Des politiciens veulent redorer le blason de l'armée auprès de la gent féminine. Une motion veut convier toutes celles en âge d'être conscrites aux journées d'information.
Les chiffres sont éloquents. En mars 2016, 1117 femmes étaient des militaires actives, à savoir 0,7% des troupes. Pas assez, pour la commission de la politique de sécurité du Conseil national. Cette dernière a déposé une motion, qui propose d'inviter toutes les jeunes femmes à la journée d'information réservée aux futurs conscrits. Le but est clair: «rendre le service militaire plus attrayant pour elles».
«Les jeunes femmes devraient toutes connaître les opportunités offertes par une carrière militaire», précise Werner Salzmann (UDC/BE), membre de la commission et colonel dans l'armée suisse. Aujourd'hui, certains cantons les convient déjà. Dans d'autres, les pratiques varient selon les arrondissements militaires. Il s'agit d'unifier la manière de faire.
En cuisine ou au volant
Daniel Slongo, secrétaire général de la Société suisse des officiers (SSO), souligne que s'engager est un atout pour de nombreuses professions: «Pour celle qui veut devenir policière, l'armée est une bonne préparation. Idem pour celles qui veulent devenir cuisinières, médecin ou conduire des camions. Elles peuvent y acquérir une expérience qui comptera plus tard.»
Pas question toutefois de les forcer à s'informer. Les élus de gauche de la commission n'ont d'ailleurs soutenu cette idée que parce qu'elle repose sur une base volontaire. Priska Seiler Graf (PS/ZH) avoue même qu'«elle aurait volontiers participé à une de ces journées si elle avait été invitée.»
Un pas vers le service obligatoire?
Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), en revanche, est beaucoup plus critique. «Ces journées d'information ne sont rien d'autre que de la propagande. Selon nous, le public devrait aussi être mieux informé sur les alternatives au service militaire, comme le service civil ou la protection civile», s'insurge son porte-parole Lewin Lampert. L'armée devrait, dit-il, chercher les raisons de son désamour auprès des femmes en son sein et ne pas vouloir les attirer à tout prix.
La motion relance par ailleurs le débat sur le service obligatoire pour les femmes. Le GSsA ne veut pas en entendre parler mais la Société suisse des officiers serait ravi de cette ouverture. «Cette proposition va dans le bon sens, car elle bouscule les vieux schémas», poursuit Daniel Slongo.
La Commission de sécurité, pour le moment, n'y est pas favorable. Et les arguments varient selon les bords politiques. «Les femmes ont d'autres tâches dans la société, elles ne devraient pas être obligées d'aller à l'armée», estime Werner Salzmann. Priska Seiler Graf, elle, relève que «la conscription des femmes n'est pas envisageable aussi longtemps que l'égalité dans les autres domaines n'est pas garantie.»
Ces jeunes suissesses sont fières d'être des soldates