Un rapport annuel classant les conflits dans le monde selon leur impact et leur probabilité vient d'être publié. Au programme : attaque de la Russie en Europe de l'Est, progression des talibans en Afghanistan et crise en Corée du Nord.
Une guerre entre l'OTAN est la Russie : tel est le conflit jugé comme étant le plus probable par une étude du Council on Foreign Relations (CFR) conduite par différents experts en politique étrangère, classé au même rang de probabilité qu'une crise nucléaire avec la Corée du Nord ou une attaque terroriste d'envergure sur le sol des Etats-Unis.
L'étude répertorie deux types de menaces distinctes : d'un côté, celles avec un faible taux de probabilité, mais dont l'impact serait «considérable», de l'autre, celles dont l'impact serait «modéré», mais la probabilité plutôt élevée. Cette année, contrairement aux conclusions des rapports du CFR publiés les années précédentes, et en dépit des tensions parfois vives sur les différents théâtres de conflit à travers le monde, aucune menace ne s'insère dans la catégorie des risques à la fois probables et lourds en conséquences. A titre de comparaison, la crise syrienne était rangée dans cette catégorie l'an passé.
L'étude du CFR considère qu'un conflit à la frontière entre la Russie et des pays de l'OTAN, modérément probable mais à fort impact, aurait de grandes chances de résulter d'une surenchère, accidentelle ou volontaire, «ayant pour origine une démarche active de la part de la Russie en Europe de l'Est». L'hypothèse selon laquelle celle-ci pourrait être due à des provocations dans les Etats baltes, où l'OTAN a multiplié ces derniers temps les exercices militaires d'envergure, est exclue.
Dans la même catégorie, la probabilité d'une crise impliquant la Corée du Nord est évoquée et mise en lien avec la course à l'armement dans laquelle s'est lancée Pyongyang, notamment en multipliant l'installation de missiles balistiques intercontinentaux.
Quatre risques ont vu leur probabilité révisée à la baisse par rapport à l'étude de l'an passé, parmi lesquels : une instabilité majeure au sein de l'Union européenne à cause de la crise des réfugiés, le déchirement de l'Irak à cause de la multiplication des actes terrorisme, une augmentation des tensions israélo-palestiniennes au Moyen-Orient, ainsi que la partition de la Libye.
Au sein de la seconde catégorie du rapport du CFR, qui englobe les conflits ayant peu d'impact pour les Etats-Unis mais dont la probabilité est considérée comme haute, on trouve notamment la progression des talibans en Afghanistan, qui contrôlent désormais un tiers du pays, ou encore le conflit opposant le gouvernement turc aux groupes kurdes. «Ces conflits déjà en cours vont s'aggraver de manière quasi certaine», affirme le rapport.
La publication du rapport du CFR, qui a pour objectif principal l'évaluation des risques pour les Etats-Unis, revêt une importance particulière dans le contexte actuel de transition politique à Washington qui pourrait avoir d'importantes conséquences sur la politique américaine au Moyen-Orient. «Avec une nouvelle majorité qui s'apprête à gouverner, il est crucial d'aider nos dirigeants à anticiper et à éviter des crises potentielles qui seraient de nature à menacer les intérêts de notre pays», commente le général John W. Vessey, spécialiste de la prévention des risques aux Etats-Unis.