Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 18 décembre 2017

La lutte contre la mafia passe par l’école


La mafia recrute également ses nouveaux membres parmi les secondos établis à l’étranger. Les écoles italiennes de Suisse lancent une campagne pour contrer ce phénomène.

C’est surtout la Ndrangeta, la mafia calabraise, qui a découvert que les Italiens de deuxième génération nés à l’étranger représentaient un terreau de recrutement favorable. Depuis que les lois anti-mafia sont entrées en vigueur en Italie, la «Pieuvre» a en effet de plus en plus besoin d’étendre ses tentacules hors de la Péninsule.

Avec le programme «Progetto Legalità», près de 10'000 écoliers en Suisse doivent être rendus attentifs aux dangers de la mafia. Parmi les initiateurs du projet, on trouve entre autres la psychologue pour enfants et adolescents Marina Frigerio. Cette double-nationale italo-suisse a rassemblé ces dernières semaines du matériel didactique et discuté avec les enseignants de la manière d’intégrer le thème de la mafia dans le programme scolaire. «Il s’agit de sensibiliser les enfants et les jeunes et de les vacciner contre la tentation d’être attirés par les activités de la mafia», explique Marina Frigerio.

La sensibilisation se fera au-travers d’histoires et d’événements qui ont trait à la mafia. Dès le printemps 2018, les enseignants incluront ces «leçons de mafia» dans leurs cours. Il est également prévu que des victimes de la mafia donnent des conférences dans les salles de classe. 

La mafia cherche sa relève à l’étranger

Le fait que la mafia italienne possède des ramifications à l’étranger – en Suisse notamment – est connu, souligne Marina Frigerio. En revanche, on sait moins que la mafia y recrute de plus en plus du sang neuf pour ses cellules à l’étranger. C’est ce que des témoignages de mafieux repentis ont montré récemment. «Ils affirment que la Ndrangheta s’intéresse à la deuxième génération afin d’obtenir des avantages pour leurs affaires», affirme la psychologue.

Comme la mafia ne connaît pas bien les lois et les règles ayant cours à l’étranger, elle a besoin d’aide dans des postes dits clés et à responsabilité. «Par exemple, des personnes qui travaillent dans une banque, dans une entreprise de construction ou une administration communale».

Marina Frigerio prend pour exemple l’arrestation de plusieurs membres de la Ndrangheta en Thurgovie au printemps 2016. Là aussi, des secondos bien intégrés ont été impliqués. «C’est tout simplement la preuve que nous ne faisons pas fausse route, que la question est délicate et que nous devons agir. On ne peut pas attendre que d’autres cellules voient le jour.»

Il est ainsi clair aux yeux de la psychologue italo-suisse que la campagne de sensibilisation contre la mafia doit commencer à l’école. Le plus tôt sera le mieux. Car si les adolescents sont déjà vaccinés contre la mafia, il y a de bonnes chances pour qu’ils restent immunisés contre le crime organisé à l’âge adulte. Et, qu’ainsi, la mafia ne parvienne plus à trouver de relève pour ses activités criminelles.