jeudi 27 juillet 2017
Des domestiques indonésiennes pro-Daesh à Hong Kong ?
Un petit nombre d'Indonésiennes travaillant comme domestiques à Hong Kong se seraient laissé convaincre et radicaliser par la propagande du groupe Etat islamique, selon un think tank indonésien.
Jusqu’à présent, la riche cité financière de Hong Kong se trouvait bien loin des troubles liés au groupe Etat islamique. Mais voici qu’une étude publiée par un think tank indonésien vient changer la donne.
Radicalisation en ligne
Dans son rapport, l'Institut d'analyse des conflits (IPAC) de Jakarta fait état d'une «frange radicale» d'environ 45 domestiques indonésiennes qui pourraient avoir été attirées vers l'idéologie djihadiste, «afin de retrouver un esprit de communauté dans un environnement non familier».
«Certaines de ces femmes ont été radicalisées par leur petit ami djihadiste qu'elles ont rencontré en ligne», a déclaré Nava Nuraniyah, chercheuse de l'IPAC. Avant d’ajouter : «Certaines ont rejoint l'Etat islamique comme une voie vers l'autonomisation.»
L'IPAC estime que les mauvais traitements que subissent parfois les domestiques étrangères à Hong Kong ne semblent pas être une cause particulière de ce processus de radicalisation.
Le rapport relate l'histoire d'une femme qui s'est radicalisée après des années de difficultés dans sa vie personnelle et qui a ensuite joué un rôle-clé dans l'aide au départ vers la Syrie des djihadistes indonésiens.
Une poignée de domestiques se sont également rendues en Syrie, selon l'IPAC, un cercle de réflexion qui a publié de nombreuses études sur les conflits en Asie du Sud-Est.
Plusieurs associations s’inquiètent des conséquences de l’étude
Des organisations musulmanes et des associations de défense des travailleuses immigrées contactées par l'AFP ont affirmé ne pas être au courant d'un tel phénomène, mais elles se sont inquiétées des répercussions de cette étude sur la façon dont sont perçues et traitées les domestiques.
Environ 150 000 Indonésiennes travaillent comme domestiques à Hong Kong.
L'Indonésienne Eni Lestari, ancienne domestique aujourd'hui présidente de l'Alliance internationale pour les migrants, a concédé que la menace de radicalisation était toujours une possibilité, mais expliqué qu'elle n'était pas au courant de cas particuliers.
«Nous sommes musulmanes et organisons de nombreuses activités en rapport avec notre religion. Nous ne faisons pas dans la radicalisation», explique à l'AFP celle qui s'est notamment fait connaître pour son combat contre les maltraitances à l'égard des domestiques. «Il serait injuste pour la communauté des travailleuses domestiques d'être cataloguée», a-t-elle ajouté.
La domestique Romlah Rosyidah, présidente de l'Alliance des immigrés musulmans indonésiens, s'est dite inquiète quant à l'impact que pourrait avoir le fait de lier les domestiques au groupe Daesh.
«L'islam n'est pas extrémiste», a-t-elle affirmé, en s'insurgeant que son employeur lui ait récemment demandé si elle connaissait des membres de l'Etat islamique.