«Mariée de force à un jihadiste». «Tombée in love d'un jihadiste». «Embrigadée». Non, ce ne sont pas les titres de nouveaux films sur la Syrie ou l'Irak, mais ceux de fictions diffusées sur internet.
D'après le «Nouvel Obs», qui cite Streetpress, de plus en plus de romancières en herbe imaginent des histoires d'amour entre des jeunes filles et des combattants du jihad. A l'exemple d'Ouafa, 17 ans, qui a écrit la love story entre une Marocaine du même âge et Muhammad, un jihadiste. «Elle le déteste, mais dès qu'il la sauve du viol, elle commence à le voir autrement. Elle commence à l'apprécier, à l'admirer», explique-t-elle en décrivant la substance de sa romance. Elle a été lue plus de 22'000 fois.
Le site Wattpad recueille 400 chroniques, des histoires d'amour impossibles, inspirées des terroristes. Pour Marie-Noël Lavardon, psychologue de l'association à coeur ouvert, qui vient en aide aux parents dont les enfants sont radicalisés, «la fiction est un fantasme lié à l'adolescence». Les jeunes «utilisent un espace romanesque» pour aborder les sujets du moment. «Ces fictions permettent de coucher sur papier ce qu'elles ont dans la tête, dans un endroit sûr et sans danger.»
Le risque, c'est que la fiction se transforme en réalité. «Si ces jeunes femmes sont assez fortes, un fantasme reste un fantasme», a tenu à rassurer la psychologue. D'après Streetpress, la plupart des chroniques ont des contextes géopolitiques confus. Les auteures n'ont pas fait de recherches sur le sujet. Et la condition de la femme est souvent fantasmée. Elles fument, conduisent, divorcent, etc.