Le Conseil fédéral peut à tout moment décider de mettre fin prématurément à l'exercice de la Swisscoy au Kosovo. (Photo: Keystone)
Les militaires suisses devraient continuer d'oeuvrer à la stabilité du Kosovo jusqu'à fin 2020. Les effectifs devraient toutefois être réduits progressivement. Et le Conseil fédéral va analyser s'il ne faudrait pas allouer ces moyens à la promotion civile de la paix.
Le gouvernement a demandé vendredi au Parlement de poursuivre l'engagement de la Swisscoy au sein de la force multinationale de promotion de la paix KFOR. La stabilité dans l'ouest des Balkans reste essentielle pour la sécurité de la Suisse, fait-il valoir.
«On a pu constater par le passé qu'en cas de troubles dans la région, la pression migratoire du Kosovo vers la Suisse augmentait.» Or, le pays doit encore faire face à des défis majeurs dans la mise en place de structures de sécurité étatiques. Cela vaut tant pour la police que pour les forces armées.
Une présence militaire internationale restera donc nécessaire dans un proche avenir, même si les tâches à assumer ne seront pas exclusivement de nature militaire, souligne le gouvernement. Les autres Etats européens attendent en outre de la Suisse qu'elle fasse preuve de solidarité et qu'elle apporte sa contribution.
Baisse des effectifs
Il n'en reste pas moins que la KFOR a réduit ses effectifs depuis 1999. Il n'y a plus que 4650 militaires engagés contre plus de 50'000 au départ. Et une baisse à 2600 est envisagée d'ici 2020. La Suisse va suivre le mouvement.
L'effectif de la Swisscoy, qui est actuellement de 235 militaires au maximum, sera ramené à 190 soldats dès avril 2018 puis à 165 dès octobre 2019. Depuis 2002, les soldats helvétiques peuvent être armés pour leur autodéfense. Le Conseil fédéral peut en outre à tout moment décider de mettre fin prématurément à l'exercice.
Il est prévu de réduire les prestations logistiques et les moyens lourds dans le domaine du transport et du génie. La recherche d'informations et de renseignements ainsi que le transport aérien demeureront en revanche des tâches essentielles, estime le gouvernement.
La KFOR a d'ailleurs demandé la constitution d'une équipe de liaison et de surveillance suisse supplémentaire. Elle juge en outre importants la présence à titre permanent de deux hélicoptères Cougar et le renforcement temporaire par un appareil supplémentaire.
Hausses temporaires
Dans la perspective de la fermeture prochaine du camp de Prizren sous commandement allemand, il est probable que les soldats de la Swisscoy seront déplacés. En fonction de la solution retenue, il se pourrait qu'il faille construire un nouveau site, auquel cas les propres ressources du contingent ne suffiraient pas.
Le Conseil fédéral se réserve donc le droit d'augmenter temporairement les effectifs. Dans ce cas, il s'agirait d'engager jusqu'à 50 spécialistes de logistique supplémentaires pour une durée de huit mois au maximum.
Le gouvernement évoque aussi le risque d'une hausse soudaine de la menace. Il veut donc être habilité à engager jusqu'à 20 militaires supplémentaires pour une durée maximale de quatre mois.
Alternative ?
La prolongation de la mission de la Swisscoy semble ne pas être passée comme une lettre à la poste au gouvernement. Le Conseil fédéral a chargé les Départements fédéraux de défense et des affaires étrangères de lui soumettre d'ici fin 2018 un rapport sur une allocation civile des moyens consacrés à l'engagement militaire.
En 2015, la Swisscoy a coûté 44,2 millions de francs. Avec 190 militaires, la facture devrait passer à 37,5 millions de francs par an, puis avec 165 militaires à 33,2 millions. Une augmentation temporaire des effectifs coûterait entre 1,1 million (20 personnes pour quatre mois et 8,9 millions (50 personnes pour 8 mois). Ces frais sont couverts par le budget de la défense.
ATS