Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 20 juillet 2017

Un budget des Armées assaisonné avec de la poudre de Perlimpinpin en 2018?




La ministre des Armées, Florence Parly, et le Premier ministre, Édouard Philippe, l’ont de nouveau assuré ce 19 juillet : les dépenses militaires feront l’objet d’un effort important en 2018 et l’engagement de porter le budget des armées à 2% du PIB d’ici 2025 sera tenu.

Lors de la séance des questions au gouvernement, M. Philippe a ainsi annoncé que le budget des armées aurait un montant « minimum » de 34,2 milliards d’euros (hors REX, c’est à dire les recettes exceptionnelles), soit, a-t-il souligné, « 1,8 milliard » de plus par rapport à celui qui est en cours d’exécution.

Seulement, il y a là un problème : le montant du budget de la mission Défense, tel qu’il a été voté par le Parlement à la fin de l’année 2016, est de 32,7 milliards d’euros… Si on lui ajoute le 1,8 milliard annoncé par le Premier ministre, on arrive donc à 34,5 milliards… D’où vient la différence? De 300 millions de recettes exceptionnelles, par définition incertaines, comme on a pu le constater au cours de ces dernières années?

Mais là, il y a un problème. Dans les colonnes du Figaro (édition du 19 juillet), qui a interrogé la ministre des Armées, il est effectivement question de recettes exceptionnelles, mais d’un montant de 150 millions d’euros, « sous forme de cession d’actifs ».

Une autre inquiétude porte sur le financement des opérations extérieures. « Les crédits budgétaires [des armées] seront portés à 34,2 milliards d’euros dont 650 millions d’euros de provisions OPEX. Parmi ces ressources, 200 millions d’euros seront consacrés au renforcement de la protection de nos forces partout où elles sont engagées », a annoncé, le 13 juillet, le président Macron.

Là encore, tout n’est pas très clair. Si l’on comprend bien, l’enveloppe du ministère des Armées pour les opérations extérieures passerait de 450 millions (son niveau initial actuel) à 650 millions d’euros. « Nous allons augmenter les dépenses militaires, nous allons commencer la réintégration des dépenses opex parce que c’est beaucoup plus sain », a assuré le Premier ministre. Sur le dernier point, cette réintégration est bien avancée puisqu’il est prévu de faire supporter aux Armées l’intégralité des coûts des interventions extérieures (et intérieures) dès cette année. « Les engagements pris par le président de la République seront tenus », a-t-il insisté.

Sauf que le président Macron a promis un budget des armées équivalent à 2% PIB, hors pensions et hors coût des opérations extérieures. Soit, avait-il avancé durant la campagne présidentielle, 50 milliards d’euros. Un détail qui n’est pas souvent (pour ne pas dire jamais) mis en avant par l’exécutif alors qu’il est capital.

Sachant que l’idée, comme l’a annoncé à M. Philippe, est de faire supporter au budget des Armées toutes les dépenses liées aux opérations, comment cela va-t-il se passer quand il faudra payer la note, sachant que ces dernières dépassent le milliard d’euros chaque année et que, par conséquent, les 650 millions prévus pour le budget 2018 seront insuffisants?

On est donc loin des promesses présidentielles. Ou du moins, on va partir de très loin. En prenant l’hypothèse la plus optimiste, il faudrait augmenter le budget des Armées de 2,3 milliards par an (sans tenir compte des coûts OPEX) à partir de 2019 pour tenir l’engagement du président Macron. On demande à voir…

Le général François Lecointre sera le prochain chef d’état-major des armées françaises



 Pour espérer devenir chef d’état-major des armées (CEMA), il faut avoir été chef d’état-major d’une armée (comme les généraux Schmitt et Douin), ou chef de l’état-major particulier du président de la République (comme les amiraux Lanxade et Guillaud ainsi que les généraux Georgelin et Bentégeat) ou encore major général de l’état-major des armées (comme les générau Kelche et de Villiers).

Aussi, le choix qui a été annoncé, à l’issue du Conseil des ministres de ce 19 juillet, pour remplacer le général de Villiers, démissionnaire, a de quoi surprendre. Ainsi, c’est le chef du cabinet militaire du Premier ministre, le général François Lecointre, qui a été désigné pour être le « responsable de l’emploi opérationnel des forces » et du « commandement des opérations militaires ».

« Un seul nom sera proposé par la ministre des Armées, Florence Parly », avait-il été indiqué avant la tenue du Conseil des ministres, en précisant qu' »il y a pas eu d’hésitation sur le profil. »

Né le 6 février 1962 à Cherboug, le général François Lecointre, saint-cyrien ayant servi au sein des Troupes de Marine, s’était illustré, quand il était encore capitaine au 3e RIMa (Régiment d’Infanterie de Marine), lors de la reprise du poste Sierra Victor, alors tenu par les Serbes de Bosnie, sur le pont de Vrbanja, à Sarajevo, le 27 mai 1995.

Le général Lecointre a également servi en Irak, lors de l’opération « Tempête du Désert » (1994), en Somalie (opération Oryx), à Djibouti (opération Iskoutir, en 1993), au Rwanda (opération Turquoise, 1994), en Côte d’Ivoire (Licorne, en 2006) et, plus récemment, au Mali, en prenant le commandement de la mission européenne EUTM Mali, chargée de la formation des forces armées malienne (FAMa). Il a notamment été le chef de corps du 3e RIMa (2005-2007) avant de prendre les rênes de la 9e BIMa (Brigade d’Infanterie de Marine).

Après avoir été stagiaire au Collège interarmées de défense (CID, École de guerre) en 2000, le général Lecointre a aussi été officier « études » au bureau de conception des systèmes de forces, à l’état-major de l’armée de Terre.