Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 8 décembre 2016

Un véhicule du renseignement qui surveillait une cible terroriste cambriolé


Un "sous-marin" du service central du renseignement territorial a été délesté de son matériel de filature alors que ses agents "se détendaient" en ville.



Il y a plusieurs semaines, après une journée de dur labeur à suivre, écouter, filmer et photographier leurs cibles, six fonctionnaires du renseignement en mission retrouvent leur hôtel d'une chaîne champêtre du nord de la France.

Le plus gradé et deux collègues, dont un officier de gendarmerie, souhaitent aller « se détendre en ville » à la frontière franco-belge, qui offre de nombreux établissements accueillants. Alors qu'il est sous sa douche, le gardien de la paix responsable du « soum » entend toquer. Son supérieur hiérarchique lui réclame les clés du véhicule banalisé truffé de technologies dernier cri utiles pour mettre hors d'état de nuire les terroristes potentiels et autres réseaux dormants. Le trio quitte le deux-étoiles au volant de la voiture. C'est durant leurs agapes que le véhicule fait l'objet d'un cambriolage en règle. Les voleurs ne laissent même pas le gilet pare-balles abandonné par un des policiers durant sa pause. De même, toutes les images et écoutes des cibles se sont également envolées.

Sanctions

À leur retour, les fonctionnaires de police se fendent d'un rapport et prétendent que l'automobile a été dévalisée sur le parking de l'hôtel. Contacté par Le Point, un employé a récusé cette version à laquelle le ministère de l'Intérieur, feint pourtant de croire. « Le règlement intérieur précise de ne pas laisser son équipement de surveillance dans son véhicule au repos », indique la Place Beauvau. C'est pour cette raison que les trois fonctionnaires font l'objet de sanctions. « Il faut vraiment être un bureaucrate pour croire qu'un espion va sortir tous ses gadgets à chaque fois qu'il rentre dormir ! C'est encombrant et peu discret ! » ironise un filocheur.

Les sanctions ont commencé à tomber. L'officier de gendarmerie a écopé de quinze jours de suspension, ses homologues policiers risquent au minimum un blâme. « La procédure est en cours », précise-t-on à l'Intérieur. Entre-temps, les fonctionnaires du renseignement ont déposé une plainte pour cambriolage.

AZIZ ZEMOURI