hui (1).

Une lunette de visée plus handicapante qu’autre chose


Pour ce qui est du fusil, ou plutôt de son tireur, il faut rappeler qu’Oswald n’avait pas une bonne réputation dans le domaine.  Allison Folsom, l’officier du Corps des Marines qui l’avait formé, amené devant la Commission Warren pour parler d’Oswald, a déclaré qu’il était plutôt un tireur moyen :  « Il est sorti du cercle trois fois, ce qui n’est pas bon.  Ils devaient être en mesure de garder les 10 coups dans les quatre anneaux »… Au total, il avait obtenu 2 points de plus que le minimum pour être reconnu tireur qualifié :  212 sur 212 !!!  Pour Folsom, « il n’était pas un tireur particulièrement remarquable » .  Sur la base d’El Toro, il avait indiqué sur son carnet « M-1 rifle on a course designated « FAM :  il avait seulement été initié au tir du M-1 (fam signifiant « familiarization » !)  »  » Folsom était même allé plus loin, en ajoutant « qu’en raison de son inactivité au tir, il y avait des raisons de croire que les compétences d’Oswald s’étaient encore dépréciées depuis ».  Pire encore dans le livret de bord de Marine Corps d’Oswald, référencé CE 239, qui indique qu’il n’avait reçu une formation pour tirer sur des cibles stationnaires, jamais en élévation et encore moins en mouvement.  Ce qui est tout autre chose, tout tireur  de ball-trap vous le dira.  Le blog ajoute finement que « la difficulté de tirer sur une cible en mouvement est confirmée par le livre de 2007, To Be a Military Sniper, qui note que «engager une cible mobile est une compétence qui ne peut être développée et maintenue que par la pratique constante».


Non seulement Oswald n’avait jamais reçu de formation de tireur d’élite, mais la Commission Warren n’a trouvé aucune preuve que Oswald ait JAMAIS tiré au fusil sur une cible en mouvement ».   Car en tirant d’où il était installé et en faisant mouche en pleine tête, il a réussi une prouesse que peu de tireurs d’élite auraient réussi à faire… avec une arme à lunette et à réticule.  Car si cette dernière se montre utile pour un tir, sur le fusil utilisé, elle ne l’est pas pour plusieurs consécutifs, ou des experts sont venus dire qu’il aurait été plus aisé de tirer sans, étant donné la nécessité à remettre au point entre les recharges et l’absorption du recul entre chaque tir.


Sur un forum évoquant le Carcano, un intervenant ne dit pas autre chose : « de part le principe une lunette de visée est utile pour un cible disons… fixe si celle-ci est relativement éloignée, par contre c’est beaucoup plus problématique pour un tir sur cible mouvante.  Je sais  aussi qu’il est quasi impossible, même pour des tireurs chevronnés, de suivre une cible (mouvante) dans sa lunette de tir à moins de 100 m, le reste c’est du folklore cinématographique, rappelez-vous quand vous allez à la fête foraine du coin tirer sur des ballons qui bougent dans tous les sens:  deux méthodes : ou bien on attend que le ballon soit immobilisé et là il y a peu de risque de louper sa cible, ou on le tire en suivant ses mouvements, et là c’est beaucoup plus dur.  La lunette de tir c’est un accessoire d’embuscade, le tireur se place à l’endroit le plus adéquat possible, (confort, furtivité ) puis il attend que la cible se présente alors le stress, la cible en mouvement, une arme a verrou manuel, non… LHO n’a pas pu tirer 3 fois en 6 secondes et toucher 2 fois »….

Impossible de tirer correctement avec ce matériel


Impossible en effet, car la lunette lui crée un champ de vision bien trop étroit après avoir réarmé :  « le champ de vision est 18, c’est-à-dire un cercle de 18 pieds (soit 5,4 mètres; sachant que la Limousine fait 2 mètres de large, c’est une prouesse !) à 100 mètres, pour la la lunette de 4 x 18 de portée, est un cercle relativement petit pour localiser votre cible dans lorsque vous faites le tir et avec la récupération du recul dans les tirs successifs ». Sans compter la mise au point, délicate : « chaque fois que nous avons changé les vis de réglage pour déplacer le réticule dans la vue télescopique dans un sens, ça a également affecté le mouvement du choc ou le point d’impact dans l’autre sens. ... Nous avons tiré plusieurs coups de feu et avons constaté que les coups n’atterrissaient pas au même endroit, mais progressivement s’éloignaient du (premier) point d’impact » noteront les inspecteurs du FBI ayant essayé l’arme.  C’est d’ailleurs ce à quoi est arrivé comme conclusion le HSCA, pour dire que « l’usage de la lunette de visée par Oswald était peu probable« .  Les mêmes ajoutant que c’était impossible de réarmer en gardant la même position :  « plusieurs commentaires ont été faits – en particulier en ce qui concerne la quantité d’effort nécessaire pour ouvrir la culasse (the bolt). … Il y avait aussi des commentaires sur la gâchette de déclenchement … dans une première étape, le déclencheur était relativement souple, mais il a soudainement exigé une plus grande attraction pour réellement tirer avec l’arme. … La pression pour ouvrir la culasse était tellement grande que nous avons tendance à déplacer le fusil hors de la cible ».  Le comité des armes à feu du HSCA a conclu «qu’un individu pouvait atteindre une meilleure précision en utilisant la visée par hausse et œilleton que la lunette dans les circonstances impliquées dans Dealey Plaza ».  Un magazine spécialisé dira la même chose en conclusion en testant la configuration Carcano-lunette de visée :  le fusil d’Oswald avait les mêmes visées non réglables que ce fusil d’essai, et il est très possible qu’à cette distance, seulement 58 yards ou presque, il ait utilisé la visée par guidon et point de mire ».  Exit donc la lunette de visée inutile !


Un bidule gadget en forme de gadget ?



Rien ne correspond dans l’armement prétendument attribué à d’Oswald :  son fusil est archaïque et sa lunette inefficace, pas assez lumineuse surtout (et lui ne s’est pas assez exercé avec) : « La portée du fusil monté sur le fusil M91 / 38 6.5mm Carcano court, soi-disant la propriété de LHO, était une portée Ordnance Optics 4×18.  C’était une portée très peu coûteuse faite au Japon et a été conçu pour être monté sur un fusil calibre .22 ou un pistolet à air comprimé actionné.  En raison de la faible vitesse d’un fusil .22, ce n’est pas un fusil typiquement utilisé pour faire des coups de 100 mètres, et le tir à la cible à 25 mètres est plus en ligne avec ses capacités.  Pour mieux comprendre cette portée, il est nécessaire de définir les numéros qui lui sont assignés, 4×18.  Le nombre 4 nous dit que cette portée permettra d’agrandir la taille de quelque chose vue à travers elle quatre fois.  Le nombre 18 définit ce que l’on appelle le «diamètre de lentille d’objectif» et le diamètre de l’extrémité avant de la portée qui permet à la lumière.


Plus le diamètre est élevé, plus la lumière est autorisée à entrer dans la portée et mieux définie est la cible pour le tireur.  Comme indiqué, cette lunette était de 18 mm de diamètre.  Les lunettes conçues pour tirer sur 100 mètres commencent généralement à environ 32 mm et atteignent 50 mm ». L’intervenant posant alors une excellente question, relative à une Commission Warren qui avait laissé entendre qu’Oswald s’était exercé souvent avec son arme :  « pour ceux qui croient qu’Oswald a utilisé un tir à la mire le 22 novembre 63, voici une bonne question.  Si Oswald a pratiqué le tir de ce fusil autant que certains prétendent qu’il l’a fait, il aurait remarqué immédiatement les insuffisances de la portée sur le champ de vue.  Ne serait-il pas probable qu’il aurait alors retiré la portée avant d’apporter le fusil au TSBD, s’il savait qu’il allait utiliser un tir par mire seulement ? »…  C’est vrai ça ? pourquoi diantre avoir amené un fusil à lunette si c’était pour ne pas se servir de cette même lunette ?

Heureusement qu’il y a LIFE pour en faire un tireur d’élite !


On a vu tout au long de cette saga combien le couple Luce (Clara Booth et Henry Luce) s’est impliqué pour faire d’Oswald un communiste à la solde de Castro susceptible d’en attenter à la vie de JFK.  Ne croyez pas que la mort subite d’Oswald ait pu arrêter leur façon de voir les choses, ou plutôt de les imposer au grand public via leur magazine LIFE, celui qui avait tant encensé la famille Kennedy, en tressant la légende, alors qu’en réalité le couple médiatique souhaitait la disparition des deux frères, jugés bien trop immoraux.  C’est donc sans surprise que les lecteurs découvrent le 21 février 1964 le nouveau numéro de LIFE évoquant Lee Harvey Oswald.  Le titre ne peut tromper, il s’intitule « The Evolution of an Assassin », et il ouvre sur une photo de LHO encore bébé, à deux ans seulement.  En couverture, il est vrai, il y a la fameuse photo d’un Oswald tout en noir arborant fièrement un fusil, celle qui lui avait été montrée et dont il avait dit que c’était « un montage« .  Quand bien même un énième gus est venu récemment raconter que le cliché était « genuine » et pas traficoté (2), on ne m’ôtera pas de l’esprit que c’est bien un « fake » :  attitude déhanchée du corps qui dénote, ombres portées bizarroïdes et plantes qui ne correspondant pas à la saison de prise de vues, on a tout dit déjà je pense sur le sujet.


Non, lisons plutôt comment LIFE a réussi à vendre un Oswald tireur d’élite à la nation US… continuant en ce sens l’Opération Mockinbird, la première réelle gestion des fakes news.  Ça commence par « un armurier d’Irving Dial D. Ryder (il dépose ici à la commission Warren), a rappelé qu’environ vers la fin d’octobre il a monté une lunette sur un fusil pour un homme nommé Oswald » (ça commence fort, car le fusil a été commandé par Hidell et non Oswald, mais ça la première fois que l’on précise que le Carcano d’origine avait été donc vendu SANS lunette de visée, alors :  or sa publicité précisait bien qu’il y en avait une… et que c’était bien déjà une x4  de 3/4 de diamètre, soit celle de 18 mm d’origine retrouvée sur le fusil du TSBD !!!).   Au passage, lors de la Commission Warren, Ryder avait rappelé « l’extra » demandé pour le simbleautage (« bore-sighting »), à savoir l’alignement du canon avec une lunette décalée.  Histoire de rappeler que c’était pour ne pas rater sa cible à distance.

L’histoire du stand de tir


Un tireur maladroit pas très entraîné ?  Pas grave, on a vite fait d’inventer une présence d’Oswald sur un stand de tir juste avant l’assassinat :  Mockinbird s’occupe de tout !!! Ça continue en effet avec « un client d’un stand de tir, Garland G. Slack a dit qu’il avait vu Oswald le week-end du 9 au 10 novembre et aussi le samedi 17 novembre.  Il s’est rappelé qu’Oswald était un excellent tireur, il a été très impressionné par ces « tirs groupés » les trous des tirs proches les uns des autres dans sa cible.  « Je devais trouver 10 hommes pour une chasse au faisan et j’ai été intéressé à prendre ce gars parce qu’il était très bon en tir groupé« .  Slack a dit « qu’il n’avait néanmoins pas tiré avec eux parce qu’il n’avait pas un seul dollar pour l’entrée.  Slack a dit également que lors de sa première visite au stand de tir, Oswald  était accompagné  par un autre homme ».  Et voilà notre tireur maladroit de l’armée transformé par la grâce de la littérature signée Luce en tireur d’élite !!!


Les propriétaires de LIFE auront vraiment tout fait pour placer l’idée d’un seul tireur hyper-adroit… Oswald !  Et attendez, ce n’est pas fini :  « Malcolm Price, qui a opté pour la gamme Sportdrome rifle range à Grand Prairie, à deux cents miles et demi d’Irving, s’est rappelé que vers le week-end du 9 au 10 novembre, il avait cru apercevoir Oswald apercevoir tirer au stand » (interviewée ici dans la vidéo, le propriétaire Floyd Davis, et sa femme Virginia disent ne pas l’avoir vu, ou ne pas savoir s’il est venu : « des gens disent l’avoir vu, mais pas moi » dit Virginia !!).  « Price a dit qu’il avait regardé à travers la lunette du fusil d’Oswald:  et il a dit qu’il avait été impressionné par sa clarté ».  Là c’est le pompon je pense :  le couple Luce, empressé de fabriquer un assassin maison, est même allé jusqu’à tenter de faire croire que la moins chère du marché des lunettes de visée (de 18 mm) aurait été aussi la plus « lumineuse » ???  Mais à qui faire croire ça ?  A la fin de l’interview, un employé répète que oui, « on a dit ça ».   Le « on » est vite retrouvé :  c’est la police de Dallas qui a répandu l’idée, reprise et largement répandue par LIFE, d’un Oswald s’exerçant régulièrement… sans argent, et sans balles…

Un tireur pas très calé… et une lunette sans cales pour… gaucher ?

« En 1969, le Dr John Lattimer a fait une présentation à l’Académie de médecine de New York sur ses propres tentatives pour reproduire l’exploit supposé d’Oswald.  Tout en réclamant au bout de ses  tests avoir montré qu’Oswald aurait pu effectuer la fusillade, il a fait quelques observations intéressantes qui n’ont pas soutenu cette conclusion, loin de là.  Après avoir discuté de l’acquisition de quatre fusils comme celui d’Oswald, en les plaçant avec des lunettes comme celle trouvée sur le fusil d’Oswald, et en choisissant le fusil qui ressemblait le plus à son état général, il a admis: «Pour aligner parfaitement la vue, il fallait ajouter de minces plaquettes métalliques (des cales, ou « shims ») sous la bague avant du support du télescope, comme on l’avait jugé nécessaire de le faire avec le fusil d’Oswald, afin de corriger l’alignement défectueux du télescope.


Ce point, d’ailleurs, a été confirmé par l’écrivain Stephen Hunter dans son livre de 2013 « The Third Bullet » (nota : c’est un roman).  Dans un appendice à son roman dans lequel un scénario alternatif au tir a été présenté, Hunter a prétendu qu’il avait acheté un fusil comme celui utilisé dans le tir, et avec une lunette comme celle trouvée sur le fusil, et a découvert qu’elle était désespérément hors d’alignement, sans ajout de ses cales.  Alors oui, c’est vrai, les cales ajoutées au fusil d’Oswald ont été ajoutées après qu’il ait été trouvé dans le dépôt, pas avant.  Cela laisse entendre que le fusil d’Oswald était impraticable au moment de l’utilisation de la lunette et qu’il s’agissait d’un défaut inhérent à cette combinaison de fusil et de lunette, et que ce n’était pas un problème apparu après ».


Mettre des cales… et ne pas utiliser la lunette posée sur ces cales ?  Avouez que les « experts » venus vanter les mérites d’un Oswald tireur d’élite se sont trompés sur toute la ligne ! Mieux encore avec cette énième découverte :  la fameuse lunette du fusil aurait été selon des experts ou même le vendeur même de chez Klein’s Sporting Goods, Inc, montée  pour un tireur gaucher.  Ce qui se comprend d’ailleurs en regardant l’emplacement de la fenêtre d’où aurait été fait le tir, plus destiné à un gaucher.  Or Oswald était… droitier !  Un tireur plus que moyen et un fusil inadéquat, et il aurait fait mouche trois fois ??? Mais à qui peut-on essayer de faire avaler ça ??  En 1994, le plus grand spécialiste du moment, un tireur d’élite exceptionnel qui se fera une carrière au Vietnam tirera la seule conclusion possible :  c’était infaisable, de la façon dont ça a été décrit : « en 1994, l’ancien tireur d’élite Craig Roberts a publié son livre « John F. Kennedy: Kill Zone: A Sniper Looks at Dealey Plaza« .  Dans le livre, il a non seulement exprimé le doute qu’un tireur droitier pourrait tirer efficacement de la fenêtre d’angle encombrée du dépôt, et frapper une cible juste comme elle émergeait de derrière un arbre, mais il a raconté une discussion qu’il avait eue avec le légendaire Sniper Marine Corps Carlos Hathcock. Hatchcock lui aurait dit: «Laissez-moi vous dire ce que nous avons fait à Quantico.  Nous avons tout reconstruit :  l’angle, la portée, la cible mobile, la limite de temps, les obstacles, tout, je ne sais pas combien de fois nous avons essayé.  Mais nous n’avons pas pu reproduire ce que la Commission Warren a dit de ce qu’Oswald avait fait.  » 

L’avait-il acheté, au moins, ce fichu fusil ?


Si on épluche toutes les dépositions et que l’on empile tous les documents ayant servis de preuve de la culpabilité d’Oswald, il y a de quoi se gratter la tête à plusieurs reprises.  Il est par exemple communément acquis qu’Oswald a bien commandé un fusil Carcano au nom d’Hidell à l’entreprise Klein et que c’est bien celui-ci qui a servi, selon la Commission Warren a tuer le président Kennedy.  Or l’examen attentif des documents ne prouve absolument pas que cela ait été le cas.  C’est alors que l’on découvre en effet une autre fabrication : celle du dénommé Hidell.

Jeff Curry, chef de la police de Dallas, moins bien informé que les journalistes !


De tous les témoignages survenu bien après, il y en a dont on droit retenir l’attention.  Celui d’un homme que l’on avait peut-être un peu trop vite jugé, ou mis un peu trop vite comme impliqué lui-même dans le complot, à l’avoir entendu, plutôt dépassé par les événements, par l’ampleur de la tâche qui l’attendait, défendre ses hommes comme n’ayant jamais mis les pieds, par exemple, au Carrousel de Jack Ruby.  Cet homme, c’est l’ineffable officier responsable Jess Curry, celui qui a tenter de gérer l’après assassinat, au commissariat même de Dallas, en attendant que ne se produise le deuxième, celui d’Oswald.  Son interview célèbre avec son « i don’t know », puis son « we’ ve got a suspect » avait montré son désarroi, tout en révélant que très vite il avait obtenu des renseignements de la CIA ou du FBI sur le côté « russe » d’Oswald , évoquant ses « lectures communistes » d’ouvrages trouvés « en masse » chez lui, dans une « boîte » d’au moins « un mètre de long«  :  en somme qu’il s’était déjà fait manipuler (on n’a jamais vu ensuite ce fameux « coffre aux trésors communistes »).  Le penchant « communiste » d’Oswald avait bien vite été étalé sur les ondes !!!  Ceux qui avaient monté le coup, à l’évidence, souhaitaient clairement une confrontation avec l’URSS : des déçus de l’affaire des missiles de Cuba ?  Des militaires ???  Il avait alors jugé Oswald « très arrogant ».  Mais Curry avait aussi répété, assailli par la presse, qu’Oswald lui avait dit qu’il était un « patsy » et avait répété que personne ne l’avait vu en personne tirer, parmi les employés de la Bibliothèque.

Les fuites évidentes organisées pour discréditer Oswald

Curry, de même, avait minimisé l’idée de la découverte d’une empreinte sur le fusil, déjà connue des journalistes, abreuvés étrangement de fuites accusant Oswald et Oswald seul :  selon lui il espérait que ce soit le cas, mais n’en avait pas de preuve à l’heure de l’interview.  Bref, Curry  s’était montré bien plus prudent qu’on ne pouvait l’imaginer ou que certains ont pu le décrire plus tard :  en tout cas, lui n’avait visiblement PAS été mis dans la confidence du complot !  Il avait aussi évincé la question sur Oswald ayant été impliqué dans l’attaque de Walker, elle aussi déjà connue de la presse ce soir-là.  Etrangement encore une fois :  le journalistes en savaient plus que les policiers !!!!


C’est exactement ce que sous-entend aussi Frazier, le copain de boulot d’Oswald, plus de 40 ans après, quand il répond dans une salle (ici à droite) lors d’une conférence dirigée par l’auteur Hugh Aynesworth, à propos de l’incroyable rapidité de la CIA ou du FBI pour se rendre à Irving pour l’interroger (c’est à 32’25 du début de l’exposé). Comment avaient-ils faits pour faire si vite ??? Personne n’est capable de répondre à cette surprenant agilité, même Aneysworth, à la fois reporter mais aussi témoin ce jour-là (selon lui, il y avait un second tireur, mais sur le toit de la Bibliothèque) !!!  Curry avait aussi dit que le policier ayant croisé Oswald dans la Bibliothèque ne l’avait pas alors arrêté, car c’est le directeur qui s’était interposé en affirmant que « cet homme travaille ici » (dans le même film de l’exposé de Frazier, tout le monde rigole quand Aneysworth indique que le calme d’Oswald au second étage était « très certainement la seule chose de vraie ce jour-là notée par la police » !) .  Curry en revanche, avait bien d’emblée relié le meurtre de Tipitt à celui de Kennedy :  en somme, le second assassinat était tout de suite devenu l’accusation principale contre Oswald, dont découlait après coup celle de Kennedy !  Or, Curry l’affirmait devant les caméras : « Oswald niait tout« , à savoir les deux meurtres qu’on lui reprochait.  Chose étonnante encore, pour le chef Curry, Oswald était devenu suspect en raison de la « description donnée sur un appel radio ».  Appel dont on est toujours incapable de retrouver la provenance !!!  Fait à noter, au moment où Oswald se faisait descendre dans son propre commissariat, Curry, selon ses propres dires, avait à ce moment là été appelé au téléphone par… le maire de Dallas, Earle Cabel, dont, je le rappelle, le frère extrémiste avait été écarté par Kennedy !!!  Voilà une coïncidence qui tombe encore à pic, il me semble !


L’attitude des policiers de Dallas après les tirs ? Foncer tous vers le tertre !


Contrairement à ce qu’on peut penser, les policiers de Dallas présents Dealey Plaza ont plutôt eu de bons réflexes, car ils se sont orientés d’abord… vers le tertre et la palissade et non en priorité vers la bibliothèque (comme le public présent en fait, comme on peut le voir à gauche sur cet extrait de film) :  en tout, on retrouve pas moins de 21 témoignages de policiers désignant le même endroit !!!  Un curieux a recensé les dépositions, et elles sont pour le moins étonnantes en effet :

-« La semaine après cette déposition, Curry était à Washington, témoignant longuement devant la Commission – mais on ne lui a pas demandé ce qu’ il pensait de où avaient pu provenir les coups de feu.  Il avait dit où ordonner à ses hommes de rechercher le tireur.  J’ai dit à la radio : « Envoyez quelqu’un dans le parking des chemins de fer et vérifiez. » (IV, 161) ».  Ce qui était plutôt un bon réflexe.  « Après les coups de feu, le chef de police de Dallas, Jesse Curry, a ordonné à ses hommes de fouiller le parking des trains derrière le monticule herbeux.  La mémoire de Curry, mais pas sa langue, est confirmée par l’enregistrement audio des communications radio du Département de police de Dallas ce jour-là.  Sur l’enregistrement Curry est entendu en train de dire, « cherchez un homme au-dessus de ce triple passage souterrain, et allez voir ce qui s’est passé là-bas. »  Il faisait référence à la zone en face de la limousine de JFK.




– Le shérif adjoint Eugène Boone a couru vers le monticule et puis le parking du chemin de fer dès qu’il a entendu les coups de feu (XIX, 507, VII, 105-

– Le policier Seymour Weitzman, comme la plupart des autres policiers, se tenait au coin de Main Street et de Houston Street lorsqu’il a entendu les coups de feu.  Il a couru vers la voiture du président et a grimpé par-dessus un mur dans « la section de monument, » à la recherche de l’assassin (IV, 161).

– Roger Craig aussi, en entendant le premier coup, a couru jusqu’à ce qu’il atteigne «la terrasse sur la rue Elm», puis les chemins de fer (XIX, 524).

– Harold Elkins était plus explicite:  « J’ai immédiatement couru à la zone à partir de laquelle il semblait que les coups de feu avaient été tirés.  Il s’agit d’une zone entre le chemin de fer et le Texas School Book Depository qui est à l’est du chemin de fer. (XIX, 540)

-«Lummie» Lewis,  A. D. McCurley, Luke Mooney et W. W. Mabra ont tous entendu les coups de feu de la même manière et ont couru inspecter le monticule et le parking des trains de fret. (XIX, 526, 514, 541, 528)




– Le shérif adjoint J. L. Oxford a couru vers le triple passage souterrain (XIX, 530).

– La réaction de L. C. Smith aux coups de feu a consisté à grimper la clôture derrière la butte herbeuse et à fouiller le terrain de stationnement (XIX, 516).

– Le sous-lieutenant I. C. Todd s’est rendu vers les chemins de fer, tout comme Ralph Walters et l’officier de radio Jack Watson (XIX, 543, 505-6, 522).

– Harry Weatherford a raconté la même histoire quand il a entendu le bruit des coups de feu.  Il savait ce que c’était: (XIX, 502)  « Je me suis dit que c’était un fusil et j’ai commencé vers le coin quand j’ai entendu le troisième tir …  A ce moment là, j’ai couru vers les parcs de chemins de fer d’où le son provenait ».


–  Le shérif adjoint Buddy Walthers (XIX, 502) est monté derrière la voiture de JFK dans le cortège.  Il a écrit une note sur ce qu’il a fait le 22 novembre.  Il a beaucoup raconté la même histoire lorsqu’il a témoigné à Washington en juillet 1964.

Walthers a entendu trois coups de feu, a couru à travers Dealey Plaza jusqu’à ce qu’il atteigne le parking derrière la «structure de béton maintenant familier sous le nom de knoll» (VII, 544-6).


Il a rappelé « à l’époque, il y avait quelque chose dans ma tête qui disait qu’ils auraient probablement pu venir du passage du chemin de fer, parce que je pensais depuis que j’avais été éclaboussé de sang 

– j’étais juste un peu en arrière et à gauche de Mme Kennedy, mais je ne le savais pas.  Son deuxième choix pour la source des tirs était le Texas School Book Depository. (VI, 294-5).  Trois photos prises peu de temps après l’assassinat de JFK (la deuxième, ci-dessus à droite) du car de journalistes qui suivait la parade) montrent le shérif de Dallas, Clyde Haygood, qui a stationné sa moto avant de monter sur le monticule herbeux pour enquêter.

« – Après que les coups de feu aient été tirés, Clyde Haygood a essayé de sauter la bordure nord d’Elm Street avec sa moto et, à défaut, l’a garée dans la rue et a couru à la butte recherchant n’importe quel signe de l’assassin. (VI, 297-9).


– Joe Marshall Smith avait son dos  tourné vers le dépôt sur la rue d’Elm quand les coups de feu ont retenti. «Je ne savais pas d’où venaient les coups de feu», a-t-il dit, mais a couru «dans une zone immédiatement derrière la structure en béton» et il a vérifié les buissons et toutes les voitures dans le parking derrière le monticule. (VII, 533-6)

– Edgar Leon Smith, Jr., se tenait sur le trottoir est de la rue Houston, à environ 150 pieds du dépôt.  Il a crû que les deux premiers coups de feu étaient des pétards mais, après le troisième tir, il a sorti son pistolet et a descendu Elm Street.


Wesley Liebeler, un avocat de la Commission Warren lui a demandé de clarifier en se référant à une carte devant lui: «Vous avez pensé que le tir venait de cette petite structure en béton derrière le n°7 ? Smith a dit:  «Oui, monsieur… » On peut voir ici (au début du film) les gens chercher sur le parking derrière le Grassy Knoll.  Sur l’un des clichés, on peut distinguer au loin un homme, certainement un policier, juché sur un des wagons stationnés, là où seront trouvés les fameux « vagabonds ».


Le tir de la palissade filmé ? 


On a longuement cherché à cet endroit, car cela semblait naturel, tant le tir avait su provenir du fameux tertre et de sa palissade, et peut-être bien, au final qu’un des nombreux films réalisés ce jour-là a réussi à prendre en images le tir proprement dit.  Je les ai bien entendu tous visionnés, pour finir par découvrir un détail qui semble avoir échappé à l’attention de beaucoup jusqu’ici.  C’est dans le film d’Orville Nix, qui était situé pour le capter juste devant le Terminal Annex où il travaillait, avec sa caméra 8 mm Keystone Auto-Zoom Model K-810 (son emplacement est ici).  


Longtemps, son film est resté trop sombre, car il s’était trompé de pellicule ayant pris une Type A pour l’intérieur pour filmer à l’extérieur.  Le problème, c’est que le film qui lui a été retourné par le FBI n’est pas celui qu’il avait filmé, a t-il clamé (et sa fille a fait un procès pour le fait).  Mais malgré tout, le bout de film montré, une fois « nettoyé » électroniquement, révèle des détails inattendus, comme le bref coup de frein de la limousine présidentielle par exemple (voir épisode précédent).  Et si l’on décortique la séquence comme celle de Zapruder, on découvre une étrange chose.


Une soudaine lueur, sur 3 séquences, de la 20 à la 22, une forte lumière devenue presque triple au travers des lentilles de la caméra :  celle d’un tir, très certainement, dont l’angle en hauteur étonne… mais qui correspond bien, à mesurer sa provenance, du dessus de la palissade, la rue Elm étant ne l’oubliant pas en pleine pente.  C’est en fait, très, très, troublant; à vrai dire.  Et ce n’est pas dû à l’amélioration digitale : sur l’original, la lueur aussi existe !

Des couloirs de commissariat bien encombrés



Revenons plutôt au commissariat de Dallas, et à son chef.  En 1977, le même Curry avait été interviewé avait précisé que selon son avis, la « direction du sang et des débris après le tir indiquait qu’un tir était venu de devant et non de l’arrière » et avait dans la foulée indiqué « qu’il y avait une possibilité pour qu’il y ait eu un second homme »… sur Dealey Plaza il avait répété la même chose devant l’auteur « conspi » Peter Dale Scott.  Etonnamment encore, c’est Bill Fritz, celui qui était présent au moment de la découverte du Carcano qui avait ensuite déclaré devant les mêmes caméras que c’était bien Oswald qui avait tué tué Kennedy (ici à 5’34 ») sans avoir plus de preuves que cela.  En y regardant bien, on constate que le chef Curry avait déjà auparavant exprimé ses doutes sur la culpabilité d’Oswald.  Un article de presse de 1969 faisait déjà part de ses réflexions en ce sens.


Il n’était déjà plus sûr du tout qu’Oswald ait été le seul tireur ce jour là.  Comment à partir de là d’aucuns peuvent-ils encore réfuter la théorie du complot à Dallas . Faut-il qu’ils soient aveugles ou sourds ?  Le responsable de la police de Dallas, l’homme au premier rang des faits… qui parlait de complot !!!!  Plus étonnant encore, des archivistes ont retrouvé un appel du même Curry fait sur les télévisons locales, la veille au soir de l’arrivée de Kennedy à Dallas.


Il y exprimait le souhait « qu’il n’y ait pas le lendemain d’incident ou d’accident » (« untoward accident, or incident »)… Comme on le savait, le président n’était pas en terre d’accueil au Texas. On se doutait que se serait effectivement tendu.  On notera aussi que le soir même où Oswald était présenté à la presse, un homme hantait déjà les couloirs du commissariat de Dallas :  Jack Ruby !!!  Ainsi qu’un deuxième, remarquez, car à bien y regarder aussi, un mince personnage en costume clair hantait aussi déjà les mêmes couloirs (ci-dessus).  Or celui-ci s’appelle Paine.  C’est Michael, le mari de Ruth… les hébergeurs d’Oswald, déjà présent, étonnamment, sur place… la CIA suit son protégé de près, semble-t-il !!!  Michael, fort disposé à charger Oswald en interview, pour en faire un « a good russian for me« , dira-t-il.  Il ira même à citer au micro Marx (« exploitation of man by man« )… dans cet interview sidérant de duplicité !!!  L’homme qui l’a hébergé le charge tant qu’il peut devant les caméras, évoquant la société soviétique « sans profits » vantée chez lui par Oswald… faisant en fait le procès, selon Oswald, du capitalisme américain, et le condamnant de la même sorte, aux USA !!!  Le voilà à le présenter comme « irrationnel » maintenant, le présentant comme « sans émotion« , et à avoir été « surpris » par son attitude.  A la question sur une possible « conspiration » (sous entendue castriste – Castro est cité- ou russe), Paine répond comme quoi Oswald a toujours été un « solitaire » et « n’a jamais appartenu à un groupe » (alors qu’il distribuait des tracts dans la rue !).  Paine réfute en tout cas l’idée d’un attentat commis par Castro, parlant d’acte « irrationnel » (3).  L’acte d’un fou.  Mais  aux idées « communistes »  (car il faut être aussi fou pour l’être, bien entendu, selon les américains (4) !

La preuve par le « Dictabelt » ?



Je vous ai déjà parlé il me semble de cet engin.  Aujourd’hui il paraît bien archaïque, au temps du numérique.  JFK en avait fait installer un à la Maison Blanche (ci-dessus), pour enregistrer les appels téléphoniques et lui-même y dicter ses mémos.  Or il se trouve que cette méthode d’enregistrement était aussi en place dans la police, et notamment à Dallas qui utilisait un modèle A2TC Model 5 (ici à droite).  Le principe est expliqué ici : « la machine de dictaphone utilisée par la police de Dallas était une unité de type « piggyback » (doublée).  Quand une bande est pleine, la machine commence automatiquement à enregistrer sur la deuxième unité.  Parce qu’une bande ne peut contenir qu’environ 15 min d’enregistrement continu, un technicien était constamment en place pour remplacer les ceintures comme elle devenaient pleines.  Pour prolonger le temps entre les changements de bande, la machine a été équipée d’un commutateur d’actionnement du son qui arrêterait l’enregistreur pendant les blancs (après environ 4 secondes) et reprenait automatiquement l’enregistrement lorsqu’une transmission avait été reçue.


Le disque Audograph ressemblait à un disque phonographique plus traditionnel, sauf que cet appareil d’enregistrement avait un stylet sur un bras fixe.  Le plateau tournant est monté sur un axe qui monte dans une fente de telle sorte que l’axe est entraîné perpendiculairement au bras de stylet par une vis sans fin lorsque le plateau tournant tourne.  Par conséquent, à la différence d’un enregistrement phonographique traditionnel, le disque Audograph est enregistré (et joué) de l’intérieur vers l’extérieur, et la lecture est à la vitesse linéaire de la piste (en pouces par minute) au lieu des tours par minute.  Cet agencement empêche le problème commun aux bras de stylet flottants dans lequel l’aiguille peut restée « collée » dans une rainure jusqu’à ce qu’elle soit corrigée manuellement.  En outre, il maximise la densité des messages enregistrés en termes de signal par pouce de rainure acoustique, par rapport au phonographe moins efficace.  Les disques Audograph été vendus venus en deux tailles, en 9 min et 30 min de capacité.


Cette machine était également équipée d’un commutateur d’actionnement du son ».  Après l’assassinat, et pas davantage pour la Commission Warren, personne n’avait songer à vérifier si on avait gardé quelque part des enregistrements sonores de la journée :  à peine si on avait retrouvé la moitié de ce qui avait été disponible.  Ce n’est qu’en 1976 qu’on a songé fouiller davantage, et retrouver les fameuses bandes, notamment celles des conversations des motards de la parade.


Selon la Mary Farrell Foundation. « la bande Dictabelt détenue par les Archives nationales a écrit sur sa surface, fait avec un stylo blanc indiquant que c’est la bande n ° 10 à partir du 22 Novembre 63.  Le technicien du commissariat avec la responsabilité de l’exploitation des enregistreurs en 1963 a été en mesure d’identifier l’écriture comme étant la sienne ».  La première constatation sonore a permis de fixer l’heure exacte du tout premier tir :  12H30.  En 1978, une analyse plus fine des sons a permis d’établir la chronologie des tirs et de la synchroniser avec le film de Zapruder, surtout.  Et découvrir qu’il n’y avait pas eu trois tirs… mais cinq d’audibles :  un premier isolé, puis deux consécutifs, un temps intermédiaire de 5 secondes, et deux consécutifs de plus.  Sans faire du TSBD un endroit d’où on n’aurait pas tiré, bien au contraire, mais aussi pour découvrir qu’on avait aussi tiré du fameux tertre (avec au total 3 tireurs, dont un au Dal-Tex, celui qui aurait raté son tir vers James Tague) !!!!


Et indubitablement c’est bien de là qu’est venue la balle fatale ayant fait exploser le cerveau présidentiel :  « fait intéressant, lorsque la même analyse est appliquée à la tête atteinte à Z-313, il démontre que le mouvement se produit trop tôt pour avoir été un coup du dépôt de livre.  Une balle de Mannlicher-Carcano tirée du nid du tireur d’élite frappant à Z-313 aurait été tirée à Z-310.  Mais le son d’un coup de feu à Z-310 ne peut pas aller à la position de Zapruder et arriver plus tôt que Z-315.  À l’inverse, une balle du Grassy Knoll tiré sur Z-312 aurait frappé JFK à Z-313 et le coup de fusil arriverait à la position de Zapruder (à 50 pieds) dans le même cadre.  Par conséquent, là encore, il y a un accord étroit entre la preuve des mouvements, la preuve acoustique, et la preuve filmée de la blessure » (à noter qu’un des tirs ayant touché le pare-brise avait aussi été filmé par Zapruder, par déformation subite du verre et un reflet de soleil différent !).  Ceux qui doutaient encore des images avaient la preuve sonore du tir du Grassy Knoll !!!

D’autres enregistrements gênants


Le côté sonore de l’attentat n’a été défriché que tardivement. Et là encore, des découvertes récentes sont apparues, qui renforcent la piste d’un vaste complot remontant à une piste incluant également des militaires.  Les enregistrements, disponibles ici, sont ceux captés à bord de Air Force One, qui emportait déjà le cercueil de Kennedy.  L’homme concerné par les appels est Curtis le May, un fou furieux qui a servi de modèle à Kubrick pour le rôle du général Turgidson. Beaucoup après avoir vu le film ont dit que ce n’était pas vraiment une caricature :  Le May était véritablement dérangé, obsédé par la guerre et le nombre de tués que cela pouvait occasionner (il calculait les pertes civiles en Corée en pourcentage de la population totale, estimant qu’il en avait supprimé 20% avec ses bombardements des barrages ayant noyé la population, ou avait projeté de raser le japon, même sans arme nucléaire, à grands coups de bombardements au phosphore qui ont davantage tué que les deux bombes atomiques !).  Lors de la crise de Cuba, il avait poussé JFK à déclencher un assaut racontent les enregistrements dans le salon ovale de la Maison Blanche :  « le travail de LeMay, bien sûr, était de fournir des options militaires à la disposition du président.  Et c’était quelque chose pour laquelle il était bon, certains diraient, trop bon.  Dans cet extrait, LeMay présente simplement les options de frappe aérienne.  Mais jamais timide, LeMay tendait à traverser la ligne dans le plaidoyer de l’action militaire, quelque chose qui dérange Kennedy.  Au cours de la Crise des missiles cubains, LeMay avait dit à Kennedy que ce que le président avait établi – un blocus naval de Cuba – était une mauvaise idée et était «presque aussi mauvais que l’apaisement de Munich». 


Et à un autre point de ce 16 novembr , il a préconisé «la résolution» du problème, par lequel il a signifié la mise en œuvre du CINCLANT OPLAN 312-62, le plan d’attaque aérienne pour Cuba ».   (en photo, le Joint Chiefs of Staff du moment le 19 novembre 1962. De gauche à droite les générauxl Earle G. Wheeler, Chief of Staff, U.S. Army; Curtis E. LeMay, Chief of Staff, U.S. Air Force; Maxwell D. Taylor, USA, Chairman, Joint Chiefs of Staff; l’amiral George W. Anderson, Jr. Chief of Naval Operations; et le général David. W. Shoup, Commandant, U.S. Marine Corps).


Ce gars-là souhaitait un conflit mondial, tout bonnement !  Il n’avait donc pas digéré le « Munich », pour lui,  de la fin de la crise des missiles de Cuba !!!  Les bandes révélées le 15 novembre 2011 seulement, encore une fois des archives audio qui n’avaient intéressé personne, l’ont été par le reporter Joann Loviglio, au sein de l’Associated Press.  Ce sont des bandes magnétiques, emportées chez lui à son départ en retraite de 1965 par l’Army Brigadier General Chester V. Clifton (l’assistant militaire personnel de JFK, en photo à gauche avec lui et LeMay). 


Celui qui aussi portait la valisette contenant les codex nucléaires (ci-dessous à droite arrivant à la base de Logan à Boston.  En fait, les bandes des « Air Force One tapes » avaient déjà été dévoilées en 1970 pour être présentées dans la Bibliothèque de Johnson (chaque président a son musée). Mais visiblement, celles fournies en 1970 avaient été… charcutées.  Car elles révèlent des messages évoquant le transport du corps de Kennedy dans une « black cadillac » (un corbillard noir) et non dans la voiture ambulance grise communément acquise et bien connue, mais aussi des conversations avec l’avion de Curtis le May.  L’histoire de la manipulation des cercueils que je vous ai déjà raconté ici-même.  Et ce qui est révélé en 2011 est tout simplement étonnant.

Le May, présent à l’autopsie si controversée !


Ce qu’en raconte ici  Douglas P. Horne, plutôt partisan il est vrai de la thèse d’un Pearl Harbor « fabriqué » (thèse que je ne suis absolument pas, comme je l’ai écrit à deux reprises !) est très, très étonnant, car il indique que LeMay a fait faire à son avion cargo C-140 un crochet, pour assister à tout prix à un événement fort particulier à Bethesda (cf en photo l »aide Ck-lifron en train de téléphoner à bord de Air Force One) :  « l’aide du général LeMay, colonel Dorman, essaya d’entrer en contact avec le général LeMay par radio peu de temps avant l’arrivée de son avion du Canada.  Cette conversation est enregistrée sur « side 2 », l’enregistrement fait 66,3 Mo en MP3, entre les temps 11:05 et 12:04.  Pourquoi ai-je déclaré que cela était d’un tel intérêt? Pourquoi est-ce plus qu’une simple curiosité historique, aléatoire? 


Parce que le général LeMay, revenant du Canada aux États-Unis après avoir appris l’assassinat, a désobéi aux ordres du secrétaire de l’armée de l’air (son supérieur nominal), M. Eugene Zuckert, et au lieu d’atterrir à Andrews AFB Il s’est dirigé, et a atterri à l’aéroport national de Washington DC adjacent au centre-ville de Washington, DC;  parce que Paul K. O’Connor, un membre du corps de marine qui a aidé les pathologistes de la Marine à faire l’autopsie sur JFK, a déclaré à plusieurs reprises avant sa mort que le général LeMay a assisté à l’autopsie du président Kennedy le 22/11/63.  J’ai documenté la grande antipathie que LeMay (le Chef d’état-major de la Force aérienne) et le Président Kennedy avaient pour l’autre — ainsi que la désobéissance de LeMay envers le Secrétaire de l’Armée de l’Air le jour de l’assassinat — dans le volume 2 de Inside the ARRB, Aux pages 481-488.  La vraie question est: «Pourquoi l’éditeur de la version LBJ Library des bandes de l’Air Force One a-t-il décidé de supprimer cette conversation de cette version des enregistrements?  Peut-être tout le sujet du général LeMay, particulièrement s’il était présent à l’autopsie de JFK, était «radioactif» quand les bandes ont été éditées dans les années 1960.  Le général LeMay ne s’est retiré de l’armée de l’air des États-Unis qu’en 1965, vraisemblablement il était toujours chef d’état-major de la Force aérienne lorsque les bandes montées et condensées étaient assemblées, et peut-être avait-il personnellement ordonné de retirer cette conversation du dossier.  Alternativement, quelqu’un d’autre peut ne pas vouloir que le nom de LeMay même soit associé à distance aux événements entourant l’autopsie, surtout s’il avait été présent à l’autopsie de JFK (sur l’autopsie se reporter à mon épisode 17 de la saga). 


Plus d’un tiers du temps d’antenne sur les bandes de l’Air Force One est consacré aux arrangements d’autopsie, et «quelqu’un» peut avoir été très mal à l’aise sur le désir exprimé d’urgence de l’aide de LeMay de le contacter tôt ce soir-là.  LeMay a atterri à l’aéroport national 52 minutes avant le temps d’arrivée «sur les blocs» pour Air Force One, et 83 minutes avant l’arrivée du corps de JFK à Bethesda (à 6:35 PM).  Il avait beaucoup de temps pour être conduit à Andrews s’il avait voulu y être.


Et il avait certainement beaucoup de temps devant lui pour conduire de l’aéroport national (ou le Pentagone à proximité) à Bethesda Naval Hospital (ici à droite), avant l’arrivée du corps ».  Pourquoi donc un général comme Le May (fan de tir au fusil comme on peut le voit ici à gauche) tenait-il tant à assister à l’autopsie dont on sait aujourd’hui qu’elle sera le premier jalon de la désinformation qui allait suivre pour « prouver » au grand public qu’il n’y avait eu qu’un tireur (5) ?  A moins d’être concerné à l’avance par ses conclusions (surréalistes, avec traficotage de photos), sa présence ne s’explique tout simplement pas !!!



(1) une dissémination entretenue et poursuivie depuis plus de 50 ans, avec comme ténors de la désinformation récente Gerald Posner, le même qui a tant glosé sur Ben Laden, quel hasard, ou de façon plus surprenante avec Vincent Bugliosi, le procureur de l’affaire Manson… venu raconter dans un lourd pavé (« Reclaiming History: The Assassination of President John F. Kennedy« ) qu’Oswald avait tué pour reconquérir le cœur de Marina, ou quand le soap-opera tente de noyer toute réalité… il résume ainsi ses conclusions sur la culpabilité d’Oswald :  « Rapidement, cinq raisons : le fusil Mannlicher-Carcano d’Oswald était l’arme du meurtre. C’est assez lourd en soi.  Oswald était le seul employé à l’édifice de dépôt de livre qui a fui le bâtiment après l’assassinat.  Quarante-cinq minutes plus tard, il tire et tue l’agent J. D. Tippit, du département de police de Dallas.  Ce meurtre portait la signature d’un homme en fuite désespérée qui a fait quelque chose d’horrible.  Trente minutes plus tard, dans un théâtre du Texas, il résiste à l’arrestation, tire au pistolet sur l’agent d’arrestation.  Au cours de son interrogatoire, [Oswald] a déclaré un mensonge prouvable après l’autre, montrant une conscience de culpabilité ».  Ça vous donne une idée de la légèreté de son enquête !  On eut aisément pu se passer de ce lourd pavé.


(2) bien démontée ici par Jim Fetzer and Jim Marrs.  Le fameux Farid n’a pas utilisé les 4 photos connues sorties de l’Imperial Reflex mais une seule : or sur les quatre, les différences d’ombres sautent aux yeux.  Mais pas les siens !  Sur les photos, l’arrière plan est le même alors que la preneuse de vue (Marina) a changé de place !  Mieux encore :  notre célèbre « Fritz » avait une photo du « backyard » d’Oswald avec le fusil… avant même que les deux inspecteurs Stovall et Rose ne la découvrent dans le garage des Paine !!!  L’expert Lyndal L. Shaneyfelt viendra témoigner à la Commission que l’appareil de Marina Oswald ayant pris les clichés était..  inopérant, son diaphragme étant cassé.

(3) sa femme, Ruth, ne fera pas mieux en interview, un peu plus tard.  Selon elle, lorsqu’elle a été invitée à se rendre au commissariat, « elle ne savait pas qu’Oswald était associé à ce tragique événement ».  Selon elle encore, Oswald n’avait jamais formulé de propos extrémiste pouvant conduire à cet assassinat.  Comme son mari, dont elle vivait séparée, elle présente un Oswald devenu en quelque sorte fou, devenant par son acte « quelqu’un d’extraordinaire« , thèse qui sera reprise plus tard dans des ouvrages.  Elle ajoute plus loin, l’air éploré, que « l’évidence est tellement évidente » (qu’Oswald est le coupable), façon de condamner et de créer et d’appuyer comme son mari la thèse de l’Oswald ayant agi seul.  Elle le présente aussi comme « unskill », parlant très peu, presqu’asocial, et donc très peu capable de retrouver un emploi (c’est elle qui lui a trouvé en réalité !).  Un Oswald ayant le sentiment selon elle d’être « plus persécuté par la vie » qu’être « irrationnel » (l’adjectif utilisé par son mari, Michael Paine, quel « hasard »).  Les deux agents Paine de la CIA participent bien au complot, et récitent sagement une partition partagée au préalable !  Plus de 40 ans après, elle affirmera qu’il était taiseux « mais parlait politique avec son mari« …


(4) l’une des plus belles que j’ai pu découvrir durant cette longue enquête est une toute petite phrase relevée dans le très sérieux Washington Post annonçant le décès du détective Paul Bentley, le 26 juillet  2008 à l’âge de 87 ans.  Le journal reprenant une dépêche de la non moins sérieuse agence Associated Press.  Ouvrez bien les yeux et laissez les bien ouverts, voici ce qu’il en est dit : « dans une photographie bien connue prise juste après l’arrestation, M. Bentley porte un costume avec ses cheveux dominés et un cigare dans sa bouche alors qu’il escorte Oswald du théâtre.  Oswald semble avoir une marque sur son front, dont M. Bentley a dit qu’il s’agissait d’une marque maçonnique ».  Oui, vous avez bien lu la même chose que moi.  C’est répercuté encore en 2008 par des gens qui sont unanimement respectés dans l’information, pourtant !!!  A croire que le complotisme, ça s’utilise aussi et ça s’entretient, histoire de brouiller les pistes :  on touche à nouveau là à la désinformation entretenue par le Projet Mockingbird.  On peut aussi y ajouter cette autre découverte  :  « M. Bentley avait un autre lien avec Oswald. Son beau-frère L.C. Graves (photo ici à droite) était l’un des officiers escortant Oswald quand Oswald a été abattu par Jack Ruby.  Graves, décédé en 1995, peut être vu à gauche d’Oswald dans une célèbre photographie de la fusillade. »


(5) rappelons aussi qu’Oswald, d’après les tests à la paraffine ne portait aucune trace de poudre sur les joues comme sur les mains, preuve qu’effectivement, ce jour-là il n’avait utilisé aucune arme.  Or l’officier Tipitt a été tué de 5 balles.

documents :

la liste des témoignages de Warren, par ordre alphabétique


TF121