Quelques semaines avant de devenir officiellement le 45e président des États-Unis, Donald Trump avait tiré à boulets rouges contre le programme PAR (Presidential Aircraft Recapitalization) visant à remplacer les deux avions B747-200B (ou ou VC-25A) utilisés par l’US Air Force, depuis la base aérienne d’Andrews, pour les déplacements présidentiels. En cause : le coût de l’opération, de l’ordre d’environ 3 milliards d’euros.
À cette fin, un contrat avait été attribué à Boeing, qui proposait une solution basée sur son B747-8, un appareil dont le prix sur catalogue s’élève au minimum à 300 millions d’euros. D’où le coup de sang de M. Trump.
« Boeing construit un Air Force One 747 tout neuf pour les futurs présidents, mais les coûts s’envolent, plus de quatre milliards de dollars. Annulez la commande! », avait-il lancé via son compte Twitter. Puis, devant la presse, il s’était à nouveau emporté. « Cela va coûter plus de quatre milliards de dollars pour le programme Air Force One et je pense que c’est totalement ridicule. Boeing nous fait un petit tour de passe-passe. Nous voulons que Boeing gagne beaucoup d’argent mais pas autant que ça », avait-il.
Seulement, si le prix demandé par Boeing peut paraître excessif, il ne faut pas perdre de vue qu’un avion destiné à servir en tant qu’Air Force One n’est pas comme les autres. Au-delà des aspects liés au confort intérieur, il doit en effet être équipés de systèmes de protection (contre la menace des missiles sol-air par exemple) et de télécommunications chiffrées tout en disposant de capacités bien particulières, comme celle de pouvoir être ravitaillé en vol. Autant de fonctionnalités, donc, qui alourdissent la facture.
Cela étant, cette dernière pourrait être moins importante qu’annoncé. En effet, les deux futurs avions présidentiels américains seront des B747-8 qui avaient été initialement commandés il y a quatre ans par Transaero, une compagnie aérienne russe mise en faillite en 2015.
Or, ces deux B747-8 ont déjà été assemblés. Ne pouvant pas être livrés à Transaero, ils sont actuellement stockés dans le désert de Mojave, où l’air sec et chaud permet de les conserver en bon état.
« Nous sommes encore en train de discuter pour parvenir à un accord concernant la vente de deux 747-8 à l’US Air Force. Cette transaction se focalise sur le fait de fournir (un avion de) grande valeur à l’US Air Force et de proposer un bon prix pour le contribuable », s’est borné à dire un porte-parole de Boeing, selon l’AFP.
De son côté, l’Air Force a seulement confirmé que le contrat était arrivé dans sa « phase finale » et qu’il allait être bientôt attribué.
Cela étant, il est difficile d’évaluer les économies susceptibles d’être réalisées en remettant dans le circuit deux avions initialement destinés au transport aérien commercial. Cité par Defense News, l’analyste Richard Aboulafia, de Teal Group, les estime à 10-15%, uniquement sur le prix de base des appareils. Mais comme ces derniers devront subir des modifications importantes et que le coût de leurs équipements est incompressible, il sera en effet difficile de faire mieux.