Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 22 février 2017

L'armée Suisse du futur veut ménager ses recrues


La grande Muette a développé le concept Progress, destiné à faire entrer de manière douce les jeunes dans la vie militaire. Les critiques fusent.

L'école de recrues va-t-elle se transformer en camp de vacances? 
(Photo: Keystone)


Quelque 3000 jeunes soldats sont exemptés chaque année d'école de recrues pour des raisons médicales. Mais l'armée a tout intérêt à diminuer ce chiffre. D'une part, elle commence à manquer de soldats, toujours plus attirés par le service civil trop attrayant, selon les dires du nouveau chef de l'armée Philippe Rebord. D'autre part, elle a consenti à de gros investissements dans la formation et l'équipement des recrues.

Et pour augmenter son quota de jeunes soldats, l'armée a développé le concept Progress, explique mercredi le Tages-Anzeiger. But: l'entrée dans la vie militaire doit se faire de la manière la plus douce possible et la charge doit augmenter ensuite progressivement. Ce concept a été testé durant plusieurs années à la caserne de Colombier (NE) et doit être maintenant étendu à toute l'armée, selon le quotidien.

«Aujourd'hui il faut convaincre les jeunes»

Car le concept marche. Du moins selon le commandant Luca Bottesi qui se dit enchanté. «Nous voulons que les jeunes soient des gagnants, pas briser leur volonté», explique-t-il. «On est donc loin de l'endoctrinement d'antan. Aujourd'hui, il faut convaincre et enthousiasmer les recrues, sinon cela ne marche pas. La société et les jeunes ont changé. Que cela nous plaise ou non.»

Et ce changement vaut aussi pour la performance physique des recrues. Beaucoup ne supportent par exemple pas les bottes militaires, car ils sont habitués aux baskets. Conséquence: nombre de jeunes finissent à l'infirmerie avec des problèmes aux genoux, aux pieds ou aux tendons d'Achille. Exit donc les bottes de combat. Et place à des chaussures plus confortables. En partie du moins, selon le concept: en effet, les jeunes entreront à l'école de recrues en bottes militaires. Mais en repartiront en baskets.

Marches plus courtes

Et les grandes marches, qui seront en outre raccourcies durant les premières semaines, se feront également en chaussures confortables. Autre changement: les jeunes ne seront plus obligés de courir mais pourront marcher tranquillement. Ils auront également le droit de s'asseoir sur leur sac à dos lors des rassemblements en rangs ou en demi-cercle.

Le concept veut apporter des changements également dans l'instruction élémentaire des recrues. L'aboiement militaire des ordres, c'est du passé, explique Luca Bottesi. Au lieu de crier, il s'agira d'expliquer l'utilité des actions exigées. En outre, les compagnies seront briefées dès le matin sur la situation du monde. Et à propos du matin, adieu le réveil avant l'aurore. Dorénavant, les troupes auront droit à 6 à 7 heures de sommeil minimum.

Vives critiques

Mais ce nouveau concept fait déjà grincer les dents au sein de l'armée. Beaucoup craignent en effet des répercussions négatives sur la discipline et l'efficacité.

Pour d'autres, comme le lieutenant-colonel Willi Vollenweider, président du groupe Giardino-Pour une armée de milice forte, ces mesures vont complètement dans la mauvaise direction. «C'est bien joli d'augmenter progressivement les difficultés, mais cela l'armée le faisait déjà», explique-t-il au Tagi.

Mais selon lui, les jeunes veulent vivre des expériences qui leur feront dépasser leurs limites. Des expériences qu'ils pourront raconter bien après leur formation. «Et cela, ce ne sera pas possible si on raccourcit les distances de marche ou qu'on leur permet de s'asseoir en cercle. Avec ce concept, l'école de recrues devient un camp de scouts.»

ATS