Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 20 juillet 2017

Trump met fin au programme d'armement secret des rebelles «modérés» en Syrie par la CIA


Sous l'impulsion de Donald Trump, la CIA a dû mettre fin à son programme de soutien aux rebelles syriens qui souhaitent renverser le président syrien Bachar el-Assad. Cette aide militaire avait été enclenchée sous la présidence de Barack Obama.

Le Washington Postrévèle le 19 juillet que le président américain Donald Trump a pris la décision, il y a près d'un mois, de cesser de donner des armes aux rebelles syriens prétendument «modérés». La décision a été prise après un entretien avec le directeur de la CIA, Mike Pompeo et le conseiller à la Sécurité nationale, le général Herbert Raymond McMaster.

Ce programme de soutien initié il y a quatre ans n'aurait eu qu'un impact limité, particulièrement depuis l'entrée dans le conflit des forces armées russes aux côtés de l'armée syrienne en 2015, selon le témoignage de responsables américains sous couvert d'anonymat.

La Maison Blanche et la CIA se sont refusées à tout commentaire. Reuters note toutefois que l'arrêt de ce programme ne remet pas en cause le soutien des Etats-Unis à certains groupes rebelles en Syrie, notamment avec des frappes aériennes.

Le Washington Post estime que la fin de ce programme de soutien aux rebelles syriens reflète la volonté du président américain de «trouver des moyens de travailler avec la Russie» ainsi qu'une «reconnaissance des limites de l'influence de Washington et [des limites] de la volonté de chasser Assad du pouvoir».

L'ancien président Barack Obama avait approuvé ce programme d'aide en 2013, au moment où divers groupes rebelles cherchaient un soutien extérieur dans le cadre d'un soulèvement contre le gouvernement de Bachar el-Assad. Des milliers de combattants rebelles ont ainsi été formés et armés.

Mais l'engagement des Etats-Unis est resté ambigu en raison des doutes de Washington sur la capacité des rebelles à renverser le gouvernement syrien et de la nécessité de combattre Daesh.

L'intérêt pour ce programme s'est encore érodé fin 2016 après la perte par les rebelles des zones qu'ils contrôlaient dans la ville d'Alep, à la suite d'une vaste offensive de l'armée syrienne, soutenue par la Russie.

«L'argent dépensé par la CIA a tout d'abord profité à Al-Qaïda»

Si Washington assurait que son programme était destiné à soutenir des rebelles «modérés», la Russie, à de nombreuses reprises, a mis en garde quant au fait que les armes tombaient souvent entre les mains de divers groupes djihadistes.

Une analyse que partage le journaliste américain indépendant et membre du Mouvement de solidarité avec la Syrie, Rick Sterling, qui a déclaré à RT : «Armer et entraîner des rebelles qui ont immédiatement rejoint le Front al-Nosra a été un gâchis d'argent monumental. L'argent dépensé par la CIA a tout d'abord profité à al-Qaïda.»

Cette décision intervient alors que les Etats-Unis et la Russie ont négocié un cessez-le-feu dans le sud-ouest de la Syrie, où des rebelles opèrent.

Le cessez-le-feu a été annoncé le 7 juillet lors du sommet du G20 à Hambourg, en Allemagne, où Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine se sont rencontrés pour la première fois.

Trump et Poutine ont eu une discussion supplémentaire en marge du sommet du G20

Donald Trump et Vladimir Poutine ont eu un deuxième entretien bilatéral à l'occasion du sommet du G20 à Hambourg, tenu secret jusqu'à présent, a annoncé mardi un responsable de la Maison Blanche.

Les deux dirigeants ont discuté pendant près de deux heures au premier jour du sommet, le vendredi 7 juillet. Après cet entretien officiel, Trump a dit avoir interrogé Poutine sur l'affaire des ingérences dans la campagne présidentielle américaine, et avoir obtenu un démenti du président russe. La Maison Blanche n'a pas précisé la durée du second entretien, ni les sujets abordés à cette occasion.

Cette seconde conversation a eu lieu lors d'un dîner rassemblant les dirigeants du Groupe des Vingt ainsi que leurs épouses, rapporte Ian Bremmer, président du groupe de conseil Eurasia Group et premier à révéler l'information dans une note à des clients. Des enregistrements télévisés du dîner montrent Melania Trump assise au côté de Vladimir Poutine.

Pas de traducteur américain

Selon Ian Bremmer, le président américain s'est levé au milieu du dîner pour une discussion de près d'une heure «privée et animée» avec le président russe, «rejointe seulement par le traducteur de Poutine». L'absence d'un traducteur américain a suscité quelques froncements de sourcil parmi les autres dirigeants, rapporte Bremmer, qui cite «un manquement au protocole de sécurité nationale».

Les rapports entre Donald Trump et le Kremlin font l'objet d'une extrême attention de la part du Congrès et un procureur spécial, Robert Mueller, a été nommé pour diriger une enquête indépendante sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle et les soupçons de collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump.

Discussions sur les propriétés diplomatiques russes

Par ailleurs, le numéro trois du département d'Etat Thomas Shannon a reçu lundi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. Le Kremlin exige que Washington rende «sans condition» deux propriétés diplomatiques russes aux Etats-Unis. Ces complexes résidentiels près de Washington et de New York ont été confisqués fin décembre par l'administration Obama, dans la foulée des premières accusations d'ingérence russe dans la présidentielle américaine.

«La conversation fut dure, franche et résolue, signe de l'engagement des deux parties à trouver une solution», a commenté mardi le département d'Etat. Les adjectifs «franc» et «dur» en diplomatie signifient en général que les échanges ont été musclés et que le ton a pu monter.

«Les Etats-Unis et la Russie cherchent une relation sur le long terme qui puisse régler des dossiers bilatéraux qui (nous) préoccupent et qui ont tendu la relation», a expliqué le département d'Etat. Le ministère s'est félicité d'un «esprit de bonne volonté» mais a reconnu que, «clairement, il restait du travail» à faire.

Représailles

En décembre 2016, l'administration de Barack Obama a expulsé 35 diplomates russes et leur famille et fait fermer les deux résidences que Washington estimait être des nids d'espions russes.

Ce dossier des propriétés diplomatiques a été abordé «sans ambiguïté» par le président russe Vladimir Poutine lors de sa rencontre avec son homologue américain Donald Trump en marge du G20 de Hambourg, le 7 juillet, selon le Kremlin.

Moscou a averti la semaine dernière qu'il réfléchissait à «des mesures concrètes» en représailles aux mesures punitives américaines. A l'époque, Vladimir Poutine avait décidé de ne pas répliquer en expulsant des diplomates américains, invitant au contraire leurs enfants à la fête du Kremlin pour le Nouvel An et Noël orthodoxes. Fin décembre 2016, le président élu Trump avait alors salué l'«intelligence» de Vladimir Poutine dont il voulait se rapprocher.