Sondage après sondage, Emmanuel Macron poursuit sa chute. Et si l’on en croit les photos le montrant toujours aussi souriant, aussi souriant que lorsqu’il était sur les scènes de sa campagne électorale, cette perte de confiance des Français à son égard n’a pas l’air de l’atteindre.
Trois mois après son élection, le voici sous la barre des 50 %, puisque le dernier sondage, celui de YouGov, annonce que seulement 36 % des Français lui sont favorables. À un point en dessous de son Premier ministre ! Le mois dernier, déjà, l’IFOP l’avait annoncé en chute de 10 points. À ce stade, d’ailleurs, ce n’est plus une chute mais une dégringolade qui prouve combien sont inconstants les Français qui, le 24 mai, étaient derrière lui à 67 % ! Un résultat qui doit faire plaisir à François Hollande, qui n’avait pas été aussi rapide dans la désaffection des sondés.
Ces très mauvais sondages, Macron les doit à sa façon d’être, à sa manière dictatoriale de gouverner qui se cache derrière son sourire « Colgate ». Et surtout à son inexpérience de jeune Président et à celle de sa très large, trop large majorité LREM dont les couacs font les délices des internautes. 49 % des Français n’apprécient pas du tout ce que Macron a fait ou annonce de faire : l’ISF dont la révision va n’avantager que les riches, sa méconnaissance des besoins militaires, ses mesures favorables à plus d’immigration, sa promesse (tenue) de gouverner par ordonnances, ses invités privilégiés comme Rihanna et autres people, la générosité qu’il montre aux pays africains alors que les budgets des ministères régaliens sont en baisse, etc.
Regardez Le Canard enchaîné, Mediapart et même Libération révèlent, à longueur de page, les erreurs, les revirements présidentiels mais aussi les errements, les bourdes de ses ministres et députés.
Dans un entretien téléphonique accordé à Sputnik, Tiphaine Beaulieu, porte-parole du collectif Les marcheurs en colère, a dressé un portrait du fonctionnement de LREM pour le moins éloigné des affirmations des responsables du parti présidentiel.
Interrogée par l'agence de presse russe Sputnik, la porte-parole du collectif «Les marcheurs en colère», composé de militants de La République en marche (LREM), dénonce le fonctionnement interne du parti de la majorité présidentielle ainsi que ses nouveaux statuts.
Dénonçant un problème de «management au sein de La République en marche», la marcheuse finistérienne pointe notamment du doigt le manque de transparence de la formation politique. Les interlocuteurs des adhérents seraient, à l'en croire, difficilement identifiables : «On n'a pas d'interlocuteurs. Les interlocuteurs sont des salariés d'En marche !, responsables de pôles territoires mais ce ne sont pas des décideurs [ce sont] des gens qui nous appellent et nous présentent ni leur fonction [ni leur nom]. "Katarina d'En Marche !", tout le monde peut appeler en disant ça». Les interlocuteurs auxquels peuvent s'adresser les adhérents du parti ne seraient que «deux, trois» par comité local.
Un autre élément dénoncé par la partisane mécontente est le manque de filtres à l’adhésion du parti qui se fait gratuitement par simple enregistrement en ligne. En raison de sa large victoire aux élections législatives qui lui assure 20 millions d'euros d'aides publiques par an, le parti peut se permettre de proposer une adhésion gratuite. Une inscription simplissime qui, selon elle, ne manquera pas à l'avenir de poser un problème de crédibilité au parti : «Il y a un adhérent qui m'a dit : "J'ai adhéré au nom d'Alain Juppé" [...] et on lui a dit : "Merci Alain Juppé d'avoir voté pour le statut"». Le 8 juillet, le parti revendiquait 370 000 adhérents.
Des faux membres de LREM ?
Plus troublant encore, la porte-parole des Marcheurs en colère affirme avoir rencontré de faux membres de LREM, engagés pour contribuer à l'ambiance de la convention du parti du 8 juillet à la Villette, à Paris. «J'ai discuté avec des gens qui étaient là pour faire le show et qui m'ont dit avoir été payés», affirme Tiphaine Beaulieu à Sputnik, ce qu'elle juge «très grave». Elle ajoute : «Ce mélange des genres pourrait être perçu comme une énorme escroquerie et [...] manipulation de masse».
Des accusations graves portées par la représentante d'adhérents qui se retrouveraient marginalisés en raison de leurs critiques adressées aux cadres du parti. Au sein de celui-ci, toutes les personnes émettant publiquement des réserves sur le fonctionnement interne seraient, à en croire Tiphaine Beaulieu, «systématiquement black-listés», et leur accès à leur espace privé du site de LREM retiré.
Une grogne croissante parmi les troupes macronistes ?
Les voix dissonantes dénonçant le fonctionnement du parti se font de plus en plus nombreuses depuis le vote en ligne des nouveaux statuts du parti par les adhérents le 30 juillet 2017. Rémi Bouton, porte-parole du collectif «Démocratie en marche» (composé quant à lui de dissidents de LREM), avait ainsi dénoncé le fonctionnement «pyramidal» du parti. Le collectif a par ailleurs engagé des poursuites pour contester les nouveaux statuts qui, selon lui, n'ont pas été élaborés en collaboration avec les adhérents, contrairement à ce que les leaders macronistes affirment.
Jean-Pierre Mignard, avocat ayant participé à la rédaction des statuts du parti, avait justifié auprès de l'AFP le choix de cette structure comme un moyen d'«éviter des compétitions destructrices à l'intérieur du parti», en refusant la «structuration en courants». Une stratégie qui semble ne pas avoir rempli ses objectifs, comme le prouve ce vent de dissidence au sein du parti.