Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

lundi 12 septembre 2016

Qui est Rachid Kassim


Rachid Kassim
ses jours son comptés



Son nom est apparu à plusieurs reprises depuis quelques jours, à la faveur de ce que les autorités présentent comme deux projets d'attentats avortés. Le premier à proximité de Notre-Dame de Paris où trois femmes (Ornella G., Sarah H. et Inès M.) sont suspectées d'avoir laissé, samedi 3 septembre, une voiture remplie de bonbonnes de gaz qu'elles auraient voulu faire exploser dans une rue passante. Le second, dans le 12e arrondissement de Paris où un adolescent a été arrêté, samedi 10 septembre, alors qu'il projetait, selon une source, de poignarder des passants sur la Coulée verte.

Mais à dire vrai, le nom de Rachid Kassim, un Français de 29 ans originaire de Roanne, est connu, depuis plusieurs mois, par les services de renseignement. À Saint-Étienne du Rouvray, où le père Hamel a été assassiné, comme à Magnanville, où un couple de policiers a été tué, son nom figurait déjà comme le possible commanditaire de ces attentats.

Au lendemain du massacre de Nice, ce djihadiste s'était mis en scène dans une vidéo mise en ligne, le 20 juillet, par la cellule de propagande de Daech. Un court film dans lequel Rachid Kassim, vêtu d'un treillis camouflage, tête enturbanée et yeux maquillés de khôl, se félicitait de cette action terroriste et en annonçait de nouvelles, peu avant d'égorger, face à la caméra, un prisonnier.

Ancien animateur de centre social

Employé d'un centre social, amateur de rap (il a chanté quelque temps dans un groupe amateur), ce jeune Français, né de parents algériens, semble s'être radicalisé il y a environ cinq ans, après un séjour au Maghreb, selon le Dauphiné libéré . Dans la mosquée An 'Nour (littéralement "la Lumière") qu'il fréquente à Roanne, son comportement alerte les fidèles. "Il recherchait à enrôler les jeunes en évoquant la question du paradis et en parlant du djihad", se rappelle le responsable de ce lieu de culte, fréquenté par de très nombreux étudiants. "Si tu continues, tu vas être mis dehors", le met en garde Abdennour Bentoumi, responsable de la mosquée, qui goûte peu son prosélytisme et sa radicalité.

En 2012, il rejoint la Syrie en passant par l'Égypte, avec femme et enfants. Là, il se met à propager, sur sa page Facebook et son compte Telegram, des messages de propagande en faveur de l'État islamique. Des "canaux" très suivis et qui seront fermés peu après. Après la mort d'Adel Kermiche, l'auteur de l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, Rachid Kassim reprend la chaîne Telegram du jeune djihadiste de 19 ans, qu'il continue alors d'alimenter. Il y publie notamment une liste d'une dizaine de personnalités qu'il désigne comme des cibles "à exécuter" aux 300 personnes qui sont abonnées à son compte.

Un possible commanditaire

Les autorités françaises pensent que Rachid Kassim pourrait être l'inspirateur d'une dizaine d'actes terroristes ou tentatives d'attaques qui ont, parfois, causé des victimes et entraîné des arrestations. Son nom a été cité par une adolescente de Melun, arrêtée en 4 août alors qu'elle se préparait à commettre un attentat. Rachid Kassim semble également avoir encouragé la jeune majeure écrouée, le 10 août, à Clermont-Ferrand pour avoir posté sur les réseaux sociaux des messages inquiétants laissant craindre un possible passage à l'acte.

"Toutes les jeunes femmes arrêtées à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) étaient plus ou moins en contact avec ce djihadiste, via Internet ou la messagerie cryptée Telegram", relèvent les enquêteurs. C'est lui qui aurait suggéré le mode opératoire de l'attaque de Notre-Dame de Paris. "Remplir une voiture de bonbonnes, la garer dans un endroit fréquenté... et boom", avait-il écrit sur Telegram.