Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 23 octobre 2016

David Hamilton, violeur et pédophile


David Hamilton en 2015
 Foc Kan / Getty


Dans la rubrique Le Terrien du samedi soir, Flavie Flament a accordé une interview à Thierry Ardisson pour parler de son bouquin intitulé La consolation. Lors de l’entretien, l’animatrice de radio a notamment évoqué le viol dont elle a été victime à 13 ans.

Flavie Flament explique qu’elle ne peut pas révéler le nom de son violeur. En effet, aujourd’hui âgée de 42 ans, elle avait, d’après la loi française, jusqu’à 38 ans « pour pouvoir se retourner contre son bourreau ». Dans la foulée, Thierry Ardisson prend l’initiative de révéler l’identité du photographe de 83 ans. La séquence a été censurée d’un bip par la chaîne C8.


«David Hamilton, 
je sais pas s’il regarde la TV mais t’es un bel enculé, connard » 

Thierry Ardisson


Article de Gala de 2015

l'homme qui aimait les jeunes filles en fleurs

« J’ai beau­coup de pres­tige, malheu­reu­se­ment, ça ne paie pas », recon­naît David Hamil­ton, tout sourires. Vêtu d’un costume de Savile Row qu’il possède depuis plusieurs décen­nies, de chaus­sures John Lobb impec­cables, le photo­graphe mondia­le­ment connu pour ses photos de jeunes filles nues est un dandy. Mais désar­genté. Sa montre, type Cartier années trente, ne fonc­tionne même pas. « Je n’ai jamais eu de bon agent, ni une bonne gale­rie… Il y a un tel écart entre mon nom et ma cote! « , se désole l’ar­tiste dont les œuvres ont pour­tant inondé les salons des parti­cu­liers dans les années soixante-dix et quatre-vingt.  »J’ai vendu 40 livres, deux millions d’exem­plaires! ", reven­dique-t-il, toujours un sourire aux lèvres. Sans doute songe-t-il à toutes ces femmes qu’il a rencon­trées et photo­gra­phiées.

Parmi les centaines de blondes, il ne saurait en citer une plutôt qu’une autre, si ce n’est sa première compagne, Mona, et son unique épouse, Gertrude, les seules avec lesquelles il ait gardé contact. Son union aura duré seize ans. Pas d’en­fants,  »C’est trop de respon­sa­bi­li­tés. Mais je ne me sens pas seul: j’ai des milliers d’en­fants! « , dit-il en montrant ses clichés. Gertrude, de plus de trente ans sa cadette, a depuis refait sa vie à New York. Les autres modèles sont rentrées chez elles, en Suède, en Hollande, en Alle­magne ou tous les pays nordiques  »où je faisais mon marché", soutient le photo­graphe sans rougir. À l’époque, David trouve aussi ses jeunes filles sur les plages nudistes du Cap d’Agde. Avec l’ac­cord de leurs parents, elles partent au bout du monde avec la star des objec­tifs: « Elles reve­naient avec un Pola­roid »… et tout le monde était content.

Le photo­graphe couchait-il avec elles? 

« Ce n’est pas le sujet », balaie-t-il d’un revers de la main en perdant son sourire, « le scan­dale ne m’in­té­resse pas ». Pas de scan­dale, donc, mais de beaux souve­nirs. Le play­boy mondain sort son album de photos person­nelles et montre, entre les nombreuses femmes nues, palma­rès de chas­seur, les grands noms croi­sés au cours de sa vie: Jack Nichol­son, Mick Jagger, Tony Curtis, Helmut Berger, Terence Stamp, Rudolph Noureev, Douglas Fair­banks, Pier Paolo Paso­lini. C’était l’époque folle où, comme le photo­graphe Jean­loup Sieff, il roulait en Aston Martin (« J’en ai eu quatre dont la DB5, la première de James Bond »). Frime ou raffi­ne­ment? Cathe­rine Breillat, la scéna­riste de son premier long-métrage, Bili­tis (avec Bernard Girau­deau), défend Hamil­ton: « Il n’est pas préten­tieux, ni m’as-tu-vu, c’est quelqu’un de très bien. Il travaille comme un peintre, replié sur lui-même. » Pour Macha Méril, qui a joué dans Tendres cousines, son troi­sième film, en 1980, David possé­dait à l’époque "un énorme ego, mais à juste titre. Un artiste doit en avoir un. Et lui, très seul, très isolé, devait déve­lop­per cela pour conti­nuer son travail".

Hamil­ton, il est vrai, s’est voué à son art: « Je vis dans mes archives. » Chez lui, dans le quar­tier de Mont­par­nasse à Paris l’hi­ver, ou à Rama­tuelle l’été, dans sa maison du XIIe siècle située dans les remparts de la ville, l’An­glais prépare encore des publi­ca­tions, à la recherche d’une bonne maison d’édi­tion. Et caresse l’idée d’une fonda­tion pour léguer son œuvre. Des nus, bien sûr, mais aussi des natures mortes, des paysages et des portraits. En fouillant dans les multiples images, seuls deux « très beaux garçons » appa­raissent, notam­ment pour des cata­logues publi­ci­taires. « Le premier, c’était mon mari, François. La photo a fait la une de L’Ex­press à l’époque », raconte Cathe­rine Breillat. Puis, il y a eu Pierre, devenu acteur à Los Angeles: « On faisait de très beaux voyages, avec des filles superbes », se rappelle le mannequin, aujourd’­hui septua­gé­naire.

Les jeunes filles, à peine sorties de l’en­fance, posaient vêtues de fripes ache­tées par David lui-même aux puces. Surtout des culottes en coton. Sans maquillage, sans acces­soire, sans filtre et sans retouche, Hamil­ton captu­rait « l’in­no­cence, avant que les filles ne deviennent sérieuses ». Son secret de fabri­ca­tion ? Il ne nous le donnera pas, réfu­tant simple­ment la légende du bas résille ou de la vase­line sur l’objec­tif. Il dit n’être qu’un amateur, incom­pé­tent en matière tech­nique mais à l’œil aiguisé. Un regard façonné par des études d’ar­chi­tecte (non vali­dées par un diplôme) et des postes de direc­teur artis­tique dans de grands maga­zines, dont Elle.


Aucun héri­tage fami­lial. Fils unique d’une mère au foyer et d’un père qu’il n’a jamais connu, élevé à la campagne par une famille de lords pendant la Seconde Guerre mondiale ('des années merveilleuses'), trop éloi­gné de ses jeunes demi-sœurs, l’homme ne devine pas d’où lui vient son talent. Si ce n’est de son quar­tier de nais­sance, à Londres, où ont vécu Char­lie Chaplin et Charles Dickens. Son prénom égale­ment, « Léonardo David. Je suis né le même jour que Léonard de Vinci et comme lui, je suis gaucher ». Tout simple­ment. Ce passionné d’his­toire (la Grèce, Rome et la Renais­sance) connaî­tra-t-il le même destin que le génial inven­teur italien? « Je ne suis pas un visage, je suis un nom », aime-t-il décla­rer. Il n’a pour­tant ni été anobli par la reine d’An­gle­terre ni fait cheva­lier des Arts et des Lettres. « Comme tous les Anglais bons à rien, je suis à Saint-Tropez!  », sourit-il, notam­ment au Club 55, sa cantine. Et Bardot, c’est une amie ? « Je ne la connais pas. Elle n’est pas mon genre." L’ar­tiste, préfé­re 'l’har­mo­nie' des nymphes pubères, blondes, les yeux écar­tés, au long cou, au front haut et aux 'belles propor­tions'. Jamais souriantes (« Le sourire, c’est bon pour les photos de vacances »), belles (très belles) et jeunes. Très jeunes.  »

Les fémi­nistes m’ont toujours laissé tranquille. Et mon travail n’a rien à voir avec la vulga­rité de notre époque actuelle", se défend-il. Oui, les temps ont changé. L’époque où Nina Ricci lui deman­dait une photo par an pour illus­trer ses campagnes de publi­cité est défi­ni­ti­ve­ment révo­lue. Hamil­ton, un cigare Parta­gas à la main et une prune dans son verre, n’a pour­tant aucun regret: « J’ai eu une vie de rêve. »

Sarah Merlino
gala.fr
TF121