Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 4 janvier 2017

Hollande a ordonné une quarantaine d'exécutions de HVT




Le journaliste d'investigation Vincent Nouzille signe Erreurs fatales, un livre dans lequel il entend montrer la faillite de la politique française de lutte contre le terrorisme, « des dérives de la cellule antiterroriste de Mitterrand aux surenchères martiales de Hollande, en passant par les rapports enterrés par Chirac et l'affaiblissement du renseignement de terrain par Sarkozy ».

Les bonnes feuilles de l'ouvrage sont à lire dans Le Monde. Le quotidien a choisi de se concentrer sur un chapitre relatant les exécutions effectuées par nos services sur ordre de François Hollande. On savait déjà, grâce au livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme Un président de devrait pas dire ça, que François Hollande en avait ordonné quatre. Mais, en faisant cet aveu, le président se serait en réalité montré bien modeste.


Rupture

Selon les sources de Vincent Nouzille, « au moins une quarantaine de HVT (High Value Targets, des cibles de haute valeur) ont été exécutées à l'étranger entre 2013 et 2016, soit par les armées, soit par la DGSE, soit encore, plus indirectement, par des pays alliés sur la base de renseignements fournis par la France, peut-on lire dans les bonnes feuilles du livre publiées par Le Monde. Cela représente environ une opération par mois – un rythme jamais vu depuis la fin des années 1950, à l'époque de la guerre d'Algérie. De ce point de vue, François Hollande marque une vraie rupture dans l'usage de la force, alors que Nicolas Sarkozy et surtout Jacques Chirac étaient plus prudents sur ces sujets régaliens », explique encore le journaliste.

Des exécutions qui ne sont pas seulement moralement discutables. Elles sont aussi d'une efficacité douteuse, explique le journaliste, « puisqu'elles n'empêchent pas les groupes rebelles de se reconstituer et qu'elles accroissent les risques de surenchère ». Surtout, elles se substituent au travail de la justice qui est saisie d'enquêtes sur les actes terroristes et qui cherche, elle, à démêler l'écheveau des complicités et des responsabilités. Un travail moins expéditif, mais qui a le mérite d'apporter des réponses précises aux légitimes questions des victimes et de leurs proches.