Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 6 octobre 2016

Les recrues de Daech, surdiplômées mais marginalisées


Daech recrute presque comme une entreprise ordinaire et, à ce titre, compile dans des fichiers le profil de ses jeunes embauchés : âge, pays d'origine, niveau de diplôme, etc. À partir de fuites issues de ces fichiers, la Banque mondiale a pu dresser, dans un rapport intitulé « Inclusion économique et sociale pour la prévention de l'extrémisme violent », le portrait type des recrues de Daech. Elle s'est appuyée sur les données concernant 3 803 recrues étrangères de l'organisation terroriste. Surprise : celles-ci sont plus éduquées que la moyenne de leurs compatriotes. « L'une des découvertes les plus importantes est que ces personnes sont loin d'être des illettrées », constate la Banque mondiale.

Daech recrute avant tout en Arabie saoudite, Tunisie, Maroc, Turquie et Égypte ; dans les pays qui ne sont pas à majorité musulmane, la Russie, la France et l'Allemagne sont les principaux pourvoyeurs d'apprentis terroristes. Leur âge moyen est de 27, 4 ans.

Candidats au djihad

La majorité d'entre eux dispose d'un bon niveau d'études : 43, 3 % ont suivi des études secondaires, 25, 4 % un cursus universitaire. Plus surprenant, les jeunes issus du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et d'Asie disposent d'un niveau d'études bien supérieur à la moyenne des diplômés de leur pays ; la différence est moins flagrante pour les ressortissants d'Europe de l'Ouest et des autres pays de l'OCDE, mais là encore les recrues sont au-dessus du lot. La Banque mondiale n'écarte pas, toutefois, la possibilité que certains candidats aient surestimé leurs diplômes...

Lors de « l'entretien d'embauche », les candidats au djihad ont exposé leur souhait de carrière. 1, 9 % voulaient effectuer un travail administratif, 17, 2 % préféraient combattre, et 11, 7 % mourir dans une opération suicide (on ne connaît pas le souhait des autres). Les candidats au suicide proviennent avant tout d'Afrique (du nord et subsaharienne), du Moyen-Orient et d'Asie centrale ; les futurs combattants sont issus, quant à eux, en majorité d'Europe de l'Est et des pays de l'OCDE non européens. Enfin, Daech enrôle plutôt ses ronds-de-cuir en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et de l'est.

La Banque mondiale souligne que la proportion de personnel administratif, mais aussi de candidats au suicide, augmente avec le niveau d'éducation. Si la majorité d'entre les recrues ont déclaré « avoir un travail avant de rejoindre l'organisation », la Banque mondiale souligne que la marginalisation « paraît être un risque de radicalisation ». L'étude pointe ainsi du doigt le chômage comme cause essentielle conduisant les apprentis terroristes à rejoindre Daech.