Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 4 octobre 2016

Le Pentagone accusé d'avoir produit de fausses vidéos de propagande jihadiste pendant la guerre en Irak


Une guerre de communication classée "top secret". Entre 2006 et 2011 le Pentagone a dépensé plus de 100 millions de dollars par an pendant 5 ans pour produire de fausses vidéos jihadistes dans le cadre d’une campagne de propagande en Irak, selon l'ONG britannique Bureau of Investigative Journalism.

D'après l'enquête de ce collectif de journalistes, les Etats-Unis auraient fait appel à la société britannique de communication Bell Pottinger - installée en Irak dès 2004 - pour produire des contenus de propagande pour un montant total d'un demi milliard de dollars, comme l'explique l'édition française de Mashable.

De "la promotion d’élections démocratiques"...

A l'origine, en faisant appel à cette agence, les Américains poursuivaient plusieurs objectifs. Embourbé dans une guerre contre les rebelles, après avoir fait tomber Saddam Hussein, le Pentagone voulait ce programme pour mettre en avant les vertus de la démocratie.

Au total, près de 300 personnes ont travaillé sous le contrôle de l'armée américaine, pour produire des vidéos de propagande anti-terroriste et pour "promouvoir les élections démocratiques" en Irak. Mais la société spécialisée dans les relations publiques aurait réalisé bien d'autres contenus comme l'explique un ancien salarié de la firme, Martin Wells.

...aux fausses vidéos jihadistes

Elle aurait également produit de fausses vidéos de propagande d'Al-Qaïda, dans le but de piéger et de repérer les personnes qui auraient pu les visionner. Les CDs contenant ces clips étaient abandonnés par les militaires américains lors de perquisitions et, équipés d'une sorte de traceur, ils permettaient au Pentagone de localiser les personnes regardant la vidéo.

Martin Wells a également précisé que ces CDs avaient été retrouvés en Syrie, en Iran et aux Etats-Unis. Des données importantes pour les Etats-Unis puisqu'elles auraient permis aux autorités de remonter les filières terroristes dans plusieurs pays. "Si, au bout de 48 heures, ou d’une semaine, un CD était visionné dans un autre coin de la planète, alors là cela devient intéressant (…), car cela vous offrait une piste", détaillait Martin Wells aux journalistes.

Une expérience qu'il juge aujourd'hui "choquante, révélatrice et qui a changé sa vie", comme il l'explique dans une vidéo (en anglais) à voir ci-dessous.

 


"Le réalisateur vidéo Martin Wells explique comment il a fait de fausse vidéos de propagande Al-Quaïda pour le Pentagone en Irak".

Anthony Berthelier