Le chef de l'Etat islamique serait vivant, d'après le responsable des services contre-terroristes kurdes Lahur Talabany. Celui-ci a confié le 17 juillet à l'agence Reuters être sûr «à 99%» qu'Abou Bakr al-Baghdadi était toujours en vie, et qu'il se trouvait toujours au sud de Raqqa.
De son côté, le porte-parole du gouvernement russe a déclaré disposer d'informations «contradictoires» sur la mort du chef de l'organisation djihadiste Etat islamique.
«L'information qui nous arrive est contradictoire et est en train d'être vérifiée par nos agences de renseignement», a déclaré aux journalistes Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. «Nous n'avons pas d'information sûre», a-t-il ajouté.
« Baghdadi est clairement vivant. Il n’est pas mort. Nous avons des informations montrant qu’il est vivant. Nous pensons à 99 % qu’il est vivant », a dit Lahur Talabany à Reuters.
« N’oubliez pas ses racines chez Al-Qaïda en Irak », a dit Talabany, faisant référence au groupe terroriste ciblé pendant des décennies par les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux. « Il se cache des services de sécurité. Il sait ce qu’il fait. »
Cette interview semble renforcer encore l’évaluation faite dimanche par Abu Ali al-Basri, directeur du service des renseignements et du contre-terrorisme de ministère irakien de l’Intérieur, qui pense lui aussi qu’al-Baghdadi est toujours vivant et se cache en Syrie.
Ces nouveaux éléments font suite aux affirmations relayées par la chaîne irakienne Al Sumaria, ainsi que par le controversé Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui affirmaient que le leader de Daesh était mort. La chaîne saoudienne Al Arabiya s'était même avancée à désigner son successeur probable, Mohamed Ben Salem al-Ayouni, un Français d'origine tunisienne âgé de 35 ans.
Le 16 juin, le ministère russe de la Défense avait affirmé qu'il était probable qu'Abou Bakr al-Baghadadi ait été tué lors d'une frappe aérienne dans les environs de Raqqa, photos aériennes à l'appui.
A gauche : le centre de commandement de Daesh à Raqqa, le 13 mai 2017. A droite : le même centre le 29 mai 2017, après une frappe aérienne effectuée le 28 mai (images d'un drone)
Le ministère russe de la Défense a déclaré le 16 juin que des vérifications étaient en cours pour confirmer la mort du leader emblématique de l'Etat islamique Abou Bakr al-Baghdadi qui aurait été tué dans une frappe aérienne russe en Syrie.
Deux bombardiers russes Su-34 et Su-35 ont effectué des raids aériens près du bastion de l'Etat islamique (EI) en Syrie Raqqa, le 28 mai dernier, a déclaré le ministère russe de la Défense.
Les bombardements visaient une réunion de chefs de Daesh de haut rang où aurait notamment été présent Abou Bakr al-Baghdadi, a ajouté le ministère dans un communiqué. Lors de la frappe, près de 330 terroristes de Daesh auraient été tués, selon la Défense russe, dont vraisemblablement le leader de l'EI. Le communiqué de la Défense russe a précisé que des vérifications étaient en cours.
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a cependant déclaré à l'agence RIA Novosti que le Kremlin n'avait «pas la certitude à 100% que al-Baghdadi a été tué».
Parmi les autres membres de l'EI qui auraient été tués dans le bombardement russe figureraient l'émir Abou Haji al-Misri, appelé «l'émir de Raqqa», ainsi que Ibrahim al-Nayef al-Haj, qui contrôlait la région s'étendant de Raqqa à as-Suhnah et le «chef de la sécurité» de Daesh Soulaimane al-Shauah.
La Défense russe a précisé dans son communiqué que le but de la réunion de l'EI était d'organiser la sortie de la ville de Raqqa par les militants du groupe terroriste en empruntant le «couloir Sud».
La coalition anti-Daesh dirigée par les Etats-Unis a pour sa part déclaré que les affirmations de Moscou sur la mort d'al-Baghdadi ne pouvaient être confirmées.
Al-Baghdadi – de son vrai nom Ibrahim Awad Ibrahim al-Badri, est apparu pour la première fois en public en juillet 2014, dans la mosquée de Mossoul en Irak, conquise par l'Etat islamique et devenue le bastion irakien du groupe terroriste. Le leader avait alors proclamé la formation d'un «califat islamique» au Moyen-Orient. Depuis lors, les médias ont à plusieurs reprises publié des informations sur sa prétendue liquidation, mais sans que cette dernière n'ait jamais été confirmée.