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mercredi 22 novembre 2017

Le cerveau des attentats de Bombay sera libéré

Hafiz Saeed, chef du mouvement Jamaat-ud-Dawa (JuD), à la sortie du tribunal mercredi
(Photo: Keystone)


La justice pakistanaise a ordonné mercredi la libération d'un dirigeant islamiste accusé par l'Inde et les Etats-Unis d'être l'organisateur des attentats de Bombay en Inde, a annoncé le parquet. Ces attaques avaient fait 166 morts en 2008.

Chef du mouvement Jamaat-ud-Dawa (JuD), Hafiz Saeed était en résidence surveillée depuis janvier dernier. Le gouvernement de la province du Pendjab avait demandé la prolongation de son assignation à résidence pour 60 jours, mais la justice a rejeté cette demande. Elle a estimé qu'aucune preuve de sa culpabilité n'avait été apportée, ont dit le procureur Sattar Sahil et l'avocat du suspect, A. K. Dohar.

Le dirigeant islamiste nie toute responsabilité dans l'attaque menée par un commando de dix hommes contre deux hôtels de luxe, un centre culturel juif et une gare de chemin de fer à Bombay en 2008. Le massacre avait duré plusieurs jours.

Hafiz Saeed est l'un des hommes les plus recherchés par New Delhi. Il vivait avant cela en totale liberté au Pakistan, d'où il appelait régulièrement au djihad contre l'Inde. Il avait été assigné à résidence une première fois, pour une très brève période, en 2008.

En 2012, les Etats-Unis ont offert une récompense de 10 millions de dollars (environ le même montant en francs) pour toute information conduisant à son arrestation ou à sa condamnation. Washington considère que le JuD est une vitrine du groupe armé pakistanais Lashkar-e-Taiba (LeT), classé sur la liste des organisations terroristes.

Manque de coopération

L'Inde a fréquemment dénoncé l'incapacité du Pakistan à lui livrer des suspects ou à les poursuivre. Et Islamabad de répondre que New Delhi ne lui avait pas fourni suffisamment de preuves. L'Inde a également affirmé à de multiples reprises que des «agences officielles» pakistanaises étaient impliquées dans la conception des attaques de Bombay, ce qu'Islamabad a toujours nié.

Selon l'analyste et général pakistanais à la retraite Talat Masood, le traitement de faveur dont bénéficie Saeed est lié au «soutien de son organisation (le JuD) au Cachemire». Le territoire himalayen est à l'origine de deux des trois guerres entre Inde et Pakistan.

En février 2016, Hafiz Saeed avait ainsi accusé «800'000 militaires indiens» de «commettre un génocide de Cachemiris» lors d'un rassemblement public. Les Cachemiris «n'ont-ils pas le droit de mener des attaques (en Inde) pour se défendre?», avait-il lancé.

New Delhi accuse de son côté le Pakistan d'envoyer des groupes d'insurgés pour fomenter des troubles dans la partie indienne du Cachemire. Le président américain Donald Trump a également accusé en août Islamabad de servir de refuge à des «agents du chaos». Le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, en visite au Pakistan fin octobre, a affirmé avoir fait des demandes «très spécifiques» aux autorités pakistanaises concernant certains insurgés.

ATS