Le chef de l'EI Abou Bakr Al-Bagdadi «est vivant» mais «a quitté Mossoul» à l'approche des troupes irakiennes, a affirmé mercredi un responsable américain qui prévoit par ailleurs un repli futur du «califat» sur la vallée de l'Euphrate.
Le chef du groupe Etat islamique (EI) «n'exerce probablement aucune influence tactique sur la manière dont la bataille est menée» contre les forces irakiennes à Mossoul, a ajouté ce responsable américain de la Défense devant des journalistes. «Il a probablement donné de grandes orientations stratégiques» à ses chefs militaires sur place et les a laissés mener le combat, a-t-il poursuivi, sous couvert d'anonymat.
Le chef de l'EI est traqué par le commandement américain des forces spéciales (Socom) et les agences de renseignement américaines, comme l'avait été avant lui le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden.
Une sinistre prison reprise
C'est à Mossoul qu'Al-Bagdadi avait proclamé son «califat» en juin 2014. Les troupes irakiennes ont déjà reconquis la partie Est de la ville et s'apprêtent à prendre d'assaut la vieille ville dans la partie Ouest, où de féroces combats sont attendus.
Sur le terrain, la prison de Badouch, située au nord-ouest de la ville, a été reconquise par les forces de la 9e division blindée et un groupe paramilitaire, a annoncé l'armée, sans indiquer si des détenus s'y trouvaient toujours.
C'est dans cette prison qu'en juin 2014 les djihadistes avaient exécuté 600 détenus, principalement des chiites, les forçant à s'agenouiller près d'un ravin avant de les y pousser et de brûler leurs corps, selon Human Right Watch.
Une députée yézidie, Vian Dakhil, avait affirmé la même année que dans cette prison les djihadistes détenaient plus de 500 femmes de cette minorité religieuse qu'ils considèrent comme hérétique.
Deux nouveaux quartiers repris
L'armée a par ailleurs annoncé mercredi la reprise de deux nouveaux quartiers de Mossoul dans le cadre de l'offensive lancée le 19 février sur l'ouest du dernier grand bastion de l'EI dans le pays. Ces quartiers s'ajoutent à ceux repris depuis dimanche, où les militaires se sont concentrés sur «le désamorçage» des bombes «dans les maisons piégées», a expliqué à l'AFP le colonel Abdel Amir al-Mohammedawi, des Forces d'intervention rapide, unité d'élite du ministère de l'Intérieur.
Mossoul est aujourd'hui l'une des villes les plus minées au monde, a alerté mercredi l'ONG Handicap international.
Selon un même responsable américain, le groupe Etat Islamique prévoit de se replier sur la vallée de l'Euphrate après la perte de Mossoul et celle de Raqa, en Syrie. «Je ne pense pas que (les djihadistes ) aient renoncé» à tenir des territoires dans le cadre d'un «califat», a dit le responsable américain. «Ils font des plans pour continuer à fonctionner comme un pseudo-Etat centré sur la vallée de l'Euphrate», à l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak, après la chute de Mossoul et de Raqa, a-t-il poursuivi.
Pour les militaires américains, le groupe Etat islamique est sévèrement affaibli après plus de deux ans et demi de campagne militaire internationale contre eux. Mais les djihadistes ne veulent pas encore se transformer en mouvement de guérilla extrémiste et veulent continuer à détenir et gérer des territoires, même après la chute de Mossoul et celle de Raqa, la capitale de facto du groupe.
Les djihadistes ont perdu 65% de leur territoire
Selon le renseignement américain, les dirigeants de l'EI ont commencé à quitter Raqa vers des endroits plus sûrs, plus en aval dans la vallée de l'Euphrate. Ils sont «probablement» en train de réorganiser leur administration en «noyaux résilients ou redondants», pour pouvoir continuer à fonctionner en dépit des coups de boutoir de la coalition, a estimé le responsable américain.
Selon ce dernier, les djihadistes ont perdu «65% du terrain» qu'ils contrôlaient à leur expansion maximum en 2014. Le Pentagone estime qu'ils ne disposent plus désormais qu'au maximum de 15'000 hommes.
Les djihadistes en compteraient ainsi «2500 dans l'ouest de Mossoul et la ville voisine de Tal Afar» en Irak, «un millier» dans la poche de Hawija, en Irak également et «3 à 4000» à Raqa en Syrie, selon le responsable. Au total, «près de la moitié des combattants» dont disposait le groupe Etat islamique à son apogée ont été tués, selon le responsable de la Défense.
ATS