Les forces d'élite irakiennes ont relancé l'offensive sur Mossoul (nord), dernier bastion du groupe Etat islamique (EI) en Irak, au moment où l'ONU faisait état de l'exécution par les jihadistes de dizaines de personnes pour «trahison».
Dans le même temps, en Syrie voisine, des combattants arabes et kurdes soutenus par la coalition internationale antijihadiste continuent d'avancer vers Raqa (nord), l'autre grand fief du groupe ultra-radical.
Confrontées à une vive résistance de l'EI lors de leur entrée il y a une semaine dans les quartiers est de Mossoul, les unités du contre-terrorisme irakien (CTS) avaient décidé de consolider leurs positions dans la périphérie avant de poursuivre leur progression.
«Nos forces ont lancé l'attaque contre Arbajiyah», a déclaré vendredi un commandant des CTS, Mountadhar Salem, se référant à une zone dans l'est de la deuxième ville d'Irak. Ces combats interviennent «après quelques jours de calme».
Attaques-suicides
Selon un autre commandant de ces forces d'élite, Ali Hussein Fadhel, les combattants s'approchent de Karkoukli, un autre quartier dans l'est de Mossoul.
Les jihadistes résistent avec des attaques-suicides, des voitures piégées et en disséminant des explosifs dans les maisons et immeubles.
L'EI a également mis en place un vaste réseau de tunnels souterrains pour mener une guérilla urbaine. Il utilise aussi les civils comme boucliers humains.
Vendredi en fin de journée, les combats ont connu une accalmie, même si CTS tiraient périodiquement au mortier vers des positions de l'EI dans la région d'Arbajiyah, a constaté l'AFP.
Entre 3000 et 5000 jihadistes se trouveraient à Mossoul, selon des estimations américaines. Leur chef, Abou Bakr al-Baghdadi, les a exhortés à lutter jusqu'au bout.
Selon l'ONU, l'EI a exécuté cette semaine au moins 60 civils à Mossoul et dans ses environs. Les victimes, dont les corps ont été suspendus aux poteaux électriques de la ville, étaient vêtues d'une tenue orange, avec des inscriptions: «traîtres et agents des ISF» (acronyme anglais pour les forces irakiennes de sécurité), affirme le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme.
L'EI «rassemble des personnes dans des rues de Mossoul et les exécute en public» par balles ou par décapitation, selon un habitant, Abou Saif, joint par l'AFP.
Les enfants sont aussi victimes de ces combats et une dizaine d'entre eux sont soignés chaque jour pour de graves blessures, a affirmé vendredi Save the Children.
Les combats poussent de nombreux civils à fuir. Plus de 47000 personnes ont été déplacées en Irak depuis le lancement le 17 octobre de cette vaste offensive sur Mossoul des forces irakiennes, soutenues par la coalition internationale, a indiqué vendredi l'Organisation internationale pour les migrations.
Depuis cette date, seules les forces d'élite irakiennes ont réussi à pénétrer dans la ville.
Au nord et à l'est de Mossoul, les combattants kurdes, les peshmergas, ont repris à l'EI plusieurs villes et villages.
Au sud, l'armée irakienne a également progressé et se trouve près de la cité antique de Nimrod, à une trentaine de kilomètres de Mossoul.
Sur le front ouest, une coalition de milices, pour la plupart chiites, mène aussi des combats contre l'EI, notamment pour couper l'axe de ravitaillement des jihadistes avec Raqa, leur «capitale» en Syrie voisine.
Depuis le 5 novembre, une force arabo-kurde soutenue par la coalition internationale dirigée par Washington a lancé une offensive dans la province de Raqa afin d'isoler la ville.
Vendredi, les avions de la coalition ont bombardé sans relâche des positions de l'EI au nord de Raqa, selon un correspondant de l'AFP.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont annoncé vendredi avoir repris le village d'al-Hicha, situé à une quarantaine de kilomètres au nord de Raqa, ainsi que trois autres localités dans la région.
L'EI avait conquis de vastes pans de territoires en Irak et en Syrie en 2014, profitant des conflits dans ces deux pays. Il a depuis perdu beaucoup de terrain, notamment en Irak.
Le groupe jihadiste, a été accusé vendredi par le Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) d'avoir utilisé des armes interdites dans le nord de la Syrie en août 2015.
Cette instance a aussi accusé le régime de Bachar el-Assad d'avoir eu recours à des attaques chimiques en 2014 et 2015.
Nimrod libérée
Les forces irakiennes ont repris la zone où est situé le site antique de Nimrod, au sud de Mossoul (nord), que le groupe Etat islamique (EI) avait saccagé après son implantation en Irak, a annoncé dimanche l'armée. «Des unités de la 9e division blindée ont totalement libéré Nimrod et ont levé le drapeau irakien sur les bâtiments», a affirmé le Commandement des opérations dans un communiqué citant un haut responsable militaire.
Le commandement militaire irakien ne mentionne pas spécifiquement le site archéologique, distant d'environ un kilomètre du village qui porte le même nom.
Vaste offensive
Cette reprise intervient dans le cadre de la vaste offensive militaire lancée le 17 octobre par Bagdad pour reconquérir Mossoul, la deuxième ville d'Irak et le dernier bastion de l'EI dans le pays.
Situé à une trentaine de km de Mossoul sur les berges du fleuve Tigre, Nimrod est un joyau de l'empire assyrien fondé au XIIIe siècle avant JC.
Importante destruction
Au printemps 2015, des vidéos et des images satellite avaient témoigné des destructions provoquées au bulldozer, à la pioche ou à l'explosif par les djihadistes . Ils ont notamment endommagé le temple de Nabû, vieux de 2800 ans et dédié au dieu mésopotamien de la sagesse et de l'écriture.
L'EI avait également pris pour cible la cité antique de Hatra, construite au IIe ou IIIe siècle avant JC et située également sur la route des forces irakiennes vers Mossoul.
ATS